lundi 8 août 2011

Islamophobie, nazisme et "philosémitisme"

Avant que le tueur d’Oslo, Anders Behring Breivik, soit définitivement classé parmi les dingos, ce qui permettra aux esprits bien pensants de continuer à cogiter de façon malsaine en toute bonne conscience, il convient de rappeler ne serait-ce que pour mémoire que cet homme était mu par une idéologie aux contours très précis qu’il a détaillée dans son manifeste.

Cette idéologie n’est autre que la bonne vieille idéologie nazie dépouillée de son antisémitisme qui est désormais remplacé par la haine des Musulmans et de l’Islam. Il n’est donc pas surprenant que cette idéologie soit portée par des « nationalistes » Européens « Chrétiens » ou de culture chrétienne mais aussi par des Juifs adeptes du sionisme. Ces derniers sont en fait ceux qui osent le plus affirmer ouvertement leurs thèses dans l’espace public sans risquer d’être accusés de dissimuler de l’antisémitisme sous leur haine des Musulmans.
Or, l’antisémitisme est la forme de haine incomparable à aucune autre sous certains cieux. Je me souviens d’une émission sur Public Sénat à laquelle participait l’ancien ministre de l’éducation, le philosophe Luc Ferry. Interrogé sur la montée de l’islamophobie, ce dernier avait dit [en toute amitié pour les Musulmans] quelque chose du genre comme quoi les Musulmans devraient néanmoins s’interroger sur certains de leurs comportements (terrorisme, burka etc.). Comme le journaliste lui demandait si on pouvait réfléchir de la sorte sur l’antisémitisme, M. Ferry s’était récrié vivement disant que ce n’était pas la même chose.
Ce que M. Ferry voulait dire, c’est que l’antisémitisme n’a pas de cause « objective », que c’est un sentiment négatif consubstantiel à la société française et qu’on ne pouvait pas mettre l’hostilité envers l’islam sur le même plan.

Pourtant, Erna Solberg, leader du parti conservateur norvégien (d’opposition) qui n’est sans doute pas philosophe a bien perçu la similitude de ces deux attitudes et elle déclare :
“La façon dont les organisations extrémistes anti-islamiques voient les Musulmans aujourd’hui est similaire à la manière dont les organisations extrémistes antisémites parlaient des Juifs dans les décennies qui ont amené à la deuxième guerre mondiale.”
Les Musulmans ne reçoivent pas le même traitement que les Juifs dans les années 1930, mais Solberg pense néanmoins que le racisme antimusulman est omniprésent.
Erna Solberg

Elle aurait peut-être dû ajouter "pas encore" Elle n’est peut-être pas philosophe, mais elle réfléchit Mme Solberg, et elle sait bien que le nazisme n'était que la variante la plus extrême d'idées très répandues à l'époque, notamment l'idée qu'il existe une ou des race(s) supérieure(s). 
S’il a existé et existe encore un antisémitisme classique en lien avec le christianisme (la fameuse accusation de déicide dont le Pape vient d’exonérer complètement les Juifs), il faut quand même se souvenir que le racisme n’est qu’une généralisation (toujours abusive) des caractéristiques de certains individus à l’ensemble des membres de la collectivité à laquelle ils sont supposés appartenir. C’est ce qu’on appelle le préjugé ou le stéréotype qui peut effectivement s’appuyer sur certains éléments de réalité. Ces généralisations racistes peuvent porter aussi bien sur des traits négatifs (fourberie des Chinois par exemple) que positifs (sens du commerce des Chinois) d'autant que même le positif peut aisément revêtir une tonalité négative (ajoutez par exemple le sens du commerce à la fourberie).

Et dans le cas des Juifs, il y a bien eu un antisémitisme qui prétendait s’appuyer, en les généralisant, sur des traits négatifs de certains membres de la communauté juive, essentiellement d’origine étrangère. Le film de Sergio Leone «Il était une fois en Amérique» en dit au moins autant qu’un livre d’histoire sur la criminalité émanant de la communauté juive aux Etats Unis.

Et on se souviendra que le racisme exprimé par Hitler n’avait pas grand-chose à voir avec le bon vieil antisémitisme chrétien…

C’est à peu près la même chose qui se passe pour les Musulmans aujourd’hui et des juifs se mettent cependant à l’unisson du chorus islamophobe avant tout par amour immodéré et illimité de l’Etat voyou qui se dit juif.
Je vous avais parlé d’un de ces Juifs, en l’espèce un certain David Yerushalmi, un Juif hassidique qui s’occupe de faire voter des lois anti-charia (droit musulman) dans divers Etats des Etats Unis ; il propose même des textes législatifs standard pour simplifier le travail des gouverneurs. Même le New York Times s’en est ému et en a parlé, signe de l’importance de l’activisme de ce bonhomme.

David yerushalmi

Les agissements de ce David Yerushalmi ont suscité des réactions intéressantes de deux lecteurs [Juifs] du journal newyorkais. Je vous livre ci-après ces réactions :

La loi islamique et le judaïsme

New York Times (USA) 7 août 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
Au rédacteur en chef:
Re “Behind an Anti-Shariah Push” (première page):
Quelle ironie que David Yerushalmi, un Juif hassidique et animateur politique d’une campagne nationale contre la charia ou droit musulman, semble oublieux de la profonde influence musulmane sur ses propres traditions religieuses juives.
Ce n’est nulle part plus évident que dans la vie et l’œuvre de Moïse Maimonide (1153 – 1204), le grand penseur Juif, qui vécut en terre musulmane et écrivit la plupart de ses livres en arabe. Dans sa Mishneh Torah, sa codification influente de la halacha, la version juive de la charia, aussi bien que dans son œuvre maîtresse « Le Guide des égarés », Maïmonide cite de nombreux penseurs Musulmans, et tous ses travaux reflètent à l’évidence les tendances intellectuelles et religieuses qui prévalaient alors dans le monde musulman.
Le préjugé manifeste de M. Yerushalmi contre les Musulmans et l’Islam est une trahison de l’histoire juive.

JACOB BENDER

New York, 31 juillet 2011
L’auteur est le réalisateur dy film “Out of Cordoba: Averroes and Maimonides in Their Time and Ours.”
Au rédacteur en chef:
Je me demande ce que ferait David Yerushalmi, un Juif, s’il obtenait son interdiction de la charia et si quelqu’un d’autre demandait l’interdiction de la halacha (loi juive)? Que ferait-il si quelqu’un voulait interdire la circoncision ou le sacrifice des animaux en conformité avec le code alimentaire juif ?
Pour gagner la guerre qu’il s’est inventée contre la charia, il devra détruire toutes les protections qui empêchent des choses de ce genre de se produire. La campagne malavisée de M. Yerushalmi divise notre société tout en détournant notre attention de la véritable lutte contre les terroristes.

MITCHELL  A.  LEVIN

Cedar Rapids, Iowa, 31 juillet 2011

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