mercredi 20 mai 2015

Réformer l'Islam dites-vous?

Mehdi Hasan contribue régulièrement par des tribunes libres dans la presse anglaise au débat sur l'Islam et le monde musulman (son expression est « le monde majoritairement musulman »).
Il entend ici répondre de manière argumentée à ceux qui en Occident appellent à une réforme de l'Islam. Les quelques exemples qu'il donne viennent des Etats Unis, mais on aura vite fait de trouver leurs équivalents das les milieux politiques et médiatiques hexagonaux.
Mehdi Hasan
Mehdi Hasan
Mehdi Hasan est aujourd'hui journaliste présentateur à Al Jazeera anglaise et a été directeur de rédaction au New Statesman (un magazine politique britannique proche du travaillisme).

Pourquoi l'Islam n'a pas besoin d'une réforme

Ceux qui appellent de leurs vœux un « Martin Luther musulman » devraient réfléchir
par Mehdi Hasan, The Guardian (UK) 17 mai 2015 traduit de l'anglais par Djazaïri
Ces derniers mois, les appels stéréotypés à une réforme de l'Islam, une religion vieille de 1 400 ans, se sont multipliés. « Nous avons besoin d'une réforme musulmane, » annonçait Newsweek. « L'Islam a besoin d'être réformé de l'intérieur, » disait le Huffington Post. Après le massacre de janvier à Paris, le Financial Times approuvait ceux qui, en Occident, considéraient que le président laïque de l'Egypte, Abdel Fattah el-Sisi, « pouvait se révéler être le Martin Luther du monde musulman. » (La chose pourrait s'avérer difficile étant donné que Sisi, selon les termes de Human Rights Watch, a approuvé des « attaques meurtrières préméditées » contre des manifestants généralement non armés, qu'on pourrait assimiler à des « crimes contre l'humanité. »)
Et puis il y a Ayaan Hirsi Ali, l'essayiste d'origne somalienne, athée et ex-musulmane qui vient de publier un nouveau livre intitulé « Heretic : Why Islam Needs a Reformation Now (hérétique, pourquoi l'Islam a besoin d'une réforme maintenant). On l'a vu apparaître sur les plateaux de télévision et dans des tribunes libres pour exhorter les Musulmans, libéraux comme conservateurs, à abandonner certaines de leurs croyances religieuses centrales et à s'unir derrière un Martin Luther.La question de savoir si des Musulmans de base vont régir positivement à un appel à la réforme venant d'une femme qui a qualifié leur religion de « culte de la mort destructeur et nihiliste » qui devrait être « écrasé », et a proposé que Benjamin Netanyahou reçoive le prix Nobel de la paix, est une autre affaire.
Ce discours n'est pas nouveau. Thomas Friedman, le célèbre éditorialiste du New York Times, avait appelé à une réforme de l'Islam dès 2002 ; les universitaires américains Charles Kurzer et Michaelle Browers ont situé les origines de cette « analogie avec la réforme [protestante, NdT] au début du 20ème siècle et observent que des « les journalistes conservateurs étaient aussi impatients que les universitaires libéraux dans leur quête de Luthers musulmans. »
'L'Islam n'est pas le christianisme. Ils ne sont pas analogues, et c'est faire preuve de beaucoup d'ignorance que de prétendre qu'il en est autrement. Apparemment, quiconque veut gagner la guerre contre l'extrémisme violent et sauver l'âme de l'Islam, sans parler de transformer un Moyen Orient qui stagne, devrait être pour un tel processus. Après tout, le christianisme a eu la Réforme, argumente-t-on, qui a été suivie par les Lumières ; par le sécularisme, le libéralisme et la démocratie européenne moderne. Alors pourquoi l'Islam ne pourrait-il pas faire pareil ? Et l'Occident ne pourrait-il pas proposer son aide ?
la réalité est cependant que les discours sur une réforme de l'Islam comme celle qu'a connue le christianisme est très fortement teinté d'hypocrisie. Examinons l'idée d'un « Luther musulman ». Luther ne s'est pas contenté de placarder 95 thèses sur la porte de l'église du château à Wittenberg en 1517, dénonçant les abus des ecclésiastiques de l'église catholique. Il exigeait aussi que les paysans allemands en révolte contre les seigneurs féodaux soient « mis à mort », les comparant à des « chiens fous », et il avait écrit « Des Juifs et de leurs mensonges » en 1543 où il parlait des Juifs comme «peuple du diable » et appelait à la destruction de leurs maisons et de leurs synagogues. Comme l'a observé le sociologue et spécialiste américain de l'holocauste Ronald Berger, Luther avait participé à faire de l'antisémitisme un « élément central de la culture et de l'identité nationale allemande. » Pas vraiment un exemple de réforme et de modernité pour les Musulmans en 2015.
Martin Luther placardant ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg
Le 31/20/1517, Martin Luther placarde ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg
La réforme protestante avait aussi ouvert la porte à une effusion de sang sans précédent à l'échelle continentale. Avons-nous oublié les guerres de religion en France ? Ou la guerre civile anglaise ? Des dizaines de millions d'innocents périrent en Europe ; on pense que 40 % de la population de l'Allemagne a trouvé la mort pendant la guerre de trente ans. Est-ce que c'est ce que nous voulons qu'endure maintenant la partie du monde en majorité musulmane déjà en proie à des conflits sectaires, des occupations étrangères et au legs du colonialisme, uniquement au nom de la réforme, du progrès et même du libéralisme ?
'L'Islam n'est pas le christianisme. Les deux religions ne sont pas analogues, et c'est faire preuve de beaucoup d'ignorance, voire de condescendance, que de prétendre qu'il en est autrement – ou d'essayer d'imposer une vision eurocentrique et parfaitement linéaire de l'histoire à des pays à majorité musulmane très divers en Asie ou en Afrique. Chaque religion a ses propres traditions et textes ; les adeptes de chaque religion ont été affectés d'une foule de manières par des processus géopolitiques et socio-économiques. Les théologies de l'Islam et du Christianisme, en particulier, sont des mondes à part ; l'Islam par exemple n'a jamais eu de classe cléricale dans le style catholique obéissant à un Pape de droit divin. Alors contre qui devra se faire la « réforme islamique » ? Sur la porte de qui faudra-t-il placarder les 95 fatwas ?
La vérité est que l'Islam a déjà eu sa propre réforme à tous égards, au sens de se dégager des appartenances culturelles et d'un processus de supposée « purification ». El résultat n'a pas été une utopie pluraliste et multi-confessionnelle, une Scandinavie sur l'Euphrate. Elle a produit au contraire... le royaume d'Arabie Saoudite.
N'est-ce pas exactement une réforme qui a été offerte aux masses du Hedjaz par Muhammad Ibn Abdul Wahhab, le prédicateur itinérant de la moitié du 18ème siècle qui avait fait alliance avec la famille Saoud ? Il proposait un Islam austère débarrassé de ce qu'il considérait comme des innovations, il écartait des siècles de tradition intellectuelle et du commentaire, et il rejetait l'autorité traditionnelle des oulémas, ou des autorités [en termes de savoir, NdT] religieuses.
On pourrait même dire que si quelqu'un mérite le titre de Martin Luther musulman, c'est Ibn Abdul Wahhab qui, aux yeux de ses détracteurs, combinait le puritanisme de Luther à l'antipathie du moine allemand à l'égard des Juifs. La position controversée d'Ibn Abdul Wahhab à l'égard de la théologie musulmane, écrit son biographe Michael Crawford, « l'amena à condamner une bonne partie de l'Islam de son époque » et avait entraîné son rejet comme hérétique par sa propre famille.
Ne vous méprenez pas. Des réformes sont évidemment nécessaires dans un monde musulman en crise : des réformes politiques, socio-économiques et, c'est vrai, religieuses aussi. Les Musulmans doivent redécouvrir leur propre héritage de pluralisme, de tolérance et de respect mutuel – incarné, par exemple, dans la lettre du Prophète aux moines du monastère Sainte Catherine , ou dans la « convivencia » 'ou co-existence) de l'Espagne musulmane médiévale.
Ce dont le monde musulman n'a pas besoin, c''est d'appels désinvoltes à une réforme de l'Islam formulés par des non Musulmans et par d'ex-Musulmans, dont la répétition illustre simplement à quel point des commentateurs occidentaux de premier plan sont superficiels, simplistes, a-historiques et même anti-historiques sur cette question. Il leur est beaucoup plus facile, semble-t-il, de réduire le débat complexe sur l'extrémisme violent à une série de poncifs, de slogans et de petites phrases plutôt que d'examiner les causes à la racine de ces tendances historiques ; plus facile de porter au pinacle les détracteurs les plus extrêmes et les plus intolérants de l'Islam tout en ignorant les voix des nombreux militants, savants et universitaires.
Hirsi Ali, par exemple, a eu droit à toute une série de louanges et de questions complaisantes dans le flot d'interviews qu'elel a faites avec des médias américains, du New York Times à Fox News (« Une héroîne de nitre temps », disait un gros titre de Politico). On ne pouvait malheureusement que constater que seul l'humoriste Jon Stewart, dans le Daily Show, s'était soucuié de signaler à Hirsi Ali que son héros réformiste voulait une « forme plus pure de christianisme » et avait contribué à créer « un siècle de violence et de chaos. »
Ayaan Hirsi Ali
Ayaan Hirsi Ali
Avec mes excuses à Luther, si quelqu'un veut faire la même chose avec l'Islam aujourd'hui, c'est le chef de l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh), Abu Bakr al-Baghdadi qui prétend violer et piller au nom d'une « forme plus pure » de l'Islam – et qui incidemment n'est pas très fan des Juifs non plus. Ceux qui implorent de manière si simpliste, et pas qu'un peu bêtement, pour une réforme de l'Islam, devraient être un peu plus prudents quant à ce qu'ils appellent de leurs vœux.

samedi 16 mai 2015

L'étudiant juif qui jouait à la croix gammée

L'étudiant juif avait sans doute pensé s'offrir une bonne tranche de rigolade en affichant dans le hall de sa résidence universitaire aux Etats Unis un symbole religieux hindou qui n'est autre que le fameux swastika adopté dans la première moitié du 20ème sicle par le régime nazi qui en avait fait son emblème.
Mal lui en a pris, un de ses co-résidents ayant perçu la présence ce symbole comme une menace antisémite renvoyant aux heures les plus sombres de notre histoire.
Il ne sera certes pas traduit en justice mais risque d'être expulsé de sa chambre universitaire, cette dernière étant associée aussi à l'appartenance à une fraternité étudiante, un puissant outil d'intégration et d'entraide sur le campus et même après les études.
On a donc ici encore un exemple de personne de confession juive qui utilise la peur de l'antisémitisme , ici à une simple fin récréative. Mais aussi un exemple d'ethnocentrisme qui voit des milliards d'adeptes du bouddhisme ou de l'hindouisme dépossédés d'une pièce de leur symbolique religieuse rattachée d'autorité à une philosophie politique qui a dominé une partie de l'Europe pendant une courte période de temps.

Une université américaine étudie l'interdiction de la croix gammée

PTI | Times of India (Inde) 24 avril 2015 traduit de l'anglais par Djazaïri
Ceci est un symbole nazi
Ceci est un symbole nazi
WASHINGTON: La prestigieuse université George Washington envisage d'interdire le swastika, un symbole sacré de l'hindouisme et du bouddhisme, car les autorités universitaires pensent qu'elle ressemble au symbole nazi et pourrait heurter la sensibilité de certains étudiants juifs.
Ceci est un symbole hindouiste
Ceci est un symbole hindouiste
La démarche intervient après qu'un étudiant, non identifié mais de confession juive, a rapporté une représentation du swastika d'un séjour en Inde le mois dernier. Il l'a placardé brièvement sur le panneau d'affichage dans le hall de la résidence de sa fraternité majoritairement juive.
Un membre de la fraternité qui avait vu le swastika sur le panneau d'affichage avait pensé que s'était une forme de menace et avait appelé la police.
Tout avait été clarifié en quelques heures quand le plaignant avait compris qu'il n'y avait pas de menace. La police avait rapidement bouclé son enquête.
Cependant, l'étudiant qui avait placé le symbole sur le panneau d'affichage est maintenant passible d'une expulsion définitive, rapporte le Daily Caller.
Steven Knapp, président de l'université George Washington, a indiqué dans une déclaration que les intentions derrière l'affichage du motif nazi sur le campus n'affecteront pas sa détermination à le qualifier de crime inspiré par la haine [hate crime].
« Quoique l'étudiant affirme que son acte n'était pas une expression de haine, l'université a déféré l'affaire... pour examen par son unité chargée des crimes de haine, » a déclaré Knapp.
John Banzhaf, un professeur de droit public réputé de la faculté de droit de l'université George Washington, a pris en charge la défense de l'étudiant juif mis sur la sellette.
Si l'étudiant est expulsé ou subit n'importe quelle autre sanction disciplinaire, l'effet en sera d'interdire les symboles religieux sacrés du campus de George Washington, a déclaré Banzhaf.
Le swastika a longtemp été conçu comme un symbole porte-bonheur en Occident (cette représentation date de 1907)
Le swastika a longtemp été conçu comme un symbole porte-bonheur en Occident (cette représentation date de 1907)
L'administration de l'université a « apparemment pris la position de considérer qu'afficher quoi que ce soit aui pourrait être confondu avec une croix gammée nazie » est interdit, a-t-il soutenu - « même si c'est le fait d'étudiants bouddhistes ou hindouistes. »

vendredi 8 mai 2015

Un escroc sioniste met à genoux le système bancaire de Moldavie

Une somme d'un milliard de dollars a disparu de trois banques de Moldavie, le pays le plus pauvre d'Europe.
L'argent s'est évaporé sous le couvert de prêts bancaires réalisés en seulement quelques jours à la veille d'une échéance électorale de 2014.
Cette somme est considérable dans l'absolu mais surtout quand on la rapporte au Produit Intérieur Brut du pays :
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Pour mieux vous représenter la chose, sachez que c'est comme si on avait subtilisé en moins d'une semaine la somme de 200 milliards d'euros à des banques françaises.
LE CHIFFRE - 10.000 manifestants se sont réunis dimanche dans la capitale moldave, pour protester contre la disparition d'un milliard de dollars des coffres de trois banques.
Par Fanny Bonjean, RTL-France, le 07/05/2015 À 17:10
Un vol mystérieux fait scandale en Moldavie. En avril, la Banque centrale a découvert qu'un milliard de dollars manquait dans les coffres de trois banques, dont un établissement public. L'argent aurait été dépensé en novembre 2014 via des crédits obscurs dont les destinataires n'ont pas été identifiés.
Or, un milliard de dollars est une somme conséquente pour la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe. Elle représente près d'un huitième du PIB (12,55%). Aussi près de 10.000 citoyens sont descendus dans les rues de Chisinau, la capitale, dimanche 3 avril, pour protester contre cette disparition et plus globalement la corruption. Les manifestants ont appelé à la démission du procureur général mais aussi de juges de la Cour suprême et de plusieurs hommes politiques, qu'ils jugent impliqués dans le scandale.
Selon un rapport d'une commission parlementaire, qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent de ce scandale financier aurait été transférée dans quatre banques russes. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres mis sous séquestre. Le gouvernement a également fait appel aux experts de la compagnie d'audit américaine Kroll pour démêler l'affaire.
La Moldavie est un pays européen, qui plus est au contact d'une zone d'extrême tension par sa frontière avec l'Ukraine. Comme l'Ukraine d'ailleurs, la Moldavie est en proie au séparatisme d'une région, la Transnistrie, qui a proclamé son indépendance.
MOLDAVIE-fcv_07-02-2011_copie
Moldavie; en rouge, la Transnistrie
Ce pays devrait donc susciter une attention toute particulière de la part de la presse française. Ce n'est manifestement pas le cas puisqu'on ne peut pas dire qu'elle montre un véritable intérêt à enquêter ou fournir des éléments sur une situation gravissime.
Parce que c'est bien joli de nous parler de banques russes impliquées, ce qui pourrait donner à penser que nous sommes là devant un coup des services spéciaux de Moscou.
Apparemment, à la même date, la presse américaine a plus d'informations et donne l'identité du cerveau de la gigantesque arnaque, un certain Ilan Shor qui fait partie des plus grosses fortunes du pays où son père avait établi les premiers magasins hors taxes. Ilan Shor est marié, nous dit-on, à une pop star russe.
Ilan Shor
                           Ilan Shor
Ilan Shor est quant à lui originaire de l'entité sioniste d'où il est venu en Moldavie avec son père Miron Shor :
Miron Shor fait une longue carrière d'homme d'affaires et de bienfaiteur juif [sic] à l'étranger. C'est Miron qui a amené la famille d'Israël en Moldavie quand Ilan avait l'âge de deux ans. »