dimanche 23 novembre 2014

Le soutien des Etats Unis et du régime sioniste à al Qaïda en Syrie

Dans la guerre livrée au régime syrien, à l'Iran et au Hezbollah, les Occidentaux utilisent des stratégies complexes aux effets parfois imprévus, d'autant qu'elles ne font pas forcément toujours consensus en Occident même où leur mise en œuvre dépend des rapports de forces entre les gens, disons raisonnables, et les néoconservateurs.
Ces néoconservateurs, ainsi que l'expliquait Robert Parry, restent très présents dans l'appareil politico-militaire des Etats Unis et leur poids peut être très important dans un pays comme la France où ils se cachent aussi derrière de nobles idéaux humanitaires, alors que la seule chose qui leur importe est le sort du régime sioniste.
Dans ces pays occidentaux qui mènent une guerre non déclarée à la Syrie, on feint de s'étonner de la présence sur le terrain de combattants « djihadistes » dont les noms et prénoms évoquent parfois plus le camembert que le leben.
Le "djihadiste" français Abou Mariam exhibe la tête tranchée d'une résistante kurde
Le "djihadiste" français Abou Mariam exhibe la tête tranchée d'une résistante kurde
Mais qu'y a-t-il de surprenant à voir de jeunes Français répondre à l'appel au meurtre du chef de l'Etat syrien lancé par Laurent Fabius, l'actuel chef de la diplomatie française ?

De la même manière, on ne sera pas surpris de voir en Syrie les puissances occidentales soutenir des forces officiellement affiliées à al Qaïda même si les choses sont quelque peu obscurcies par les bombardements exécutés par les USA et leurs alliés arabes contre certaines forces djihadistes en Syrie.
Le blogueur Moon of Alabama nous aide à mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain et dans les officines de Washington : une partie des forces djihadistes est entrée en conflit avec les intérêts de Washington en s'attaquant notamment au Kurdistan irakien où l'armée américaine entretient une base, Cette confrontation était à tel point inattendue que le gouvernement turc, allié de l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) a eu du mal, et a toujours du mal, à modifier son positionnement stratégique à l'égard de cette puissante milice.
Ce qui est important dans l'article que je vous propose, c'est surtout ce fait que l'aviation américaine bombarde le Jabhat al-Nosra, une importante milice affiliée à al Qaïda, dans le nord syrien tandis qu'elle soutient la même milice au sud du pays dans la région proche du Golan occupé par l'entité sioniste et la frontière jordanienne. L'objectif des Etats Unis n'est donc pas de détruire cette milice mais d'en écarter les éléments rétifs à une alliance avec eux sur le terrain.
Et c'est sans doute le même objectif qui est poursuivi avec les frappes contre l'Etat Islamique en Irak et au Levant.

Comment les Etats Unis et Israël aident al Qaïda dans le sud de la Syrie

par Moon of Alabama (USA) 21 novembre 2014 traduit de l'anglais par Djazaïri
Quand l'administration Obama a déclaré avoir bombardé le « groupe Khorasan » dans le nord syrien, les spécialistes se sont demandés ce que cela voulait dire. Il n'existait et il n'existe aucune organisation de ce nom. Ce que l'administration Obama appelait groupe Khorasan était des dirigeants du Jabhat al-Nosra, la branche syrienne d'al Qaïda qui était active en Afghanistan et au Pakistan il y a quelques années avant de venir en Syrie. Alors pourquoi faire une distinction enre le Jabhat al-Nosra qui est actif dans toute la Syrie et un groupe dirigeant de la même organisation situé dans le nord de la Syrie ?
Mon sentiment est qu'il existe une coopération active entre le Jabhat al-Nosra et les Etats Unis, particulièrement dans le sud syrien, et que la distinction a été faite pour maintenir en place une forme quelconque d'alliance dans le sud. Les mercenaires de l'Armée Syrienne Libre dans le sud de la Syrie ont été entraînés et armés par la CIA en Jordanie et sont contrôlés depuis une salle d'opérations multinationale quelque part à Amman.
Dans le sud, le Jabhat al-Nosra combat activement aux côtés de l'Armée Syrienne Libre qui reçoit aussi un soutien d'Israël. Au cours de ces derniers mois l'ASL, avec les combattants d'al-Nosra comme troupes de choc, s'est emparée de portions importantes de territoire le long de la frontière de la Syrie avec la Jordanie et Israël. Leur but est, ainsi que nous l'avions signalé il y a deux mois, d'ouvrir un corridor vers Damas. Leurs avancées au détriment de l'armée syrienne dans la zone frontalière ont été réalisées avec l'appui des tirs de soutien de l'artillerie israélienne.
Reuters confirme aujourd'hui que Nosra, comme nous l'écrivions, est à la pointe des combats dans le sud :
Des combattants du Front al-Nosra affilié à al Qaïda et d'autres insurgés ont attaqué et fait uen brève incursion à Baath City dans le sud de la Syrie jeudi, le dernier bastion important de l'armée dans une province qui jouxte les hauteurs du Golan sous occupation israélienne.
…...
Des centaines de combattants d'al-Nosra qui ont fui la province orientale de Deir al-Zor après en avoir été chassés par l'Etat Islamique dans le courant de cette année se sont regroupés dans le sud de la Syrie où ils ont renforcé la présence rebelle dans ce secteur, selon es activistes.
« Il [ce renfort] a permis aux combattants de prendre le dessus dans cette zone, » déclare Abou Yahia al-Anari, un combattant d'Ahrar al-Sham.
...
Les gains des insurgés depuis le début de cette année ont principalement été obtenus par le Front al-Nosra en association avec d'autres rebelles et brigades islamistes qui combattent en alliance avec l'Armée Syrienne Libre soutenue par l'Occident. A la différence des rebelles qui combattent dans le nord, ils se sont bien coordonnés jusqu'à présent.
Au nord, le Jabhat al-Nosra combat des groupes de mercenaires soutenus par la Turquie et les Etats Unis. Au sud, il coopère par contre avec ce genre de groupes qui sont soutenus, équipés et entraînés par les Etats Unis à partir de la Jordanie et d'Israël. Al-Nosra au nord a été rebapptisé « groupe Khorasan » de sorte à ce qu'on puisse le bombarder sans mettre en danger l'alliance au sud entre l'Armée Syrienne Libre et le Jabhat al-Nosra.
Les combattants de Nosra dans le sud utilisent bien entendu des ermes et d'autres équipements que les unités de l'Armée Syrienne Libre reçoivent de la CIA et d'autres services secrets. Ces groupes combattent ensemble et partagent naturellement leurs ressources.
En octobre, un mois après que j'ai signalé les opérations dans le sud, le Washington Institute, une pièce du lobby sioniste aux Etats Unis, a reconnu ces plans et a exhorté à plus de soutien d'Israël et des Etats Unis sur le front sud. Il minimisait bien sûr sciemment la participation d'al-Nosra.
Une assistance coordonnée dans le sud de la part des Jordaniens, des Israéliens et des alliés pourrait permettre de renforcer les rebelles syriens modérés dans cette région, d'éviter une prise de contrôle par les extrémistes et faciliter la campagne en cours contre l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Pour l'instant, l'essentiel du soutien israélien aux bataillons locaux modérés et non islamistes le long de la frontière s'est borné à une aide humanitaire, tels les soins apportés à 1 4000 Syriens malades et blessés dans des hôpitaux israéliens, la fourniture de médicaments, de nourriture et de moyens de chauffage à des villageois etc. Certains groupes rebelles sont en contact constant avec l'armée israélienne, avec par exemple de fréquentes réunions secrètes qui se tiendraient à Tibériade, mais seule une petite quantité d'armes leur a été fournie, essentiellement des lance-roquettes.
Les opérations dans le sud n'ont rien à voir avec l'EIIL qui reste peu présent dans le sud, mais sont exclusivement dirigées contre l'armée syrienne, le gouvernement syrien et la population de Damas. Les combats sont conduits, comme l'a reconnu Reuters aujourd'hui, par des miliciens du Jabhat al-Nosra et un soutien américain et israélien est apporté aux groupes locaux de l'Armée Syrienne Libre qui sont étroitement alignés avec al-Nosra.
Les Etats Unis et Israël sont certainement au courant ce ce que Reuters rapporte et que nous avions affirmé auparavant. Ils ont armé et continuent à armer des groupes qui coopèrent étroitement et partagent avec al Qaïda leurs ressources obtenues auprès d'Israël et des Etats Unis.

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