vendredi 11 janvier 2013

Les Juifs du Yémen sont-ils les aborigènes du sionisme?


Ceux que ça intéresse pourront trouver quelques précisions sur l’opération dite « Tapis volant,» un pont aérien qui permit de transporter vers l’entité sioniste plusieurs milliers de Juifs du Yémen, l’essentiel de la communauté en fait. Je pense que le texte le plus complet sur ce sujet est celui de Tudor Parfitt, ‘’The Road to Redemption: The Jews of the Yemen, 1900-1950’’

Un tapis volant ou « magic carpet » (tapis magique) qui fut en fait une via dolorosa comme l’écrit Parfitt.
Beit Baous, un village juif abandonné dans la montagne yéménite
Beit Baous, un village juif abandonné dans la montagne yéménite
Les circonstances qui ont amené ces Juifs à partir (et qui ont fait qu’ils ont pu partir) sont complexes, Il importe quand même de savoir que ces Juifs là étaient moins animés par un idéal sioniste que par l’ardent désir de reconstruire le Temple car ils étaient sous le coup d’une malédiction prononcée par Ezra pour avoir précisément refusé de reconstruire ce fameux temple.

De vrais Juifs en fait, surtout si on les compare à la fange sioniste de l’époque qui leur fit habilement miroiter la perspective d’une rédemption.

Si la plupart des enfants retirés à leurs parents sont mors dans les tout premiers jours d’existence de l’Etat, on n’a aucune information sur 69 autres.
par Judy Maltz, Haaretz (Sionistan) 11 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Juifs Yéménites au départ d'Aden vers l'entité sioniste
Juifs Yéménites au départ d'Aden vers l'entité sioniste
Un groupe d’universitaires et des militants associatifs ont lancé une campagne sur Facebook dans l’espoir de réunir de la documentation qui pourrait éclairer d’un jour nouveau la disparition de milliers d’enfants Juifs yéménites pendant les premières années d’existence de l’Etat.

L’initiative a été annoncée cette semaine pendant une conférence organisée par le Centre Dahan de l’université Bar-Ilan sur la dite «affaire des enfants yéménites» - une affaire qui remonte à plusieurs dizaines d’années et qui en est venue à symboliser les griefs des Juifs Séfarades à l’encontre de l’establishment israélien.

Environ 50 000 Juifs du Yémen étaient arrivés en Israël grâce à une opération de transport aérien connue sous le nom de  «Tapis Volant.» Entre 1948 et 1954, quelque chose comme entre 1 500 et 5 000 enfants de ces immigrants, surtout des bébés, avaient été signalés par leurs parents comme ayant disparu. Trois commissions distinctes qui avaient enquêté sur cette affaire, à partir du milieu des années 1980, avaient conclu que la plupart des enfants étaient morts de maladies et qu’une petite minorité avait été proposée pour adoption. Dans de nombreux cas, on avait informé les parents du décès de leurs enfants seulement après qu’ils avaient été enterrés.

Les universitaires et les militants associatifs à la tribune ont exhorté les personnes présentes à la conférence, dont de nombreux frères et sœurs d’enfants Yéménites décédés ou disparus, à mettre en ligne leurs histoires, particulièrement quand elles n’ont jamais été relatées, ainsi que des documents et des photos en leur possession sur la page Facebook en hébreu de l’Association pour la Société et la Culture, la Recherche et la Documentation – une organisation vouée à la préservation du patrimoine de la communauté juive du Yémen. Ils ne sont cependant pas allés pour l’instant jusqu’à demander une nouvelle commission pour enquêter sur les dizaines de cas non élucidés d’enfants disparus.

Plusieurs participants à la conférence ont fondu en larmes en partageant leurs histories personnelles de frères et de sœurs qui avaient été retires à leurs parents à leur arrive dans des camps de transit en Israël et qu’ils n’ont jamais revus ensuite. Certains ont affirmé que malgré ce qu’on avait dit à leurs parents, ils étaient persuadés que leurs frères et sœurs étaient encore en vie et avaient été vendus à d’autres familles, soi en Israël, soit à l’étranger.

Les conférenciers, universitaires comme militants, étaient très critiques à l’égard des conclusions des trois commissions mises en place pour enquêter sur l’affaire, les qualifiant de «blanchiment» et observant que beaucoup de questions avaient été laissées non résolues.
«Même si nous admettons le fait que la majorité de ces enfants sont décédés, qu’en est-il de la minorité dont nous ne savons toujours rien? » a demandé le professeur Shimon Ohayon, directeur du Centre Dahan, qui figure aussi sur la liste commune Likoud – Yisrael Beiteinu pour les prochaines élections. «Tant que ces questions resteront ouvertes, nous n’aurons pas de repos.»

Le Dr Esther Meir-Glitzenstein de l’université Ben Gourion, une spécialiste des communautés juives séfarades, a présenté une nouvelle recherche qui montre que les mauvais traitements subis par les immigrants yéménites avaient commence bien avant qu’ils foulent le sol d’Israël. Selon ses conclusions, les autorités israéliennes n’étaient pas préparées à héberger le grand nombre de Juifs yéménites qui arrivaient dans les camps de transit à Aden et voulaient émigrer en Israël. Elles [les autorités sionistes] n’avaient pas assez de tentes pour les héberger, pas assez de nourriture ni assez d’avions pour les transporter. «Tout cela peut expliquer pourquoi tant de ces enfants avaient dû être hospitalisés à leur arrivée en Israël,» a-t-elle dit.

Malgré la tendance à présenter l'opération Tapis Volant comme un des grands moments du siosisme, a affirmé Meir-Glizenstein, "ce fut une opération ratée."

Le professeur Boaz Sangero, spécialiste de droit criminel au centre Universitaire de Droit et des Affaires, a estimé qu’un huitième des enfants yéménites arrivés en Israël entre 1948 et 1954 était soit décédé soit avait disparu. La dernière commission d’enquête a échoué dans sa mission, a-t-il accusé. «Il y eu très peu d’investigations,» a-t-il dit. «Tout ce qu’ils ont fait en réalité, c’était d’expliquer pourquoi ce n’était pas si terrible. Même si nous acceptons l’idée que tant de ces enfants sont décédés, il reste 69 cas d’enfants dont nous ne savons rien, et ça fait beaucoup.»

Le Dr Tova Gamliel, maître de conférences à la faculté de sociologie et d’anthropologie de l’université Bar-Ilan, qui est aussi une des initiatrices de la conférence, a fait un parallèle entre le traitement des immigrants Yéménites en Israël et celui des Aborigènes en Australie, observant que dans les deux cas des enfants avaient été arrachés à leurs familles par les autorités sur la base de la conviction que leurs parents n’étaient pas compétents pour s’occuper d’eux. Elle a exhorté Israël à s’inspirer de l’Australie qui a récemment institué une Journée Nationale du Pardon chaque 26 mai pour donner à la nation une chance de se repentir de ses fautes.

«Je prie pour qu’un jour une ‘journée du repentir’ existe en Israël aussi,» a-t-elle dit, en expliquant que sa grand-mère yéménite ne s’était jamais remise de la perte de son enfant, un petit garçon prénommé Haim qu’on lui « avait arraché dans ses bras » peu de temps après son arrivée en Israël.

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