samedi 1 décembre 2012

Palestine, Gaza, ONU, la nouvelle donne


J’ai un peu de temps, alors j’en profite pour sortir un peu le blog de sa léthargie.
La dernière agression sioniste contre Gaza a montré comme les agressions précédentes la capacité destructrice du terrorisme sioniste.

Si les conflits politiques se résumaient à une simple arithmétique de la force militaire, l’entité sioniste aurait dû poursuivre son offensive et lancer à l’assaut les dizaines de milliers de réservistes qu’elle avait commencé à mobiliser.

Il n’en a rien été parce que la guerre  est autre chose qu’une bagarre de gamins dans un bac à sable ou un combat de boxe qui s’achève par le K.O. d’un des adversaires.

En effet, le conflit palestino-sioniste n’engage pas seulement l’Etat prétendu juif et le peuple palestinien, mais toute la région arabe et proche orientale ainsi que les Etats Unis et l’Europe.

La récente agression a permis de vérifier une fois de plus la détermination du peuple palestinien à résister et à recouvrer ses droits. Et les autorités sionistes médusées ont pu constater que les combattants palestiniens étaient désormais en mesure de toucher des villes aussi éloignées de Gaza que Beersheba et surtout Tel Aviv.

En ce sens le Hamas et les autres organisations de la résistance palestinienne ont remporté une victoire stratégique en faisant échouer la tentative sioniste de leur administrer une raclée et en signifiant qu’un jour peut-être pas si éloigné, c’est un déluge de feu qui pourrait s’abattre sur Tel Aviv.

Et Tel Aviv, c’est le véritable cœur de l’entité sioniste qui se résume en pratique à cette cité Etat.

Ensuite, comme je l’écrivais précédemment, l’entité sioniste est en quelque sorte passée sous la tutelle de l’Egypte qui a assuré, en coordination avec les Etats Unis, la gestion des tractations en vue d’un cessez-le-feu.

 C’est un point de vue très proche du mien que développe Alex Callinicos et je suis donc ravi de vous proposer une traduction d’un article qu’il vient de publier dans The Socialist Worker.
Alex Callinicos à la 5ème conférence anti-guerre du Caire en 2007
Alex Callinicos à la 5ème conférence anti-guerre du Caire en 2007
L’autre grand évènement stratégique est bien sûr l’octroi à la Palestine du statut d’Etat observateur à l’Organisation des Nations Unies.

Certains considèrent que cette reconnaissance porte en elle l’abandon par les Palestiniens d’une partie de leurs droits fondamentaux sur leur patrie. C’est vrai en théorie et en faisant abstraction du contexte réel. Ceux qui pensent ainsi supposent en effet que l’entité sioniste pourrait admettre un jour ou l’autre la restitution des territoires qu’elle occupe depuis 1967, permettant ainsi à un gouvernement palestinien d’exercer une autorité souveraine sur la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Cette hypothèse relève de la chimère car jamais les sionistes n’accepteront de rétrocéder des territoires qu’ils estiment avoir vocation à contrôler et à coloniser totalement. Le nouveau statut politique reconnu à la Palestine est donc un acquis précieux qui  ne remet nullement en cause la pertinence de la résistance sous tous ses aspects, y compris militaires.


Les révolutions font trembler tous les régimes – les régimes arabes, ainsi que celui d'Israël,
Par Alex Callinicos, Socialist Worker (UK) 1er décembre 2012 traduit de ‘anglais par Djazaïri

Friedrich Engels écrivait en 1854: «Nous ne devons pas oublier qu'il y a une sixième puissance en Europe, qui à certains moments affirme sa suprématie sur l'ensemble des cinq soi-disant« grandes puissances »et fait trembler chacun d'entre eux. Cette puissance est la Révolution. "

Il en va de même dans le Moyen-Orient aujourd'hui. Si vous ne vous intéressez qu’à l'équilibre militaire des forces, vous conclurez que rien n'a vraiment changé depuis la dernière guerre d'Israël contre Gaza.

Le Hamas dispose désormais de missiles Fajr-5 de plus longue portée qui peuvent frapper Tel-Aviv. Mais l’armée israélienne conserve une écrasante supériorité matérielle. Mais ne prendre en compte que le matériel et les troupes serait superficiel. En réalité, tout a changé.
Le quotidien libéral israélien Haaretz a publié un article fascinant sur les débats de la semaine dernière entre les hauts responsables du gouvernement- le premier ministre Benjamin Netanyahou, le ministre de la Défense Ehud Barak et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman –au sujet de la trêve proposée par le président égyptien, Mohamed Morsi:
"Lors de la réunion de mardi, juste avant l’arrivée de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, il est apparu clairement à Israël que les principes du cessez-le feu proposé par l'Egypte étaient beaucoup plus proches des positions du Hamas que des siennes.

"L'hypothèse formulée par les responsables du renseignement lors de la réunion triumvirat était que, contrairement à la situation à l’époque de Moubarak, les Egyptiens s'alignant sur le Hamas et essayent de lui permettre d’obtenir des succès."

Cessez-le-feu

Barak voulait accepter le cessez le feu sur la base du fait que l'armée israélienne avait donné une leçon au Hamas. Lieberman plaidait pour une offensive terrestre et Netanyahou se situait entre les deux points de vue.

Les trois ministres israéliens avaient demandé à Clinton de «faire pression sur l'Egypte pour qu’elle présente un accord de cessez-plus équilibré». Au lieu de quoi, soutenue par des appels téléphoniques de Barack Obama, elle les a poussés à accepter les termes de l'Egypte.
Et ils les ont acceptés. Même l'extrémiste de droite Lieberman s'est soumis, expliquant à d’autres ministres, «La décision est simple. Rabin [le Premier ministre israélien assassiné pour avoir enclenché le «processus de paix»] avait dit que s’ils nous tirent dessus depuis le bande de Gaza, nous la réoccuperons, mais c’est à l’évidence difficile. " 

Les révolutions arabes sont derrière le rôle joué par Morsi pour obtenir un cessez-le-feu que le Hamas pourrait proclamer comme une victoire. La dernière guerre contre gaza a montré comment ces révolutions commencent à transformer la géopolitique régionale.
Netanyahu s’est servi de la supériorité militaire d'Israël pour reprendre l'initiative. Ses exigences pour une guerre contre l'Iran, techniquement très difficile à faire sans le soutien des Etats Unis - étaient son stratagème initial. Mais il s’est retrouvé bloqué à la fois pas sa propre hiérarchie militaire et par Obama

L'assassinat du chef militaire du Hamas, Ahmad al-Jaabri au moment où un nouveau cessez-le feu de Gaza était en discussion [avec précisément al-Jaabri, NdT] était le stratagème suivant de Netanyahou. 

Agenda

Netanyahu a soutenu Mitt Romney lors des dernières élections américaines. Le journaliste américano- palestinien Ramzy Baroud avance que le but de la guerre était de "pousser le thème de la sécurité d'Israël dans les priorités de l'agenda de la nouvelle administration"
Mais les yeux Etats Unis se sont tournés plus loin à l’est. Ce qui a été symbolisé par le fait qu’Obama s'est rendu en Birmanie, dans une démarche visant à l’éloigner de la Chine au moment de l'attaque israélienne contre Gaza. Une nouvelle guerre au Moyen Orient est donc la dernière chose que veulent les Etats Unis.

Et, à dans la région, M. Netanyahou a perdu des amis très puissants. La Turquie, qui avait fait signé un pacte militaire avec Israël, s'est retournée contre lui. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la semaine dernière Israël comme un "Etat terroriste".

Mais Morsi et Erdogan ont un problème. Ils veulent nuire symboliquement et diplomatiquement à Israël, mais ils n'ont pas l'intention de reprendre la lutte armée contre Israël.
Morsi en particulier,est le président d’un peuple pour qui trouve insuffisantes les dénonciations rhétoriques et les manoeuvres en coulisses.

Ainsi qu’il l’a découvert le weekend dernier, la révolution arabe est une force dynamique qui ne peut pas être simplement exploitée à des fins d’intrigue de parti. Comme le disait Engels, elle fait trembler chaque régime, arabe comme israélien, même ceux qui prétendent être le produit de la révolution.

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