jeudi 1 novembre 2012

65 % des Syriens jugent l'attitude de la Turquie hostile à l'égard de leur pays


Le journal turc Zaman, proche de la majorité gouvernementale, publie une synthèse des résultats d’une enquête sur la perception de la Turquie dans un certain nombre de pays du Moyen Orient. Cette enquête qui associe un think-tank turc, un institut d’enquêtes d’opinion et la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, est censée outiller la diplomatie turque afin qu’elle puisse savoir comment ajuster sa politique ou son discours pour favoriser l’atteinte des objectifs que lui ont fixés les autorités politiques.

Les résultats sont vraiment intéressants d’autant qu’il s’agit d’une enquête reproduite tous les ans, ce qui permet donc de cerner les évolutions.

Je vous laisse les découvrir tout en attirant votre attention sur deux points. Le premier, c’est que l’enquête montre que dans les pays interrogés, l’entité sioniste et les Etats Unis se disputent la place de menace N°1 pour la sécurité régionale.

Ce qui ne surprendra que François Hollande ou Laurent Fabius. Non, pas Benjamin Netanyahou ou Shimon Peres parce que ces deux là savent à quel point leur entité sioniste représente un danger (et ils en sont d’ailleurs fiers).

Le deuxième point concerne la Syrie. L’enquête montre en effet que la première préoccupation des Syriens n’est pas de se débarrasser du président Bachar al-Assad mais de retrouver la sécurité et donc la paix civile. Et surtout, l’enquête montre que 65 % des personnes interrogées en Syrie considèrent comme hostile l’action de la Turquie par rapport à leur pays.
Sans doute un instantané de l’opinion publique syrienne au sujet des opposants armés à leur gouvernement qui recueilleraient au grand maximum 35 % d’opinions favorables.

La popularité de la Turquie au Moyen Orient reste élevée mais décline

Par Sevgi AKARÇEŞME, Zaman (Turquie) 1er novembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une enquête de la Fondation Turque pour la Recheerche Economique et Sociale (TESEV) intitulée «Perception de la Turquie au moyen orient, 2012» a constaté que la Turquie reste populaire dans la région, quoique les chiffres aient baissé comparativement aux années précédentes.
Les résultats de l’enquête menée conjointement par TESEV, Friedrich-Ebert-Stiftung et KA Research Company ont été rendus publics lors d’une conférence de presse tenue à Istanbul jeudi. Selon les résultats de l’enquête, qui a été réalisée dans des pays du Moyen Orient, hormis l’Algérie, le Maroc, le Soudan et Israël, le taux d’approbation global de la Turquie s’établit à 69 %, en baisse par rapport aux 78 % observés l’an dernier.

Le professeur Mensur Akgün, directeur du Global Political Trends Center (GPoT) estime que «L’image de marque de la Turquie reste très bonne malgré cette baisse, et elle doit être protégée parce qu’elle est le plus important élément du ‘soft power’ de la Turquie dans la région. Akgün a exhorté la Turquie à «envisager de revoir son modèle parce que certaines alternatives sont apparues,» soulignant que «le plus important problème dans la région selon les personnes interrogées sont des problèmes économiques, alors qu’en Turquie on cite communément la question de Palestine.»

D'autre part, le président de TESEV, Can Paker, pour qui l’enquête «prend le pouls de la région», a considère que les résultats sont très positifs, car «ils indiquent que la popularité de la Turquie dans la région se stabilise après avoir fait un bond ces quatre dernières années. "Pour Paker, les résultats de l'enquête montrent que« la Turquie reste un acteur acceptable dans la région et qu’il y a des attentes à son égard. "
Sabiha Şenyücel Gündoğar, responsable du programme politique étrangère à TESEV
Dans une présentation détaillée des chiffres de l'enquête, la directrice du programme politique étrangère de TESEV, Sabiha Şenyücel Gundogar, a résumé les thématiques et les pays qui se sont particularisés dans la recherche, qui a été menée en août dernier au moyen d'entretiens téléphoniques. Notant qu'il y avait une diminution globale de l'optimisme chez les sondés vivant au Moyen-Orient, avec seulement 52 pour cent des répondants affichant être pleins d'espoir pour l'avenir, par opposition à 62 pour cent l'année dernière, Gundogar a relié cette évolution à la baisse aux difficultés consécutives au printemps arabe. Elle a expliqué que "alors que les gens en Iran mettent d’abord en avant les problèmes économiques, la préoccupation majeure des Syriens était la sécurité et non l’éviction de Bachar al- Assad."

Une observation intéressante de l'étude porte sur la perception du sectarisme dans la région. Si Akgün comme Gundogar soulignent qu'il n'y a pas de prisme sectaire quand les Turcs regardent le Moyen-Orient, tous deux attirent par contre l'attention sur l'existence d'une telle perception [dans la région] puisque 28 % des personnes interrogées estiment que la Turquie poursuit une politique sectaire dans le Moyen- Orient. Selon le professeur Akgün, «la politique de la Turquie ne s’inscrit pas dans cette ligne[sectaire], mais s'il existe une telle perception [dans la région], il faut alors prendre des mesures pour la corriger." De même, Gundogar dit: «Nous ne percevons pas le Moyen-Orient à travers un prisme sectaire, mais toute déclaration de la Turquie passe par un filtre sectaire dans la région ", ajoutant que" la Turquie était auparavant perçue comme plus neutre, mais elle a pris parti dans le conflit syrien et quand vous êtes avec un camp, l'autre peut devenir sensible [à l’aspect sectaire].

Fondateur de la Société de recherche KA, Bülent Kılınçarslan a appelé les décideurs politiques à analyser de près les résultats pays par pays pour procéder à une évaluation saine des tendances d’opinion au Moyen-Orient. "Pendant la présidence de Süleyman Demirel [dans les années 1990], nous avons mené des enquêtes similaires en Asie centrale. Tout le monde était dans en amour pour la Turquie à l'époque, mais ce sentiment avait décliné dans les années qui suivirent ", a déclaré Kılınçarslan. Selon lui, les relations de la Turquie, non seulement avec la Syrie, mais également avec l’Irak, jouent aussi un rôle dans la perception de la Turquie comme sectaire. «Depuis Tarek al-Hashemi, le vice-président irakien en fuite [condamné à mort dans son pays, note de Djazaïri] qui est actuellement en exil à Istanbul, la Turquie est considérée comme étant dans le bloc sunnite». 

Définissant ces recherches en partenariat comme un «parfait exemple de deuxième niveau diplomatique,» Michael Meier de Friedrich-Ebert-Stiftung à İstanbul a déclaré que «le rôle de la Turquie se renforce dans la région parce que c’est un modèle très réussi pour le Moyen orient, c’est pourquoi nous devrions soutenir l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne».

Selon l'enquête, Israël a maintenu sa place traditionnelle de menace N°1 pour la région à l'exception de l'Iran et de l'Irak, où les répondants considèrent que les Etats-Unis sont la plus grande menace pour la sécurité.

La perception positive de la Turquie en Syrie a aussi fortement baissé puisque 65 % des Syriens ont considéré que l’approche de leur pays par la Turquie était hostile, contre seulement 16 % en 2011.

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