mercredi 3 octobre 2012

La ministre redevenue simple mère célibataire (ou les tribulations d'une Maghrébine ambitieuse)


L’histoire de Rachida Dati et sa toute récente démarche en vue d’obtenir une reconnaissance de paternité par un homme d’affaires Français sont absolument emblématiques à plusieurs titres.
L’histoire de cette ancienne ministre était déjà assez singulière, en ce qu’elle était sans doute la première femme ministre à devenir mère célibataire alors qu’elle était en fonctions. Une situation qui, en dépit de l’élégance de sa mise et de l’importance de son poste ministériel, la renvoyait à sa condition originelle de femme d’origine étrangère et issue du prolétariat.

Parce que le statut de mère célibataire, avec ou sans connaissance officielle de l’identité du «père» est le lot de nombre de jeunes femmes d’origine maghrébine mais aussi de leurs consoeurs issues de catégories sociales marquées par la précarité et/ou la faiblesse des revenus.

En dépit de ce marqueur social qui la distinguait de toutes les autres femmes ministres, Mme Dati symbolisait, et symbolise encore, la success story d’une jeune femme qui grâce à un labeur acharné est parvenue à échapper aux déterminismes sociaux.

Bon, il a fallu quelque chose de plus que le labeur et les études, quelques rencontres décisives aux bons moments, comme celle avec Albin Chalandon, ancien ministre de la justice lui-même.
Un autre aspect emblématique de la trajectoire de Mme Dati, et qui est une leçon pour bien des politiciens, c’est qu’au moins jusqu’à un certain point, le bras de fer entre une femme politique et un homme d’affaires important s’apparente à la lutte du pot de terre contre le pot de fer.

J’en veux pour preuve les poursuites engagées par un magistrat Marocain contre Rachida Dati au motif puni par la loi de son pays (comme d’autres pays musulmans, précisons-le) de  relations sexuelles illicites.

Voyez-vous, le père présumé de l’enfant de Mme Dati possède des intérêts importants dans plusieurs pays dont le Maroc fait partie. Il est effectivement propriétaire de deux établissements luxueux à Marrakech, un «spa» et un hôtel. Il est par ailleurs un ami de Sarkozy qu’il a accompagné lors de déplacements au Maroc et dans… l’entité sioniste.

Certes, l’hôtel en question n’est pas la fameuse Mamounia chère à Bernard-Botul-Henri Lévy et aux amateurs de prix littéraires à la gomme. Mais c’est un établissement qui fait partie du même système d’intérêts qui lie de riches hommes d’affaires Français et le Makhzen.

Alors si l’ordre d’engager des poursuites contre Mme Dati n’a peut-être pas été suggéré directement par un appel depuis l’administration de cet hôtel, il est clair que les poursuites ont un rapport avec la complicité entre la monarchie et certains milieux d’affaires et politiques français.

Je crois que t'as besoin d'un protecteur comme les civils en Syrie et en Libye

A quelque chose, malheur est bon. Ce coup de semonce judiciaire incitera peut-être Rachida Dati à réfléchir à la nature de ses commentaires sur l’évolution politique au Maroc.

Je cite :
[Rachida Dati relève] la détermination de S.M. le Roi à garantir l'Etat de droit pour tous les Marocains et à tenir compte de leurs préoccupations.
et
"Le Maroc est devenu une référence pour le monde arabe en matière de réformes"
 La vérité, c’est qu’il y a d’une part les Marocains et les hommes d’affaires (Marocains ou pas), et d’autre part les hommes et les femmes, les Marocaines étant moins bien loties que leurs consoeurs Françaises non d’origine marocaine.

C’est la petite leçon que je me permets d’adresser à une ancienne ministre de la justice qui n’est après tout qu’une femme issue du prolétariat maghrébin en France.







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