mercredi 8 août 2012

Avec les Sikhs, Obama a un problème de turban


Après la tuerie d’Aurora dans le Colorado, pendant la projection du dernier Batman, un autre massacre a secoué l’Amérique.

Cependant, alors que les motifs du tueur d’Aurora restent flous, l’auteur de la tuerie d’Oak Creek dans le Wisconsin avait des motivations clairement racistes puisqu’il s’en est pris à des fidèles d’un lieu de culte sikh. Des fidèles qu’il aurait peut-être confondus avec des Musulmans compte tenu 1) de leur teint de peau souvent plus ou moins basané et 2) du fait que les Sikhs de sexe masculin ne se départissent jamais de leur turban.

 Comme l’explique Ali Abunimah, les choses sont peut-être un peu plus compliquées. Outre le fait que aucune communauté religieuse ou ethnique ne saurait être considérée comme collectivement coupable d’un crime quelconque (ici le 11 septembre), Ali Abunimah rappelle que les Sikhs sont victimes d’une montée généralisée du racisme aux Etats Unis.

Et que ce racisme n’a pas le temps de s’arrêter sur la question de savoir si les Sikhs sont ou pas une variété de Musulmans.
Et que, fait intéressant relevé par Ali Abunimah, le président Obama a lui-même entériné la  validité de la confusion musulmans/sikhs ainsi bien sûr que l’idée qu’il y aurait quelque chose de suspect à être de confession musulmane.

Abunimah en veut pour preuve qu’en 2010, pour son voyage en Inde,  le président Obama avait annulé la visite d’un lieu saint sikh, le Temple d’Or d’Amritsar, pour éviter d’avoir à porter un turban. Ce n’est là qu’une des démarches du marketing politique d’Obama pour éviter d’être confondu avec un Musulman, l‘auteur de l’article en donne d’autres exemples dans un de ses articles.
J'ai déjà ce qu'il me faut comme chapeau, merci.

Obama éprouve plus de sympathie pour les Israéliens tués en Bulgarie que pour les Sikhs Américains assassinés dans le Wisconsin

par Ali Abunimah, Electonic Intifada 6 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Dès que la nouvelle de l’attentat à la bombre qui avait tué des touristes Israéliens en Bulgarie le 18 juillet, le président US Barack Obama l’avait condamné dans les termes les plus vifs – même si on ignorait, et on ignore encore, qui en est l’auteur et ses motivations.

La déclaration d’Obama ne laisait place à aucune ambiguïté :
Je condamne fermement cet attentat terroriste barbare contre des Israéliens en Bulgarie. Mes pensées et mes prières vont aux familles de ceux qui ont été tués et blessés, et au peuple d’Israël, à celui de Bulgarie et à toute autre nation dont les citoyens ont été meurtris pas ce terrible évènement. Ces attaques contre des civils innocents, dont des enfants, sont absolument scandaleuses. Les Etats Unis se tiendront auprès de leurs alliés pour leur apporter toute l’assistance nécessaire pour identifier et traduire en justice les auteurs de cet attentat. Au moment où Israël est tragiquement une fois de plus la cible du terrorisme, les Etats Unis réaffirment leur engagement inébranlable pour la sécurité d’Israël et leur profonde amitié et solidarité avec le peuple israélien.
De tels sentiments vis-à-vis de cette tuerie de gens innocents sont compréhensibles. Mais pourquoi Obama s’est-il refusé jusqu’à présent à condamner dans des termes aussi forts le déchaînement meurtrier de Wade Michael page qui a tué hier six personnes au temple sikh d’Oak Creek dans le Wisconsin ?

Obama n’appellera pas ça du “terrorisme”

Dans une déclaration de la Maison Blanche diffusée hier, Obama a qualifié le massacre du Wisconsin d’“ acte de violence insensé. “ Dans une autre déclaration, il l’a qualifié de “fusillade tragique.

Il a depuis été confirmé que le FBI traite cette attaque comme une affaire de “terrorisme domestique” et qu’il est maintenant clair que le tueur avait une longue histoire de militantisme et de conceptions suprématistes blancs.

Pourtant, dans d’autres propos tenus aujourd’hui, Obama a traité cette attaque simplement comme un autre (tout aussi horrible) massacre par arme à feu comme c’est arrivé le 20 juillet à Aurora dans le Colorado.

Ainsi que le rapporte ABC:
Le président Obama a déclaré aujourd’hui qu’il a le «cœur brisé» par les tirs meurtriers au centre religieux sikh et il a renouvelé son appel à réduire la violence à travers le pays.
 «Je pense que nous comprenons tous que ce genre d’évènements terribles et tragiques surviennent avec trop de régularité pour que nous ne nous livrions pas à une introspection et que nous n’examinions pas des moyens supplémentaires pour parvenir à réduire la violence, » a dit le président aux journalistes dans le bureau ovale quand on l’ questionné sur l’homme armé qui a tué six personnes à Oak Creek dimanche.
Le président avait tenu des propos semblables après la fusillade meurtrière d’Aurora dans le Colorado le mois dernier, mais il n’a pas proposé de renforcer le contrôle sur les armes. «Ce que je veux faire, c’est réunit les responsables du maintien de l’ordre, les leaders communautaires, les leaders religieux, les élus à tous les niveaux pour voir comment nous pouvons progresser durablement, » a-t-il déclaré aujourd’hui.
 Obama hésite à montrer du doigt le racisme

Selon ABC, Obama a poursuivi:
" Nous ne savons pas encore complètement ce qui a motivé cet individu dans l’accomplissement de cet acte terrible. S'il s'avère, comme les premières informations l’ont indiqué que cela a pu être motivé d'une quelconque manière par l'ethnie de ceux qui fréquentaient le temple, Je pense que le peuple américain a un sentiment immédiat de rejet de ce genre d'attitude», a déclaré le président. "Il sera très important pour nous de réaffirmer une fois de plus que dans ce pays, indépendamment de notre apparence, d'où nous venons, de qui nous adorons, nous sommes un seul peuple et nous sommes attentifs les uns aux autres et nous nous respectons mutuellement.
Les propos du président sont intervenus après qu’il ait signé le the “Honoring America’s Veterans and Caring for Camp Lejeune Families Act” à la Maison Blanche.
 Page était un ancien soldat de l’US Army.

Silence devant l’incitation au racisme

Cette honteuse timidité d’Obama à condamner sans détours ce qui s’est passé dans le Wisconsin n’est guère surprenante. Après tout, c’est un président qui a une liste de Musulmans à tuer, dont des citoyens Américains.

Mais ne serait-ce que pour les apparences, ne pouvait-il vraiment pas montrer pour ses concitoyens la même indignation que celle qu’il a manifestée pour des Israéliens ?

Est-il convenable qu’Obama condamne en tant que «terrorisme barbare» ce qui est arrivé à des israéliens en Bulgarie  tandis qu’il a seulement le «cœur bisé» par le carnage du Wisconsin, comme s’il n’était qu’un simple spectateur et non le président des Etats Unis ?
Quand Obama déclare que «nous sommes tous un seul peuple" où chacun doit être attentif aux autres indépendamment de notre apparence, c'est lui qui devrait mettre en  pratique ce qu'il prêche.

Obama a refusé avec constance d’affronter le racisme déchaîné par sa candidature et son élection subséquente qui était intervenue au moment du pic du dénigrement des Musulmans post-11 septembre et de la déshumanisation des gens de couleur inhérente au bellicisme à l’étranger.

Sa réponse aux accusations selon lesquelles il est musulman n’a jamais été ‘et alors quoi, si j’étais musulman ?’ mais toujours sur la ligne de ‘non, je suis un Chrétien comme vous.’

Il y a deux ans, des militants de droite avaient inventé la fausse controverse de la «mosquée de Ground Zero» pour créer de la peur et de la haine dans la marche vers les élections de mi-mandat. Ce que j’ai toujours trouvé plus effrayant que le tapage fait par ces clowns islamophobes, c’est le silence des responsables élus, particulièrement des Démocrates qui prétendent porter des valeurs libérales [progressistes]et inclusives.

Qui ne dit mot consent, et la montée des marchands de peur raciste – qui n’a pas visé que les Musulmans – n’a cessé de s’amplifier.

Ni les Sikhs, ni les Musulmans ne sont collectivement coupables

Les Sikhs ont été parmi les premières victimes de la réaction raciste de l’après 11 septembre .Il est courant de dire qu'ils sont pris par erreur pour des musulmans qui sont les véritables cibles de ces attaques. Ceci est faux. Les musulmans ne sont pas plus coupables collectivement que les sikhs ou tout autre groupe. Mais, plus important, les brutes racistes ne sont pas intéressés par ces distinctions.

En 2010, lorsqu’il s’était rendu en inde, Obama avait refusé de visiter le principal lieu saint du sikhisme, le Temple d’Or d’Amritsar, parce qu’il ne voulait pas être photographié arborant une coiffe sikh (un turban) et être pris pour un Musulman par des Américains incultes à son retour au pays.

Obama avait cédé devant les racistes alors, comme il le fait maintenant de manière méprisable. La différence est qu’aujourd’hui du sang a été versé dans le Wisconsin, et le temps pour ce  genre de couardise aurait dû être révolu.

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