vendredi 31 août 2012

Non Alignés à Téhéran, le sommet qui enrage l'Occident


Le sommet des pays Non Alignés vient de s’achever dans la capitale iranienne où il a réuni 120 Etats représentés par des délégations de haut niveau.
Pour prendre la mesure de l’irritation suscitée par cette réunion de Téhéran, il suffit de parcourir quelques titres de la presse hexagonale (dans d’autres pays occidentaux le ton est souvent identique).

Ainsi, Le Nouvel Observateur annonce :
L'Iran contesté sur le nucléaire et la Syrie à l'ouverture du sommet des Non-Alignés
Certes, mais contesté par Ban Ki-Moon qui croit toujours que l’ONU existe pour exécuter les desiderata des Etats unis et du régime sioniste.
toute honte bue, le Secrétaire général de l'ONU a déclaré:
"Nier des faits historiques comme l'Holocauste" et "affirmer qu'un autre Etat membre de l'ONU n'a pas le droit d'exister ou le décrire en des termes racistes est non seulement totalement mal mais menace également les principes mêmes" de l'ONU,
j'ignore ce que vient faire "l'holocauste" dans cette affaire, mais l'inepte Ban Ki-Moon devrait savoir que l'entité sioniste n'a été acceptée à siéger à l'ONU que sous conditions, des conditions qu'elle n'a jamais respectées.

A bon entendeur...

Et  la position exposée par le président Egyptien Mohamed Morsi, dont Le Nouvel Observateur n’omet pas de nous préciser qu’il est «islamiste» (il y a les islamistes que ce magazine aime et ceux qu’il n’aime pas) sur la Syrie, si elle n’est pas en phase avec la position officielle iranienne, n’est nullement une contestation de la position de l’Iran mais une affirmation de celle de l’Egypte.

Tout le monde n’est pas obligé de faire le godillot à Téhéran comme François Hollande le fait avec enthousiasme à l’égard des Etats Unis.

Le Nouvel Observateur est cependant obligé de préciser la suite,, qui revient peut-être à une contestation de la position des Etats Unis et de la France sur le dossier syrien :
Le président égyptien a toutefois fait un geste en direction de Téhéran en réaffirmant que l'Egypte était prête à travailler avec "toutes les parties" pour résoudre la crise syrienne, y compris l'Iran dont les Etats-Unis et l'opposition syrienne refusent toute présence à la table de négociations.
Bah oui…

20 minutes titre quant à lui :
Non-Alignés: dossier nucléaire et Syrie, trouble-fête du sommet
On fera les mêmes remarques que pour le papier précédent.


En effet, aucun intervenant représentant un des pays présents n’a joint sa voix à celle du Secrétaire Général de l’ONU sur le dossier du nucléaire.

Il faut le lire pour le croire, mais Ban Ki-Moon qui n'a fait que dénoncer les menaces d'attaques proférées par l'entité sioniste a par contre condamné
la rhétorique belliqueuse "inacceptable" de l'Iran qui a menacé de détruire l'Etat hébreu s'il était attaqué.
Vous avez bien lu: si vous annoncez votre intention de vous défendre contre une attaque, vous tenez des propos belliqueux et inacceptables.

On a l'impression que tout le monde a peur que le régime sioniste engage les hostilités contre l’Iran. Mais au lieu de  condamner  fermement ce régime et de prendre des mesures contre les dingos de Tel Aviv, on s’en prend à celui ou à ceux que ces derniers ont désignés comme étant l’ennemi à abattre.

Un régime qui fait marcher le monde sur la tête parce que cet Etat voyou contrôle les politiciens des Etats Unis.

Pour sa part, TV5 feint de poser innocemment la question :
Le Mouvement des non-alignés a-t-il un avenir ?
La réponse est bien entendu négative et c’est Didier Billion, Directeur des publications de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et rédacteur en chef de La Revue internationale et stratégique qui est chargé de la formuler.
Son exposé n'est pas dénué d'intérêt, mais il ne permet pas de répondre à la question de savoir pourquoi ces 120 pays ont accepté de se réunir à haut niveau pour quelque chose qui est inutile et sans aucun avenir.

Peut-être faudrait-il aussi poser la question à quelques unes des délégations qui ont fait le déplacement.

Parmi ces délégations venues à ce sommet inutile, nous avions la délégation indienne conduite par le premier ministre Manmohan Singh.

La presse indienne nous précise que si le premier ministre ne s’est pas exprimé sur le dossier nucléaire iranien (mais n’a pas non plus joint sa voix à celle de Ban Ki-Moon), il s’est par contre exprimé clairement contre une intervention militaire étrangère en Syrie :
 «En tant que plus grande démocratie au monde, l’Inde soutient les aspirations populaires à un ordre pluraliste et démocratique. Néanmoins, une telle transformation ne peut pas résulter d’une intervention extérieure qui exacerbe la souffrance des citoyens ordinaires. Le Mouvement des Non Alignés devrait exhorter toutes les parties à s’engager à nouveau à résoudre la crise pacifiquement par un processus politique inclusif accompli par les Syriens eux-mêmes. »
Non seulement le premier ministre Indien énonce une position très proche de celle que prônent l’Iran et l’Egypte elle-même en fait (la différence étant que l’Iran soutient le régime de Damas tandis que l’Egypte est favorable à l’opposition sans qu’on sache bien laquelle d’ailleurs), mais Manmohan Singh montre du doigt l’intervention étrangère en cours qui «exacerbe les souffrances.» En passant, le ministre rappelle que l'inde n'a pas de leçon à recevoir en matière de démocratie...

Je ne sais pas vous, mais moi j’ai quelque peine à concevoir un premier ministre indien et un chef de l’Etat Egyptien perdre leur temps dans une escapade à Téhéran pour quelque chose qui n’a pas d’avenir.

Et ce n’est pas pour rien que l’OTAN a interdit à la Turquie de participer à ce sommet où elle était invitée.

Que les Non Alignés ne soient pas forcément en mesure de faire échouer les projets mortifères de Laurent Fabius, Hillary Clinton et William Hague, c’est autre chose



jeudi 30 août 2012

Sur la tuerie de Deraya en Syrie, traduction express de Robert Fisk


La presse française, c'est globalement de la merde.aux mains des banquiers et des marchands d'armes

Traduction à la va comme je te pousse d’un article de Robert Fisk sur la tuerie de Deraya en Syrie  imputée généralement à l’armée syrienne.
Sans trancher vraiment, Fisk nous montre que les choses sont plus compliquées qu’à première vue et qu’un certain nombre d’indices plaident pour l’hypothèse d’une tuerie perpétrée par les F.F.I. l’Armée Syrienne Libre.
J’ai pris l’article dans The Independent Irlande mais Robert Fisk collabore en ce moment avec The Independent du Royaume Uni (les liens entre les deux journaux sont étroits).
Un fait assez emblématique de la couverture de la crise syrienne est que, en dépit du contenu de l’article, la photo proposée par The Independant (Irlande) pour illustrer l’article comporte une légende qui impute le massacre aux fameuses shabiha, les milices progouvernementales…

Par Robert Fisk, The Independent (Irlande)

La ville syrienne de Deraya où un massacre a été commis est un lieu ou planent fantômes et questions. Ils font écho au grondement des explosions de mortiers et aux tirs d’armes à feu d’hier avec ses quelques habitants rentrant chez eux et parlant de mort, d’agressions, de «terroristes» étrangers, et son charnier hanté par des tireurs embusqués.

Les hommes et les femmes avec qui j’ai pu discuter, deux d’entre eux ayant perdu des proches parents pendant cette journée d’infamie il y a quatre jours, m’ont raconté une histoire différente de celle qui a été reprise dans le monde entier : leur récit était celui d’une prise d’otages par l’Armée Syrienne Libre et de négociations désespérées pour un échange de prisonniers entre les opposants armés au régime et l’armée syrienne, avant que la prise d’assaut de la ville par les forces gouvernementales pour en reprendre le contrôle aux rebelles.

Officiellement, aucune mention n’a été faite de ces discussions entre les deux ennemis. Mais des officiers supérieurs de l’armée syrienne ont expliqué à The Independent comment ils avaient «épuisé toutes les possibilités de réconciliation» avec ceux qui avaient pris la ville, tandis que des habitants de Deraya disent qu’il y a un une tentative des deux côtés pour arranger un échange de civils et des soldats en permission – apparemment enlevés par les rebelles en raison des liens de leurs familles avec l’armée gouvernementale -  contre des prisonniers [de l’ASL] aux mains de l’armée. Quand ces discussions ont été rompues, l’armée est entrée dans Deraya, à 8 kilomètres du centre de Damas.
Etre le premier témoin oculaire occidental dans cette ville hier était aussi frustrant que dangereux. Les cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants avaient été déplacés du charnier où beaucoup d’entre eux avaient été découverts ; et quand nous sommes arrivés en compagnie de troupes syriennes au cimetière musulman sunnite – coupé en deux par la rue principale qui traverse Deraya – des tireurs embusqués ont ouvert le feu sur les soldats, touchant l’arrière du vieux véhicule blindé avec lequel nous nous sommes enfuis. Nous avons cependant pu parler avec des civils hors de la portée des officiels Syriens – dans deux cas, c’était dans la sécurité de leurs domiciles – et leur récit de tuerie qui a causé la mort de plus de 245 hommes, femmes et enfants suggère que les atrocités ont été bien plus étendues qu’on ne le supposait.

Une femme, qui s’est présentée sous le nom de Lina, a déclaré qu’elle circulait en ville en voiture quand elle a vu 10 cadavres d’hommes qui gisaient sur la chaussée prés de chez elle. «Nous avons continué à rouler, nous n’osions pas nous arrêter, nous avons seulement vu les cadavres dans la rue,» dit-elle, ajoutant que les troupes syriennes n’étaient pas encore entrées dans Deraya.

Un autre homme a déclaré que, quoiqu’il n’ait pas vu les morts dans la fosse commune, il pensait que la plupart avait un lien avec l’armée gouvernementale avec plusieurs appelés en permission. «Un des morts était un postier – ils l’ont mis dans le lot parce que c’était un fonctionnaire,» déclare cet homme. I ces récits sont vrais, alors les hommes armés – qui portaient des cagoules selon une autre femme qui a raconté comment ils avaient fait irruption chez elel et comment elle les avait embrassés dans la tentative de quelqu’un qui a peur pour les empêcher de tirer sur sa propre famille – étaient des insurgés armés plutôt que des soldats Syriens.

Amer Sheikh Rajab, un cariste, dit que son domicile a été utilisé par des hommes armés comme base pour les forces de « l’Armée Libre,» l’expression par laquelle les civils désignent les rebelles. Ils ont cassé la vaisselle de la famille et brûlé les lits et les tapis – la famille nous a montré les dégâts – mais ils ont aussi retiré des pièces électroniques à l’intérieur des ordinateurs et des téléviseurs qui se trouvaient dans la maison. Pour s’en servir comme composants pour des bombes, peut-être ?

Su une route, à la limite de Deraya, Khaled Yahya Zukari, un chauffeur routier, était en train de quitter la ville dans un minibus avec sa femme, Musreen, 34 ans, et leur fille âgée de sept mois.

«Nous étions en route pour [le faubourg voisin de] Senaya quand soudain il y a eu de nombreux tirs dans notre direction,» dit-il. «J’ai dit à ma femme de se tapir contre le sol mais une balle a pénétré dans le véhicule et a traversé le corps notre bébé et a touché ma femme. C’était la même balle. Elles sont mortes toutes les deux. Les tirs venaient des arbres, d’un espace vert. C’étaient peut-être des militants cachés dans le terrain et derrière les arbres qui pensaient que nous étions un bus militaire qui transportait des soldats.»

Et une enquête approfondie sur une tragédie de cette ampleut et dans ces circonstances était virtuellement impossible hier. A certains moments, accompagnés de soldats Syriens, nous devions foncer dans des rues vides avec des tireurs antigouvernementaux embusqués aux intersections ; de nombreuses familles s’étaient barricadées chez elles.

Même avant notre départ pour Deraya à partir de la grande base militaire de Damas – où se trouvent des chars T-72 et des hélicoptères de combat Hind fabriqués en Russie – un obus de mortier, peut-être tiré depuis Deraya même, s’était abattu sur la piste à à peine 300 mètres de nous, provoquant une colonne de fumée qui s’élevait vers le ciel. Même si les soldats Syriens continuaient à se doucher nonchalamment en plein air, j’ai commencé à éprouver un peu de compréhension pour les inspecteurs de l’ONU chargés de contrôler le cessez-le-feu qui ont quitté la Syrie la semaine dernière.

Le récit peut-être le plus triste de tous est celui que j’ai entendu hier de la part de Hamdi Khreitem, 27 ans, qui a raconté, assis dans la demeure familiale avec son frère et sa sœur, comment ses parents, Selim et Aïcha étaient partis acheter du pain samedi. «Nous avions déjà vu les images du massacre à la télévision – les chaînes occidentales disaient que c’était l’armée syrienne, la télévision d’Etat disait que c’était l’ «Armée Libre» - mais nous n’avions plus à manger et papa et maman sont partis en ville en voiture. Puis nous avons eu un appel de leur téléphone mobile et c’était ma mère qui disait seulement : ‘Nous sommes morts.’ Elle n’était pas morte.

 «Elle était blessée à la poitrine et au bras. Mon père était mort mais je ne sais pas où il a été touché et qui l’a tué. Nous l’avons sorti de l’hôpital, recouvert [d’un linceul] et nous l’avons enterré hier.»

mercredi 29 août 2012

Syrie: montée de l'exaspération en Turquie


Nous avons d’une part les rodomontades d’Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque, ou les propos grotesques et grossiers de François Hollande comparant les opposants armés au gouvernement syrien aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) dans leur lutte pour libérer Paris de l’occupation allemande (puisque le régime de Vichy ne contrôlait pas l’ex capitale française).
Et nous avons d’autre part une inquiétude qui monte en Turquie dans des segments de la population de la Turquie qui sont ouvertement hostiles à la politique syrienne menée par leurs autorités.
Ces segments de population sont tout sauf négligeables : les 500 000 alaouites arabes de la province de Hatay, les 15 à 20 millions d’alévis et les 15 millions de kurdes.
Ce n’est à mon avis pas pour rien si le gouvernement turc cherche à stopper un afflux de réfugiés syriens qui, tout en étant important certes, n’a rien à voir avec les flux colossaux engendrés par des situations de conflit en d’autres lieux (Palestine, Libye sous les bombardements amicaux de l’OTAN, Irak émancipé par les chars américains…).
Parce que les forces qui secouent la Syrie existent aussi à leur manière en Turquie et ce n’est pas un hasard si la presse turque donne de plus en plus souvent la parole à des universitaires qui mettent en garde contre une politique aventureuse.
Ces intellectuels ont d’autant plus de mérite qu’ils doivent veiller à ne pas franchir certaine limites, comme quand il s’agit de la question kurde, limites dont le dépassement leur vaudrait quelques ennuis.

Les 120 pays  Non Alignés réunis à Téhéran devraient appeler à une solution politique qui passe par une discussion impliquant les acteurs de la région, dont la Turquie. Qui disait que l’Iran était un pays isolé ?

Il n’y a à mon avis aucune chance qu’une telle démarche se concrétise dans la mesure où les puissances occidentales veulent que la Syrie continue à s’enfoncer dans une spirale destructrice et meurtrière.
Notons cependant que le mouvement des Non Alignés se caractérise par un égalitarisme qu’on aura de la peine à retrouver dans la clique des prétendus « amis de la Syrie » animée par des pétromonarchies et des puissances néocoloniales qui manient carotte et bâton pour rameuter du monde à leurs orgies de sang.



par Alexander Christie-Miller, Christian Science Monitor (USA) 28 août 2012 traduit de l'anglais par Djazaïri

Dans la ville d'Antakya à la frontière turco-syrienne, le soutien du gouvernement turc à l'opposition syrienne a déconcerté les habitants qui appartiennent à la même secte chiite que le président Assad.
Le réfugié syrien Abdulhefiz Abdulrahman se souvient qu’il avait de nombreux amis dans la ville turque d’Antakya, mais cette époque semble révolue.

Ce dissident politique avait fui la Syrie pour arriver dans cette cité frontalière plusieurs mois avant que le soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad éclate l’an dernier.
«J'ai eu beaucoup d'amis alaouites ici», dit M. Abdulrahman, se référant à cette branche du chiisme à laquelle une grande partie de la population d’Antakya adhère.

Les alaouites dominent le régime en Syrie, où le soulèvement de 18 mois a divisé le pays selon des lignes sectaires, opposant la minorité alaouite privilégiée contre la majorité sunnite [il est ridicule et faux d’affirmer que la minorité alaouite est privilégiée, note de Djazaïri].

À Antakya, où le soutien au régime alaouite d’Assad est profond, l’hostilité monte envers les rebelles syriens et les dissidents qui ont établi une base temporaire sur place. Et partout dans la province, le soutien apparent [évident, note de Djazaïri] de la Turquie à l'opposition syrienne met à mal un délicat équilibre ethnique.
 «Avant, quand je disais que j’étais un réfugié, ils me respectaient,» a déclaré Abdulrahman au Monitor. «Ils ne me disent même plus bonjour dans la rue.»

Désormais, la frustration locale à propos de la décision apparente du gouvernement de laisser les dissidents et les combattants syriens opérer sur le sol turc pourrait exciter de plus grandes tensions ethniques dans le pays.

Le soutien de la Turquie aux rebelles suscite la colère

Le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a fortement soutenu l'opposition syrienne, appelant au renversement du régime.

Même si la Turquie est un pays laïque, elle est de plus en plus considérée comme un acteur sunnite [dans le conflit syrien], aux côtés de l'Arabie saoudite et du Qatar», déclare Bulent Aliriza, directeur du Programme Turquie au Centre for Strategic and International Studies à Washington . «Cela affecte inévitablement le corps politique».

Le 26 août, le chef du Parti Républicain du Peuple, le principal parti d'opposition en Turquie, a accusé le gouvernement de former les combattants syriens anti-régime après qu'une délégation de son parti  se soit vue refuser l'accès à un camp de réfugiés à la frontière syrienne.

J’ai envoyé nos députés inspecter le camp dont on disait qu’il était plein d’agents et d’espions, mais les autorités leur ont dit qu’ils ne pouvaient pas entrer dans le camp,» a déclaré Kemal Kilicdaroglu aux journalistes. «maintenant, j’attends une réponse du gouvernement : Qu’est-ce qu’il y a dans ce camp ? Qui entraînez-vous dans ce camp ? Recrutez-vous des homes pour répandre du sang musulman ?»

Ankara dément offrir un soutien à l'opposition syrienne armée, ou lui permettre d’opérer librement à partir du territoire turc. Mais quand le Christian Science Monitor a visité hier le poste frontière de Reyhanli près d’Antakya, un officier rebelle qui attendait là nous a dit que les autorités lui permettaient de passer en Syrie, alors même qu'il n'avait pas de passeport. Et Reuters, citant des sources à Doha, a rapporté le mois dernier qu’Ankara a mis en place une base secrète près de la frontière syrienne, en coopération avec l'Arabie saoudite et le Qatar, pour fournir une assistance militaire et des moyens de communication aux rebelles.

'Solidarité sectaire'

Pendant ce temps, la tension monte à Antakya. La semaine dernière, certains habitants ont organisé une manifestation appelant à l’expulsion [des militants syriens] de la ville, tandis que des militants syriens ont indiqué au Monitor, qu’ils avaient été convoqués à une réunion avec des responsables militaires turcs et des officiels de la municipalité qui leur ont dit qu’ils devaient quitter la ville "pour leur propre sécurité." Les officiels turcs nient qu’une telle réunion ait eu lieu.

 «Les gens de Hatay ont vécu ensemble pendant des milliers d'années sans tenir compte de l'origine ethnique ou de la religion», explique Mehmet Ali Edipoglu, un député local du parti d'opposition de M. Kilicdaroglu. "Le fait que les tentatives de changement de régime en Syrie se sont transformées en une guerre sectaire nuit [à ce vivre ensemble]. "

 «Ce ne sont pas des réfugiés qui viennent à Antakya, mais les militants syriens qui sont armés par le gouvernement pour qu’ils retournent en Syrie", dit-il, décrivant ceux qui  vivent ici [à Antakya] comme des «assassins».
M. Edipoglu accuse le gouvernement de mener une politique étrangère sectaire. «[Le gouvernement turc] ne soutient pas un mouvement laïc, il soutient un mouvement sunnite dont même les sunnites ne veulent pas», dit-il.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à la tête du Parti de la Justice et du Développmement au pouvoir (AKP) a déclaré à plusieurs reprises que son opposition au régime Assad est nourrie par les violations des droits de l'homme par ce régime, non par  une solidarité  avec l’opposition sunnite contre le régime . Mais cela n'a pas empêché des personnalités de haut niveau de l’AKP de lancer des accusations similaires contre l'opposition au gouvernement turc.
M. Kilicdaroglu, le chef de l'opposition, est un alévi, un membre d'une secte alaouite turque distincte de la secte alaouite arabe et qui est forte de 15 à 20 millions de personnes en Turquie. Le nombre d’alaouites est d’environ 400.000, qui vivent presque tous à Hatay.

En dépit d’origines et de rites religieux différents, les deux groupes ont tous deux des interprétations laxistes et peu orthodoxes de l'Islam, et ont ainsi en partage un historique de persécution par les musulmans sunnites au milieu desquels ils forment une minorité.

Le 6 août, M. Erdogan a mis en colère les alévis quand il a suggéré que leurs édifices religieux, connus sous le nom de cemevis , n'étaient pas de véritables lieux de culte. Se référant à la mosquée, il a dit aux journalistes que "il doit n’y avoir qu'un seul lieu de culte pour les musulmans." Le mois précédent, la Direction turque des affaires religieuses avait conclu que les cemevis n'étaient que des "centres culturels".

En Juillet, Huseyin Celik, vice-président de l'AKP, a  confondu Alaouites et Alevis quand il a suggéré qu’une «solidarité sectaire» était derrière les critiques répétées de M. Kilicdaroglu contre la position de la Turquie sur la Syrie, affirmant que le chef de l'opposition soutenait le régime Assad.

La Syrie sème-t-elle discrètement la discorde ?

Quelles que soient les motivations du soutien d'Ankara à l'opposition syrienne, certains craignent que Damas réponde à la ligne dure de la Turquie en essayant d'attiser les hostilités avec les minorités que la Turquie a eu du mal à réprimer, en particulier avec les Kurdes, qui sont au nombre d'environ 20 millions en Turquie et ont subi des décennies de persécutions par l’Etat.

Plus tôt ce mois-ci une voiture piégée a tué neuf personnes, dont un enfant de 12 ans dans la ville frontalière de Gaziantep. La Turquie a imputé l'attaque à la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan PKK), mais elle a également enquêté sur d'éventuelles connexions syriennes et iraniennes dans cet attentat.

L’attentat a provoqué des tensions entre les Turcs et une minorité kurde de plus en plus agitée.
Le mois dernier, la Turquie avait réagi avec fureur après la cession par damas du contrôle d’une grande partie du territoire syrien à population kurde à une milice liée aux rebelles kurdes qui opèrent en Turquie.

Erdogan a déclaré que le territoire syrien était utilisé pour monter des raids transfrontaliers en Turquie, « une intervention serait donc notre droit naturel.»
À Antakya aujourd'hui, le gouverneur de hatay Mehmet Celalettin Lekesiz a réfuté une récente série de reportages dans les médias turcs,et a affirmé que les Syriens dans la province n'étaient ni armés, ni aidés par l'État, ni persécutés par la population locale.

Il a déclaré aux journalistes lors d'une conférence de presse que ces allégations faisaient partie d'une campagne  «systématique» visant à ébranler la paix dans la province. "Ces tentatives pour trouver des histoires [pour la presse] ne sont ni morales, ni raisonnables. Ne contribuons pas aux tentatives de répandre l’hostilité entre les gens», a-t-il dit.

Koray Caliskan, politologue à l'Université du Bosphore à Istanbul, estime qu’avec la campagne d’Ankara pour le renversement du régime Assad, il est inévitable que Damas cherche à attiser l'instabilité chez son voisin.

"Je crois que si nous nous engageons dans des politiques dangereuses, comme un changement de régime dans les pays voisins, ils se livreront à des activités perturbatrices du même genre dans le nôtre», dit-il.

lundi 27 août 2012

Si vous connaissez ce terroriste et médecin britannique, appelez-le 02079386059


John Cantlie, le photographe de presse Britannique qui s’était retrouvé sept jours au main d’une bande de «rebelles » en Syrie vient d’apporter des précisions intéressantes sur son séjour en captivité.
John Cantlie

Ces précisions ont dû attendre un mois, sans doute un délai imposé par les services secrets de son pays.
Elles viennent juste après les infos que je vous ai répercutées sur cesfilières d’acheminement en Syrie de combattants Britanniques.

Je vous disais que ces filières étaient organisées avec l’aval des autorités du Royaume Uni et le contenu du témoignage de John Cantlie ne fait à mon avis que le confirmer.

Nous savions déjà qu’un certain nombre de ses ravisseurs avaient des accents anglais et même londoniens. Il faut savoir que les accents sont très marqués en Angleterre, non seulement en fonction des régions mais aussi de parties d’agglomérations, ces accents étant en effet le résultat à la fois du lieu où l’on a été socialisé mais aussi de sa classe sociale d’appartenance. Ce qui permet  à une oreille exercée d’identifier assez précisément l’origine d’un locuteur.

Ce qui, à mon sens est la grosse information de l’article que je vous propose, c’est qu’un des membres de la bande de combattants est non seulement originaire de Londres mais exerce la profession de médecin dans le secteur hospitalier public, le National Health Service (NHS).
Ce médecin dit avoir pris un congé sabbatique et avoir laissé sa famille en Angleterre.
Il dit aussi qu’il compte bien rentrer en Angleterre pour reprendre ses fonctions dans le service de santé publique.
Le journaliste, qui a été blessé pendant une tentative de fuite, a effectivement pu vérifier les compétences de celui qui se fait appeler ‘docteur’ et a aussi pu constater qu’il disposait de matériel de soin frappé du logo du NHS.
Voyez-vous, je n’arrive pas à  me figurer un fonctionnaire prendre un congé sabbatique pour aller faire le coup de feu à l’étranger puis revenir tranquillement comme si de rien n’était pour reprendre son emploi.
Sauf bien sûr s’il est d’une manière où d’une autre en cheville avec les autorités de son pays.

Mais il parait que le MI 6 enquête !

A mon avis le Daily Mail aura plus de succès avec son appel aux témoignages de lecteurs.


Un médecin du National Health Service (NHS) parmi les terroristes : le MI6 dirige la traque du médecin d’un hôpital londonien qui a retenu en captivité un journaliste Britannique.

Le médecin né en Grande Bretagne était un des chefs d’une bande de militants lourdement armés qui a retenu en captivité deux photographes dans un camp d’une Syrie en proie à la guerre.
Le médecin a dit au captif John Cantlie qu’il avait obtenu un congé de son poste dans un grand hôpital londonien pour aller faire la «guerre sainte.»
L’extrémiste – qui a une femme et un enfant en Grande Bretagne – à l’intention de reprendre un emploi au NHS à son retour de Syrie.
par Rebecca Evans, The Daily Mail (UK) 26 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les services de renseignements tentaient hier de pister un médecin du NHS qui appartenant à une cellule terroriste qui a kidnappé et tiré sur un photographe Britannique en Syrie.

Le médecin à l’AK-47 fait partie d’une bande d’extrémistes qui a retenu en otages John Cantlie,  un photographe de guerre chevronné, et un de ses collègues de la presse occidentale pendant une semaine.

Ce fanatique islamique a la barbe fournie a indiqué à ses prisonniers qu’il avait pris un congé sabbatique de son emploi au NHS pour faire la ‘guerre sainte’ en Syrie.

Il leur a dit aussi qu’il prévoyait de retourner à son poste de haut niveau dans un service hospitalier de Londres Sud.

Hier soir, le General Medical Council a annoncé qu’il allait enquêter sur le récit de M. Cantlie.
Un porte parole a déclaré : «’Protéger les patients est notre priorité. Nous examinons de très près ces allégations.’
M. Cantlie, 41 ans, avait été capturé le mois dernier avec son collègue Hollandais Jeroen Oerlemans alors qu’ils couvraient la guerre civile entre l’armée du président Assad et les combattants rebelles.
Pendant une tentative d’évasion ratée, M. Cantlie avait reçu une balle dans le bras mais avait été ensuite soigné par le docteur qui utilisait un kit médical frappé d’un écusson du NHS bien en évidence.
Quand ils lui ont demandé son nom, il a dit aux captifs : ‘Appelez-moi simplement docteur – je suis le seul ici.’
Le médecin, qui a dit avoir 28 ans et avoir une femme et un enfant en Grande Bretagne faisait partie des chefs du groupe qui envisageait de décapiter des ‘espions’ et avait été furieux quand l’exécution de deux Syriens considérés comme des espions avait été interrompue.

Cette information intervient à peine quelques jours après que les services de renseignements aient prévenu que des dizaines de Britanniques, dont beaucoup seraient d’origien pakistanaise, se rendaient en Syrie pour participer au djihad, ou guerre sainte. On s’inquiète de les voir revenir en Grande Bretagne radicalisés, posant ainsi un problème de sécurité.

Au sujet de son ravisseur, M. Cantlie a déclaré au Daily Mail : ‘Quand il m’a dit qu’il était un médecin du service de santé publique, j’ai pensé que c’était bizarre.

 ‘Voilà un homme qui a fait le serment de sauver les gens et de les aider, et ici, il se balade avec un Kalashnikov et prêche la charia. Je ne connais aucun docteur qui fait ça.
  
Et glissant vers le macabre, le médecin qui parlait avec un accent du sud d e Londres et dissimulait constamment son visage avec des lunettes de soleil et un foulard – a expliqué qu’il était content de son expérience en Syrie parce qu’à son retour en Grande Bretagne il souhaitait se spécialiser en traumatologie.
M. Cantlie a ajouté : «Il disait que soigner les djihadistes blessés au combat était un bon entraînement et qu'il avait un pack de soins avec de la gaze, des médicaments, des perfusions et du matériel médical.

«Quand il soignait ma blessure par balle dans le bras, on voyait bien qu’il savait ce qu’il faisait. Il était très bien formé.’

M. Cantlie et son collègue avait été capturés quand ils s’étaient rendus dans un camp qu’ils avaient précédemment visité, ignorant que des terroristes en avaient pris le contrôle entretemps.

Il a dit au sujet du médecin : ‘Comme nous étions tous deux de Londres, je lui ai demandé de l’aide mais il a refusé ne serait-ce que d’envoyer un texto à ma petite amie pour lui faire savoir que j’étais en vie. Il a dit qu’i serait décapité s’il le faisait.

Il m’a dit, »Je ne peux pas rester ici [avec vous] trop longtemps parce que les autres gars disent que je suis trop sympa avec vous.»’

Le médecin, dont on pense qu’il est d’origine pakistanaise, faisait partie de la quinzaine de ressortissants Britanniques du camp terroriste, en territoire syrien tous près de la frontière, dont la plupart avaient des accents de Londres. Ils faisaient partie d’une cellule forte de 40 hommes appelée Al Absi qui veut convertir les Syriens à la charia.

Quand M. Cantlie avait essayé de s’échapper le deuxième jour d’une captivité qui en a duré sept, un de ceux qui avaient ouvert le feu était un Britannique, le blessant au coude tandis que son ami Hollandais était touché à la jambe.

Il a déclaré : «le médecin était le gars qui nous a soigné par la suite.»

 ‘Il a stabilisé Jeroen avec des perfusions de solution saline qui portaient des logos du NHS, il lui a donné des antibiotiques et a suturé sa blessure. Son assistant, un autre Londonien, a bandé mes blessures. Ce type avait tiré sur moi quant j’avais essayé de fuir.

 ‘Il m’avait aussi donné un coup sur la tête avec la crosse de son fusil après que nous ayons été repris. Certains des Britanniques étaient vindicatifs. Ils nous voulaient morts.’

Il a dit qu’après ça, le docteur ‘est venu dans notre tente où nous étions menottés et les yeux bandés. Les militants m’avaient tapé dessus parce qu’ils prétendaient que j’étais l’instigateur de la tentative d’évasion.
 ‘Il avait dit, «Vous m’avez beaucoup déçu, John. Avant [l’évasion] vous alliez être échangés contre une rançon, mais maintenant je ne sais pas. Je vous avais dit d’être patient, que ça irait bien. Maintenant, ça va mal aller.»

‘Ce n’était pas très amusant d’attendre pour finir dans une vidéo d’exécution entre les mains d’extrémistes – dont l’un soignait des Londoniens comme moi il y a seulement quelques mois.’

Le lendemain, à l’horreur de M. Cantlie, il avait vu qu’on installait une table à tréteaux et il avait entendu le bruit de couteaux qu’on aiguise, mais il avait ensuite appris que ces préparatifs étaient pour les deux Syriens qui seront finalement épargnés après s’être repentis et avoir promis de suivre la charia.
Il a ajouté : ‘Le médecin était ennuyé. Il disait qu’ils auraient dû être décapités parce que c’étaient des espions Syriens.’

Tout au long de son calvaire, M. Cantlie avait été maintenu menotté dans une tente. En une occasion, il avait entendu le docteur téléphoner à sa famille.

 ‘Il disait, «Hello mes chéris, comment va le petit ? Place-le près du téléphone que je puisse l’entendre. »’ A un autre moment, il s’était même plaint devant ses otages de l’état du NHS.

‘Il nous disait que le NHS était bon quand on a un accident grave mais que c’était terrible d’être sur une liste d’attente pour une prothèse de la hanche,’ explique M. Cantlie.

 S’exprimant hier, M. Cantlie qui a subi des lésions nerveuses sur son bras gauche et dont la motricité des doigts es maintenant réduite, a déclaré qu’il était toujours impatient de retourner en Syrie pour informer sur la guerre malgré son expérience traumatisante.

Il a dit ; ‘Je suis pressé de retourner là-bas. La seule chose qui m’en empêche, ce sont mes appareils photos, je les ai perdus là-bas et il faut que j’en achète d’autres’.


Vous connaissez ce docteur? Appelez le bureau de l’information du Daily Mail au 02079386059

dimanche 26 août 2012

Réalités de la guerre en Syrie


Le journaliste Anglais Robert Fisk va sans doute à son tour être classé dans la catégorie des nazillons salafisto-révisionnistes par les Red Skins (qui se disent militants prolétariens) qui ont déjà taillé ce costar à Michel Collon, un auteur bien connu qui nous vient d’Outre Quiévrain.
C’est sûr, les gens comme Michel Collon gênent ceux qui pensent qu’il est temps d’avoir un gouvernement mondial qui ne peut être assumé, soyons réalistes, que par l’OTAN, cette organisation constituée de pays exemplaires à tous points de vue. C’est vrai, dans les pays OTAN, tu peux tout dire (quoique), te mettre une plume dans le derrière un jour de gay pride. Que des gentils quoi.

Dommage, il y a tous ces méchants : le dictateur Syrien (qui est carrément Hitler pour ce pitoyable François  Hollande qui pense cependant que les FFI ont libéré Paris d’un autocrate Français), le Guide Libyen (quoique ce denier a succombé devant la gentillesse de l’OTAN), Mugabe au Zimbabwe qui veut garder pour lui tout son or, Hugo Chavez au Venezuela et, comble de l’horreur le Hezbollah libanais et le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad dont on dit depuis 20 ans que son pays va avoir la bombe dans six mois.
Et comme c’est l’OTAN qui dit qui est méchant et qui ne l’est pas, on a eu Benali qui était gentil (demandez à Bertrand Delanoe) avant de devenir méchant, et Moubarak qui était très très gentil avant lui aussi de devenir méchant.
Et si on repense à kadhafi, c’était le meilleur lui : il était très très méchant, avant de devenir gentil puis de redevenir horriblement méchant.
Et les barbus djihadistes qui étaient gentils au moment où les Soviétiques étaient en Afghanistan (on en avait trouvé un de présentable, Ahmed Shah Massoud), étaient ensuite devenus maléfiques avec Ben Laden mais redeviennent gentils aujourd’hui (quelqu’un a même trouvé un article sur ce djihadiste tunisien qui fume pendant le jeune de Ramadan, et est branché musique. Parce que le djihad selon l’OTAN, c’est cool maintenant.

J’en reviens à Fisk qui s’attache à rétablir ou à établir quelques vérités non dites ; oui, il y a un complot contre la Syrie qui a commencé à être exécuté dès le début des revendications légitimes de la population. Et oui, il faut une solution politique pour arrêter morts et destructions mais chacun peut voir qui, comme en Libye précédemment, fait obstruction à toute discussion.
Mais dans le monde des bisounours, il suffit que Mme Clinton, David Cameron et Laurent Fabius disent «Bachar dégage » pour que tout soit réglé.

Misère de la pensée.

Mais il est vrai que dans le monde de bisounours de certains il n’y a jamais de complot, parce qu’il y a seulement des gentils et des méchants, et le méchant on le reconnaît au premier coup d’œil puisque c’est pratiquement toujours un Arabe ou un Africain ou les deux comme Kadhafi, en tout cas quelqu’un que les Américains n’aiment pas.

PS: je ne suis que très partiellement voire pas d'accord sur le parallèle qu'il fait entre la situation syrienne et la guerre civile en Algérie, non plus que sur le parallèle historique mais ce n'est pas vraiment l'objet du post. De même, ni le régime syrien, ni le régime algérien ne peuvent être qualifiés de laïques, ce sont des régimes sécularisés (en anglais on dit secular).



Ceux qui essayent de renverser Assad ont surpris l’armée par leur puissance de feu et leurs tactiques brutales
Par Robert Fisk, The Independent (UK) 26 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Quelques heurs après le commencement des attaques féroces conduites le mois dernier à Damas par l’Armée Syrienne Libre (ASL), le nouveau ministre Syrien de l’information, Omran Zouhbi, s’adressait aux journalistes présents dans la capitale. «Que faites-vous ici à Damas ? » avait-il rugi. Vous devriez être à l’extérieur avec nos soldats !»
Et en l’espace d’une journée, les images usées d’un président Bachar al-Assad au sourire pincé et de soldats Syriens embrassant joyeusement des enfants avaient été remplacées par des séquences d’actualités brutes – et authentiques – montrant des commandos forçant le passage dans la rue de Bagdad sous le le feu des opposants au régime au visage sale, courant d’un coin de rue à un autre, tirant en se couvrant derrière des murs ou des terrasses. « Nous avons nettoyé par ici, » déclare un militaire fatigué mais très en colère. «Alors maintenant, nous allons avoir le reste de ces salauds.» Jamais auparavant – pas même pendant la guerre de 1973 quand l’armée syrienne avait pris d’assaut la crête de l’Observatoire sur le plateau du Golan – le public syrien n’avait pu assister à quelque chose d’aussi réel sur ses écrans de télévision [bon, il a ça dans ses rues ou chez lui, note de Djazaïri].

Et – malgré des histoires  fantaisistes sur sa présence dans chaque village ravagé – la bataille pour Damas a réellement été conduite par l’impitoyable 4ème division de Maher al-Assad. Les soldats fidèles au plus jeune frère de Bachar n’ont pas fait de quartier. «Ce fut un massacre, un massacre,» m’a dit un Syrien qui a une excellente connaissance de l’armée. Beaucoup de cadavres avaient déjà gonflé au bout de quelques heures, mais on pouvait dire que certains d’entre eux n’étaient pas Syriens ; il y avait des Jordaniens, des Palestiniens, des Egyptiens, un Turc, des Soudanais… » Il a compté 70 cadavres à un endroit, dont 42 non arabes. L’ASL a signalé avoir perdu seulement 20 hommes et a affirmé que le gouvernement syrien avait insisté sur le nombre de «combattants étrangers» découvert au milieu des tués. «les soldats Syriens n’aiment pas l’idée qu’ils tirent sur leurs compatriotes – ils se sentent plus à l’aise s’ils croient qu’ils son en train de tirer sur des étrangers,» explique le jeune homme.

Les statistiques de la guerre en Syrie seront toujours l’objet de disputes – chaque camp minimisera ses pertes tant que dureront les combats et  exagèrera le nombre de ses «martyrs» une fois le conflit terminé ; nous ne saurons pas non plus le véritable nombre de civils tués, pas plus que l’identité de ceux qui les auront tués. Malgré l’accès inédit que nous avons eu la semaine dernière à des généraux et à des majors que l’Occident accuse de crimes de guerre, je n’ai trouvé qu’un officier qui a reconnu partiellement l’existence des shabiha, cette milice meurtrière à laquelle on impute des atrocités dans des villes et villages en majorité sunnites. «Les shabiha n’existent pas,» m’a-t-il dit. «C’est un produit de l’imagination. Ce sont des ‘défenseurs’ villageois qui gardent certains secteurs… »
  
Et c’est bien sûr exactement ce que le shabiha prétendent être, des civils Syriens qui protègent leurs maisons contre les ennemis du gouvernement. Il en a existé en Algérie pendant le conflit barbare entre la dictature d’Alger et les rebelles islamistes dans les années 1990, protégeant leurs familles tout en commettant des atrocités dans les villes et villages considérés comme étant utilisés par – ou sympathisants avec – leurs ennemis « terroristes» musulmans. En Algérie aussi, les opposants au régime étaient appelés des combattants étrangers, des hommes qui avaient combattu contre les Russes en Afghanistan et qui étaient rentrés pour continuer leur guerre sainte contre le régime «laïque» de l’ancienne colonie française. Maintenant, c’est une autre ancienne colonie française «laïque» - quoique dominée par les Alaouites -  dont le pouvoir dit qu’il combat des hommes venus d’Afghanistan, ne faisant aucune distinction entre les brigades de l’Unité des Frères Musulmans, les salafistes ou tout simplement l’ASL. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’il y a toujours eu des relations très étroites entre les renseignements militaires syriens et algériens.

Mais la bataille de l’armée gouvernementale contre ses antagonistes Syriens et étrangers n’a pas toujours été sans anicroches comme le régime voudrait le faire croire au monde. En dépit du récit des évènements en vigueur aujourd’hui en Occident, des hommes armés étaient présents dans les rues des villes et des villages dès les tout premiers jours de la mobilisation en Syrie il y a 18 mois. Certes, le printemps arabe a d’abord pris la forme de défilés pacifiques de dizaines de milliers de manifestants non armés dans les grandes villes de Syrie, mais une équipe de tournage d’al Jazeera avait pu filmer des hommes armés attaquant des soldats Syriens près du village de Wadi Khallak en mai 2011. Le même mois, lé télévision syrienne avait obtenu une séquence filmée avec des hommes armés de Kalashnikovs près d’une foule de manifestants Syriens non armés à Deraa, où la révolte avait commencé après que des agents de la police secrète eurent torturé à mort un garçon âgé de 13 ans.

Pourtant, il semble que quand les officiers Syriens et leurs soldats ont pénétré pour la première fois à Deraa, ils ne pensaient pas se retrouver face à des opposants armés. «Nous avions sécurisé 60 % de la ville en un seul jour,» affirme un Syrien bien au courant de cette opération. «Nous n’avions envoyé sur place que 1100 soldats – ça n’arriverait pas maintenant – parce qu’on ne pensait pas qu’il y avait des groupes armés là-bas. Mais après les cinq jours qu’il nous avait fallu pour reprendre le reste de la ville, nous avions perdu 17 de nos hommes victimes de tireurs embusqués». Ce ne fut pas la seule surprise : avec le début des batailles rangées plus tard dans l’année, l’armé syriennesera étonnée par la puissance de feu de ses opposants.

«A Homs, l’armée se trouvait dans un immeuble qui a reçu des centaines – littéralement des centaines – de roquettes RPG, » déclare un Syrien bien au courant des opérations [à Homs]. «Il y au des milliers d’explosions et finalement nous avions dû évacuer l’ensemble du bâtiment parce qu’il allait s’écrouler. Quand les soldats en sont sortis, ils on dû faire sauter toute la structure avant qu’lle s’effondre.»  Et, pour une armée stigmatisée pour sa propre cruauté au combat, les soldats Syriens ont été surpris par la brutalité de ceux qu’ils affrontaient.

A Andan, un checkpoint de l’armée lourdement défendu avait été balayé à la fin de l’an dernier quand la Liwa Tawhid, la Brigade de l’Unité, avait attaqué la position et tué jusqu’au dernier les 75 soldats et les 4 officiers. Dans une embuscade ultérieure à Shughour, 120 soldats avaient été tués. Les registre de l’armée notent l’assassinat de neuf agents de police au poste de polide d’al-Hadr dans la province de Hama, de huit policiers dans un autre poste de la même province. A Salkin, une autre ville de la province de hama, un ancien employé civil de l’armée qui conduisait des camions pour le service de transport de l’armée avait été agressé par une foule de civils. Cet homme, Abdul Fatah Omar Abdul Fatah était accusé d’être un membre des shabiha, dénudé et pendu, puis son cadavre avait été bombardé de chaussures et décapité. A Duma, un responsable de mosquée [imam ?] avait dit aux fidèles : « Parmi nous, il y a un Awaini,» un traître. L’homme avait été battu à mort. Il est enregistré sous le nom d’Abu Ahmed Akera.

Quand l’ASL a f ait suivre son attaque contre Damas d’une offensive sur Alep, les autorités ont constaté  que le premier objectif de leurs ennemis était l’école d’artillerie. Plus de 70 cadets ont réussi à résister jusqu’à l’arrivée de renforts. Il se dit que toutes les équipes chargées  des batteries de missiles sol-air avaient été évacuées à la hâte d’Alep pour éviter le risque de capture et préserver les capacités de défense tactique en cas de possible attaque par Israël ou l’OTAN.

Le soldats Syriens qui ont forcé leur passage à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville d’Alep cette semaine choisiront peut-être de se souvenir d’un jeune étudiant Egyptien qui avait passé des mois à Alep dans les années 1990 pour travailler sur une thèse en urbanisme qui portait précisément sur le champ de bataille où combat l’armée en ce moment : c’était Mohamed Atta, le chef des pirates de l’air du 11 septembre aux Etats Unis. Certains attaques sur des officiels Syriens ont été planifiées tès soigneusement ; des scientifiques du Centre de Recherche Scientifique près de Damas ont été assassinés. Bien avant le premier recours à l’aviation  dans les combats – l’armé affirme que c’était en juin – sept pilotes avait été tués l’an dernier par des rebelles. L’armée affirme n’avoir commencé  à utiliser l’artillerie – face aux mortiers – qu’en février.

Pour le gouvernement, les temps à venir s’annoncent difficiles. L’armée pense qu’Idlib – signalée comme étant un bastion d’al Qaïda – sera une des batailles les plus décisives pour la guerre. On a les témoignages de conscrits effrayés capturé ans un autobus civile en Syrie centrale et à qui on a donné le choix suivant : soit leurs parents donnent 450 000 livres syriennes (8 000 €) à l’ASL, soit les jeunes hommes doivent rejoindre les rebelles. Dans le village de Rableh, près d’al Qusayr, une population en majorité chrétienne de 12 000 âmes serait retenue comme boucliers humais par les rebelles, quoique l’armée semble avoir décidé qu’il serait trop coûteux de pendre le village.

Le régime de Bachar al-Assad est devant un ennemi brutal et plein de ressources dont les soutiens islamistes reçoivent de l’aide de l’Occident – exactement comme les moudjahidine étaient financés et armés par l’Occident quand ils combattaient les Russes dans les années 1980. Avec environ 50 000 hommes en armes  [l'armée syrienne compte en fait 300 000 hommes] et peut-être 4 000 chars de combat, l’armée syrienne en tant que telle ne peut pas perdre. 

Mais peut-elle gagner ?

Détruire les mausolées des saints de l'Islam pour remercier les armées étrangères?


On sait qu’au Mali, de prétendus djihadistes ont procédé à la destruction de mausolées contenant les sépultures de saints hommes de l’Islam, 

On peut pas dire que l’indignation ait été à son comble tant s’en faut, service minimum en fait.

Raison de plus pour que leurs homologues Libyens fassent la même chose en Tripolitaine.

Je sais, vous allez me dire stop ! ce n’est pas la même chose.

1 – la Libye vient de tenir avec succès ses premières élections libres.
2 – le journal Aujourd’hui – Le Parisien nous dit que les autorités de Tripoli ont condamné la destruction de mausolées et ont promis la fermeté. 
Le président  du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays depuis les élections  du 7 juillet", a dénoncé "la destruction et le pillage de plusieurs bâtiments et manuscrits qui représentent une époque de l'histoire de notre pays et qui ont un caractère scientifique, civilisationnel et historique".
"Ces actes sont rejetés et interdits par la loi et la charia, ce qui rend les responsables poursuivis par la loi", a déclaré Mohamed al-Megaryef dans un discours à la télévision nationale.
Samedi matin, des islamistes radicaux ont démoli à coup de pelleteuse le Mausolée d'Al-Chaab al-Dahmani, près du centre de Tripoli, et ont profané le tombeau de ce sage, lieu de pèlerinage pour certains musulmans, notamment les soufis, selon un journaliste de l'AFP.
Pour ce qui est des élections libres, je sais bien que beaucoup se satisfont de scrutins bidon du moment qu’ils se font ont l'aval des bienfaiteurs de l’humanité, c’est-à-dire de l’homme blanc incarné par Barack Obama et David Cameron.

Je les laisse à leur niaiserie.

Pour ce qui est de la condamnation par les autorités locales, alors là ça ne passe franchement pas. On peut en effet lire dans le même article du Parisien :
M. Megaryef a accusé des membres des services de sécurité et des ex-rebelles de participer à ces attaques, affirmant que le CGN a incité en vain le gouvernement a traiter avec ces évènements.
Le Parisien aurait dû en réalité commencer son article par "Une autorité libyenne" au lieu de "Les autorités libyennes" car c’est la cacophonie semble-t-il dans le nouveau régime et la lutte pour le pouvoir n’a certainement pas été close par le simulacre électoral qui a fait se pâmer les Occidentaux. 

On peut en effet lire, toujours dans Le Parisien :
Des membres du CGN ont demandé samedi le limogeage des ministres de la Défense et de l'Intérieur, accusés de laxisme.
"Il y a eu des demandes pour limoger les ministres de la Défense et de l'Intérieur mais le congrès a décidé de les convoquer d'abord pour les entendre", a déclaré un membre du CGN.
Dans une dépêche Reuters reprise par The Independant  on peut lire ce qui suit :
Un homme qui supervisait apparemment la démolition a déclaré à Reuters que le ministère de l’intérieur avait autorisé l’opération après avoir découvert que des gens adoraient les tombes et pratiquaient la «magie noire».Le ministère n’était pas disponible pour apporter des éclaircissements.
et
La mosquée Sha'ab abritait en son sein près de 50 tombes soufies et, à l’extérieur, le tombeau d’un savant soufi,  Abdullah al-Sha'ab et celui d’un martyr qui avait combattu les colonialistes Espagnols.
tripoli: Destruction de la mosquée Al-Chaab al-Dahmani, un symbole de résistance
C’est tout à fait symbolique, je trouve, que ces gens qui ont été portés au pouvoir par des forces étrangères, dont des avions espagnols, entreprennent de détruire la tombe d’un homme qui avait été tué en luttant contre une agression étrangère.

à partir d'une observation de The Angry Arab

Réseaux d'envoi de combattants Britanniques en Syrie

Alistair Burt, ministre Britannique chargé des Affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord promettait au gouvernement syrien un afflux de combattants djihadistes si Damas ne se rendait pas aux conditions édictées par l’Occident et les pétromonarchies.

Chose promise, chose due puisque les filières d’envoi de combattants en Syrie s’organisent tranquillement au Royaume Uni.

Les autorités fermeraient les yeux laisse entendre l’article que je vous propose, alors qu’en réalité elles participent évidemment à l’organisation de ces réseaux comme elles l’avaient fait pour l’Afghanistan quand il était question d’en chasser les Soviétiques.

Partis d’Angleterre, ces «djihadistes » seront pris en charge par les services de sa gracieuse majesté près de la frontière syro-turque.

Deux chefs du djihad global
Et gageons qu’à côté des homologues de Mohamed Merah, plus ou moins entraînés au combat mais qui seront de toute façon formés en Turquie ou en Syrie même, se trouvent des hommes autrement plus redoutables, spécialistes des explosifs, des télécommunications ou de l’encadrement. Arrêtez vous sur le passage où est repris le témoignage du photojournaliste John Cantlie qui nous parle de ces jeunes gens qui n’ont jamais manipulé un fusil de guerre pais qui, ingénument, évoquent le programme de formation qu’ils vont subir : apprendre à progresser à découvert, à neutraliser un tank, à nettoyer un immeuble ou une maison.
Un programme effectivement assez complet.

A part ça, je confirme que le terme ‘kuffar’ n’est pas injurieux : il signifie simplement non croyant (au sens de non musulman) ou ingrat (envers Dieu).


On craint de plus en plus qu’une nouvelle génération de djihadistes Britanniques soit en train de se faire les dents en Syrie.
par Andrew Gilligan, The Sunday Telegraph (UK) 26 août 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Ils avaient appelé ça «blowback» [retour de bâton, effet boomerang] – les djihadistes Britanniques qui avaient été autorisés à se rendre en Afghanistan pour combattre les Russe, semant ainsi les germes d’une sérieuse menace pour la sécurité du Royaume Uni. La même chose pourrait-elle se produire en Syrie ?
Une enquête du Sunday Telegraph a établi que des organisations fondamentalistes qui participent à la guerre civile syrienne recrutent en Grande Bretagne de plus en plus de jeunes gens qui n’ont aucun lien avec la Syrie. Des parlementaires, des responsables communautaires et des militants contre l’extrémisme sont très préoccupés par la radicalisation d’une nouvelle génération en Syrie, de la même manière que les poseurs de bombes Britanniques et les conspirateurs terroristes de la dernière décennie avaient été formés le long de la frontière pakistano-afghane. Mais les services de sécurité semblent prendre peu voire pas de mesures à ce sujet.

Un de ces jeunes Londoniens est Alshafie Elsheikh, 23 ans, de White City à Londres ouest, qui s’est rendu en Syrie ce printemps, selon le Dr Salah al Bander, un ancien conseiller municipal Libéral Démocrate qui est directeur du Sudanese Diaspora and Islamism Project à la Sudan Civic Foundation. M. Elsheikh est d’origine soudanaise, pas syrienne – et il a dit au Dr al Bander qu’il en connaissait plus de 20 autres comme lui qui se préparaient à partir pour combattre.
«Il m’a dit avant de partir qu’il allait rejoindre les brigades du djihad en Syrie, en parlant comme d’une cause sacrées,» déclare le Dr al Bander. «Il a dit qu’il allait retrouver deux autres moudjahidine venus de Grande Bretagne, un d’origine somalienne et l’autre d’origine marocaine.
«Il disait qu’ils n’avaient pas d’entraînement à l’utilisation d’armes à feu mais qu’ils préparaient le voyage depuis l’année dernière en pratiquant des exercices physiques intensifs. Quand je lui ai demandé le nombre de ses camarades qui envisageaient d’aller en Syrie, il a répondu que pour ce qu’il en savait, il y avait 21 personnes prêtes à quitter sous peu le Royaume Uni.»
La mère de M. Elsheikh, Maha Elgizouli, dit que son fils lui a laissé un mot comme quoi il était «parti pour combattre pour Dieu, » mais elle a refusé d’en dire plus.

Nous n’avons pas pu contacter personnellement M. Elsheikh dont on pense qu’il se trouve toujours en Syrie.

Au moins 30 jeunes Britanniques qui ne sont pas d’origine syrienne ont fait le voyage pour prendre part à la guere civile, selon Khalid Mahmood, député travailliste de la circonscription de Pery barr à Birmingham.  «Il y a beaucoup de cheikhs [leaders et éridits religieux] dans les West Midlands qui impliquent de jeunes gens dans cette activité,» dit-il. «Ils les suivent là-dedans, mais nous ne semblons pas réaliser où ça mène.  
"Je suis extrêmement inquiet en ce moment parce que je constate des choses semblables à ce qui s’était passé dans les premières phases de la guerre en Afghanistan quand nous soutenions les moudjahidine contre les Russes. Nous voulions faire sortir les Russes et nous avions armé des gens, nous avions encouragé des gens à aller là-bas et à combattre dans le djihad."

Les jeunes britanniques qui vont en Syrie – de parents en majorités Bengalis, Pakistanais et Soudanais – sont séparés des centaines de personnes d’origine kurde ou syrienne qui résident en Grande Bretagne qui se sont aussi rendus dans la région pour combattre pour leur patrie.

Le régime d’Assad a longtemps cherché à discréditer ses opposants en les présentant comme des étrangers et des extrémistes du genre al Qaïda, ce qui n’est dans l’ensemble pas vrai. Les principales organisations rebelles en Syrie, dont l’Armée Syrienne Libre (ASL) n’ont pas une idéologie djihadiste et ne veulent pas vraiment de combattants étrangers qui ignorent la langue ou la culture locales.

Cependant, un petit groupe d’organisations islamistes radicales – aux idées beaucoup plus extrémistes et plus disposées à accepter des étrangers – est récemment entré dans le conflit et il y a des indices que les barrières entre eux et les autres organisations [mainstream] sont en train de tomber. John Cantlie, un photojournaliste britannique enlevé le mois dernier par une de ces organisations extrémistes, a dit que 10 à 15 de ses ravisseurs avaient des accents britanniques.
«Il était évident qu’ils n’avaient jamais vu une Kalashnikov avant. Ils étaient excités d’être en Syrie,» écrivait M. Cantlie. «Toutes leurs discussions portaient sur la manière de neutraliser un tank, comment avancer en terrain découvert et comment nettoyer un bâtiment. Le camp était comme un parcours d’aventure pour des jeunes de 20 ans désenchantés.»

Un autre militant bien connu basé au Royaume Uni, Abd-al Mun'em Mustafa Halima Abu Basir, connu aussi sous le nom d’ Abu Basir al-Tartusi, a récemment quitté son domicile londonien pour se rendre en Syrie et il a posté des vidéos sur YouTube où on le voit là-bas avec un fusil. M. al-Tartusi a à plusieurs reprises exprimé son soutien à l’idéologie d’al Qaïda – quoiqu’il ait attaqué une de ses émanations en Syrie, la brigade Jabat al-Nusra et qu’il ait condamné les attentats du 7 juillet 2005 à Londres (contre des bus et dans le métro). On ne sait pas vraiment pour quelle organisation il se bat, mais ce pourrait être l’ASL. Selon le Dr al-Bander, la mosquée Dar us Sunnah de Shepherd's Bush Market que fréquentait M. Elshafie fonctionnait comme un «incubateur» pour des idées religieuses extrémistes - quoique pas nécessairement violentes. Le site web de cette mosquée condamne fermement le terrorisme et al Qaïda.

Il semble pourtant fortement influencé par l’idéologie salafiste radicale. Une conférence accessible sur son site web parle des non Musulmans en employant le terme insultant « kuffar » et dit qu’il « n’est pas permis » de leur ressembler.»

Le directeur de la mosquée, Salah al-Iranee, insiste sur le fait que le mot kuffar n’est « pas une insulte, mais un état de fait. Il veut simplement dire en arabe quelqu’un qui n’est pas croyant dans la religion musulmane.» Il conteste que sa mosquée soit extrémiste ou un «incubateur » pour l’extrémisme, affirmant que [son] salafisme était «orthodoxe, ni radical, ni extrémiste.»

Le Dr al-Bander explqie que : «Il n’est un secret pour personne qu’il y a une route qui amène de jeunes gens extrémistes au Liban, en Turquie et puis en Syrie. Les services de sécurité ont la très grande responsabilité d’intervenir.»

Avant le 11 septembre 2001, des centaines de jeunes Britanniques étaient partis pour l’Afghanistan et les zones tribales du Pakistan pour combattre ou travailler avec les Talibans. A l’époque, les services de sécurité britanniques avaient agi contre eux, beaucoup ayant été ensuite mêlés à des complots terroristes en Afghanistan.

Noman Benotman, ancien djihadiste lui-même et actuellement membre de la Quilliam Foundation, un thinktank anti-radicalisation, affirme : « C’est un vrai problème de sécurité, il n’y a aucun doute là-dessus. Son ampleur est faible pour l’instant, à un niveau très bas, mais ma principale préoccupation, c’est que des réseau se construisent et qu’ils doivent être neutralisés par les services de sécurité.»

M. Benotman précise qu’à sa connaissance, il n’y a eu aucune arrestation pour l’instant ni aucune action de la police britannique contre des djihadistes résidant en Grande Bretagne en partance pour la Syrie. «C’est typique de l’approche britannique,» dit-il. « Elles [les autorités britanniques] veulent toujours éviter de perturber les communautés. Elles avent, et eles surveillent, mais elles ne bougent pas sauf quand c’est nécessaire.»