jeudi 31 mai 2012

Il n'y a pas de soulèvement populaire en Syrie


John R. Bradley est un observateur Britannique de la scène politique du Proche Orient. Sa notice biographique nous indique un parcours assez typique de l’élite britannique avec une formation entre autres à l’University College de Londres et à Oxford.
M. Bradley publie souvent dans des organes de presse comme The Spectator, The Jewish Chronicle ou The Daily Mail comme pour l’article que je vous propose. Politiquement, il semble être un conservateur de type traditionnel, pas un néoconservateur.
Son analyse du « printemps arabe » le range aussi parmi les sceptiques, sauf qu’il a du mal à admettre que son pays et les pays alliés au sien (France, Etats Unis etc.) ont agi en connaissance de cause pour  empêcher les « révolutions » d’aller jusqu’au bout en Tunisie et en Egypte et en ont carrément fomenté en Libye et en Syrie.

M. Bradley n’arrive en effet pas à comprendre pourquoi son pays soutient des tendances politiques rétrogrades contre le gouvernement syrien qui, malgré bien des tares, assure le respect de toutes les confessions. Pour l’auteur de l’article, l’Occident soutient en Syrie un soulèvement populaire imaginaire.

Je refuse cependant de mettre, comme il le fait, dans le même sac le parti En-Nahda en Tunisie et les sectaires que les forces de l’OTAN ont aidés à éliminer Kadhafi ou ceux qui dominent la rébellion en Syrie. Entre En-Nahda et les autres, il y a plus que des nuances et un contexte intérieur et régional bien différent.
Il est par contre vrai que l’issue des évolutions en cours en Tunisie et en Egypte est des plus incertaines comme dans n’importe quel processus politique de cette ampleur.

Les autorités syriennes font en réalité face à un conglomérat redoutable de candidats à la dictature et, surtout, d’une des versions les plus sectaires des Frères Musulmans et d’autres groupes appartenant à la mouvance « salafiste ».Tous sont fortement inféodés aux monarchies pétrolières, à l’Arabie saoudite en particulier.
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M. Bradley devrait savoir que si ces « islamistes » sont rigoristes en matière de mœurs et de littéralisme doctrinal, ils sont par contre libéraux en matière économique et flexibles devant le problème posé par le régime sioniste.
Et c’est tout ce qui importe.

par John Bradley, The Daily Mail (UK) 29 mai 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri


La spirale de la mort continue en Syrie Depuis plus d’un an, Depuis plus d’un an maintenant, ce malheureux pays arabe est en proie à la sauvagerie avec la contestation du régime autoritaire du président Bachar al-Assad par des insurgés.

La brutalité des deux côtés s’est traduite par un catalogue de plus en plus fourni d’atrocités qui provoquent chez la population syrienne une crainte de plus en plus forte de voir le pays sombrer dans la guerre civile.

Ces inquiétudes n’ont fait que s’exacerber avec les informations dur le massacre commis dans la ville de Houla où on dit que plus de 100 civils ont été massacrés la semaine dernière par les forces gouvernementales.

Parmi les tués, se trouvaient pas moins de 40 enfants et 34 femmes.

Dimanche dernier, le Conseil de Sécurité de l’ONU – réuni en urgence – a condamné à nouveau fermement Assad et a réitéré ses appels à un cessez-le-feu entre les autorités et les rebelles.

Ici, en Grande Bretagne, le ministre des affaires étrangères William Hague s’en est non seulement pris à Assad dans les termes les plus vigoureux, mais a aussi exigé une pression internationale pour provoquer sa chute. Hier, la Grande Bretagne – et d’autres puissances occidentales – ont annoncé l’expulsion des diplomates Syriens en poste chez elles.

Même l’idée d’une intervention militaire occidentale contre Assad n’a pas été écartée.

Aux Etats Unis, le général Martin E. Dempsey, chef de l’état-major interarmes, a indiqué que des troupes américaines pourraient être envoyées pour aider les rebelles. « Il y a toujours une option militaire, » a-t-il dit. Hague lui-même s’est livré à de bruyantes rodomontades ces derniers jours.

L’expression de l’indignation au sujet de Houla et les menaces subséquentes d’action militaire, tout cela s’accorde avec le schéma narratif occidental conventionnel de la crise syrienne, dans lequel Assad est dépeint comme un tyran sanguinaire et les rebelles comme des combattants héroïques de la liberté qui essayent de délivrer le peuple syrien de l’oppression.

Cette image a été soigneusement cultivée par le camp anti-Assad qui s’est montré maître dans la propagande manipulatrice destinée à de crédules politiciens Occidentaux, aux chaînes de télévision et aux organisations militantes.

Mais la vérité sur la violence en Syrie est beaucoup plus complexe que ce que voudraient nous faire croire les ennemis d’Assad.

Bien sûr, ces effusions de sang meurtrières doivent être condamnées et il est certain qu’une tragédie humaine est en cours. Le régime Assad est à l’évidence repoussant et ses actions indéfendables, ce qui fait qu’un authentique et pacifique soulèvement populaire ne peut être que justifié et compréhensible.

Cependant, contrairement à ce que Hague pourrait soutenir, nous sommes devant tout à fait autre chose qu’une confrontation directe entre une dictature et un peuple.

Si le soulèvement avait commencé par des manifestations pacifiques de Syriens ordinaires, la notion simpliste du bon contre le méchant ne reflète plus la réalité.

Même au niveau le plus élémentaire, cous ne savons pas ce qui s’est réellement passé à Houla. ‘La vérité est la première victime de la guerre’ dit sagement le vieil adage.et tout ce que nous avons pour le moment, ce sont les affirmations des deux camps.
Les rebelles accusent Assad tandis que le régime du président conteste fermement et absolument toute responsabilité dans la tuerie, soulignant le fait que la plupart des victimes semblent avoir été tuées à bout portant, à un moment où les forces gouvernementales se servaient de mortiers de gros calibre contre les rebelles.

Propagande pour se convaincre soi-même ? Peut-être, mais dans ces phases les plus sombres des conflits, les histoires d’atrocités ont souvent été exagérées et exploitées.

Rien qu’en février par exemple, juste avant un vote décisif à l’ONU sur des sanctions contre la Syrie, on nous avait dit que plus de 200 civils avaient été tués par les forces d’Assad pendant le bombardement meurtrier de Homs, un bastion rebelle.,
Mais il s’est avéré par la suite que le vrai bilan des victimes était de 55 morts.

En outre, on devrait reconnaître que les rebelles sont accusés d’actes de barbarie qui n’ont rien à envier à ceux du régime d’Assad.

Ces derniers mois, ils ont été accusés d’une série d’attaques terroristes cruelles dans les grandes villes, dont des attaques à la voiture piégée et des attentats suicide. De leur côté, ils affirment que ces attentats étaient l’œuvre d’Assad. Mais qui peut savoir la vérité ?
Cette sombre image d’une violence mutuellement meurtrière fait qu’il est absurde pour Hague de prétendre qu’il s’agit simplement d’un combat moral entre la bassesse du régime d’Assad et la noblesse de ses opposants.

Le fait est qu’il n’y a pas de soulèvement du peuple syrien contre le gouvernement. Pas plus qu’il n’y a eu de manifestations d’ampleur contre la présidence d’Assad dans les deux plus grandes villes du pays, Alep et Damas, où les seules manifestations massives à s’être tenues avaient été en faveur du président.

Certains essayent d’expliquer l’absence de manifestations massives en soutenant que c’est la nature tyrannique du régime qui les empêche, mais ça ne résiste pas à l’examen. En Egypte, la police, l’armée et les services de sécurité du président Moubarak étaient bien plus puissants que ceux d’Assad dans la Syrie d’aujourd’hui, elles n’avaient pourtant pas pu empêcher les énormes manifestations populaires..

Il n’y a rien eu de ce genre en Syrie, parce que la réalité est que l’opposition ne représente pas la volonté de la population. En fait, elle est une force majoritairement islamiste qui veut mettre un terme à l’attachement d’Assad à un régime sécularisé sous lequel – à côté de toutes les tares du régime – les drois des minorités religieuses sont respectés.

L’instance de coordination de l’opposition, le Conseil National Syrien (CNS) est dominé par la ligne dure des Frères Musulmans qui militent pour l’imposition de la charia. Le CNS est puissamment soutenu par des djihadistes armés sur le terrain qui veulent créer un Etat islamique anti-occidental en Syrie.

Ces zélotes ont obtenu armes et soutien financier auprès des régimes musulmans fondamentalistes d’Arabie Saoudite et du Qatar car tous deux veulent promouvoir un islamisme ultraconservateur dans toute la région.

Il est grotesque que notre propre ministre des affaires étrangères considère de notre devoir de prendre fait et cause pour ces fanatiques en Syrie qui n’éprouvent d’intérêt ni pour la négociation, ni pour la démocratie.

Hague est tout simplement dans l’erreur s’il pense que nous avons quoi que ce soit à gagner d’une intervention dans ce pays.
La position britannique est marquée par l’hypocrisie. Hague fulmine au sujet des droits de l’homme en Syrie parce que cette affaire domine l’actualité internationale, mais ne dit pourtant rien sur les violations des libertés en Arabie Saoudite, simplement parce que ce pays se trouve être notre allié riche en pétrole.

Il critique la Russie pour son soutien à Assad mais reste silencieux sur le soutien apporté par le Qatar à des djihadistes meurtriers.
Nos politiciens ne semblent pas non plus avoir tiré une quelconque leçon du soi-disant printemps arabe qu’ils présentaient enthousiastes l’an dernier comme un triomphe sur la dictature. Les choses ne se sont guère passées ainsi.

Dans presque tous les pays où le printemps arabe a prévalu, le résultat a été plus d'oppression, plus de paralysie économique et plus d’autocratie religieuse.

Ainsi, en Tunisie, le pays qui était auparavant le plus sécularisé et progressiste du monde arabe, des bandes de voyous salafistes arpentent désormais les rues, menaçant les femmes qui ne portent pas le voile et incendiant des magasins qui osent vendre de l’alcool. Au Yémen, al Qaïda contrôle maintenant d’importantes zones au sud du pays, tandis qu’en Egypte, le premier tour de l’élection présidentielle a débouché sur un duel entre un islamiste tenant de la ligne dure et un ancien sbire de Moubarak – pas vraiment la victoire de la démocratie qui avait été promise au peuple égyptien au plus fort de la révolution.

Tout cela explique en bonne partie pourquoi la population syrienne a majoritairement refusé de soutenir les rebelles. Elle voit ce qui s’es passé ailleurs au Moyen Orient et elle en tremble.

Assad a peut-être du sang d’enfants sur les mains, mais aux yeux de la majorité de son peuple, il offre au moins une certaine stabilité et un certain progrès économique, alors que la perspective d’un pouvoir djihadiste dignifie puritanisme et paralysie.
Il serait scandaleux de sacrifier la vie de soldats Britanniques dans ce conflit dans lequel nous n’avons aucun intérêt national.

Trop de vies ont déjà été perdues dans des aventures idéologiques en Afghanistan et en Irak. Mais le coût de ces deux guerres ne sera rien à côté ds terribles conséquences d’une intervention en Syrie

Même si nos forces réussissaient à expulser Assad du pouvoir, nous serions entraînés dans un bourbier sanglant au moment où nous tenterions de discuter d’un accord entre les factions en guerre.

Notre intervention en Libye a bien pu déposer un tyran – mais seulement au prix de la mise au pouvoir de milices islamiques meurtrières et de la dégradation de l’infrastructure de cette nation. Les dégâts que nous causerions en Syrie seraient encore plus grands.

Dans tous les cas, en cette période de coupes sombres dans le budget militaire, nous ne sommes tout simplement pas en mesure d’intervenir – alors la rhétorique agressive de Hague est  de toute façon à peine autre chose qu’une simple posture.

John R. Bradley est l’auteur de After The Arab Spring : How Islamists Hijacked tje Middle East Revolts (Palgrave Macmillan)

mardi 29 mai 2012

Sang, larmes et propagande en Syrie

La récente tuerie de Houla en Syrie a légitimement suscité une très forte émotion dans le monde compte tenu du nombre et de la nature des victimes: des civils dont de nombreux enfants.
Comme l'indique le journal L'Humanité, "Houla pourrait changer la donne diplomatique".
De fait la France par exemple, vient de décider l'expulsion de l'ambassadrice de Syrie à Paris, et l'Australie a pris une décision semblable.

Il est pourtant de plus en plus clair que cette tuerie n'est pas l'oeuvre du gouvernement syrien mais très probablement des tueurs qui se sont engagés dans une lutte sans merci contre les autorités, appelant même des forces étrangères à venir bombarder leur pays.

Le massacre intervient à un moment des plus opportuns, à la veille d'une visite de Kofi Annan, envoyé spécial pour la Syrie de l'ONU et de la Ligue Arabe et au lendemain de l'investiture de François Hollande à la tête de l'Etat français.Si ce dernier hésitait à rejoindre le camp atlantiste et a imposé ses vues sur l'Afghanistan, ce n'aura été que pour sauter à pieds joints dans le piège syrien.
Pour emporter la conviction, la BBC a par exemple cru utile de présenter une photo de victimes d'un massacre perpétré en Irak occupé par les Etats Unis. Que je sache, le gouvernement français n'en a pas pour autant expulsé l'ambassadeur US à Paris. La BBC aurait publié cette photo par ...méprise, bernée par "l'opposition "syrienne.
On nous a dit dans un premier temps que les victimes de Houla avaient été tuées par des tirs d'armes lourdes, ce qui impliquait quasi obligatoirement les troupes syriennes qui sont les seules à en disposer.
On apprend pourtant que, loin d'avoir été victimes de tirs indiscriminés d'artillerie ou de blindés, la plupart des civils de Houla ont été assassinées de sang froid dans leurs maisons.

La vérité complète se fera peut-être jour, mais comme en Libye ou ailleurs, ce n'est pas la vérité qui guidera l'action des Etats Unis et de leurs amis de l'OTAN.

lundi 28 mai 2012

Le justice turque engage les poursuites contre le commandement militaire sioniste


C'est peut-être à cause du lundi de Pentecôte mais la dépêche AFP ci-dessous n'a pu semble-t-il se frayer un chemin que dans la presse suisse de ce jour.

La presse française en est restée à la préparation de l'acte d'inculpation. des terroristes sionistes qui avaient commandé l'assaut contre le Mavi Marmara, le vaisseau "amiral" de la flottille humanitaire qui faisait route vers Gaza fin 2010. Neuf militants humanitaires dont huit Turcs et un Américano-Turc avaient été assassinés par les commandos sionistes.
Maintenant, c'est fait, un tribunal d'Istanbul va engager une procédure sur requête du procureur contre des officiers supérieurs de l'entité sioniste.
On notera que pour l'AFP, la procédure est symbolique parce que le criminel (le régime sioniste) refuse que ses hommes de main soient jugés à l'étranger. Franchement, la justice turque le sait fort bien et elle sait aussi bien que les sionistes qu'il existe des procédures par contumace et des mandats d'arrêt internationaux. Parce que le tribunal d'Istanbul n'est pas une instance symbolique comme le tribunal Russell par exemple, mais une instance judiciaire d'un Etat.
De même, l'AFP n'évoque que le rapport Palmer dont l'objectif était d'offrir une issue au régime sioniste. Or, tout un chacun a pu lire le rapport du juge Goldstone qui a valu à ce dernier bien des ennuis avec ses coreligionnaires.


ISTANBUL - Un tribunal stambouliote a accepté lundi de juger quatre ex-dirigeants de l'armée israélienne accusés d'implication dans la mort de neuf Turcs tués en 2010 par des commandos israéliens lors de l'assaut de leur navire d'aide humanitaire, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
La cour a accepté un acte d'accusation présenté la semaine dernière par un procureur qui réclame la prison à vie pour l'ex-chef d'état-major de l'armée israélienne, Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la marine et de l'aviation, Eliezer Alfred Marom et Avishai Levi, et l'ex-chef des services secrets Amos Yadlin, selon Anatolie.
Cette décision implique l'ouverture d'un procès, dont la date de la première audience doit être fixée par le tribunal dans les prochaines semaines. Selon toute vraisemblance, ce procès restera symbolique, Israël excluant que ses militaires soient jugés, a fortiori de les extrader.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a qualifié de très grave la procédure de la justice turque. 
Nous allons faire en sorte que nos concitoyens soient protégés du mieux possible d'un point de vue légal, a déclaré M. Ayalon à la télévision, en espérant qu'une pression diplomatique étrangère forcera la Turquie à revenir sur son action.
La décision d'Ankara pourrait avoir des implications lourdes de conséquences pour l'OTAN et les forces américaines en Afghanistan, l'Irak et ailleurs, a-t-il déploré.
Les poursuites concernent l'assaut donné le 31 mai 2010 dans les eaux internationales par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, navire amiral d'une flottille d'aide humanitaire qui tentait de rallier Gaza, sous blocus israélien.
L'acte d'accusation s'appuie sur les témoignages de près de 600 personnes, dont 490 passagers de la flottille, qui comptait six bateaux, et des proches des victimes.
Selon ce document de 144 pages, les soldats israéliens ont fait un usage largement disproportionné de la force contre les militants pro-Palestiniens.
On ne peut parler de défense légitime en utilisant des armes perfectionnées et en mitraillant des gens qui brandissaient des fourchettes, des cuillères ou des hampes de drapeau, souligne-t-il.
En septembre dernier, le rapport Palmer de l'ONU avait jugé excessive et déraisonnable cette intervention militaire, mais avait considéré comme étant légal le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Cette affaire avait provoqué une grave crise diplomatique entre la Turquie et Israël, autrefois alliés. Ankara a abaissé sa représentation diplomatique dans l'Etat hébreu, suspendu la coopération militaire et expulsé l'ambassadeur d'Israël.

dimanche 27 mai 2012

C'est où Jendouba?


Le changement politique en Tunisie, s’il a eu le mérite insigne de délier les langues et d’instituer un véritable multipartisme, a cependant pour revers des difficultés économiques liées à la méfiance des investisseurs étrangers et surtout, à un net recul de l’activité touristique.
Or, le tourisme de masse est, comme chacun le sait, un des piliers de l’économie tunisienne, pourvoyeur de nombreux emplois qualifiés ou non qui se concentrent essentiellement sur la façade maritime.

On se souviendra que ce littoral touristique a en fin de compte peu contribué aux troubles qui se sont soldés par l’éviction de Zine el-Abidine Ben Ali .

Au risque de choquer certains lecteurs, je dirais qu’un tel tourisme de masse dans un pays où le revenu moyen reste bien inférieur à celui des pays dont sont originaires la grande majorité des touristes ne peut se passer d’un régime autoritaire et policier pour discipliner les locaux. Ce tourisme a notamment besoin de la paix civile dans ses aspects même les moins politiques.
C’est l’idée qu’on peut retenir de cet article de Lotfi Larguet qui considère comme probable la fin de la reprise touristique en raison des troubles politiques et sociaux qui affectent encore (de plus en plus ?) le pays et débouchent sur des mises en garde adressées par les gouvernements occidentaux à leurs ressortissants.

Lotfi Larguet, chez qui on relève une pointe de nostalgie pour le régime précédent conclut ainsi son papier :
Déjà, le rassemblement de Kairouan avait dissuadé des milliers de touristes de venir. Si on ajoute les incidents et les actes de violence de Jendouba, du Kef et ailleurs, il faudrait s’attendre à une saison touristique catastrophique qui ne peut mener le pays qu’à la ruine.
Le laxisme du gouvernement et l’absence de réaction des partis politiques notamment ceux qui gouvernent actuellement et qui n’ont pris jusque-là aucune position claire sur cette question sont autant de signes inquiétants pour l’avenir immédiat et futur de notre pays.
On ne peut pas dire que la presse hexagonale accorde beaucoup de place à cette agitation. Il est vrai que le secteur touristique français possède des intérêts importants.en Tunisie. Pourtant si l’activité touristique existe, notamment sur le littoral du gouvernorat de Jendouba, on ne se trouve pas là devant du tourisme de masse..

Le Nouvel Observateur est un des rares organes de presse français à vous parler de ce qui se passe à Jendouba, même s’il s’intéresse exclusivement à l’action de quelque 500 «salafistes» qui ont « terrorisé » la population, incendiant notamment un poste de police.

Poste de police incendié à Jendouba
Vous ne trouverez rien par contre sur cet appel  à une grève générale dans la région de Jendouba lancé par l’instance régionale de l’UGTT, la centrale syndicale tunisienne.
Le fait de voir les salafistes occuper le terrain là où un syndicat prévoit une action de masse ne doit selon moi rien au hasard.

Au fait, le gouvernorat de Jendouba se trouve au nord-est du pays et est limitrophe de l’Algérie. Son chef lieu est la ville du même nom, mais l’agglomération la plus connue est le port de Tabarka.
  

lundi 21 mai 2012

Selon le rabbin, mis à part les "Justes", les huit milliards d'habitants qui peuplent la terre sont des assassins et des voleurs


Pour clarifier la lecture :
- les Nations, ce sont les non Juifs,
- les Justes, ce sont les Juifs, à l’exception insignifiante des « Justes parmi les nations », c’est-à-dire les non Juifs qui ont sauvé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale.
- la Torah, c’est l’Ancien Testament et, surtout, le Talmud 

Le rabbin Shteinman, chef de la branche lituanienne de du judaïsme ultra-orthodoxe soutient que le monde a été créé pour les justes, affirme que les nations sont dépourvues de principes.
Yediot Ahronoth (Sionistan) 21 mai 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

S’exprimant à Beit Shemesh avant les fêtes de Shavuot, le rabbin Aharon Yehuda Leib Shteinman, un des chefs de la branche lituanienne du judaïsme ultra-orthodoxe a discuté de l’importance de la Torah et déclaré que le monde a été créé pour les Justes qui apprennent et suivent ses enseignements.

Il a cependant fait quelques déclarations prêtant plus à controverse. Le discours du rabbin qui a été publié dans son intégralité pat le journal ultra-orthodoxe Yated Ne'eman, comprenait des propos sur les non Juifs.

«Il y a huit milliards d’habitants dans le monde. Et que sont-ils ? Des assassins, des voleurs, des gens sans cervelle… Mais qui est l’essence même de ce monde ? Dieu a-t-il créé le monde pour ces assassins ? Pour ces méchants ?»

Christophe Bigot, ambassadeur de France à Tel Aviv attentif aux préceptes du rabbin Shteinman (juin 2011). Photo ambassade de France

Le rabbin, qui a succédé au rabbin Yosef Shalom Elyashiv à la direction spirituelle de la branche lituanienne du judaïsme, a réitéré ses affirmations [celles de son prédécesseur] et a poursuivi en disant : « Les non Juifs n’ont aucun lien avec la Torah. Les nations n’ont rien, n’ont pas la foi et pas de bons principes.»

Le propos du rabbin Shteinman portait surtout sur l’importance de la Torah et son influence sur la vie quotidienne et sur l’éducation de la génération montante. Le rabbin a souligné que « ceux qui n’étudient pas la Torah n’accomplissent pas les mitzvot (prescriptions divines). S’il n’étudie pas la Torah, il va à la dévastation, sa dévastation et la dévastation du monde.»

.«C’est ce à quoi nous devons aspirer, voir tous les enfants, toutes nos générations s’assurer que les enfants mâles [sons] étudient la Torah… tout un chacun qui veut être empli de joie par ses enfants doit s’assurer qu’ils étudient la Torah.

«Sans la Torah, ils seront illettrés et ils ne vous apporteront aucune joie. Même s’il a de l’argent, est-ce que c’est un but (dans la vie) ? Pouvez-vous emporter l’argent dans la tombe avec vous ? C’est impossible. Qu’avez-vous dans la tombe (l’au-delà) ? La Torah.»

Le président de Hiddush (pour la liberté religieuse et l’égalité), le rabbin Uri Regev, a dit en réponse aux propos di rabbin Shteinman : «C’est incroyable et scandaleux d’entendre ces déclarations pleines de haine contre presque toute la race humaine.

 «Le rabbin Shteinman montre une fois de plus que sa fable sur sa modération était au mieux  dépourvue de fondement et au pire un acte de tromperie.»

Manuel Valls à Marseille aujourd'hui, les raisons du choix d'une date

Manuel Valls, ministre de l'intérieur du tout nouveau gouvernement socialiste, vient de faire son premier déplacement en province en se rendant à Marseille.

M. Valls a justifié ainsi cette attention portée à la cité phocéenne:
"C'est une ville qui est chère à mon coeur, qui doit bénéficier du soutien et de l'attention de l'Etat", a-t-il dit à la presse à son arrivée en gare Saint-Charles.
Bon, ça c'est pour le choix de la ville.

Quant au choix de la date il s'explique ainsi:
A 19H30, il est attendu au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Marseille-Provence
Il allait quand même pas attendre l'année prochaine pour se rendre à Marseille!

C'est ce qu'on appelle un vigoureux signe de refus du communautarisme.

La menace existentielle contre l'Etat juif [et démocratique, ça va de soi]...


... n'est plus l'Iran!

La presse française disponible sur le net n’en parle pas ou pratiquement pas. Ou alors les moteursde rechercheont fait en sorte que cette information bénéficie d'une redondance minimale.

Il existe pourtant un Etat (la seule démocratie du Proche Orient) ou le racisme institutionnel à l’égard des Palestiniens s’exprime aujourd’hui à l’égard d’autres non Juifs, à savoir des migrants venus d’Afrique, le plus souvent du Soudan.

Et ce racisme n’est pas exprimé par un ouvrier aigri ou un politicien d’opposition voué à rester dans la marge mais par le ministre de l’intérieur, Elie Yishai, et le premier ministre Benjamin Netanyahou.
Et souvenez-vous que c’est pour ces gens et ceux qui votent pour eux que l’Europe est sommée d’appliquer un embargo sur l’Iran, que l’Allemagne consent des prix d’amis sur des sous-marins capables d’emporter des  missiles nucléaires etc.

Notez qu’on semble bien apprécier les nombres en 6 dans cet Etat. En effet, après les 6 millions de tués de la seconde guerre mondiale, nous avons maintenant les 60 000 migrants présents en ce moment dans le pays et les 600 000 qui se profilent à l’horizon (en multipliant encore par dix, on arrivera effectivement à 6 millions). 
 «Si nous ne stoppons pas leur arrivée, le problème qui se situe à 60 000 pourrait grossir jusqu’à 600 000, et cela menace notre existence en tant qu’Etat juif et démocratique, » a déclaré Benjamin Netanyahou au conseil des ministres de dimanche. « Ce phénomène est très grave et menace la structure de notre société, notre sécurité nationale et notre identité nationale. » Israël compte 7,8 millions d’habitants.
A une suggestion du chef de la police de permettre aux migrants de s’employer régulièrement pour ne pas avoir à verser dans la délinquance, le ministre de l’intérieur Eli Yishai a objecté 
“Pourquoi devrions-nous leur donner des emplois ? J’ean ai assez de ces bonnes âmes, y compris chez les politiques. Des emplois les installeront définitivement ici, ils feront des bébés et cette proposition  [d’accès à l’emploi] aura pour seul résultat de faire venir ici des centaines de milliers d’autres [immigrés] ".

dimanche 20 mai 2012

Mehdi Mohammadi explique le bluff perdant d'Obama


Depuis la révolution islamique, l’Iran é toujours été un pays déroutant pour les observateurs,  réussissant à déjouer les calculs les plus subtils de ses adversaires. Après avoir spéculé sans fin sur les divisions internes du régime, puis avoir tenté de fomenter sans succès une révolution dite «verte», les ennemis de la république islamique lui infligent un embargo économique et la menacent d’une guerre.

Devant ces agissements et menaces, il semble que le gouvernement iranien garde la tête froide (plus que votre serviteur en tout cas) et analyse la situation comme étant en fait plus délicate pour ses adversaires que pour lui-même.
C’est en tout cas ce qu’on peut comprendre du propos de Mehdi Mohammadi qui, fait intéressant, est avant tout un spécialiste de la politique interne de son pays et non de sa diplomatie. M. Mohammadi collabore avec le journal iranien Kayhan, de tendance «conservatrice.»

Selon M. Mohammadi, les Etats Unis ne veulent pas d’une guerre et il est hors de question que le régime sioniste se lance seul dans une telle opération.

L’analyse de M. Mohammadi est que la menace de guerre est avant tout un moyen de pression sur… l’Union Européenne afin qu’elle décide et applique des sanctions économiques contre l’Iran.

De fait l’Iran ne croit pas à la menace militaire américaine et a, de toute façon, procédé à quelques démonstrations de force pour faire comprendre à Barack Obama et à son équipe que le prix d’une guerre, même victorieuse pour les USA, pourrait être exorbitant.
D’où des signaux d’apaisement très clairs adressés par le gouvernement des Etats Unis à l’Iran même si publiquement des menaces continuent d’être agitées pour satisfaire le lobby sioniste. N’oublions pas que M. Obama brigue un deuxième mandat…

Selon M. Mohammadi, Européens et Américains, après toutes ces vaines menaces, se retrouvent dans une position de faiblesse devant l’Iran. Pas seulement parce que, du point de vue iranien, le risque d’agression militaire est écarté mais parce que les pays occidentaux sont désireux d’enrayer une hausse de coût de l’énergie qui plombe un peu plus  l’économie mondiale alors que, comme l’observe judicieusement l’auteur, le boycott du pétrole iranien par l’Union Européenne n’est pas encore effectif.

Patrick Seale dit, d’une manière différente, des choses assez semblables.



par Mehdi Mohammadi,  analyste politique et collaborateur de Kayhan
The Race for Iran (USA) 19 mai 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une méthode utile pour comprendre vraiment ce qui s'est passé dans les pourparlers d’Istanbul [an avril] dernier est d'analyser ces entretiens à travers le prisme de «ce qui n'a pas eu lieu."

Dans les six mois qui ont précédé ces négociations et avec le souvenir des discussions d’Istanbul I encore dans les esprits des Occidentaux, la principale préoccupation des P5+1 portait sur la manière de forcer l’Iran à renoncer à sa persévérer et à ajuster ses calculs stratégiques.

Le problème immédiat pour les Etats Unis et Israël était avant tout d’empêcher le programme iranien d’enrichissement de l’uranium de franchir une nouvelle étape de sa progression. En conséquence, une vague d’opérations de « semi-hard power » sous la forme de cyber attaques, de l’assassinat de scientifiques nucléaires, de restrictions sur l’importation par l’Iran de certains composants et, élément le plus important, la fermeture  ce que les Américains appellent la « source de financement » du programme nucléaire a été entreprise.

Cependant, si nous nous servons du critère de l’expansion des installations et de la quantité de matériaux nucléaires produits par l’Iran comme mesure de l’accélération ou du ralentissement du programme nucléaire iranien, ces actions [occidentales] n’ont atteint aucun de leurs objectifs. Des scientifiques ont été assassinés, mais ces crimes n’ont fait que convaincre d’autres scientifiques qu’ils doivent travailler plus dur et venger leurs martyrs. Les cyber attaques ont visé des installations nucléaires mais leur seul résultat a été que non seulement les spécialistes Iraniens ont développé des compétences dans la technologie de défense des systèmes, mais ils sont rapidement devenus capables de lancer des cyber attaques généralisées en territoire ennemi. Les sanctions ont incité les producteurs Iraniens à chercher de nouvelles méthodes, ce qui a permis dans un court laps de temps à atteindre l’autosuffisance dans certains domaines qui dépendaient des importations avant l’imposition des sanctions. Les ressources financières pour le programme nucléaire iranien ne se sont pas taries, du fait que l’augmentation des revenus pétroliers causée par l’effet psychologique des sanctions – et gardons à l’esprit que les sanctions pétrolières n’ont pour l’instant été appliquées ni par l’Europe, ni par l’Amérique et qu’elles ne sont encore que virtuelles – a été bien plus forte que la réduction minime subie par les exportations pétrolières iraniennes.

Il s’ensuit que l’Iran n’était pas suppose aller aux négociations d’Istanbul 2 avec son programme nucléaire au bord de la faillite. L’Iran est en fait entré dans les négociations avec l’usine de Fordo sur le point d’entrer en activité et après avoir produit plus de 100 kilos d’uranium enrichi à 20 %et quelques centaines de kilos de réserves d’uranium enrichi à 5 %.  Ce combustible produit localement a été chargé dans le réacteur de Téhéran et testé aves succès, tandis que le choix de nouveaux sites nucléaires a été arrêté et que des programmes de développement de la production nucléaire ont été annoncés.

Les opérations de “semi-soft power” de l’occident n’ont ni stoppé, ni ralenti les avancées nucléaires iraniennes. Elles ont eu au contraire pour conséquences l’approfondissement, l’accélération et la sanctuarisation du programme, ce qui constitue le premier pilier sur lequel s’est basé la stratégie de négociation de l’Iran à Istanbul.

Deuxièmement, avant les discussions d’Istanbul, tous les efforts de l’Occident visaient à convaincre l’Iran que si les négociations n’avançaient pas dans le sens souhaité par certains membres du p+1, l’option militaire était fermement mise sur la table. Sur la base d’une division du travail entre les Etats Unis et Israël, Israël était censé menacer l’Iran de l’attaquer militairement s’il ne renonçait pas à son programme nucléaire et l’Amérique était supposée soutenir ces menaces. La théorie israélienne était que si l’Amérique n’approuvait pas ces menaces, l’Iran ne les considérerait pas comme crédibles et ne les prendrait pas au sérieux. Mais est-ce que quelqu’un a vraiment eu l’intention d’attaquer l’Iran ? Il a été en fait révélé qu’un tel plan n’a à aucun moment été envisagé.

Les objectifs de la menace militaire américaine et israélienne étaient de deux ordres.

Premièrement, le consensus des experts Israéliens et Américains était que l’Iran ne stopperait son programme nucléaire que s’il sentait que la pression à ce sujet  évoluait vers une menace pour l’existence de la république islamique. Le résultat de ce calcul israélien était que pour que l’Iran stoppe son programme nucléaire, l’Iran doit percevoir la menace pour sa propre existence, ce qui n’est pas possible sauf si l’Iran sent que l’occident a la volonté d’aller aussi loin qu’attaquer l’Iran militairement pour empêcher sa nucléarisation. La raison affichée par Barack Obama au cours de son discours à la dernière conférence de l’AIPAC [le lobby sioniste], que la politique de son gouvernement à l’égard de l’Iran n’était pas une politique de confinement [containment] ou de prévention mais visait plutôt à stopper le programme nucléaire iranien, cherchait précisément à adresser à l’Iran le message que pour l’Amérique, le risque inhérent à une confrontation militaire était moindre que celui d’un Iran nucléarisé. En somme, Israël voulait que l’Amérique annonce explicitement que toutes les options, militaire notamment, étaient sur la table et de rendre très clair pour l’Iran le critère du recours à ces options.

Deuxièmement, les Israéliens pensent que le monde n’accepterait pas un allègement des sanctions contre l’Iran sauf si ce pays sentait que la résistance à ces sanctions pourrait déboucher sur le déclenchement d’une nouvelle guerre dans la région. La menace d’agression est par essence un moyen de forcer des pays comme les membres de l’Union Européenne à renforcer les sanctions, et de ce fait, l’analyse tout à fait correcte de certains spécialistes Occidentaux de stratégie est que l’option la plus extrême dont disposent l’Amérique et Israël est celle des sanctions. Leur évaluation est qu’une attaque n’est fondamentalement pas une des options possibles et n’est purement et simplement qu’un instrument qui sert à rendre plus efficace l’option des sanctions, un instrument dont ils imaginent qu’il renforce les effets des sanctions et force également divers pays à prendre plus au sérieux l’application des sanctions.

Fort bien, alors qu’est-il advenu de ce grand projet de guerre psychologique et les occidentaux ont-ils été capable de tirer quelque chose de cette machinerie qu’ils ont construite pour les discussions d’Istanbul ? Le destin de ce projet de création d’une menace  crédible regorge vraiment de leçons. Au début, les Américains avaient accepté l’argument selon lequel si l’Iran percevait la présence d’une menace militaire crédible – de la part des Etats Unis, pas d’Israël – il aurait une raison pour céder. Les dirigeants Américains ont donc commencé à menacer l’Iran en affirmant que leur potentiel militaire était suffisant pour traiter les installations nucléaires iraniennes, que leurs plans d’attaque étaient pratiquement ficelés et qu’aucune option n’avait été exclue. Cependant, de manière étonnante, les effets de cette rhétorique n’ont pas du tout été ceux qu’envisageait l’Amérique ni ceux qu’Israël avait prévus.

En tout premier lieu, l’Iran a rapidement réagi et a conduit des opérations militaires spéciales qui ont démontré que non seulement le pays pouvait se défendre devant toute attaque mais que, si nécessaire, il pouvait réaliser des opérations préventives avant le passage à l’action de l’ennemi et dans une phase au cours de laquelle des menaces sont encore proférées. Les Américains ont ainsi pu voir que leurs activités dont l’intention était de maintenir la tension avec l’Iran à un niveau contrôlé pouvaient leur échapper des mains et qu’à tout moment, existait la possibilité  qu’un Iran sûr de lui puisse entraîner les Etats Unis dans un conflit meurtrier, quoique non souhaité. La raison pour laquelle Barack Obama, dans une lettre adressée à l’Iran l’hiver dernier, a annoncé ouvertement que l’option militaire n’était, en ce qui concerne son pays, pas sur la table, était que les Américains avaient constaté que l’Iran n’avait pas peur mais se préparait au contraire à la guerre.

Ensuite, les menaces répétées contre l’Iran ont poussé fortement les prix du pétrole à la hausse (et par conséquent les revenus de l’Iran), aggravant la stagnation d’une économie mondiale à demi-morte et, avec l’augmentation sans précédent des prix de l’essence, ont été la cause de graves problèmes politiques intérieurs en Amérique et en Europe. En fait, les Américains ont senti que cette rhétorique ridicule produit l’effet opposé, elle n’a pas vraiment nui à l’Iran mais pourrait au contraire à tout moment provoquer leur propre chute et c’est pour cette raison que Barack Obama a visiblement déclaré en mars dernier que quiconque parle d’attaquer l’Iran est un imbécile dépourvu de sens qui ment au peuple américain sur le coût potentiel d’une telle action.

Le résultat délectable est le suivant: alors que le projet de création d’une « menace militaire crédible » avait été conçu pour paralyser l’Iran de peur, il a de manière inattendue et en un bref laps de temps, révélé le secret que le principal opposant à cette option est le gouvernement des Etats Unis lui-même, c’est-à-dire ce même gouvernement qui était supposé rendre les menaces crédibles en faisant son show ! Non seulement la menace militaire était dénué de crédit, mais elle a été retirée de la table non par les Iraniens mais par les Américains avec une clarté sans précédent, et la délégation américaine est venue à Istanbul sachant que les menaces d’attaque contre l’Iran étaient perçues par ce pays comme rien d’autre qu’une mauvaise plaisanterie et c’est pour cette raison que ni les Américains, ni les autres membres du P5+1n’ont à aucun moment formulé ce qui aurait pu ressembler à de telles menaces [pendant les négociations].

Je n’ai discuté pour l’instant que de deux des facteurs qui étaient censés intervenir à Istanbul sans que ce fut le cas. Il y a au moins trois autres facteurs qui peuvent être discutés mais nous n’aurons pas l’occasion de le faire à ce stade. Quand ces trois facteurs sont débattus correctement et que les arguments pour comprendre pourquoi ces trois facteurs que les Américains voulaient aborder ne l’ont pas étés, auront été examinés, on pourra alors comprendre clairement pourquoi les P5+1 ont participé aux discussions d’Istanbul 2 en position de faiblesse.


Fumer du haschich à Auschwitz


Personnellement, j’y touche pas et n’y ai jamais touché. Et je recommande à chacun de faire de même.


La police enquête sur des allégations selon lesquelles trois lycéens d’Herzliya ont acheté du haschich à un étudiant Polonais et étaient sous influence de ce produit pendant leur visite à Auschwitz.
Yedioth Ahronoth (Sionistan) 20 mai 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

La police enquête sur des allégations selon lesquelles des lycéens d’Herzliya ont consommé de la drogue lors d’un séjour en Pologne et ont participé à une visite des ghettos juifs et des camps de la mort alors qu’ils étaient sous l’influence des narcotiques, rapporte ce dimanche le quotidien Yedioth Ahronoth
.
Selon l’enquête, trois lycéens israéliens ont acheté du haschich à un étudiant Polonais pendant une rencontre visant au rapprochement des lycéens Israéliens et Polonais.

Les enquêteurs soupçonnent les lycéens d’avoir fumé le haschich dans leurs chambres d’hôtel pendant la nuit. Pendant la visite le lendemain des ghettos juifs et des camps de concentration nazis, les enseignants avaient constaté que les élèves se conduisaient de manière étrange et les avaient soupçonnés d’avoir consommé de la drogue. Selon une autre version, d’autres élèves avaient informé les professeurs des transgressions commises par leurs camarades.

Selon les informations, les lycéens ont été convoqués pour interrogatoire par la police et certains d’entre eux ont reconnu avoir consommé de la drogue pendant le voyage. Cependant, en raison du fait que le présumé incident a eu lieu à l’étranger, les lycéens ne devraient pas faire l’objet de poursuites pénales.

 «C’est malheureux que la police israélienne choisisse de trainer des lycéens ordinaires dans une enquête criminelle sur la foi de rumeurs,» a déclaré l’avocat Eyal Chayon qui représente un des adolescents. « L’enquête ne peut déboucher sur aucune action de justice parce que l’infraction présumée a eu lieu sur le sol polonais. »

La municipalité d’Herzliya a déclaré: Chaque année, nous envoyons des centaines d’élèves en Pologne dans le cadre de notre grand programme éducatif centré sur l’holocauste. Il est honteux qu’une poignée (d’éléments négatifs) jette le discrédit sur ce projet important. »

lundi 14 mai 2012

La Turquie, l'Iran et les deux Azerbaïdjans


On sait que l’Iran se trouve dans la région du Moyen Orient et entretient une frontière avec l’Afghanistan à l’est et l’Irak à l’ouest. On oublie ou néglige cependant trop souvent le fait que ce pays se trouve aussi aux marches du Caucase, une région  dont l’instabilité n’a rien à envier à celle des Balkans.
Ceci pour dire que l’Iran se trouve au cœur d’un jeu d’influences et de rapports de forces  complexe avec des risques évidents d’affrontements militaires. Ces rapports de force locaux s’insèrent aussi , pétrole et gaz obligent, dans les stratégies géopolitiques des grandes puissances, les Etats Unis en premier lieu.

Comme on l’a vu, un des foyers de tension dans la région a trait aux relations entre l’Azerbaïdjan et la Turquie d’une part et l’Arménie d’autre part. Ce dernier pays pouvant compter sur  l’amitié historique de l’Iran, république islamique ou pas.
En fait la qualité des relations entre l’Arménie et l'Arménie est d’un tel niveau qu’un certain nombre d’Azeris s’en trouvent irrités au plus haut point.

On peut ainsi lire sur le site francophone d’une agence de presse azerie que :
Un groupe de jeune ont tenu le 11 mai vendredi des actions de protestation devant l’ambassade de l’Iran en Azerbaïdjan.
Un peu plus loin, on peut lire ce que reprochent ces jeunes au gouvernement iranien :
Mahmoud Ahmadinejad qui n’a parlé jamais au génocide commis par les arméniens contre les azerbaïdjanais à Karabakh, a déposé des fleurs sur le monument de génocide soi-disant arménien. Nous, les jeunes azerbaïdjanais ne donnerons pas la possibilité aux propagandes iraniennes dans notre pays.
Voilà, Mahmoud Ahmadinejad, le négateur de l’holocauste a déposé une gerbe de fleurs sur le monument dédié au génocide arménien à Erevan.
Pourtant Mahmoud Ahmadinejad n’ignore pas que ce geste a un poids symbolique incommensurablement plus faible que quelques minutes de recueillement en kippa à Yad Vashem. Ce que les Azeris semblent savoir également.

Et si Ahmadinejad est un laïc, on peut supposer d’après le slogan entendu à Bakou qu’il n’est pas le bienvenu en Azerbaïdjan :
«Les mollahs iraniens homosexuels n’ont pas de place en Azerbaïdjan !»
Charmant !

Ceci pourrait paraître un peu anecdotique et ne pas prêter vraiment à conséquence. Voire, parce que plusieurs millions d’Azeris  (les estimations varient de 15 à 30 millions !) vivent dans la région iranienne d’Azerbaïdjan . Et qu’il existe à Bakou des velléités d’unification de l’Azerbaïdjan en incluant la région iranienne qui porte ce nom dans l’actuel Etat azeri.

Je dirais que la situation est quand même gérable tant que d’autres puissances ne s’immiscent pas dans cette affaire.

Une période qui est sans doute en train de se terminer puisque la Turquie, sans doute moins par panturquisme que dans le cadre d’une mission attribuée par l’OTAN pour déstabiliser l’Iran vient de s’inviter dans les relations irano-azeries.

On peut ainsi lire dans le journal turc Zamanque :
Les Azeris Iraniens créent un conseil national en Turquie et aspirant à l’indépendance.
Ces indépendantistes Azeris se présentent cependant comme “indépendants” de puissances tierces:
Les Azeris Tucs ont aussi souligné pendant la conférence de presse – désireux sans doute de ne pas être associés à des intentions d’Israël ou des Etats Unis à l’égard de l’Iran –que leur recherche de l’indépendance n’a rien à voir avec une possible intervention militaire en Iran par les Etats Unis ou avec une frappe aérienne israélienne contre les sites nucléaires iraniens. Ils assurent que leur but est un rêve séculaire qui remonte à une époque antérieure à la fondation de l’Iran moderne en 1925 et est donc indépendante de toute autre initiative.
 Rien à redire ?

Ben si, parce que le Dr. Yasemen Karakoyunlu, responsable des études stratégiques de ce conseil azeri ajoute ce qui suit : 
Si les Etats Unis ont des plans quelconques pour l’Iran, ils devraient en parler non seulement avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, mais aussi avec les Azeris Turcs en Iran.

On nous dit certes que ces nationalistes Azeris critiquent les autorités d’Ankara parce qu’elles s’intéressent de près au dossier palestinien  (tiens, tiens !) pour lequel elles donnent de la voix mais ne s’intéressent pas à l’Azerbaïdjan iranien. Et qu’une première réunion de ce conseil national a été empêchée à Ankara les 12 et 13 mai par le gouvernorat d’Ankara suite à des "pressions iraniennes ".
Ils ont pourtant pu se réunir dans la même ville trois jours après et tenir une conférence de presse !

Or, il va de soi que si elles l’avaient voulu, les autorités turques auraient aisément pu interdire cette réunion et/ou la conférence de presse.

Alors, est-ce là un moyen de plus de mettre la pression sur Téhéran ? 

En tout cas, la Turquie joue dans la région un jeu extrêmement dangereux dont elle ne sortira gagnante qu’en rêve.

dimanche 13 mai 2012

Un article sympathique sur le métro d'Alger


Je n’ai pas parlé des élections législatives en Algérie.
 Pas intéressant.
Certains pensent peut-être qu’elles ont été truquées mais ce n’était sans doute pas le cas. Le morcellement voulu par les autorités de l’offre politique et l'abstention étaient en réalité la clef du succès du FLN et, plus largement, de l'équipe au pouvoir.

J’ai par contre trouvé un article bien sympathique sur le métro d’Alger.


Par Rosa Meneses à Ager, El Mundo (Espagne) 13 mai 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

- Les habitants de la capitale ont attendu 30 ans pour le voir terminé
- Conçu dans les années 70 avec 64 kilomètres de réseau, le chantier, a débuté en 1982
-Jusqu'en 2006, le projet n’a pas été relancé, mais ces longues années d’abandon ont renchéri le projet
- Le billet, 50 dinars (50 cents €), est cher pour les habitants

C’est le premier métro du Maghreb et probablement le plus lent du monde. Les Algérois ont dû attendre trente ans pour voir se concrétiser le projet du métro de la capitale. La première ligne a été inaugurée fi octobre 2011 par le président Abdelaziz Bouteflika. Le centre d’Alger, avec ses édifices blancs et ses balcons bleus avait été nettoyé pour l’occasion.

 «Un pays riche comme l’Algérie a dû attendre trente ans pour avoir un transport en commun comme le métro, » se lamente Dalila Taleb, une militante Algérienne. Projeté sans les années 1970 avec un réseau de 64 kilomètres, les travaux n’avaient pas réellement commencé avant 1982. Par la suite, la crise économique, la chute des prix du pétrole et le manque d’expérience des entreprises nationales se conjuguèrent à l’inertie des autorités pour retarder le projet.

Puis vint la « décennie rouge », les années 1990 pendant lesquelles le terrorisme tacha le pays de sang. Les tunnels et les bouches qui avaient été construits durent être obturés pour éviter que les miliciens islamistes s infiltrent pour contrôler la ville en profitant de l’obscurité ses souterrains.

Les autorités n’ont pas repris le projet avant 2006. Elles ont ensuite décidé de le confier aux entreprises Siemens, Vinci et à l’espagnole CAF. Mais la topographie difficile d’Alger et la proximité de la mer n’ont pas facilité la tâche. Toutes ces années ont renchéri le projet qui a coûté au total 1 000 millions d’euros.

Le 1er novembre dernier, la Ligne 1 a été ouverte au public. Les habitants d’Alger sont déjà plus habitués à utiliser les installations, mais les premiers jours, il avait fallu leur montrer comment se déplacer avec ce nouveau moyen de transport. Le métro d’Alger est propre, sûr – 400 policiers le surveillent – et il fonctionne de manière très efficace. « Les seul aspect négatif est que dans beaucoup de stations, il n’y a pas d’escaliers mécaniques, » se plaint une dame d’un certain âge devant la perspective d’un long escalier pour rejoindre la surface.

Sur la plate-forme de la station de Tafoura, des jeunes habillés à la dernière mode se photographient en posant avec des gestes de rappeurs. A côté d’eux, un homme d’âge moyen immortalise avec son appareil photo les jeux et les sauts de ses trois filles. Le train, blanc et bleu – comme le paysage algérois – arrive par la droite. Les portes s’ouvrent sur des wagons spacieux. Un policier a oublié sa casquette noire sur un siège.

La Ligne 1 relie le centre de la capitale – où se dresse l’imposante façade blanche de la grande poste – le quartier colonial français, à Al Badr, à Kouba, un faubourg populaire en périphérie sud est.Dix stations, neuf kilomètres. Le métro peut assurer le transport de 25 000 personnes par heure. Pourtant, taxis et autobus restent les plus populaires étant donné que le métro ne dessert que certaines parties de cette ville de près de 2,5 millions d’habitants, la plus grande du Maghreb.

La prolongation de la Ligne 1 et la construction d’une seconde ligne sont en cours. En 2014, on prévoit l’ouverture des extensions à l’est. Et on espère disposer de 40 kilomètres de réseau en 2020.

Le ticket, 50 dinars (50 centimes d’euros) est un peu cher pour la population. Le salaire minimum en Algérie est de 18 000 dinars (environ 180 euros). « Le trajet coûte en réalité 84 dinars. Le prix est subventionné par l’Etat, » se défend le ministre des transports, Amar Tou.

Le vendredi, jour de prière, le métro est un peu vide. Ce sont alors les familles qui accaparent la ligne pour emmener leurs enfants au jardin botanique ou à l’aire de jeux installée au monument des martyrs. Un trajet court qui suppose en réalité un voyage à travers le temps pour les Algérois .