dimanche 12 février 2012

Syrie et Palestine, l'inconséquence de la diplomatie turque

Le chef de la diplomatie turque se trouve aux Etats Unis dans le cadre des démarches de son pays pour trouver les moyens d’obtenir une résolution à l’ONU contre le gouvernement syrien.
En attendant, il s’est exprimé devant un think-tank américain et il a vertement critiqué le régime sioniste dont il fustige l’intransigeance.
C’est qu’ Ahmet Davutoğlu considère à juste titre que la question palestinienne a un caractère central pour la région et que plus elle tardera à être résolue, plus le prix à payer sera élevé pour les pays de la région, y compris la Turquie.
Et à ce propos, M. Davutoğlu n’hésite pas à mettre sur le même plan le veto opposé par les Etats Unis à l’admission de la Palestine à l’ONU et celui apposé par la Russie au dernier projet de résolution contre la Syrie.
L’analyse du ministre Turc est correcte. Le problème est cependant que les actes de la diplomatie de son pays ne sont pas du tout en accord avec son analyse. En effet, en dehors de quelques mesures symboliques, le gouvernement turc n’a absolument rien entrepris pour obtenir une condamnation de l’Etat sioniste au niveau international, ni pour obtenir une levée complète du blocus de Gaza. Et sur ce dernier point, on peut le mettre dans le même sac que l’Egypte «révolutionnaire» qui participe de facto à l’application du blocus.

On observera en particulier que la Turquie qui multiplie les efforts pour rassembler des «amis de la Syrie» dans le monde entier, qui accueille et arme (ou laisse armer) des opposants Syriens n’a jamais envisagé de faire quoi que ce soit d’approchant pour la cause palestinienne.
Et quand les Etats Unis ont usé de leur droit de veto contre l’admission de la Palestine à l’ONU, nous n’avons pas entendu les vitupérations de M. Ahmet Davutoğlu contre le président Obama.
Mais en matière de relations avec les USA et l’entité sioniste, la Turquie a finalement l’habitue de courber l’échine et elle continuera à le faire pour diverses raisons : importance de l’alliance avec les USA dans le cadre de l’OTAN, crainte de l’adoption d’une législation pro-arménienne avec caractère contraignant à Washington, ce que la Turquie a toujours réussi à éviter grâce au lobby sioniste (la loi sur le génocide arménien votée par les élus Français est en réalité un avertissement adressé au gouvernement turc par le régime sioniste et ses officines), rêve d’une admission dans l’Union Européenne…

Un ultime exemple de la façon dont les « durs » comme Ahmet Davutoğlu sont en réalité bien «tendres» est cette patrouille maritime prévu par l’OTAN en méditerranée. Il s’agit là en effet d’une activité militaire réelle et non d’un exercice ou de manœuvres et c’est pourquoi le gouvernement turc s’est opposé fermement à la participation d’un navire de guerre sioniste. N’empêche que l’OTAN réfléchit en ce moment à cette participation, proposée par l’Etat sioniste, en dépit de l’opposition du gouvernement turc.
Si la Turquie était un partenaire politique digne de ce nom, l’OTAN aurait d’emblée rejeté la proposition sioniste.

Après avoir donné des raisons d'espérer que nous avions évoquées sur ce blog, la diplomatie turque est finalement de plus en plus décevante. , incapable de faire les choix qui auraient permis à ce pays de retrouver une certaine grandeur, de promouvoir la paix dans la région et de ne plus être le supplétif des Américains et maintenant des monarchies du Golfe. Prête à passer à l’action en Syrie, mais qui se contente surtout de paroles pour la Palestine.


Anatolia News Agency, Hurriyet (Turquie) 12 février 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri


Washington - Le ministre Turc des affaires étrangères s’en est pris à israël hier pour sa position intransigeante sur les aspects fondamentaux du conflit palestino-israélien.

“Ca suffit. Plus longtemps le problème palestino-israélien restera non résolu, plus grand sera le prix que les peuples de la région, dont le peuple turc, auront à payer. Israël devrait savoir ce qu’il veut, » a déclaré Ahmet Davutoğlu pendant une réunion au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington.

Davutoğlu a dit qu’Israël n’avait envoyé aucun message positif, ni aux Etats Unis, ni dans la region, mais a continue à construire de nouvelles colonies et a faire des déclarations provocatrices.

“Le statu quo actuel ne peut plus durer. Les palestiniens ont le droit d’avoir leur propre Etat. Laissez-moi vous dire les choses franchement : le veto US à la reconnaissance de la Palestine était une erreur, tout comme le veto russe sur la Syrie, » a-t-il dit, ajoutant que la Turquie poursuivrait ses efforts de soutien à une reconnaissance de la Palestine.»

“Israël s’est présenté à la table [des négociations] sans remblir aucune des conditions préalables, comme {d’arrêter de] construire de nouvelles colonies. Ils [les sionistes] doivent décider s’ils veulent une solution sur la base d’un ou deux Etats. Nous saurons alors qui veut la paix et qui n’en veut pas, » a déclaré Davutoğlu.
  
Les soulèvements populaires au Moyen Orient ont créé “un nouveau Moyen orient,” a-t-il dit, ajoutant que la Palestine était la question centrale derrière tous les problèmes de la région.
“Il faut une autre approche, une nouvelle initiative pour résoudre ce problème dans cette ère nouvelle, » a dit Davutoğlu. « J’espère que tout le monde comprendra le nouvelle logique de cette nouvelle ère et agira en fonction, pour une solution basée sur deux Etats.»

La Turquie a fait des efforts sincères avec l’Egypte pour faciliter une réconciliation en Palestine entre le Fatah et le Hamas, a déclaré Davutoğlu qui a ajouté que l’accord entre les deux organisations palestiniennes devait être soutenu.

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