lundi 13 février 2012

Les obus de l'armée syrienne sur Homs et l'artillerie lourde de la propagande occidentale


Un ancien militaire US traite de manière anonyme d’une des dernières manœuvres de la propagande occidentale contre le gouvernement syrien. Il analyse en effet de manière très serrée, en nous donnant tous les moyens de contrôler son raisonnement, des photos satellite publiées par l’ex ambassadeur US en Syrie sur son compte Facebook ainsi que par le Département d’Etat.
Son verdict est sans appel et l’œuvre de propagande est efficacement démontée. Du moins pou ceux que la recherche de la vérité intéresse.
L’armée syrienne peut être brutale, et même extrêmement brutale ainsi que les Frères Musulmans avaient pu s’en apercevoir lors du siège meurtrier de Hama en 1982. Mais pour l’heure, force est de constater que cette armée a fait preuve d’une retenue dont elle n’était pas coutumière. Une attitude qui montre que le président Assad cherche à éviter que l’irréparable soit commis afin de laisser un espace à une issue pacifique.
Ce n’est pas pour rien que, s’ils n’ont pas été « blanchis » par le rapport de la mission d’observation de la Ligue Arabe, les services de sécurité n’ont guère été plus accablés que les rebelles qui ont pris les armes.

Moon of Alabama (USA) 11 février 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une note de l’ambassadeur Ford sur les récents évènements en Syrie montre une photo satellite de Homs en Syrie, avec la légende « Escalade des opérations sécuritaires à Homs »  et « Quartier de Bab Amr ». La photo aurait été prise le 6 février 2012 quoique l’incrustation du copyright mentionne "© 2011 Digital Globe".

Un examen plus approfondi de la photo de l’ambassadeur révèle qu’elle ne montre pas ce qui est indiqué par la légende. En fait, la photo ne montre que des éléments ambigus de l’extrême limite de Bab Amr et non de l’intérieur de la ville.

Il existe d’autres photos satellite sur le site du Département d’Etat qui sont supposées montrer un “déploiement opérationnel” de l’artillerie syrienne.

L’analyse des photos satellite du Département d’Etat, qui ont été reprises par les agences de presse et divers journaux montre clairement que ces images de canons d’artillerie «déployés opérationnellement contre XYZ» ont toutes été prises pendant des phases d’entraînement à l’intérieur de cantonnements militaires ou de zones d’exercice connues et non dans le cadre d’un déploiement réel.

Il n’y a pour l’heure aucune preuve d’un déploiement quelconque de l’artillerie quoique nous sachions que des mortiers ont été utilisés côté rebelle. Le Département d’Etat sait à l’évidence ce que montrent réellement les photos mais essaye d’utiliser le mensonge du déploiement de l’artillerie contre les rebelles comme argument dans les pressions pour une intervention militaire.

La photo de l’ambassadeur:


Certaines zones de l’image portent des étiquettes “incendies”, “véhicules militaires” et “fumée”. Mais quand on compare la version agrandie de cette image avec des images plus anciennes provenant de Google Map et de Gogle Earth, toutes les zones étiquetées semblent être à l’extérieur de Bab Amr et ne représentent rien qui soit à l’évidence militaire par nature.

L’endroit étiqueté “incendies” se trouve en fait au niveau du coude d’un canal à l’extérieur de la ville et ce que la photo nous montre en train de brûler semble être à l’écart de la ville, sur ou à juste à côté d’un canal (Note : la direction de la flèche qui montre le nord dans cette photo comme dans celles qui suivent est différente de celles de Google Map qui pointent toujours vers le haut. Il faut utiliser Google Earth ou son cerveau pour faire la correction) dans une zone agricole avec un peu d’activité industrielle. Je ne parviens pas à identifier une quelconque construction qui aurait pu brûler à cet endroit, alors ce sont peut-être bien des déchets ou quelque chose qui a à voir avec l’agriculture qui brûle.
La partie étiquetée “véhicules militaires” désigne une zone agricole avec quelques maisons et de petites routes. L’agrandissement montre un endroit à quelque 750 mètres au nord-ouest de là au carrefour de la route nationale M1, l’entrée ouest de Homs. On voit nettement une douzaine de camions garés en rang sur la route dans la photo de l’ambassadeur mais on ne sait pas vraiment pourquoi ces véhicules sont supposés être militaires, surtout que certains d’entre eux semblent être de couleur claire et non camouflés.
La partie étiquetée « cratères d’impact », « bâtiments en feu » et « fumée » ne semble rien montrer de tel. Les « cratères d’impact » sont dans la partie sud d’un terrain de football rouge-brun et boueux et même l’agrandissant au maximum et la comparaison avec des photos plus anciennes tirées de Google Earth ne montre pas de différences entre elles et la présence de cratères ne semble pas évidente. Le prétendu « bâtiment en feu» du côté nord-est du terrain de football ne semble pas du tout être une construction mais de la fumée vient d’un parking au nord à proximité du «marché de fruits et légumes.» Peut-être quelqu’un fait-il brûler les déchets de la journée ?

Les trois secteurs repérés dans la photo de l’ambassadeur (repères jaunes) sont nettement à l’extérieur et à la limite ouest des zones bâties de Homs et de Baba Amr. On n’y voit aucune « opération sécuritaire » évidente. En quoi [ce qu’on voit sur la photo] devrait avoir un rapport avec une ville d’un million d’habitants n’est guère compréhensible.


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Le Département d’Etat a un jeu supplémentaire de photos intitulées Appui d’artillerie aux opérations sécuritaires du gouvernement. La première est une carte qui montre la disposition géographique des huit photos satellite des positions de l’artillerie syrienne qui suivent.


Avec la carte du Département d’Etat et Google Earth dont les dernières photos de ces zones remontent généralement à mars 2010, j’ai essayé de trouver où les photos des huit positions d’artillerie présentées par le Département d’Etat ont été réellement prises.

La première position marquée Graphic 2 se trouve à une dizaine de kilometers au sud-ouest d’Al Zabadani. Le matériel visible sur la photo est difficilement identifiable. La position semble se trouver au sommet de cette colline, probablement sur ce coude (faites mentalement une rotation à 90° vers la droite pour positionner le nord sur la droite comme dans Graphic2). Cela semble faire partie d’une position militaire plus ancienne et d’un lieu d’entraînement ainsi que la position anciennement excavée et les cratères d’impact le montrent.

La position étiquetée Graphic 3 et celle étiquetée Graphic 4 sont à quelque 15 kilomètres ay sud d’Al Zabadani. Des photos plus anciennes sur Google Earth/Map montrent clairement un terrain d’entraînement militaire à cet endroit précis. Il y a des positions enterrées caractériques de celles prévues pour les blindés ou l’artillerie. Ces positions ne sont pas d’orientation commune et ne sont donc probablement que des positions d’entraînement.

Graphic 3 montre quatre canons, probablement des canons auto tractés 2S1 M-1974 Gvodzika de calibre 122 dont la Syrie possède environ 400 exemplaires. Sa position exacte peut être identifiée et est clairement à l’intérieur du camp d’entraînement. La position exacte de Graphic 4, qui montre quatre canons de campagne, peut aussi être identifiée. Graphic 4 est étiquetée « Artillerie déployée opérationnellement vers Al Zabadani.» Mais ces canons sont sur un terrain d’entraînement militaire. Ce sont très probablement des obusiers tractés D-30 2A18M 122-mm dont la Syrie possède environ 500 exemplaires. Les camions nécessaires pour tracter ces canons et leurs munitions ne sont pas visibles sur la photo et il n’y a pas de fosse à munitions à côté d’eux.

Le D-30 et le S21 Gvodzika ont une portée efficace maximale de 15,3 kilomètres. Les lieux où ils sont positionnés de trouvent à 15 kilomètres de distance d’Al Zbadani. Aucune armée ne déploierait des pièces d’artillerie ayant une portée maximale de 15 kilomètres contre une cible située à 15 kilomètres. Il faut être beaucoup plus près de la cible pour avoir une meilleure chance de toucher vraiment quelque chose et avoir un peu de marge au-delà de la cible en cas de besoin. Ce sont donc très probablement des unités d’artillerie qui ne font que s’entraîner  sur leurs terrains d’entraînement habituels, PAS des unités déployées contre Al Zabadani.

Graphic 5 est supposée représenter une zone à sept ou huit kilomètres de Halbun. Oh, comme c’est pratique, c’est à la limite nord-est d’un autre complexe militaire important mais cette fois avec des casernements et des parkings pour des camions et d’autres engins. Le complexe se trouve au nord de la ville de Qudssaya. La photo proposée montre les canons entre de jeunes arbres. Comme les photos de Google Earth sur lesquelles je travaille sont plus anciennes, je ne peux pas retrouver ces jeunes arbres ni l’exacte position des canons.

Sur Graphic 6, à quelque 10 kilomètres sud sud-est de et «déployés opérationnellement contre»  Bankus. Cet endroit se trouve exactement ici (comme toujours ajustez pour l’orientation nord) en plein milieu d’une zone militaire qui comporte des casernements, des aires de stationnement, des ateliers, des zones d’entraînement et des dépôts de munitions. Le toit arrondi d’un des bâtiments sur la photo est facile à identifier. Les canons à « deux jambes » sur la photo du Département d’Etat sont certainement des canons de 130 mm tractés dont la Syrie possède 750 exemplaires. La photo du Département d’Etat montre quatre d’entre eux alignés mais ç une distance de 10 mètres l’un de l’autre.

Celui qui veut tirer avec de tels obusiers ne doit pas les déployer si près les uns des autres sur un terrain de parade plat. L’effet de souffle (et le bruit) de ces pièces d’artillerie est puissant et sonore et n’importe quel manuel militaire vous dira que la distance entre des canons déployés pour le tir devrait être de cinquante mètres au minimum. C’est aussi parce que toute riposte ou accident de tir ne toucherait pas un seul canon mais ferait aussi exploser l’engin voisin. Les canons sur la photo ont été sortis aux fins d’inspection, d’entraînement de base ou de maintenance. Il ne s’agit pas d’artillerie «déployée de manière opérationnelle.»

Graphic 7 se trouve à douze ou treize kilomètres à l’est sud-est de Rankus. Allez-y avec Google Earth et vous débarquerez en plein milieu, oui, d’une autre installation militaire juste au nord de la ville de Heleh. (Si vous vous demandez pourquoi il y a tant de bases militaires dans la région, souvenez-vous que nous sommes près de la capitale damas et que la Syrie a un voisin agressif pas bien loin d’ici). La position montrée dans Graphic 7 est ici et même des photos Google datant de deux ans montrent des traces de chenilles de blindés sur des terrains très utilisés. Ce qui est le digne d’il est tout à fait normal de voir ces véhicules stationner et circuler à cet endroit.  

Graphic 8 est supposée nous montrer un camion du type orgue de Staline dans une zone à dix kilomètres au sud-est de Homs. Mais attendez, il y a là un grand site militaire où se trouvent des centaines de camions. L’endroit précis où le photo satellite montre les camions est ici, un lieu qui ressemble à une zone de maintenance ou de formation (notez que l’orientation nord donnée dans Graphic 8 n’est pas correcte. La flèche indiquant le nord devrait pointer en bas à droite, pas vers la droite).

Et dernière point, mais non des moindres, Graphic 9 qui représente une zone à 15 kilomètres à l’est sud-est de Homs.



Cette zone se trouve en fait à seulement une centaine de mètres du lieu où la photo Graphic 8 a été prise et dans le même complexe d’entraînement et de casernements.
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Graphic 9 montre clairement un terrain d’entraînement militaire. Il y a de nombreuses tranchées en U qui protègent à l’avant et sur les côtés et permettent de sortir par l’arrière. Ils sont orientés dans diverses directions. Il y aussi des creux causés par le souffle sur le sol probablement en raison de l’usage de munitions d’entraînement. Les canons qu’on voit sont exposés en plein air, non camouflés et sans piles de munitions ou quoi que ce soit y ressemblant visible à proximité.
Ces artilleurs Syriens sont des veinards. Ils semblent toujours « déployés opérationnellement » à seulement quelques centaines de mètres de leurs casernes et sans avoir à faire les excavations fastidieuses ni à transporter les munitions comme on doit le faire en situation de déploiement réel.

Alors quand le Département d’Etat dit que ces photos montrent des canons “déployés opérationnellement contre XYZ,” je dis que c’est un mensonge et de la foutaise. En tant qu’ancien officier de l’arme blindée qui a été formé en champ de tir avec de l’artillerie tractée et autoportée, je suis tout à fait sûr que toutes ces photos d’artillerie présentées par le Département d’Etat sont des images de missions de routine d’entraînement et de maintenance dans des casernes et des centres d’exercice de l’armée et non des images d’un « déploiement opérationnel » contre quiconque.

Il semble que le Département d’Etat a simplement commandé des photos satellite non classifiées à Digital Globe, a examiné les camps d’entraînement bien connus de l’armée syrienne et quant il y a immanquablement trouvé quelques petites unités d’artillerie en exercice de routine, il a concocté cette histoire avec ces canons «déployés opérationnellement» contre les rebelles Syriens.

Les images des alentours de Homs montraient seulement des tirs indirects de mortiers, pas de gros obus tires par de l’artillerie lourde. Le rapport escamoté de la mission d’observation de la Ligue Arabe note que les rebelles ont utilisé des mortiers contre l’armée régulière syrienne et que ce sont des mortiers de ce genre qui ont tué un journaliste Français.
44. A Homs, un journaliste Français qui travaillait pour France 2 a &été tué et un journaliste belge a été blessé.
...
Il faut relever que les rapports de la mission à Homs indiquent que le journaliste Français a été tué par des obus de mortier de l’opposition.
Il n’y a pour l’heure absolument aucune preuve d’un quelconque déploiement d’artillerie par le gouvernement syrien contre les rebelles. Les photos satellite du Département d’Etat ne constituent aucunement une telle preuve et les photos des dégâts dans les villes, comme on peut les voir dans des vidéos ou des photos, ne sont pour l’instant pas d’une ampleur compatible avec l’usage de l’artillerie lourde.

Pour ceux qui souhaiteraient vérifier mon analyse, vous trouverez ici (clic droit et enregistrer sous) un ficier KMZ pour Google Earth  intitulé SateDepSyriaSat avec les divers endroits mentionnés précédemment.

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