mardi 28 février 2012

Ces journalistes Britanniques enlevés en Libye qui n'intéressent (presque) personne


On peut lire la dépêche suivante dans le journal algérien Liberté daté du 25 février :

Arrestation de deux journalistes britanniques à Tripoli
Par : Rédaction WEB
 
Deux journalistes britanniques de la chaine iranienne Press TV ont été arrêtés à Tripoli. Selon l’agence de presse Reuters, Nicholas Davies (journaliste) et Gareth Montgomery-Johnson (cameraman) ont été capturés par une milice militaire de Misrata, alors qu’ils étaient accompagnés par deux libyens. Selon la même source, une source du ministère de l’intérieur libyen a confirmé l’information en précisant que les deux journalistes étaient détenus par une milice de Misrata présente dans Tripoli.  De même, le porte parole du Foreign Office a déclaré que les deux ressortissants britanniques avaient été arrêtés en Libye.

C’est curieux, mais la presse française ne parle pas de l’enlèvement de ces deux journalistes par des miliciens soutenus par l’OTAN en Libye.
Ah si, France 24 en parle, dans son édition…anglophone.

C’est que les prétendus rebelles Libyens jouissent d’un préjugé très favorable dans les cercles médiatiques et politiques français.
Ne sont-ils pas, après tout, de valeureux combattants de la liberté qui ont débarrassé leur pays d’un affreux dictateur avec l’aide désintéressée de l’OTAN ?

En plus, ces journalistes comme vous avez pu le lire dans la dépêche reproduite ci-dessus travaillent pour PressTV qui est une chaîne de télévision iranienne.

Mais comme ce sont des sujets de sa gracieuse majesté, la presse britannique en parle plus que la presse francophone sans qu’on puisse parler d’un intérêt considérable. Cependanti, Wales Online par exemple nous évoque leur situation d’autant qu’un  des deux journalistes, Gareth Montgomery-Johnson, est originaire du pays de Galles.

Gareth Montgomery-Johnson

Les deux Libyens qui ont été enlevés avec eux sont seulement connus par leurs prénoms, Muhammed et Assad,

Wales Online nous dit aussi que la famille de Gareth Montgomery-Johnson a demandé l’aide des autorités britanniques. 
Or, comme le dit la dépêche, si le gouvernement britannique a bel et bien confirmé les enlèvements, il dit simplement apporter une assistance consulaire aux journalistes, exactement comme s’ils avaient été arrêtés par une autorité légale alors qu’ils sont aux mains de miliciens.

Le même gouvernement n’a semble-t-il pas condamné ce qu’ailleurs il aurait appelé une grave entorse à la liberté d’informer D'ailleurs, si des efforts sont menés en vue de leur libération, ils sont le fait d'une ONG (Human Rights Watch) et non du gouvernement britannique ainsi qu'on peut le constater à la lecture de la BBC.


lundi 27 février 2012

Alain Juppé, salué à Tunis, hué à Bamako

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, souhaite une saisine de la Cour pénale Internationale concernant la Syrie.  Ce qui n'est pas gagné puisque comme il le signale lui-même, la Syrie «n'est pas un Etat partie» de la Convention de Rome qui établit la CPI. 

Par contre, M. Juppé pourrait aller se présenter volontairement devant la CPI pour répondre du sort que son pays a fait subir à la Libye: de nombreuses pertes humaines que les humanitaires  dans son genre ne se casseront pas la tête à décompter. Contrairement aux dégâts matériels qui eux sont potentiellement sources de juteux contrats avec un marché évalué à 200 milliards de dollars.

C'est ce même Juppé qui vient d'aller faire le beau au mali où il a été accueilli comme il se doit par une population qui accuse le gouvernement français d'agir en sous-main pour nuire au Mali, notamment en attisant la sédition au nord du pays.

Le Mali qui était d'ailleurs opposé à l'intervention militaire étrangère en Libye et qui paye aujourd'hui, comme s'autres pays de la région, le prix de la guerre livrée par l'OTAN.

Je vous reproduis ci-dessous intégralement le papier que consacre le Journal du Mali à la visite de M. Juppé.


Mali : « Alain Juppé n’est pas le bienvenu ! »

Par Issa Fakaba SISSOKO - 27/02/2012

C’est une manifestation de colère de certains activistes qui a accueilli dimanche l’arrivée à Bamako du ministre français des Affaires étrangères.

Après le Bénin et le Burkina Faso, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a bouclé ce dimanche 26 février une visite sommaire de quelques heures dans notre capitale. Reçu par le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, M. Juppé était, dit-il, venu « rassurer les autorités maliennes face la crise du Nord et assurer de la disponibilité de la France à l’Etat malien dans la résolution de la rébellion ». C’est du moins ce qu’il a révélé aux journalistes à sa sortie d’audience à Koulouba.

Mais le discours est loin de convaincre certains militants des organisations politiques et de la société civile, qui l’ont accueilli par des slogans hostiles. C’était à la faveur d’une manifestation organisée par le Collectif « Touche pas à ma Constitution » et la jeunesse SADI, principal parti d’opposition. La marche, qui a quitté l’Ambassade de France pour le Musée national de Bamako, a enregistré la participation de nombreux leaders de la société civile, dont le président de la Coalition des Alternatives, Dette et développement (CAD-Mali), un mouvement altermondialiste réputé proche de la gauche.

Les manifestants, qui scannaient des slogans hostiles à la France, ont dénoncé ce qu’ils appellent « l’ingérence » de l’ex colonie dans les affaires intérieures du Mali. « La question de la rébellion est un problème maliano-malien, et nous ne comprenons pas l’intérêt accordé par la France à cette crise. Pire, l’insistance de celle-ci à imposer au Mali à déposer les armes après avoir été attaqué par des groupes d’assaillants, donne matière à réfléchir », a déclaré le président de la CAD-Mali, Sékou Diarra. Qui s’interroger sur « l’attitude ambigüe de la France ».

Dans un contexte de fortes suspicions

La visite du ministre français des Affaires étrangères au Mali intervient dans un contexte très difficile dans les relations entre les deux pays à propos de la question du Nord. A Bamako, comme dans les grandes villes du pays, les commentaires vont bon train quant au rôle présumé de l’ancienne colonie en faveur des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, nombreux sont les observateurs à s’accorder que la France a de bonne raisons d’attiser le feu sur le sol malien. Si M. Juppé s’en est défendu ce dimanche face aux journalistes, certains analystes sont formels : « Contrairement aux déclarations officielles, les autorités françaises n’apportent rien au Mali pour la résolution de la crise au nord. Bien au contraire, elles veulent tirer profit de la résurrection de la rébellion dont les leaders politiques bénéficient de tout le confort nécessaire à Paris, et des manifestations de colère des populations pour régler leurs comptes avec le président Amadou Toumani Touré « coupable » d’ avoir refusé d’accéder à des sollicitations de Nicolas Sarkozy comme l’installation d’une base militaire française à Sévaré ».

En clair, arguent de nombreux spécialistes de la question, ces refus, passés pour une défiance de la très grande France, viennent s’ajouter à un autre contentieux entre le président malien et son homologue français : celui de la non signature par le Mali de l’ « Accord de réadmission des expulsés ». En dépit des pressions, notre pays est resté sur cette position depuis 2006 alors que la France a déjà fait signer le fameux « Accord » par 8 pays d’Afrique dont le Burkina Faso et le Sénégal ainsi que l’Ile Maurice. Dans ce bras de fer, ATT est adossé à un soutien total de tout le pays dont la population expatriée est à 4 millions de ressortissants, 3 millions d’entre eux étant installés en Afrique et 200 000 en Europe, dont 100 000 en France, selon les estimations.

« Il allait donc de soi que le président Sarkozy prenait très mal que le chef de l’Etat malien affichait ses soutiens à Kadhafi quand la France planifiait la mise à mort du dirigeant libyen » expliquent d’autres commentaires. Pour qui, « les manifestations de très grande envergure menées à Bamako ont sonné à Paris comme la dernière provocation du président ATT à qui il faudra rendre la vie impossible durant les derniers mois de son dernier mandat ». Bref, pensent certains, « il allait finalement de soi que Sarkozy et son pays soient aujourd’hui derrière tous les projets de déstabilisation du pouvoir au Mali ».

En attendant que toute la lumière soit faite sur l’éclatement de la rébellion au Nord, les commentaires vont bon train, et chacun y va de son argumentaire. Mais Alain Juppé, lui, est retourné en France avec l’image qu’une importante partie de la population malienne désapprouve sa présence sur le sol malien en cette période. 




Hillary Clinton et le leadership du Maroc, Alger et son rêve futile d'un axe algéro-américain


Mme Clinton était tout récemment en Algérie et sa visite a inspiré au quotidien algérois L’Expression ce titre suggestif :
 L’axe algéro-américain se précise
J’ignore comment on peut parler d’axe formé par deux Etats aussi dissemblables, l’un étant un  pays de plus de 313 millions d’habitants, avec une économie qui, même si elle semble sur le déclin, reste au 1er rang mondial et doté d’une puissance militaire inégalée, tandis que l’autre est un pays de 37 millions d’habitants, encore sous-développé et dont la puissance militaire tient peut-être plus de l’inventaire de matériels que de réelles capacités combatives.

Rien dans le discours de Mme Clinton ne peut suggérer l’existence d’un tel axe même si elle a exprimé son
 «plaisir personnel et profond d’être en Algérie et d’avoir l’occasion de représenter le Président Barack Obama et le gouvernement des Etats-Unis en Algérie».
(Ouf, pas de révolution du nar-nar en vue en Algérie)

et indiqué que sa visite en Algérie avait pour objet
«d’évoquer des questions communes, de  discuter du renforcement de la coopération bilatérale  et d’échanger les idées sur les événements qui se déroulent actuellement dans la région».
De là à parler d’un «axe», il y a un pas que je me garderais bien de franchir.

Il faut quand même relever que Mme Clinton, si elle a parlé d’Algérie, a fait référence à un «peuple maghrébin ».
Vous me direz que ce peuple maghrébin existe et je suis d’accord. L’existence d’un peuple maghrébin ancré dans un territoire et cimenté par une histoire et une culture communes est une réalité qui n’a pas encore de traduction politique.
Mais cette traduction politique est l’affaire des intéressés, pas de Mme Clinton. Or, son emploi de l’expression «peuple maghrébin» est tout sauf innocent et nous donne sans doute une indication sur les desseins de Washington pour la région maghrébine : une intégration politique sous la houlette et dans l’intérêt des Etats Unis qui passera par la réactivation opportune d'une Union du Maghreb Arabe maintenant dominée par les véritables amis de Washington, à savoir le Maroc, la Tunisie et la Libye "révolutionnaire".

Ecoutons Henry S. Ensher, ambassadeur des États-Unis à Alger, interviewé par Hadjer Guenanfa pour Tout sur l’Algérie :
Q- On parle de plus en plus de l'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc. Vous avez même proposé, dans une déclaration à la presse, une médiation américaine…

R- Jamais ! Il n'y aura pas de médiation. Les Algériens sont nos amis et les Marocains aussi. La décision relève des prérogatives des deux gouvernements. Cela dit, on pense que la consolidation des relations entre ces deux pays sera bénéfique pour eux mais aussi pour les États-Unis
Q- L'ouverture des frontières permettra de relancer l'Union du Maghreb arabe. Comment voyezvous cette relance ?
R- L'Union du Maghreb arabe (UMA) aura un rôle significatif en matière de sécurité, de développement économique et d'intégration régionale. Le rôle de l'UMA sera bénéfique.

De fait, Mme Clinton est arrivée à Alger en provenance de Tunis avant de conclure son périple à Rabat.

Rabat où Hillary Clinton a consacré le leadership marocain selon le journal L’Economiste.
Mais leadership de quoi au juste ? Du fameux axe ?

Pas vraiment puisque selon Mme Clinton,
«Le Maroc est aujourd’hui en pôle position pour jouer le rôle de leadership afin de mettre fin à ce qui se passe en Syrie»
Le leadership marocain n’a donc rien à voir avec le fameux «axe» et assez peu de choses à voir avec le « peuple maghrébin » mais bien plutôt avec la volonté hégémonique des Etats Unis dans le monde arabe.
Donc leadership signifie ici, le plus fidèle des serviteurs des intérêts des américains dans l’Occident et l’Orient arabes.

On pourrait ajouter que ce leadership concerne aussi la démocratisation puisque :
L’Administration américaine, a-t-elle ajouté, oeuvre avec les gouvernements de la région arabe dans le but d’enclencher une dynamique de réformes
Et à ce propos, le journal L’Economiste nous précise que
L’exemple marocain en matière de réformes et de démocratie a d’ailleurs été salué par la secrétaire d’Etat américaine. Dans la foulée, elle a rendu hommage à la jeunesse marocaine et au Roi qui a su répondre très tôt à ses attentes.

Le roi Mohamed VI explique sa vision de la démocratie à Hillary Clinton
Mme Clinton n’a pas dit ce qu’elle comptait faire pour la démocratisation du royaume de Jordanie sans parler de celui d’Arabie Saoudite…

En attendant, la rencontre qu’elle devait avoir avec des représentants de la société civile marocaine a été annulée sans qu’on en connaisse la raison.
Elle n'a pas évoqué, comme de juste, le sort des deux jeunes condamnés pour atteinte au caractère sacré de la personne du monarque.



dimanche 26 février 2012

L'opposant Syrien Mamoun Al-Homsi sous le charme de l'ultrasioniste Fiamma Nirenstein


Ils sont vraiment charmants bras dessus bras dessous ces deux participants à une conférence de néoconservateurs sur la sécurité qui s’est tenue à Prague en 2007 
Mamoun Al-Homsi & Fiamma Nirenstein

Elle, c’est Fiamma Nirenstein, une fanatique sioniste dont je vous avais déjà parlé. Lui, c’est Mamoun Al-Homsi, une figure en vue de l’opposition syrienne (cf Bernard-Botul-Henri Lévy).
Ce M. Al-Homsi a menacé de transformer la Syrie en «tombeau des Alaouites»

Charmant.


THE ARAB DIGEST, février 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
  
L’Arab Digest avait déjà parlé de l’opposant Syrien Mamoun Al-Homsi et de son appel au nettoyage ethnique des minorités en Syrie. Eh bien, de nouvelles questions se posent sur sa démarche politique et sur ses liens suspects avec Israël.
Mamoun Al-Homsi pose sur la photo ci-dessus à la Prague Security Conference (néconservatrice) avec la politicienne israélo-italienne et sioniste dure, Fiamma Nirenstein. Nirenstein qui est une néoconservatrice sioniste a passé une bonne partie de sa vie dans une colonie illégale de Cisjordanie nommé Gilo où elle possède toujours une résidence.
Nirenstein est connue pour ses traductions de livres de Nathan Sharansky, Bernard Lewis et Ruthie Bloom; elle a été à la tête de démarches du gouvernement israélien pour faire échouer la candidature palestinienne pour un statut d’Etat membre à part entière de l’ONU.
Elle est aussi connue pour des propos dans la veine sioniste dure comme “tout Juif sans le monde est un Israélien même s’il n’en a pas conscience. Celui qui ne le sait pas fait une grosse erreur » et « moralement parlant, il ne doit pas y avoir de négociations avec le Hamas qui pense que les Juifs sont des fils de singes et de cochons. On ne peut pas négocier avec des cannibales qui mangent des êtres humains.» Ses prises de position avaient amené Luisa Morgantini, vice présidente du Parlement Européen à écrire un article en 2007 pour critiquer son bellicisme. L’article était intitulé Fiamma Nirenstein et la conspiration des perfides Palestiniens qui ne veulent pas la paix.»
.
Nirenstein partage son temps entre sa résidence italienne et la colonie de Jérusalem Est avec son mari, le photographe Israélien Ofer Eshed.

La question demeure : que faisait Homsi avec elle à Prague?

Homsi l’a rencontrée également, ainsi que Farid Ghadri une personnalité d’opposition pro-israélienne, à Rome où ils ont discuté de la Syrie.  Nirenstein a par la suite écrit un post au sujet de sa rencontre avec eux, exprimant sa profonde inquiétude au sujet du potentiel militaire du Hezbollah et l’arsenal de missiles syriens capables de toucher Israël.

En fait, les choses sont assez claires puisque Farid Ghadri se targue de faire partie des premiers dissidents Syriens partisans d’une alliance avec l’entité sioniste, dans laquelle il a eu l’occasion de se rendre pour discuter avec les députés. Il explique en long et en large pourquoi il admire le régime sioniste et qu’il participait aussi à la conférence de prague où étaient présents Nathan Sharansky, Jose Maria Aznar et George Bush.
Compte tenu du rôle que joue al Jazeera en ce moment contre le gouvernement syrien, il est piquant de relever qu’il écrivait alors :
Al-Jazeera est infiltrée par des agents Syriens pro-Assad et des membres ses services secrets, de sorte qu’elle joue le rôle d’un service de renseignements qui dissémine de la désinformation plutôt que la vérité comme elle le prétend.

La journaliste Marie Colvin tuée à Homs en tentant de récupérer ses chaussures!


Je reviens sur la mort de Marie Colvin et de Rémi Ochlik, les deux journalistes tués récemment à Homs en Syrie.

Je ne voudrais pas donner l’impression de manquer de respect à leur mémoire mais ce que je viens de lire dans la presse sur les circonstances de leur disparition me dit que certains par contre se fichent carrément de notre figure.

Nous apprenons en effet que marie Colvin est morte alors qu’elle tentait de récupérer ses chaussures pour pouvoir fuir un bombardement :
Mercredi, cette reporter de guerre de 55 ans se trouvait dans le centre de presse improvisé des rebelles à Homs en compagnie d’autres journalistes quand les étages supérieurs du bâtiment ont été frappés par des roquettes. Marie Colvin et d'autres reporters avaient laissé, comme le veut la coutume, leurs chaussures à l'entrée du centre de presse. Elle s'est précipitée dans l'entrée du bâtiment après l’explosion pour récupérer ses chaussures et prendre la fuite. Mais à l'arrivée sur le seuil, une nouvelle roquette a touché la façade, ensevelissant la journaliste américaine et le photographe de guerre français Remi Ochlik, qui a lui aussi perdu la vie dans l’attaque.
Vous pouvez lire comme moi qu’il est de coutume d’ôter ses chaussures quand on entre dans un centre presse. Pas à Londres, ni à Lyon, mais à Homs oui, c’est la coutume.

Pour être juste, le centre de presse improvisé se trouvait dans la maison d’un particulier, d’où le respect éventuel de la pratique qui consiste à retirer ses chaussures pour éviter de salir les tapis par exemple.
Mais même dans ce cas de figure, j’ai du mal à y croire. Simplement parce qu’un reporter de guerre chevronné, habitué à prendre toutes sortes de précautions et qui connaît les risques encourus (Marie Colvin avait peru un œil dans une embuscade tendue par l’armée sri-lankaise)  sait qu’il doit être en mesure de prendre rapidement la fuite en cas de danger. 

Or, nous dit-on, Homs et particulièrement le quartier de Baba Amr où les deux journalistes ont péri sont réputés être une zone où sont commis des «crimes contre l’humanité» selon la propagande.

Une propagande qui ne recule devant rien, même le grotesque. Et il est vrai qu’il faut s’attendre à tout de la part d’un journal comme le Sunday Times, propriété de Rupert Murdoch, modèle de probité et d’intégrité.


samedi 25 février 2012

La ligne officielle turque sur la Syrie contestée


Je vous propose une dépêche de l’Agence France Presse qui, si elle a été intégralement reproduite (légèrement remaniée) dans le journal turc Cumhuriyet n’a pu semble-t-il se frayer un chemin en France que sur le journal La Dépêche.

Ce papier dit en substance que la ligne adoptée par les autorités d’Ankara à l’égard de la Syrie ne fait pas l’unanimité en Turquie et qu’elle est contestée aussi bien par des élus d’opposition que par l’universitaire Gökhan Bacik qui porte sa critique dans un journal proche du pouvoir.
Gökhan Bacik considère tout simplement que son pays a abattu toutes ses cartes trop vite et a agi « sans réfléchir » et n’a plus de moyen d’influer sur le régime syrien.
C’est exact, la seule chose que peut faire maintenant le gouvernement turc, c’est d’emboîter le pas à ses alliés de l’OTAN qui décideront pour elle ce que devra être son rôle, que ce dernier consiste simplement à être un sanctuaire pour l’opposition syrienne ou le fer de lance d’une action militaire contre la Syrie.

L'intransigeance turque à l'égard du régime de Damas contestée
AFP – La Dépêche (France) 23 février 2012

La Turquie a rompu net avec la Syrie face à la répression brutale de la contestation dans ce pays, mais elle aurait mieux fait de jouer les intermédiaires et maintenir le dialogue avec un régime qui résiste aux pressions internationales, affirment l'opposition et des commentateurs.

"La Turquie pourrait faire une percée importante en organisant une réunion à Istanbul avec l'opposition syrienne, les représentants de (Bachar) al-Assad, la Russie et l'Iran", déclare le leader de l'opposition, Kemal Kilicdaroglu, dans l'édition de jeudi du journal Hürriyet Daily News.

"Une intervention en Syrie pourrait bouleverser non seulement la Syrie mais aussi la Turquie, et provoquer de graves troubles au Proche-Orient", prévient le leader du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui ajoute: "Les gens se demandent si les acteurs mondiaux sont réellement du côté des droits de l'Homme".

Avec la Syrie, pays qui partage une frontière de 900 km avec la Turquie, le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan a été placé devant une équation difficile: il a fallu abandonner dix ans d'étroite coopération politique et économique avec le régime de Damas pour prendre la défense des milliers de victimes de la répression.

Dans un premier temps, la diplomatie turque s'est livrée à d'insistantes tractations avec le régime baasiste syrien, pour l'inciter à lancer des réformes.

En vain. Et en septembre, la Turquie a fermé la porte. Elle a grandement facilité l'organisation d'une opposition syrienne, a accueilli des déserteurs sur son sol, et s'est associée aux décisions et condamnations arabes.

Une attitude qui s'explique notamment par les liens qui unissent Ankara et Washington.

Les deux pays membres de l'Otan sont "sur la même longueur d'onde sur la Syrie et réclament le départ du président (Bachar) al-Assad", a affirmé un diplomate américain en poste à Ankara, sous couvert d'anonymat.

Mais cette politique ne fait pas l'unanimité.

"Les diatribes anti-régime du gouvernement donnent l'impression que la Turquie est favorable à une intervention (armée) contre notre voisin. Le gouvernement se trouve dans l'impasse, avec cette attitude qui va au delà de celle de certains Occidentaux", estime Faruk Logoglu, député du CHP.

M. Erdogan exclut l'éventualité d'une intervention armée, mais il s'attaque régulièrement et avec virulence à celui qu'il qualifiait hier d'"ami".

"La Turquie a abattu toutes ses cartes en l'espace de quelques mois. Elle a agi dans la hâte, sans réfléchir", a indiqué à l'AFP l'universitaire Gökhan Bacik qui critique ouvertement la politique de son pays à l'égard de la Syrie, dans un article du journal pro-gouvernemental Today's Zaman intitulé: "La Turquie a-t-elle raté son coup dans la crise syrienne ?"

"Pour l'instant le régime syrien n'est pas prêt de partir ou d'être renversé", affirme ce professeur de sciences politiques, qui regrette qu'Ankara n'ait pas conservé des "canaux de dialogue et de communication avec Damas".

"Désormais", ajoute-t-il, "la Turquie n'a plus les moyens de peser sur le régime syrien".

La ligne dure adoptée par Ankara à l'égard de Damas a aussi provoqué des tensions avec les alliés du régime syrien, dont l'Iran et le gouvernement irakien.

Comme l'Iran, l'Irak est gouverné par des chiites alors que la Turquie est largement sunnite. Et la Syrie est dirigée par la minorité alaouite, une branche du chiisme.

M. Erdogan, un ancien islamiste, a adopté une diplomatie plus autonome sur la Syrie, invitant notamment l'été dernier Assad à inclure au gouvernement des ministres issus des Frères musulmans islamistes en échange de son soutien au régime, avait affirmé à l'époque à l'AFP un diplomate occidental.

Le plan avait été refusé par Damas et démenti par Ankara.

Dans un autre éditorial de Today's Zaman, le chroniqueur Sahin Alpay loue la "sympathie" turque à l'égard de l'opposition syrienne.

Mais il estime qu'Ankara doit "se tenir à l'écart de toute implication dans une intervention militaire unilatérale ou multilatérale, qui aboutirait sans doute, non seulement à une guerre civile en Syrie, mais à un conflit armé régional".

Pourquoi la journaliste Edith Bouvier n'a-t-elle pas été évacuée de Homs?


La journaliste Française Edith Bouvier se trouve en ce moment dans le quartier de Baba Amr à  Homs en Syrie. Sérieusement blessée à la jambe, elle attend d’être évacuée pour pouvoir être soignée.
Une mission du Comité International de la Croix Rouge (CICR) a pu pénétrer hier dans ce quartier d’Homs et procéder à l’évacuation d’un petit nombre de personnes, 27 en tout, des femmes et des enfants.

«malgré l'arrivée de nos ambulances et de nos efforts (...) auprès des groupes armés à Baba Amr, ceux-ci ont refusé de livrer la blessée [Edith Bouvier] et les deux corps [des journalistes], mettant en danger la vie de la Française et entravant le rapatriement des corps»,
Cette déclaration est répercutée par l’agence de presse officielle SANA. Il convient cependant de noter qu’elle n’a ni été démentie, ni rectifiée par le CICR.

En réalité, si la journaliste Française n’a pu être évacuée, c’est à la fois du fait des forces d’opposition et de la diplomatie française. Cet extrait d’une dépêche Associated Press reproduite par le journal américain Saint-Louis Today nous apporte tous les éléments pour comprendre ce qui s’est réellement passé et la mauvaise foi des opposants au régime syrien et d’Alain Juppé, le ministre Français des affaires étrangères : 
Un militant local, Abou Mohammed Ibrahim, joint par Skype, a affirmé que les journalistes avaient refusé de partir parce que le CICR n’est pas entré [dans Baba Amr], mais seulement le Croissant Rouge Syrien qui, selon lui, est plein de « collaborateurs du régime.»
« Les journalistes ont aussi refusé de livrer les corps [de Marie Colvin et Rémi Ochlik], » a-t-il dit. « Ils ne savent pas ce que le gouvernement va faire d’eux [des corps]. »
Il a déclaré que les quatre journalistes se trouvaient en ville, chacun se trouvant dans un appartement différent et que les deux cadavres étaient conservés dans un aure appartement où ils ont commencé à se décomposer.
Hassa, le porte parole du CICR basé à Genève, a déclaré que « en ce qui concerne la réputation du Croissant Rouge, c’est un organisme indépendant dont les bénévoles risquent leurs vies au quotidien. » Il a expliqué que le CICR avait souvent accompagné les volontaires du Croissant Rouge sur le terrain.
S’exprimant à la conférence de Tunis, le ministre Français des Affaires étrangères Alain Juppé a déclaré que les autorités syriennes avaient rejeté une requête pour permettre à l’ambassadeur de France en Syrie d’aller à Homs pour arranger l’évacuation.
« J’en appelle personnellement aus aux autorités syriennes pour que Mme Bouvier et les autres reçoivent les soins médicaux dont ils ont urgemment besoin, » a-t-il dit.

Voilà qui est assez clair : non seulement Mme Bouvier et les autres journalistes refusent d’être évacués par le Croissant Rouge, mais ils refusent également que les corps de leurs collègues Marie Colvin et Rémi Ochlik sortent de la ville. Ils préfèrent que leurs cadavres se décomposent tranquillement à l’abri des manipulations du gouvernement syrien.

Et puis de toute façon, la condition première à une évacuation d’Edith Bouvier soit la présence de l’ambassadeur de France, la France pourrait ainsi signer son premier coup politique à l’intérieur même du territoire syrien.


vendredi 24 février 2012

Le député sioniste qui est sur une liste des terroristes indésirables aux Etats Unis


Le gouvernement des Etats Unis vient de refuser d’octroyer un visa d’entrée au Dr Michael Ben-Ari qui se trouve être un député du parlement de l’Etat sioniste.
Ce redus est motivé, semble-t-il, par le fait que M. Ben-Ari a appartenu au Kach, le mouvement fasciste fondé par le rabbin Meir Kahane. En effet l’organisation est classée comme terroriste aux Etats Unis et de ce fait, M. Ben-Ari apparait sur une liste de terroristes indésirables outre Atlantique.

Le président du parlement sioniste, Reuven Rivlin a fait part de sa colère contre la décision des autorités US ; expliquant que :
“Ben-Ari est un membre du parlement israélien et il représente le parti Ichud Haleumi qui est un parti politique légal dans le système politique israélien.”
M. Rivlin ne fait en réalité que dire avec force ce que nous avons toujours affirmé : l’Etat sioniste est un parfait exemple de terrorisme institutionnalisé et parfaitement légal.

De son côté, après s’être plaint du fait que les Etats Unis qui le rejettent accueillent par contre » à bras ouvert » des gens comme Mahmoud Ahmadinejad, le député Ben-Ari donne ce qui, selon lui, est la véritable raison de ce refus de visa :
"ils ont décidé de m’empêcher de rencontrer les Juifs Américains et de promouvoir et d’encourager l’aliyah [le prétendu retour] vers Israël en affirmant que je suis un terroriste."
Il a peut-être raison : imaginez une seconde un député Italien faire la tournée des communautés d’origine italienne en France pour promouvoir le retour au pays d’origine des parents ou des grands parents.

Je ne suis pas certain qu’une telle démarche serait forcément bien accueillie à Paris.

Libye: les habitants de Tawergha à la place des animaux dans un zoo.

Voilà ce que font subir les "rebelles" aux habitants de Tawergha. Tawergha est cette cité à proximité de Misrata et peuplée majoritairement de Libyens noirs. Chassés de leur ville, avec interdiction de s'y réinstaller, un certain nombre d'entre eux sont prisonniers des prétendus rebelles portés au pouvoir par l'OTAN, David Cameron et Nicolas Sarkozy (au nom des droits de l'homme, bien entendu, ce que BHL a certifié comme on le sait).


Traités comme des animaux dans un parc zoologique, on les oblige dans cette séquence à manger le drapeau vert qui était l'emblème de la Libye sous Kadhafi. Et comme au zoo, il y a du public.

Via The (very) Angry Arab


jeudi 23 février 2012

120 000 réfugiés très discrets


Certains de vos journaux en parlent puisqu’on trouve trois références de publications françaises qui évoquent les 120 000 personnes qui ont fui les combats dans la région nord du Mali. La moitié de ces personnes se trouvent maintenant dans des pays voisins comme la Mauritanie, le Niger ou l’Algérie.
Mais cette affaire n’a bien entendu rien à voir avec ce qu’a subi la Libye de la part des pompiers pyromanes David Cameron et Nicolas Sarkozy. Que toutes ces personnes déplacées remercient, ça va de soi.
En tout cas, les dépêches reproduites dans la presse française n’en soufflent mot.

Mali: Les combats persistent, le peuple fuit
20 Minutes (France) le 23/02/2012
MALI - Les combats entre l'armée et la guérilla targui font rage depuis la mi-janvier...
Plus de 100.000 déplacés. Les combats qui font rage depuis la mi-janvier dans le nord désertique du Mali, entre l'armée et la guérilla targui, ont provoqué d'importants déplacements de population, selon les Nations unies.
La moitié de ces déplacés auraient gagné des pays limitrophes du Mali: la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et l'Algérie.
Renforcés par des effectifs et des armes en provenance de Libye, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont lancé depuis le début de l'année des attaques contre plusieurs villes ou postes militaires dans le nord du Mali. Les forces gouvernementales ont riposté en bombardant à l'aide d'hélicoptères de combat des positions de la guérilla targui.
Ces affrontements ont fait des dizaines de morts. Leur recrudescence, dans une zone où étaient déjà actives des cellules du réseau Al-Qaida, fait craindre à certains un report de l'élection présidentielle prévue en avril.
 

Un jeune Marocain en grève de la faim depuis plus de cinquante jours. Pourquoi vos journaux n'en parlent-ils pas?


C’est bizarre, en dehors d’un blog sur Mediapart, nos journaux n’en parlent pas. 

EN GRÈVE DE LA FAIM DEPUIS 54 JOURS
Un étudiant marocain en «danger de mort»
L’Expression (Algérie)  23 février 2012

Un jeune étudiant, qui observe en prison au Maroc une grève de la faim depuis plus de 50 jours, est aujourd'hui en danger de mort, ont indiqué hier son père et une ONG marocaine de défense des droits de l'homme. Ezedine Erroussi, un Marocain appartenant à un mouvement de gauche et étudiant à l'université de Taza (nord-est), observe une grève de la faim depuis le 19 décembre 2011 après son arrestation avec quatre de ses camarades 20 jours auparavant. 

«J'ai vu mon fils lundi dernier et je peux vous dire qu'il est en danger de mort à cause de la grève de la faim qu'il observe depuis le 19 décembre» pour protester contre sa détention, a déclaré à l'AFP Driss Erroussi, le père de l'étudiant. Les cinq étudiants arrêtés le 1er décembre à l'intérieur de la faculté alors qu'ils protestaient contre leur condition de vie à la cité universitaire, ont été condamnés à quatre mois de prison ferme.

mercredi 22 février 2012

Comment la mort tragique de deux journalistes en Syrie permet de relancer la machine de propagande occidentale

Deux journalistes occidentaux viennent de trouver la mort en Syrie, victimes apparemment d'un tir de mortier qui autant touché leur centre de presse improvisé à Homs. Il s'agit de l'Américaine Marie Colvin et du Français Remi Ochlik, une journaliste chevronnée (55 ans) et un talent en pleine éclosion (28 ans).
On s'accorde généralement à accuser l'armée syrienne pour cette action, exactement comme dans le cas d'un précédent journaliste Français, Gilles Jacquier, dont il s'est avéré par la suite qu'il avait été toucher par une roquette des opposants au régime.

Le Daily Mail britannique est péremptoire, non seulement ce sont les forces syriennes qui ont tué les journalistes (ce qui est effectivement tout à fait possible dans ce contexte de guerre civile) mais elles l'ont fait en toute connaissance de cause puisque l'armée syrienne a promis de tuer tous les journalistes qui foulaient le sol national.

Dans ce cas de figure, ce ne sont pas deux journaliste qui auraient dû être tués puisqu'un certain nombre d'entre eux, sans doute des dizaines, sont accrédités sur le territoire. Etait-ce le cas des deux journalistes en question? Je l'ignore.

Le Daily Mail dit tenir ses sources des services de renseignements libanais qui auraient intercepté les communications de l'armée syrienne à ce sujet et se seraient empressés de les diffuser à la presse occidentale.

Donc, ce que les services secrets US qui disposent d'énormes moyens d'écoute sont incapables de faire, les services libanais ont pu le faire. Et au lieu de partager l'info avec d'autres services de renseignements, ils sse sont confiés à la presse. Chapeau bas!

Reporter de guerre en temps de guerre  justement est un job à haut risque et certains de ceux qui n'étaient pas "embedded" avec les forces d'invasion en Irak l'ont appris à leurs dépends. D'ailleurs, on est bien obligé de voir sur les photos qui circulent en ce moment que Mary Colvin était borgne suite à une blessure subie dans un contexte où l'armée syrienne ne risquait pas d'être impliquée, puisqu'elle était tombée en 2001 dans une embuscade de l'armée du Sri Lanka.(cf toujours le même article du Daily Mail).

La journaliste Marie Colvin
Je n'en avais cependant jamais entendu parler, pas plus que des protestations du gouvernement des Etats Unis ou de celui de sa majesté puisque Mme Colvin travaillait pour un journal anglais.

Quoi qu'il en soit, ces deux victimes offrent l'occasion aux gouvernements occidentaux de relancer leur campagne contre le régime syrien, en décidant de nouvelles sanctions et en insistant par exemple sur la mise en place de corridors humanitaires.

M. Sarkozy a été catégorique:
"On a déjà eu un caméraman français qui a été tué. Ça suffit, ce régime doit partir", a également affirmé le chef de l’Etat. "Il n’y a aucune raison que les Syriens n’aient pas le droit de vivre leur vie, de choisir leur destin librement". 
M. Sarkozy semble oublier qui a tué le cameraman en question (Gilles Jacquier) mais après tout, ce n'est pas la première fois que la mémoire lui fait faute.
On notera quand même que le site d'informations LCI reste prudent à la fois quant à l'origine des tirs mortels et sur le caractère délibéré du ciblage de journalistes étrangers.

J'apprends aujourd'hui qu'un journaliste a été décapité. Mais ce n'est pas en Syrie et il n'est pas Français. C'est un Afghan de 25 ans,  Samid Khan Bahadarzai, assassiné nous dit TF1 dans une zone très infiltrée par les Talibans.
A mon avis, il n'aura pas beaucoup de publicité celui là.
Et tiens, en Afghanistan toujours, six manifestants sont morts en deux jours sous les balles de la police.

Que faut-il donc encore pour que l'OTAN intervienne à titre humanitaire?

Mais où ai-je la tête moi aussi? L'OTAN est déjà sur place et s'emploie à protéger la population comme viennent de l'apprendre ces jeunes écolières blessées dans leur école bombardée par... l'OTAN.

En fait de généreux travailleurs humanitaires de l'OTAN sont venus d'un peu partout dans le monde pour aider les Afghans qui ne leur en sont pourtant pas toujours reconnaissants.



Les choses vont (toujours) mal en Libye


Je ne sais pas pourquoi, mais la presse française ne se bouscule pas pour parler de ce qui se passe en ce moment en Libye avec un bilan de victimes pourtant conséquent, plus de 130 morts. Pourtant ia classe politique française a été assez unanime dans le soutien à l’action de l’OTAN en Libye et M. Sakozy est toujours fier de ce qu’il a fait subir à ce pays.
Le titre choisi par l’agence Belga ne doit pas vous induire en erreur. Il faut simplement savoir que les populations de l’arc saharo-sahélien subissent de plein fouet les conséquences de la destruction de l’économie libyenne et de ce qu’elle permettait au niveau de l’acticité locale et des échanges transfrontaliers.

Aujourd’hui, ces populations luttent tout simplement pour leur survie et elles sont maintenant en concurrence les unes avec les autres alors qu’il y a peu de temps encore elles pouvaient coexister paisiblement et pratiquer le commerce grâce à l’effet structurant de la politique des autorités de Tripoli.

C’est fini tout ça. 


BELGA (Belgique) mardi 21 février


Libye: plus de 100 morts dans des combats entre tribus pour le contrôle de la contrebande

Plus de 100 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans des combats opposant depuis une dizaine de jours des tribus du sud-est désertique de la Libye, a-t-on appris mardi de sources tribales.

Depuis le début des combats, "113 personnes ont été tuées et 241 blessées" parmi les Toubous, a indiqué le chef de cette tribu, Issa Abdelmajid, tandis que la tribu des Zouwaya a fait état de 20 morts et 40 blessés parmi ses membres. Il n'a pas été possible dans l'immédiat de vérifier ces bilans.

Les affrontements entre les deux tribus avaient éclaté le 12 février dans la ville de Koufra au sud-est de la Libye, frontalier du Tchad, du Soudan et de l'Egypte. M. Abdelmajid est un ex-opposant de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. De son côté, le porte-parole du Conseil local de Koufra, Younes Zwei, de la tribu des Zouwaya, a indiqué que la ville combattait des Tchadiens et des Soudanais, dont plusieurs ont été tués ou arrêtés.

Les Toubous, qui vivent aussi dans les pays frontaliers comme le Niger et le Tchad, contestaient leur marginalisation sous le régime de Kadhafi qui refusait d'accorder la citoyenneté à certains de leurs membres, invoquant leurs origines tchadiennes. Koufra, ville de 40 000 habitants située au sud-est de la Libye, frontalier du Tchad, du Soudan et de l'Egypte, est un point de passage stratégique de contrebandiers du désert. Selon une source du CNT, les tribus s'affrontent pour le contrôle de la contrebande dans cette région.

Belga

mardi 21 février 2012

Après la république des mollahs, la république des pasteurs?

Le chef de l'Etat allemand, Christian Wulff, vient de démissionner parce que la justice le soupçonne d'avoir abusé de ses fonctions pour obtenir des avantages financiers et matériels.
Unee affaire plutôt embarrassante pour la chancelière Angela Merkel qui n'avait vraiment pas besoin de ça, elle qui l'a soutenu [trop] longtemps, sans doute par naïveté et amitié.

La prochaine élection, le 18 mars, d'un nouveau président de la république attire notre attention sur un aspect du système politique allemand. Non, je ne veux pas parler du fédéralisme, ou du système électoral. En fait, c'est la personnalité même du candidat le plus probable à la succession de Christian Wulff qui mérite notre attention.

Il faut rappeler que la fonction présidentielle en Allemagne est avant tout symbolique, un symbole d'unité justement qui doit donc faire consensus dans la société, y compris par ses vertus personnelles.
Et justement, Joachim Gauck, 72 ans, le favori pour le poste semble faire l'objet d'un large consensus, notamment pour sa probité et son autorité morale.
Il ne semble pas plaire à Mme Merkel, mais il n'est pas sûr que ses alliés politiques lui laissent un choix quelconque.

Mais voilà ce que cette candidature a de particulier: vous n'avez en effet  pas pu le manquer parce que tous les articles de presse le disent, M Gauck est un pasteur protestant, une personnalité religieuse même si les choses ne vont pas dans le protestantisme comme dans le catholicisme.

Eh oui, l'Allemagne est une république, comme la France, mais n'est pas une république laïque et personne ne s'offusque outre Rhin de l'éventualité de voir un pasteur accéder à la magistrature suprême.

Et tiens, personne ne semble s'en offusquer en France non plus.

Libye; après des mois de propagande, l'heure de vérité va sonner


Nous sommes encore tout près de l’anniversaire du déclenchement des évènements qui ont permis l’intervention militaire de l’OTAN contre la Libye, avec un résultat dont il y a quelques jours encore le premier ministre Britannique David Cameron et le président Nicolas Sarkozy se félicitaient.

Mais de se félicitent-ils au juste ? Parce qu’après les mois de propagande, c’est l’heure dé vérité qui commence à sonner pour ce qui s’est passé en Libye.

Je n’en veux pour indication que ce long article qui ferait un très bon réquisitoire contre la bande de criminels en col blanc qui a ordonné la destruction de la Libye et la mort de milliers de ses habitants dont celle du colonel Mouammar Kadhafi.

Et cet article nous montre que la véritable nature de l’intervention occidentale avait toujours été clairement énoncée par ses chefs miliaires et politiques mais qu’elle était simplement noyée dans le flot propagandiste dont la presse «libre» aime à se faire le véhicule.

Et surtout, il faut noter que cet article n’est pas tiré d’un journal ou d’un blog militant mais est paru dans un quotidien tout ce qu’il y a de grand public, en l’espèce The Ottawa Citizen.



 Par David Pugliese, The Ottawa Citizen (Canada) 19 février 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri


La radio à bord du HMCS Charlottestown crachotait les informations. L’équipe d’arraisonnement du navire de guerre canadien avait fait une découverte – un bateau dans les eaux internationales chargé d’armes et de munitions qui essayait de se faufiler vers la Libye.

C’était en mai 2011, au troisième mois de la guerre civile libyenne, et l’’OTAN avait mis en place une barrière constituée de 20 navires de guerre pour appliquer l’embargo de l’ONU sur les armes. Aucune arme, fourniture militaire ou munition ne devait entrer en Libye, que ce soit pour les troupes fidèles au dirigeant du pays, Mouammar Kadhafi, ou pour les rebelles qui luttaient pour le renverser.

“Il y a des tas d’armes et de munitions, plus que ce que je pensais,” l’officier de bord avait rappelé par radio le commandant de bord, Craig Skjerpen. « Ca va des munitions de petit calibre aux obus de 105 ainsi que nombreux explosifs.»
Les rebelles Libyens qui manoeuvraient le bateau avaient reconnu ouvertement qu’ils allaient livrer les armes à leurs forces à Misrata.

Skjerpen contacta alors par radio le quartier général de l’OTAN pour instructions. La réponse fut rapide : laissez le bateau poursuivre sa route afin que l’équipage puisse livrer sa cargaison meurtrière.

Un officier supérieur de l’OTAN, le vice-amiral Rinaldo Veri  s’était félicité seulement quelques semaines auparavant que le blocus de l’alliance avait fermé la porte au flux d’arments vers la Libye.

Pas vraiment. Alors que l’embargo de l’ONU était clairement conçu pour empêcher la livraison d’armes aussi bien à Kadhafi qu’à ceux qui le combattaient, l’OTAN a vu les choses autrement en ce qui concernait les rebelles. Des centaines de tonnes de munitions et d’armes sont passées à travers les mailles du blocus, montrant au grand jour ce que leurs détracteurs considèrent comme ayant été les véritables motivations de l’OTAN pendant la guerre libyenne – un changement de régime sous couvert de protection des civils.

Le Qatar, une des deux pays arabes à avoir participé à la mission dirigée par l’OTAN a fourni aux rebelles des missiles MILAN de fabrication française, les livraisons étant effectuées par mer. Ce pays avait aussi donné aux rebelles toutes sortes de camions et de matériel de communication, tandis que des conseillers militaires Qataris étaient entrés discrètement en Libye pour assurer la formation.

L’Egypte a fourni des fusils d’assaut et des munitions, avec le soutien des Etats Unis.

La Pologne a livré des missiles antichars et des véhicules militaires.

La Canada n’a pas été non plus en reste pour ce qui est de la fourniture de materiel aux rebelles.

Au cinquième mois de la guerre, les officiels Canadiens mirent en oeuvre un plan de fourniture d’un drone de surveillance pour les rebelles de sorte qu’ils puissant mieux attaquer l’armée libyenne, de nuit comme de jour.
Le micro-engin sans pilote Aeryon Scout, conçu et fabriqué à Waterloo (Canada), était un petit drone espion qui tient dans une mallette.

Le gouvernement canadien a mis en contact la société Aeryon avec les rebelles du Conseil national de Transition et Zariba Security, une société privée de sécurité [de mercenaires, NdT] d’Ottawa a été chargée d’assurer la livraison. En juillet, le drone d’une valeur de 100 000$ était livtré aux rebelles par Charles Barlow, président de Zariba et ancien officier de l’armée canadienne. Il lui avait fallu un trajet de 18 heures en bateau pour se rendre de malte au camp d’entraînement des rebelels à Misrata, naviguant sans encombre à travers le blocus de l’OTAN.

Barlow a montré aux rebelles comment manœuvrer le drone et s’en servir pour localiser une position militaire libyenne, avant de s’en aller peu de temps après.

Environ un mois avant le voyage de Barlow, un avion français, sans être inquiété par les chasseurs de l’OTAN , avait largué une quantité estimée à 40 tonnes d’armes et de munitions, dont des missiles antichars, pour les rebelles combattant au sud-ouest de Tripoli.

La France et les autres nations qui mettaient des armes entre les mains des forces d’opposition, les justifiaient d’une manière qui semblait tout droit tirée du roman 1984 d’Orwell. Un embargo était en place, reconnaissaient-elles, mais il y avait une autre résolution de l’OTAN qui autorisait toutes les mesures nécessaires à la protection des civils menacés ou attaqués.

Alors les fusils d’assaut et les missiles antichars largués pour les troupes rebelles n’étaient pas destinées à la guerre. Elles étaient, avait soutenu Alain Juppé, le ministre Français des affaires étrangères, des armes d’autodéfense », raison pour laquelle elles ne contrevenaient pas à la résolution de l’ONU.

Dans le cas de l’ordre donné au HMCS Charlottestown de permettre au navire d’armes rebelles de poursuivre sa route, l’OTAN justifiera plus tard sa décision de la même manière alambiquée. Techniquement, le bateau rebelle intercepté par la frégate canadienne violait l’embargo sur les armes dans la mesure où il se trouvait dans les eaux internationales et faisait route vers le Libye. Mais l’OTAN a prétendu que comme le bateau était parti d’un port libyen pour se rendre vers un autre port du pays, il n’y avait pas d’infraction. Les armes venaient de Libye et étaient simplement transportées via les eaux internationales.

A ce jour, la position officielle du gouvernement et de la hiérarchie militaire du Canada est que ni l’OTAN, ni le Canada n’ont pris parti dans la guerre, même si occasionnellement ils ont baissé la garde pour mettre en relief ce qui se passait réellement.

Après la fin de la guerre avec la mort de Kadhafi en octobre, le vice amiral Paul Maddison, commandant de la marine canadienne, a déclaré lors d’une réunion avec des sous traitants de l’armée canadienne que le HMCS Charlottestown “avait joué un rôle crucial dans le maintien de l’ouverture du port de Misrata en tant que centre vital pour les forces anti-Kadhafi. »

Comme pour l’embargo sur les armes, la stratégie de communication de l’OTAN pour les frappes aériennes en cours consistait à soutenir que ces attaques ne venaient pas en soutien des buts de guerre des rebelles. Mais comme le HMCS Charlottestown, les avions de l’OTAN furent en réalité des « catalyseurs décisifs » pour les forces hostiles à Kadhafi.
Les forces d’opposition ont admis ouvertement devant les journalistes qu’elles avaient été en contact dès le début avec la coalition pour repérer les cibles qui devaient ensuite être détruites par l’aviation de l’OTAN.  « Notes travail est de leur faire savoir quelles sont les zones qu’il faut bombarder, » avait reconnu en mars [2011] le porte parole rebelle Ahmed Khalifa.
Un autre rebelle, du nom de Jurbran, avait dit en detail aux journalistes comment le système fonctionnait: “J’appelais pour une frappe contre un tank après 16h, en faisant connaître sa position à notre quartier général de l’aérodrome de Benina qui transmettait sa position aux Français, » avait-il expliqué. «Ils s’en occupaient très rapidement.»

Les frappes de l’OTAN étaient très efficaces et presque à chaque fois que les forces blindées de Kadhafi faisaient mouvement même pour battre en retraite, elles étaient détruites. Les rebelles ont reconnu sans difficulté que les attaques coordonnées de l’OTAN contre les chars de Kadhafi et d’autres véhicules blindés les avaient mis en mesure de s’emparer de nombre de cilles et agglomérations.

Mais le but affiché par l’OTAN de protéger les civils a été considéré par ses détracteurs comme partial, se concentrant sur la protection de ceux qui étaient avec les rebelles. On saura plus tard que les forces rebelles avaient pourchassé les Libyens noirs considérés comme ayant soutenu Kadhafi ainsi que les travailleurs Africains immigrés.

La BBC avait interviewé un entrepreneur Turc du BTP qui avait dit à cet organe d’informations qu’il avait assisté au massacre de 70 Tchadiens qui travaillaient pour son entreprise.

Il y eu aussi des informations sur le nettoyage ethnique de la vllle de Tawergaha, au sud de Benghazi, ainsi que dans d’autres endroits. Tawergha était peuplée de 30 000 habitants, en majorité des descendants d’esclaves noirs amenés en Libye au 18ème et au 19ème siècles, mais la ville, qui soutenait Kadhafi et a lui a fourni des soldats, a été vidée de sa population. Certains de ses habitants ont été tués, d’autres ont fui.

Des gens de Tawergha qui avaient voulu se mettre en sûreté dans des camps de réfugiés ont été pourchassés par des groupes de rebelles, ont été emmenés et ont disparu, a alerté Amnesty International. Des femmes de la ville ont été violées. « D’autres ont simplement diparu après avoir été arrêtés à des checkpoints ou extraits d’hôpitaux par des révolutionnaires armés, » a rapporté Amnesty.

Le général Charles Bouchard, qui a dirigé l’action militaire de la coalition, n’a pas répondu à une requête de l’Ottawa Citizen pour un entretien.

Mais il a récemment déclaré devant une commission sénatorial de défense avoir mis en garde les forces rebelles contre les violences sur les civils, les informant qu’eux aussi pouvaient être visés par des frappes aériennes de l’OTAN.  Bouchard a aussi dit aux sénateurs que la «situation des gens de Tawergha n’a pas changé » à ce jour.

Mais il a ajouté: “Beaucoup de ces personnes sont d’ex mercenaires qui doivent quitter le pays et rentrer chez eux parce que les garder n’a aucun intérêt. »

Où exactement ces Libyens devraient aller, Bouchard ne l’a pas dit.

Interrogé par l’Ottawa Citizen pour savoir si des frappes aériennes ont été effectuées contre des positions rebelles pour protéger des civils, le général de brigade Derek Joyce, qui a supervisé la force aérienne canadienne combattant en Libye, a répondu : «Pas que je sache.»

Un autre aspect de la guerre de l’OTAN en Libye qui est aussi sujet à controverse tourne autour des allégations qu’elle essayait d’assassiner Kadhafi en le tuant par une frappe aérienne.

Au début, les politiciens Britanniques et Américains ainsi que les généraux affirmaient qu’ils n’avaient pas de mandat renverser le dirigeant Libyen. Le premier ministre Britannique David Cameron avait déclaré au parlement que la résolution de l’ONU ne donnait pas de base juridique à une telle action.
Mais les choses changèrent vite.

Le président US Barack Obama annonçait le 25 mars que “la position des Etats Unis est que Kadhafi doit s’en aller.” Le ministre [canadien] de la défense Peter MacKay avait repris cette position, ajoutant que parmi les buts de la guerre «figureraient le départ ou l’élimination imminente de Kadhafi ». 

Les Etats Unis el l’OTAN par la suite s’activèrent avec diligence pour  faire aboutir cette élimination imminente. Les premières attaques du 19 mars avaient rasé une des résidences de Kadhafi mais il avait échappé au bombardement.

Bouchard, qui a pris le commandement des opérations après les premières attaques conduites par les USA, affirme qu’il n’y a jamais eu une seule tentative pour tuer le dirigeant Libyen. Les bombes de l’OTAN étaient larguées seulement sur « les centres de contrôle et de commandement » qui participaient à la direction des forces libyennes, avait-il ajouté.

Mais ce genre de raisonnement permettait beaucoup de souplesse, reconnaissent en privé les officiers de l’armée. Kadhafi, ses fils et des ministres occupant des postes clefs pouvaient eux-mêmes être considérés comme des éléments essentiels de l’appareil de contrôle et de commandement. S'ils se trouvaient dans un édifice quelconque, on pouvait alors prétendre que ce dernier était un centre de commandement et de contrôle et donc une cible potentielle.

Le 30 avril, une frappe aérienne de l’OTAN tuait un fils de Kadhafi âgé de 29 ans , Saif Al-Arab, et trois de ses petits enfants. Kadhafi aurait quitté la résidence seulement quelques heures avant que des missiles touchent la structure [maison en langage militaire, NdT]. L’OTAN avait affirmé que le bâtiment attaqué était un bunker de commandement et de contrôle.

Deux semaines après, des avions de l’OTAN bombardaient un bâtiment réservé à l’hébergement d’invités VIP.  Là encore, il avait été qualifié de centre de contrôle et de commandement.

“Nous décidons d’attaquer ces centres de commandement et de contrôle, » avait expliqué un officier à un journal britannique. « S’il arrive qu’il kadhafi] se trouve dans un de ces bâtiments, tant mieux.»

En juin, des avions de l’OTAN ont bombardé une résidence appartenant à Khoweildi al-Hamidi, un homme de confiance de Kadhafi.  Hamidi, dont la fille était mariée avec un des fils du dirigeant Libyen s’an était sorti sain et sauf. Ses deux petits enfants n’eurent pas autant de chance. Ils se retrouvèrent parmi les 15 personnes tuées.

Quelques jours après cette frappe aérienne, Mike Turner, membre de l’ U.S. House Armed Services Committee avait reconnu que l’amiral US Samuel Locklear, chef du Joint Operations Command de l’OTAN lui avait dit que l’alliance ciblait délibérément le dirigeant libyen pour essayer de le tuer.

A cause des frappes incessantes de l’OTAN, les jours de Kadhafi étaient en fait comptés. Tripoli tomba en août et l’OTAN multiplia ses bombardements sur Beni Walid et Syrte, la ville natale de Kadhafi.

L’aviation de l’OTAN a complètement rasé la ville de Syrte, naguère prospère. Les forces rebelles bombardaient aussi la ville avec de l’artillerie et des roquettes, suscitant des critiques pour les bombardements indiscriminés. Mais les membres des forces rebelles éprouvaient peu de sympathie pour les civils de Syrte qu’ils voyaient comme des partisans de Kadhafi.

Syrte ne tarda pas à avoir l’allure des villes bombardées pendant la seconde guerre mondiale.

Le général de brigade Joyce a expliqué à l’Ottawa Citizen que les attaques aériennes sur Syrte et Beni Walid étaient nécessaires parce que les tireurs embusqués de Kadhafi se cachaient dans les décombres pour tirer sur les civils.

Début octobre, Kadhafi, 69 ans, était pris au piège dans Syrte, se déplaçant de maison en maison avec une force d’environ 150 hommes.
Il n’avait pas réalisé le fait qu’il avait perdu le pouvoir. Kadhafi croyait encore que les libyens se soulèveraient contre les rebelles et les forces de l’OTAN.

Le 18 octobre, la Secrétaire d’Etat US Hillary Clinton déclarait que la localisation du leader Libyen était inconnue. Mais les avions américains et d’autres appareils de surveillance de l’OTAN effectuaient des missions à travers tout le pays, cherchant à capter des bribes e conversations par téléphone mobile ou satellite susceptibles d’indiquer où se cachait Kadhafi.

Clinton avait été étrangement prédictive quand elle avait déclaré à des étudiants de l’université de Tripoli: “nous espérons qu’il pourra être bientôt capturé ou tué.» Deux jours après, son vœu s’était réalisé.

Le matin du 20 octobre, un avion de l’OTAN repérait un convoi de véhicules se déplaçant à grande vitesse et tentant de percer le siège de Syrte par les rebelles.

Un avion de l’OTAN ouvrit le feu sur plusieurs véhicules tandis qu’un drone US Predator tirait un missile Hellfire. Des dizaines de partisans de Kadhafi qui se trouvaient dans le convoi périrent instantanément.

Selon le colonel Canadien Roland Lavoie, porte parole de l’OTAN, le convoi en fuite avait été attaqué parce qu’il “conduisait des opérations militaires et présentait une menace évidente pour les civils.”

Bouchard affirmera par la suite que l’alliance ignorait si Kadhafi se trouvait dans un des véhicules.

Mais des articles de la presse britannique indiquent que la coalition savait en réalité que le dirigeant Libyen se trouvait dans le convoi suite à l’interception par un avion de surveillance d’une de ses communications téléphoniques satellitaires.
Kadhafi qui avait survécu aux attaques fut rapidement capture par els forces rebelles. Ces combattants diront plus tard qu’il semblait hagard et avait demandé, « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »
Des vidéos de sa capture montrent un dirigeant Libyen au visage ensanglanté qui se fait bousculer par des rebelles. Une autre vidéo montre un des rebelles en train de le sodomiser avec une baïonnette.

Peu de temps après, le colonel était mort.

Le nouveau premier ministre Libyen, Mahmoud Jibril, dira que Kadhafi avait été “pris entre deux feux » lors de son transfert à l’hôpital. Il avait reçu une balle dans la tête et dans la poitrine.

Certains considèrent cependant que sa mort n’était rien d’autre qu’une exécution. William Hague, le chef de la diplomatie britannique, a reconnu que les photos et les vidéos donnaient à penser que Kadhafi avait été assassiné.

Pourtant, les dirigeants politiques et les officiers occidentaux s’étaient réjouis.

Le ministre Canadien des affaires étrangères John Baird avait balyé d’un revers de main les préoccupations sur une exécution de Kadhafi.

L’officier en chef de la défense britannique, le général Sir David Richards avait affirmé que la mort de l’homme fort de la Libye avait mis un point final à « une des opérations de l’OTAN les plus réussies de ses 62 ans d’histoire.» Kadhafi, avait souligné Richards, avait été une « menace latente pour le Royaume Uni et nos concitoyens, » observant qu’il était responsable d’avoir armée l’IRA et la mort de centaines de personnes dans des attentats terroristes.

Richards n’a portant pas expliqué pourquoi, si Kadhafi avait été une telle menace, l’armée britannique lui avait envoyé ses forces spéciales pour former les commandos libyens en 2009.

Le premier ministre Canadien Stephen Harper avait observe que l’exécution vraisemblable n’était ps une surprise compte tenu du fait que la Libye était en train de “sortir de 42 ans de dictature psychotique avec des assassinats et des emprisonnements à échelle massive.”

Mais Harper n’est pas allé jusqu’à expliquer pourquoi sont gouvernement avait cherché, en 2009, des relations économiques plus étroites avec le même homme  qu’il taxe aujourd’hui de dictateur psychotique.

L’OTAN et les rebelles ont réussi à tuer Kadhafi et deux de ses fils. Un autre de ses fils, Seif el-Islam est actuellement détenu et doit être jugé pat le nouveau gouvernement libyen. Le reste de la famille Kadhafi a fui vers l’exil.

Le job de l’OTAN a été accompli. «Qu’il n’y ait aucun doute sue le fait que l’intervention en Libye était juste et légale, » dira plus tard Bouchard.

DEMAIN: Une victoire, mais à quel prix? Au moment où le gouvernement canadien fêtait le renversement de Kadhafi, les pays de la région en subissaient les retombées.