samedi 12 novembre 2011

Via Athens aux USA, quelques réflexions sur l'holocauste, l'islamophobie et même Charlie Hebdo


Feuilleter la presse locale des Etats Unis peut réserver de bonnes surprises comme cette lettre d’un lecteur publiée par The Athens News.
Je ne sais pas si cet habitant d’Athens, Pat Dewees, a réagi à un article en particulier ou s’il souhaitait simplement donner son point de vue sur la vague xénophobe et islamophobe sur laquelle certains politiciens US aimeraient bien surfer, quitte à la faire grossir démesurément.

D’une certaine manière, Pat Dewees brise un tabou puisqu’il ose comparer la situation actuelle aux Etats unis à celle qui a permis en Allemagne les événements connus sous le nom de «Nuit de Cristal» puis la tragédie de la guerre et de la déportation.
Le parallèle est en effet tout à fait justifié, même s’il faut convenir que les USA d’aujourd’hui ne sont pas l’Allemagne des années 1930, pas plus en termes politiques, que sociologiques ou économiques.

Le fait reste cependant qu’il existe un fond idéologique commun à l’Allemagne de cette époque et à l’ensemble des sociétés occidentales. Et les Etats Unis ne font bien entendu pas exception.
Ce soubassement idéologique reste à l’œuvre et est susceptible de prendre de la force dans certaines circonstances pour la simple raison que le discours social en vigueur sur la 2nde guerre mondiale et le nazisme n’en propose aucune lecture politique cohérente, se contentant d’imprécations moralisatrices d’une portée d’autant plus réduite que 1) l’idéologie nazie et son principal tenant, Hitler, sont considérés comme des anomalies qui relèvent de la psychiatrie et 2) les persécutions et les pertes subies par les Juifs revêtent un caractère unique et exceptionnel.

Donc incomparable et non susceptible d’être réédité sauf contre les mêmes victimes. C’est pourquoi si d’autres «holocaustes» peuvent bien être en préparation, c’est nécessairement contre le « peuple juif » et forcément par les auteurs potentiels désignés  au nom de ce dernier par le truchement de l’entité sioniste ou d’officines sionistes (le Congrès Juif Américain, le Congrès Juif Mondial, BICOM etc): l’Irak ; le Hezbollah, le Hamas, l’Iran… ou le mariage avec des non Juifs.

Ainsi, aucune véritable leçon disais-je, n’a été tirée de l’horreur nazie, ni même des pratiques du gouvernement de Vichy.
C’est pourquoi un magazine comme Charlie-Hebdo peut, en se drapant dans l’alibi de la liberté d’expression«absolue» (celle qui est refusée à Siné, à  Dieudonné, à Faurisson ou même à Jean-Marie Bigard quand il doute sur un aspect d’un dogme religieux moderne) se livrer à une attaque qui participe d’une montée islamophobe dont on ne sait pas où elle nous mènera. 

Tout ce qu’on peut dire, c’est que comme une politique extérieure reflète toujours une politique intérieure, il n’est sans doute pas loin le temps où, après avoir frappé symboliquement les Musulmans Français et de France ; on en viendra à les frapper de manière beaucoup plus concrète comme c’est le cas en Libye, en Irak, en Afghanistan, en Somalie etc.


Par Pat Dewees, The Athens News (USA) 9 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Au rédacteur en chef:

Avant la seconde guerre mondiale, le taux de chômage en Allemagne avait explosé, l’industrie ne tournait plus et les familles souffraient. Le parti d’Hitler essayéit de détourner l’attention des gens en désignant la minorité juive allemande comme bouc émissaire, en lui imputant la défaite allemande pendant la 1ère guerre mondiale et la crise économique. Des lois et de nombreux règlements étaient adoptés pour exercer une discrimination  contre les citoyens Juifs.

La nuit du 9 novembre 1938, des bandes de civils Allemands épaulés par les SA [Sections d’Assaut]  se lançaient dans un pogrom dans toute l’Allemagne nazie et en Autriche, brisant au marteau les vitrines de plus de  7000 commerces juifs, agressant toute personne juive qui avait le malheur de les croiser dans la rue, et détruisant presque toutes les synagogues allemandes. Cet épisode est connu sous le nom de ‘Kristallnacht’ (nuit de cristal) et marque le début de l’holocauste.

C’est une triste caractéristique de l’histoire humaine que, lorsque une société est en grande difficulté économique, la réaction puisse être d’accuser certains groupes humains et de s’en prendre à eux brutalement. Dans notre propre pays, certains politiciens ont essayé de nous détourner des souffrances causées par la dépression de notre économie, en suggérant qu’on pourchasse et enferme les immigrants illégaux, enfants compris. Il existe des associations de citoyens Américains dont le seul objet est d’éradiquer les immigrés illégaux de notre société. Certains soi-disant leaders se vantent publiquement de leur refus de permettre à des citoyens Musulmans de construire un lieu de culte. Certains mosquées ont été couvertes d’inscriptions. Cependant, d’autres leaders autoproclamés accusent les citoyens Latinos d’être une «main d’œuvre bon marché,» ou se plaignent qu’ils ne parlent pas l’anglo-américain. Des politiques qui s’en prennent à ces groupes et à d’autres minorités sont introduites aux niveaux local, de l’Etat et fédéral. Désigner un bouc émissaire est plus facile que de s’intéresser aux reniements et aux échecs de nos élus et de leurs amis possédants.

Certaines des personnes que nous voulons rejeter dans l’altérité  sont Américaines depuis trois ou quatre générations. De la même manière, les Juifs de l’Allemagne d’avant-guerre étaient des citoyens qui avaient beaucoup apporté à la musique, à la médecine, à la science ainsi qu’à la vie économique de la société allemande. Beaucoup de choses que nous admirons encore dans la culture européenne ont été créées par des Juifs Allemands avant la guerre.

Aujourd’hui, nous nous souvenons de la Nuit de Cristal pour deux raisons. En premier lieu, nous pleurons encore la perte terrible et la persécution de tant de Juifs qui voulaient simplement vivre dans la dignité et la paix. Nous devons aussi rester vigilants devant la tentation pour une société maltraitée de chercher à se soulager émotionnellement  du désespoir et de la rage devant la perte de son travail, de son logement et de sa retraite, en plus du fait de voir ses enfants  souffrir. 

Les historiens disent que pendant le pogrom, de nombreux citoyens Allemands non juifs ont pleuré devant cette violence, mais les larmes ne suffisent pas. Nous devons dénoncer ces agissements et nous tenir aux côtés de ceux qui en son les victimes. Pendant notre propre crise économique, il importe de rester vigilant et de rejeter les accusations portées contre des personnes innocentes.

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