lundi 24 octobre 2011

Des manifestations au Maroc? Circulez, y'a rien à voir.


Je n’avais pas vraiment l’intention de parler de la situation politique au Maroc car l’actualité de ce pays, appartenant comme l’Algérie à l’ancienne sphère coloniale française, est habituellement largement couverte par la presse française et francophone.


Mais pas toujours, puisque nos media semblent tarder ) parler des manifestations qui viennent de se dérouler dans plusieurs grandes villes du royaume.

Ces manifestations ont eu lieu à l’appel du mouvement d’opposition du 20 février et dénoncent les prochaines élections parlementaires qui doivent se tenir dans ce pays. La police est intervenue et des coups de matraque ont été distribués.


Nous n’en sommes pas à la répression qu’ont connu ou connaissent encore d’autres pays arabes, mais il semble que les choses ne soient pas si consensuelles qu’on veut bien le dire dans cet Etat du Maghreb.

L’absence ou la rareté de la couverture médiatique de ce qui se passe à Casablanca ou à Safi nous montre d’abord que les opposants Marocains ne disposent pas du soutien dont bénéficient d’autres opposants dans d’autres pays arabes. 

On voit mal par exemple MM. Sarkozy et Bernard-Botul-Henri Lévy convoquer une réunion à Paris pour tenter d'unifier l’opposition marocaine. M. Lévy n’a semble-t-il même pas envisagé d’inviter certains responsables de l’opposition à boire le thé avec lui dans le riad qu’il possède au pays de l'arganier.


Pourtant la manifestation de Rabat avait de quoi piquer l’intérêt d’une presse occidentale qui s’est étendue sur le message que les images de la mort de Mouammar Kadhafi constituait pour un autre dirigeant Arabe, le président Syrien Bachar al-Assad pour être précis.

Et justement les manifestants de Rabat arboraient des photos du corps du dirigeant Libyen tout en scandant «C’est ce qui arrive aux despotes.»

Sauf erreur de ma part, ces manifestants ne parlaient pas du président al-Assad.

 

Les Marocains contestent les élections, violence dans la capitale

Par Souhail Karam, Reuters, 23 octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Rabat – Des milliers de Marocains ont manifesté dans les villes du pays ce dimanche, appelant à un boycott des élections législatives anticipées du mois prochain dont le résultat sera décisif pour l’avenir des réformes élaborées par le palais royal.
Ces manifestations sont les dernières en date d’une série de manifestations du mouvement d’opposition du 20 février dominé par la jeunesse, inspiré par les soulèvements qui ont renversé les dirigeants en Tunisie et en Egypte, pour exiger une monarchie parlementaire et la punition des officiels accusés de corruption.
Dans la capitale Rabat, un journaliste de Reuters a vu des dizaines de policiers anti-émeute frappant à coup de matraque et à coups de pieds des manifestants qui s’étaient rassemblés devant le siège du parlement, au terme d’une marche qui avait rassemblé environ 3 000 personnes.
Un élu local de la mairie de Casablanca, la plus grande ville du pays, a déclaré qu’environ 8 000 personnes ont pris part à une manifestation semblable dans cette ville. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans d’autres villes comme à Fez et à Tanger.
“Ces manifestations nationales avait pour mot d’ordre commun un appel au boycott des élections législatives du 25 novembre,” explique Omar Radi, un militant du comité local du mouvement du 20 février à Rabat.
“Il est évident que ces élections remettront au pouvoir les mêmes personnages qui pillent les richesses du pays depuis des années et ont pris en otage l’avenir de la population marocaine, » ajoute-t-il.
Dans des discours récents, le roi Mohamed a promis que les élections seraient honnêtes et transparentes. La principale force d’opposition le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a critiqué la législation électorale récemment adoptée parce qu’elle ne fait pas assez pour prévenir l’achat de votes.
En vertu des réformes approuvées par referendum en juillet, le roi Mohamed cèdera certains de ses pouvoirs à des responsables élus mais aura toujours le dernier mot pour les décisions stratégiques. Le nouveau gouvernement élaborera des lois consacrant une nouvelle constitution.
En mars, le monarque âgé de 48 ans avait réagi promptement aux manifestations inspirées par la contestation en Tunisie et en Egypte, et avait promis une limitation de ses pouvoirs via des changements constitutionnels. Le scrutin parlementaire prévu en septembre 2012 avait été convoqué de manière anticipée.
Mais les manifestants de Rabat, rejoints pour la première fois cette semaine par des centaines de diplômés au chômage, scandaient « Les élections sont une mascarade, on ne se fera pas avoir cette fois. »
“L’argent et le pouvoir doivent être séparés,” lisait-on sur une pancarte portée par les manifestants, tandis que de nombreux autres brandissaient des photos du corps de Mouammar Kadhafi, le dirigeant déposé et tué en Libye, avec cette légende : «C’est ce qui arrive aux despotes.»
La charte propose par le roi avait reçu un soutien presque unanime lors d’un referendum tenu en juillet dont ses détracteurs avaient dit qu’il avait été trop précipité pour permettre un véritable débat.
Des élections parlementaires ont lieu au Maroc depuis près de cinquante ans et sont souvent considérées comme une mise en scène de façade destine aux allies occidentaux de la monarchie. Le roi et une élite secrète proche de la cour nommaient le gouvernement et  prenaient les décisions politiques importantes.
Leur mainmise sur le pouvoir a été facilitée par un fort taux d’analphabétisme et la déférence bien ancrée à l’égard d’une dynastie qui dit descendre du prophète Mohamed et contrôle les media.
Le ministère de l’intérieur a recouru à une tactique où se mêlent la répression et le diviser pour régner afin de mater la dissidence politique. Ce qui a conduit de nombreux Marocains à se désintéresser de la politique : le taux de participation au dernier scrutin législatif avait été officiellement de 37 %.

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