mardi 12 avril 2011

Pour l'armée américaine, quand on aime (les civils) on ne compte pas


L’agression contre la Libye est décidément un révélateur de plus de l’hypocrisie sans bornes des puissances occidentales.

Ces dernières ne trouvent en effet plus aucune qualité au colonel Kadhafi avec lequel elles entretenaient pourtant il y a quelques jours encore de profitables relations commerciales, dans le domaine de l’armement notamment. La Belgique vient par exemple d’annuler seulement maintenant des autorisations de ventes d’armes au gouvernement libyen.

La zone d’exclusion aérienne si ardemment demandée par les Occidentaux pour protéger les civils Libyens, est cependant exclue par les mêmes puissances quand la Ligue Arabe en fait la demande pour les territoires palestiniens survolés et bombardés impunément par l’aviation sioniste. Dans le premier cas pourtant, l’appui de la ligue Arabe était cité comme argument massue pour justifier la zone d’exclusion aérienne.

Et tenez, ces mêmes Etats Unis qui ont assuré le commandement via Africom des raids de bombardement supposés protéger les civils avant de passer le relais à l’OTAN (c’est-à-dire à eux-mêmes mais avec un paravent juridique indispensable pour des raisons de politique intérieure à l’administration Obama) ne comptent pas les civils qui meurent victimes de leurs drones en Afghanistan et au Pakistan.

Ces chiffres d’innocents tués par ces armes sans pilotes sont classés secret défense.

Les Etats-Unis ne comptent pas les civils tués par des drones

Pendant qu’Obama parle de sauver des civils en Libye, l’information sur les innocents tués par les drones US est gardée secrète

par Justin Elliott, Salon (USA) 23 mars 2011 traduit de l’anglais par Djazaîri

La grande préoccupation de l’administration Obama la semaine dernière a été, selon les propres termes du président Obama, « d’arrêter la violence à l’encontre des civils. » En Libye, bien sûr, où Mouammar Kadhafi menaçait d’étouffer la rébellion basée à Benghazi.

Dans ce contexte, il est particulièrement frappant de lire des infos provenant de l’ACLU (American Civil Liberties Union) – qui s’est lancé dans une bataille juridique pour arracher des informations au gouvernement sur les frappes américaines réalisées avec des drones – selon lesquelles l’armée ne fait même pas le compte des civils tués par des drones.

Le département de la Défense a confirmé qu’il ne compilait pas de statistiques sur le nombre total de civils qui ont été tués par ses aéronefs sans pilotes. Le Département de la Défense a révélé cette information dans une lettre en réponse à une requête d’application du Freedom of Information Act (FOIA) présentée en justice par l’ACLU pour demander que le gouvernement divulgue la base juridique sur laquelle il fonde son emploi de drones sans pilotes pour exécuter des assassinats ciblés à l’étranger.

Selon le Département de la Défense, les estimations des pertes civiles par l’armée ne distinguent pas les victimes d’engins contrôlés à distance de celles causées par d’autres types d’aéronefs. Alors que chaque frappe de drone s’avère faire l’objet d’un bilan individuel après coup, aucun bilan d’ensemble des pertes n’est compilé. De plus, les informations contenues dans chaque évaluation individuelle sont classifiées, ce qui ne permet pas à l’opinion de savoir combien de civils ont été tués au total.
Cette lettre du Département de la Défense est ici (.pdf).

De nombreuses indications importantes sur l’usage de drones par l’armée ainsi que par la CIA sont gardées secrètes. De son côté, la CIA a refusé absolument de répondre à la demande d’informations de l’ACLU sur les frappes de drones au Pakistan. Nous savons maintenant que le Département d’Etat ne tient pas à jour un bilan des civils tués par des drones.
Si le Pentagone a des rapports « d’évaluation individuels » sur chaque frappe de drone, le gouvernement a déclaré que ces rapports sont classifiés, m’a dit Jonathan Manes, avocat de l’ACLU.
De plus, ces attaques ont lieu habituellement dans des zones – comme l’Afghanistan et le nord ouest du Pakistan – où il est extrêmement difficile pour les journalistes de travailler de manière indépendante et en sécurité. Grâce au travail d’enquêteurs indépendants, nous avons certaines informations sur les civils tués par des drones.
Bien entendu, le gouvernement dit que toutes les précautions sont prises pour limiter les pertes civiles. Mais il est impossible de vérifier cette affirmation dès lors que les autorités gardent secrètes toutes les données.

“Les chiffres globaux sont importants parce qu’ils permettraient à l’opinion de juger si les drones sont une nouvelle méthode plus précise pour pratiquer la guerre aérienne,” déclare Manes.  Beaucoup de gens ne croient pas que les drones puissent différencier civils et non-civils, sauf s’il existe un très bon recueil de renseignements au sol. D’autres personnes considèrent que les drones font un travail plus efficace que les autres sortes d’armements.

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