jeudi 15 octobre 2009

Quand Nativ signifie le contraire d'Indigène

Les relations entre Moscou et l'entité sioniste ont connu des hauts et des bas. Ainsi, l'URSS avait d'emblée été favorable à l'établissement d'un Etat juif au Moyen-Orient. Moins comme pourraient le penser certains parce que le parti communiste d'URSS était sous contrôle supposé des Juifs que parce que le pouvoir soviétique y voyait un moyen d'affaiblir le Royaume Uni et d'autres puissances occidentales dans la région.

C'est ainsi que, curieusement, les sionistes purent bénéficier d'une aide militaire décisive du bloc soviétique, via surtout la Tchécoslovaquie, qui s'ajoutait aux renforts de combattants Juifs venus des puissances capitalistes. Staline fit à cette époque un mauvais calcul que le communisme payera cher ultérieurement, mais c'est une autre histoire...

A d'autres moments, les Russes se rapprochèrent de certains Etats arabes comme la Syrie et l'Egypte qu'ils dotèrent d'équipements aptes à mettre en échec les sionistes. L'URSS prit toujours effectivement bien soin de ne pas fournir à ces deux Etats arabes les moyens de la supériorité militaire contre l'entité sioniste.

Ceci dit, la Russie a toujours eu un caractère stratégique pour les dirigeants de l'entité sioniste, pas tant par son rôle de fournisseur d'armes à ses ennemis, que par son important stock de population juive interdite de faire son aliyah (le prétendu droit au retour) pour rejoindre les colons le plus souvent Russes justement qui ont squatté la terre de Palestine.

Outre leur nombre, ces juifs Russes ont un double intérêt : ils sont Ashkénazes et ont souvent une bonne formation professionnelle et/ou universitaire (comme quoi le communisme avait parfois du bon).

Classiquement, l'émigration juive vers la Palestine est une prérogative de l'Agence Juive, une organisation non gouvernementale de type mafieux. Sauf dans le cas justement de l'URSS puis de la Russie.

Dans cette région, la prise en charge de l'émigration fut confiée à un organisme dépendant directement du bureau du premier ministre de l'entité sioniste.

Connu sous le nom de Nativ, cet organisme lié également aux services secrets sionistes a exercé pendant des années dans l'ex URSS et a été à l'origine de la grande campagne de soutien en Occident à ce qu'on appelait les Refuzniks, c'est-à-dire ceux à qui on refusait le droit de quitter l'URSS. Ces Refuzniks étaient pour l'essentiel des Juifs bien entendu et ce que le régime soviétique leur refusait n'était pas forcément l'émigration mais surtout l'émigration vers la Palestine occupée.

Nativ ne s'était pas seulement contentée d'orchestrer la propagande en Occident ; elle était partie prenante, toujours clandestinement, dans l'encadrement et la structuration des Refuzniks.

Nativ est sortie de sa clandestinité avec la fin du régime soviétique pour opérer cette fois dans le cadre d'accords intergouvernementaux.

Seulement voilà : le gouvernement russe n'est pas absolument convaincu que l'organisation n'a plus de liens avec les services secrets sionistes et c'est pourquoi il vient de procéder à l'expulsion pour espionnage (en exigeant son rappel) de Shmuel Polishchuk, le consul sioniste qui supervisait Nativ. Dans la foulée, Moscou a ordonné la fermeture des bureaux de cette organisation à Novossibirsk et Saint Petersbourg.


Par Paul Goble, Georgian Daily (USA) 15 octobre 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri


Moscou a fermé les bureaux de Novossibirsk et Saint Petersbourg de l'organisation israélienne Nativ qui aide à organiser le retour des Juifs en Israël, un geste dont les journalistes et militants des droits de l'homme israéliens considèrent qu'il rendra beaucoup plus difficile les choses pour les Juifs de la Fédération de Russie qui veulent partir [dans l'entité].

Cette action intervient après le départ fin septembre de Shmuel Polishchuk, le consul d'Israël à Moscou qui supervisait le travail de Nativ, et selon un article paru hier dans «Ma'ariv,» la fermeture de ces deux bureaux rendra la tâche difficile voire impossible à la plupart des plus de 200 Juifs Russes qui tentent en ce moment d'obtenir les documents nécessaires pour leur départ.

Selon le journal israélien, les officiels Russes se sont « plaints de manière répétée » du fait que les employés de Nativ ont « outrepassé » leurs attributions telles que définies par l'accord israélo-russe concernant le rôle de l'organisation dans le réalisation du «droit au retour.»

D'après le journaliste Eli Bardenstein de «Ma'ariv,» le gouvernement russe a évité «un scandale» dans le cas de Polishchuk en ne le déclarant pas persona non grata mais en autorisant simplement Israël à le rappeler de son poste. Mais cette nouvelle initiative russe contre les bureaux de Nativ est un enjeu d'un tout autre ordre.

Nativ a une longue histoire. Institution gouvernementale israélienne dépendant directement des services du premier ministre, elle a été créée en 1952 sous le nom de Bureau de Liaison avec les Juifs d'URSS et d'Europe Orientale. Depuis 1991, on la connaît sous l'appellation Bureau de Liaison avec les Juifs de la CEI et des Pays Baltes.

A l'époque soviétique, l'organisation visait à développer les contacts aves les Juifs du bloc soviétique, mais après la fin de l'URSS, elle devint plus impliquée dans la promotion du droit au retour, ce qui la fit parfois entrer en conflit avec le ministère israélien des affaires étrangères et des organisations non gouvernementales comme l'Agence Juive.

Il y a une dizaine d'années, le gouvernement israélien avait formellement coupé les liens entre Nativ et les services de renseignements israéliens, mais les officiels Russes semblent avoir considéré que, d'une manière ou d'une autre, ces liens existent toujours. En tout cas, Moscou s'en est pris maintenant à une organisation qui a joué un rôle essentiel dans l'aide pour partir en Israël apportée aux Juifs des Etats post soviétiques.

Cette action russe sera un test sur le degré d'efficience des efforts de certains pays pour traiter les problèmes avec Moscou par la voie diplomatique plutôt qu'en exprimant publiquement ce que devraient être les inquiétudes de l'Occident relativement au mépris croissant des autorités russes pour les droits des Juifs et d'autres communautés dans ce pays.

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