dimanche 24 mai 2009

Tentatives d'attentats de New Yok ou l'art de la manipulation "d'idiots utiles"

Comme il se doit, de nombreux organes de presse ont rapporté l'arrestation de quatre personnes qui préparaient des attentats à l'explosif contre deux synagogues de New York et la destruction d'avions militaires au moyen de missiles du type Stinger.

Pour mener ce genre d'opérations d'envergure, on s'attendrait à avoir affaire à des terroristes de gros calibre, affiliés à un réseau capable de fournir un objet aussi peu banal qu'un missile sol-air.

Pourtant, on peut lire dans le journal La Voix du Nord qu'en guise de terroristes aguerris, nous sommes confrontés à quatre individus dont certains se sont convertis à l'Islam en détention (pour délits de droit commun).

L'un d'entre eux, James Cromitie se présente comme étant « d'origine afghane » et que, «il était ému par la guerre là bas, selon la déclaration sous serment [des enquêteurs]. Il dit que s'il devait mourir en martyr, il irait au paradis et parlait de vouloir faire quelque chose à l'Amérique. »

Bon, je ne sais pas vous, mais moi je pense que James n'est pas un prénom afghan, pas plus que Cromitie n'est un patronyme de Kaboul ou de Kandahar.


Par ailleurs, au vu de sa photo, le visage de Cromitie n'évoque pas vraiment celui de quelqu'un dont les deux parents seraient afghans. On nous aurait dit d’origine algérienne, marocaine, libyenne, j’aurais dit « OK» mais afghan... Cependant, il est vrai qu'aux USA un « coloured » est un « coloured » ; après tout, aux premiers temps de l'immigration des italiens aux Etats Unis, ces derniers n'ont-ils pas échappé de peu à la classification dans la rubrique des populations de couleur ?
Quoi qu'il en soit, le quotidien Ouest-France nous offre un scoop sur Cromitie et ses acolytes :
Cette croyance est plus sûrement établie à mon avis à Ouest-France que chez les apprentis kamikazes. D'ailleurs je ne comprends pas comment on peut abattre un avion avec un missile dans le cadre d'une opération kamikaze puisque le kamikaze est supposé emporter sa victime avec lui dans le trépas. Mais à Ouest France, on doit avoir une logique particulière et on confond aussi allègrement martyr et kamikaze.
Pour rester dans l'esprit Ouest-France, je propose qu'on rebaptise « rue des kamikazes » toutes les rues des villes de France qui portent la plaque « rue des martyrs de la résistance. »
Excusez cette digression et revenons au fond de l'affaire. On voit bien que ces attentats sont une affaire cousue de fil blanc, avec des terroristes manipulés de bout en bour par le FBI, et qui tombe à point nommé, au lendemain de la visite du premier ministre sioniste et au moment où le président Obama clarifie sa position sur la prison de Guantanamo Bay à Cuba.
C'est la grille d'analyse que nous propose Graham Rayman dans un blog du Village Voice en orientant son intérêt non pas vers la personnalité des terroristes présumés mais vers celle du policier qui a géré le dossier.
Une lecture édifiante.

Attentat contre la synagogue : les états de services douteux de l'agent du FBI

par Graham Rayman, 21 mai 2009, Village Voice (USA) traduit de l'anglais par Djazaïri


L'agent du FBI qui a eu un rôle de premier plan dans l'arrestation hier de quatre hommes pour préparation d'attentats terroristes à New York présente des états de services assez intéressants – et équivoques.

L'agent spécial Robert Fuller, dont le nom apparait au début de la plainte fédérale pour crime dans cette affaire, avait eu un rôle dans l'échec du FBI à interpeller deux des pirates de l'ait du 11 septembre, avait vu un de ses informateurs s'immoler par le feu devant la Maison Blanche, et était impliqué ans l'erreur d'identification comme terroriste d'un ressortissant canadien, suivie de l'arrestation en secret et de la torture de ce dernier – une affaire qui fait actuellement l'objet d'une importante procédure judiciaire.

Fuller est présenté comme le principal agent responsable de l'arrestation hier de quatre hommes dont les officiels indiquent qu'ils allaient faire sauter deux synagogues et voulaient abattre un avion militaire. Mais comme dans d'autres cas de terroristes nationaux et apparemment stupides, c'est un informateur du FBI qui a fourni des armes (neutralisées)
aux quatre suspects. Dans les semaines à venir, nous en saurons plus sur à quel point les quatre suspects ont été incités par l'informateur à commettre les supposés actes terroristes. C'est le Southern District de New York qui est chargé des poursuites. (James Margolin, un porte parole du FBI a déclaré que le FBI ne s'exprimerait pas sur cette affaire parce que Fuller est susceptible de témoigner dans la procédure en cours).


Fuller avait précédemment été impliqué dans l'affaire du canadien en tant que personne qui avait interrogé un adolescent afghan blessé nommé Omar Khadr. Pendant l'interrogatoire mené par Fuller, Khadr avait de manière douteuse identifié Maher Arar, un citoyen canadien, comme étant quelqu'un qu'il avait vu en Afghanistan. Arar fut par la suite expédié en Syrie où il fut emprisonné et torturé pendant un an. Il est démontré aujourd'hui qu'Arar ne pouvait pas se trouver en Afghanistan au moment où Khadr, soumis à d'intenses pressions par Fuller, a déclaré l'avoir vu là bas.

En janvier, Fuller s'est retrouvé à la barre des témoins au procès de Khadr à Guantanamo Bay. Il a témoigné que pendant l'interrogatoire dans la base aérienne de Bagram en Afghanistan, Khadr avait identifié Arar d'après une photo et avait déclaré l'avoir vu en Afghanistan.

Cependant, lors du contre interrogatoire, Fuller a révélé que Khadr n'avait pas vraiment identifié Arar. Au lieu de quoi, il avait dit que le visage d'Arar lui « semblait familier, » et puis que « à un moment » il avait l'impression de reconnaître le visage sur la photo, selon le témoignage de Fuller.
«Nous ne savions pas ce qui se passait, si cela s'est produit quelques heures ou quelques jours plus tard, » déclare Kerry Pither, un journaliste canadien dont le livre Dark Days: The story of four Canadians tortured in the name of fighting terror porte sur l'affaire Arar.

« Khadr devait avoir environ quatorze ans, ne voyait que d'un œil et souffrait de blessures sérieuses, » explique Watt. « C'était complètement ridicule. »

Selon Steven Watt, un des avocats d'Arar en association maintenant avec l'ACLU (union des avocats pour les droits civiques), l'identification par Khadr aurait du être accueillie avec beaucoup de suspicion...
Une commission d'enquête canadienne a déjà établi qu'Arar se trouvait au Canada au moment où Fuller indique qu'il était supposé être en Afghanistan aux dires de Khadr.

« Fuller a à l'évidence des états de services douteux, » déclare Pither. « Même si ses affirmations sur les dires de Khadr étaient vraies, il est hors de doute que Khadr aurait dit n'importe quoi. Il avait dit qu'il dirait n'importe quoi pour être mieux soigné.»
Le « transfert extraordinaire » d'Arar a été une sacrée histoire au Canada. Il a été la première personne traitée de la sorte à s'exprimer publiquement et à demander des comptes.

Sa procédure contre le gouvernement canadien a débouché sur 10 millions de dollars de dommages et intérêts. Il a aussi reçu des excuses sur une télévision nationale de la part du premier ministre canadien (imaginez un président étatsunien faire la même chose).

Ces excuses avaient été faites après qu'un ministre canadien de haut niveau ait eu la possibilité d'examiner le dossier des services secrets étatsuniens sur Arar – confirmant, selon Pither, une fois pour toutes qu'Arar était innocent. La procédure d'Arar contre le gouvernement des USA est en cours.

Fuller faisait aussi partie de l'équipe chargé de pister deux des pirates du 11 septembre en août 2001, avant les attentats contre le Pentagone et le World Trade Center.

Le New York Observer avait relaté que, après que la CIA ait informé le FBI que les deux pirates de l'air, Khalid al-Midhar et Nawaf al-Hamzi, se trouvaient aux Etats Unis, Fuller avait reçu comme mission de les arrêter le 23 août 2001, 19 jours avant les attentats.

Un autre agent du FBI, rapportait l'Observer, avait qualifié la mission de « routinière, » voulant dire par là que Fuller avait trente jours pour les arrêter. Fuller a sondé des bases de données locales, fait des vérifications à l'hôtel newyorkais de Midhar puis laissé tomber. Procédure normale, disent les documents, sauf qu'il aurait dû chercher dans des bases de données commerciales, ce qu'il ne fit pas.

Il dira plus tard avoir consulté la base de données
ChoicePoint le 4 ou le 5 septembre, mais la commission sur le 11 septembre conclura par la suite que le FBI n'avait consulté cette base de données qu'après les attentats, indiquait le journal.

Et en novembre 2004, Mohamed Alanssi, un informateur avec qui Fuller travaillait, se rendait sur le trottoir situé devant la Maison Blanche et s'immolait par le feu. La lettre d'Alanssi expliquant son suicide était adressée à Fuller qui, à l'époque, était son agent traitant depuis trois ans, selon une déposition qu'il avait faite sous servent devant un tribunal.
Alanssi, 52 ans, désespéré et émotionnellement déséquilibré, disait dans cette lettre décousue qu'il voulait rentrer chez lui au Yémen pour vois sa femme avant de témoigner publiquement au tribunal. Alanssi se plaignait que ses agents traitants n'aient pas tenu leurs promesses de le rémunérer, de lui obtenir la citoyenneté étatsunienne et de protéger son identité, écrivait le Washington Post à l'époque.
«Pourquoi ne vous souciez-vous pas de ma vie et de celle de ma famille, » écrivait-il. « Une fois que j'aurai témoigné ma famille sera tuée au Yémen, moi aussi je serai un homme mort.»

Alanssi avait déclaré au Washington Post que le FBI l'avait payé 100 000 dollars en 2003. « Ca a été ma grosse erreur de coopérer avec le FBI. Le FBI a déjà détruit ma vie et ma vie de famille et nous a mis dans une situation très dangereuse... Je ne suis pas fou pour détruire ma vie et celle da ma famille pour avoir 100 000 dollars, » disait-il.

Un article de 2004 du New York Times rapportait que le FBI avait utilisé Alanssi dans des poursuites contre 20 personnes.
«La bizarrerie des actions de M. Alanssi a également mis en totale évidence une autre faiblesse des enquêtes où est mise une forte pression : les relations contraintes qui sont souvent à la base des accords entre les enquêteurs et leurs informateurs peuvent évoluer brusquement de manière incontrôlable,' écrivait William Glaberson dans le New York Times.

Alanssi a survécu mais grièvement brûlé sur plus de 30 % de son corps.

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