mercredi 6 août 2008

Une femme qui honore le judaïsme...

... et l'humanité entière.
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Une rescapée de l’holocauste participe au voyage pour la paix dans des eaux agitées
6 août 2008, Irish Times (Irl) traduit de l’anglais par Djazaïri
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Le dévouement d’Hedy Epstein envers les Palestiniens l’a souvent mise en danger, écrit Michael Jansenin à Nicosie (Chypre)
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Hedy Epstein, une survivante de l’holocauste, doit partir en bateau dans les eaux agitées qui bordent Gaza, tentative de militants pacifistes pour briser le siège de ce territoire par Israël.
Etonnée et gênée par toute l’attention que lui prêtent les media, cette grand-mère de 83 ans qui vit à Saint-Louis explique qu’elle n’est qu’un membre ordinaire du groupe de 40 volontaires de 17 pays engagés dans le voyage.
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Hedy est née en 1924 dans le village de Kippenheim en Forêt Noire. « Quand Hitler est arrivé au pouvoir en 1933, j’avais un peu plus de huit ans. Mes parents avaient vite compris que sous ce régime ce n’était pas un endroit pour élever une famille et ont donc essayé de quitter l’Allemagne. S’ils étaient prêts à aller n’importe où, ils ne l’étaient pas pour aller en Palestine. Et pourquoi ? Parce qu’ils étaient antisionistes. Je ne comprenais pas vraiment complètement à l’époque ce que signifiait être sioniste ou antisioniste. Mais si mes parents étaient antisionistes, alors j’étais antisioniste, » dit-elle.
Ses parents avaient fait les valises en vue de la fuite mais en fin de compte celles-ci furent vidées. La nuit du 10 novembre 1938, la Nuit de cristal, les bandes d’Hitler avaient détruit des magasins juifs et agressé des Juifs en Allemagne et en Autriche. Le père d’Hedi fut envoyé au camp de concentration de Dachau. A son retour à la maison, ses parents prirent la décision qu’un membre de la famille devait partir au plus vite. Le 18 mai 1939, Hedy quitta le pays avec 500 enfants Juifs dans des trains spéciaux ou Kindertransport; le plus jeune avait six mois, le plus âgé 17 ans. Elle avait 14 ans ; son matricule était le 5580.
L’Angleterre a accueilli 10 000 enfants dans les neuf mois qui ont précédé la guerre. « Certains étaient placés dans des familles d’accueil, d’autres dans des institutions, les plus âgés allaient travailler. » Ses parents avaient promis qu’ils se retrouveraient bientôt. « Beaucoup d’enfants qui avaient embarqué sur les trains ne revirent jamais leurs parents. » Les siens périrent à Auschwitz en 1942.
La nouvelle vie d’Hedy en Angleterre fut loin d’être rose. Sa première famille d’accueil ne la nourrit que de toasts et de thé pendant dix semaines. Elle mâchait de l’herbe et des feuilles du jardin pour se nourrir un peu. Sa seconde famille d’accueil, plus pauvre, la nourrissait régulièrement mais après son seizième anniversaire, mi-août 1940, elle dût quitter l’école et travailler. Elle rejoignit une organisation de jeunes juifs de gauche déterminés à retourner en Allemagne après la guerre pour enseigner aux Allemands les principes démocratiques. « Ce fut la fondation de mon éducation politique qui me reste très utile aujourd’hui, » dit-elle. En 1945, elle obtint un emploi en Allemagne auprès des autorités US comme agent de censure et enquêtrice chargée de rassembler des preuves pour les procès des médecins accusés d’avoir pratiqué des expériences sur des prisonniers.
« Je me suis installée aux Etats-Unis [en 1948] à peu près au même moment où Israël est devenue un Etat. D’un côté j’étais très heureuse qu’il y ait un endroit pour les gens qui avaient survécu à l’holocauste et n’avaient nulle part où aller. D’un autre côté, je me souvenais que mes parents étaient d’ardents antisionistes et je craignais que rien de bon ne sorte de ça. »
Nouvellement immigrée aux USA, elle remisa « Israël et la Palestine au placard… où elles restèrent très longtemps. » Elle travailla avec des réfugiés à New York avant d’aller à l’ouest, à Minneapolis, où elle fréquenta l’université et rencontra son mari. Elle éleva ses enfants à Saint louis et, en 1970, retourna à l’université où elle décrocha une licence et une maîtrise de politiques urbaines.
« En 1982, j’ai reçu ce que vous pourriez appeler un appel au réveil. » J’avais appris les massacres dans les camps de Sabra et Chatila [à Beyrouth pendant l’invasion israélienne]. Plus j’en apprenais, plus j’étais horrifiée. »
Elle commença à préciser son opposition aux politiques et actions israéliennes. En 2001 elle mit en place à Saint Louis une section du mouvement anti-occupation Women in Black. En décembre 2003, elle fit sa première visite dans les territoires palestiniens occupés. Depuis lors, elle y a séjourné chaque année pour des missions de protestation. Elle a été reçue à coups de balles de métal enrobées de caoutchouc, de canons à eau et de gaz lacrymogène. A l’aéroport Ben Gourion, on l’a détenue pendant cinq heures et la police israélienne l’a déshabillée pour procéder à une fouille corporelle invasive.
Alors qu’elle a souvent visité la Cisjordanie, elle n’est jamais allée à Gaza. Mais elle est incapable de prédire ce qu’Israël fera quand les navires anti blocus approcheront de la côte. « Avec ce voyage, j’espère répondre à une des valeurs les plus essentielles du judaïsme : ne pas rester passif quand des gens meurent de faim, de maladie ou par manque de soins médicaux. »

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