dimanche 24 août 2008

Il coupe l'oreille de l'homme qu'il vient de tuer en guise de trophée : Qui sont les barbares en Afghanistan?

La mort au combat en Afghanistan de dix soldats Français a suscité, dit-on, une vive émotion en France. Si personnellement, je comprends la peine des familles de ces militaires, qui n'ont pas d'autre choix que pleurer leurs proches disparus, je ne comprends pas par contre ce que fabrique l'armée française dans ce pays. M. Sarkozy a bien entendu une explication : "Nous sommes avec les Afghans pour ne pas les laisser seuls face à la barbarie".
Cette barbarie dont ont été victimes les miltaires Français n'est d'ailleurs pas tant l'oeuvre des Afghans que de teroristes étrangers car, nous apprend Paul Guéant "la majorité des assaillants n'étaient pas afghans". (Comme chacun le sait, Guéant est lui un citoyen Afghan).
Peut-être Guéant voulait-il parler des "tirs amis" qui auraient frappé la patrouille françaisse ainsi que le rapportaient les premiers témoignages de soldats eux-mêmes"?
Certes non et d'ailleurs le témoignages sur ces fameux "tirs amis" a été balayé par les services de propagande de la France et de l'OTAN. Car les barbares ne peuvent être ni ces soldats Canadiens meurtriers de deux enfants, ni ces pilotes d'avions Etatsuniens qui viennent de massacrer plus de 90 personnes innocentes.
Si les USA et leurs alliés cherchent une raison à l'hostilité croissante de la population afghane à leur égard et à celui du gouvernement afghan à leur solde, ils devraient se dire qu'il n'y a pas qu'une raison mais des milliers, soit les milliers de civils qu'ils ont massacrés dans leurs maisons, lors de fêtes etc. Sans parler des destructions de toutes sortes, mais il est vrai que pour les Occidentaux, seule la destruction des Bouddhas de Bamiyan par les Talibans avait une quelconque importance.
Je vous propose d'ailleurs un article qui permet de se faire une idée sur la manière dont des militaires peuvent prendre à coeur leur mission civilisatrice, l'histoire d'un Afghan assassiné parce qu'il avait un téléphone portable (tous les terroristes en ont un, c'est bien connu) et dont le cadavre est mutilé par son meurtrier coupe une oreille du cadavre : il aura au moins son trophée à défaut d'obtenir une médaille.
e
Un Béret Vert affirme que son chef a tué et mutilé un Afghan
Par Estes Thompson, Associated press, 12 août 2008, traduit de l’anglais par Djazaïri
d
Fort Bragg, Caroline du Nord – Le chef d’un groupe des forces spéciales de l’armée souriait alors qu’il tenait dans sa main l’oreille amputée d’un Afghan qu’il soupçonnait d’être un insurgé et dont il avait laissé le corps dans le désert après l’avoir tué, a témoigné un Béret Vert ce mardi.
Le témoignage du sergent de 1ère classe Derring a été fait lors d’une audience devant un tribunal militaire concernant son chef de groupe, le sergent chef Joseph D. Newell, 38 ans, de Tecumseh dans le Michigan. Newell qui est militaire depuis une vingtaine d’années risque la cour martiale sur l’accusation d’avoir assassiné le 5 mars un civil Afghan.
Derring a déclaré que Newell était retourné à l’endroit où il avait laissé le corps de l’homme et « faisait un mouvement de découpe et je pouvais voir on bras en train de couper, » a déclaré Derring. Newell est alors revenu vers le véhicule du groupe avec l’oreille de l’homme dans sa main.»
« Il agitait l’oreille et il avait un grand sourire,» poursuit Derring.
Lors du contre-interrogatoire par Todd Conormon, l’avocat civil de Newell, Derring a répondu qu’il n’avait pas réellement vu Newell couper l’oreille de l’homme.
Cette audience article 32, qui devrait durer deux jours est similaire à un grand jury civil. Elle ne décide pas de la culpabilité mais seulement de l’existence de preuves suffisantes pour traduire en cour martiale Newell, qui était assigné au 3ème groupe des forces spéciales de Fort Bragg. L’armée n’a pas donné de détails sur Newell tels que son âge, son lieu de naissance et son ancienneté dans l’armée.
Derring a précisé que son groupe escortait un convoi d'approvisionnements dans la province de Helmand, quand ils ont vu deux voitures civiles au loin. Les soldats ont procédé à un tir d'avertissement et sont allés effectuer un contrôle.
Derring, qui est affecté à la mitrailleuse lourde du groupe, explique que Newell a demandé à l’homme, via un interprète, s’il était un insurgé ou s’il avait des engins explosifs artisanaux. Il le questionnait au sujet d’une photo d’arme sur son téléphone mobile.
« Joe lui posait des questions : Où a-t-il eu ce téléphone, posait-il des engins explosifs, était-il un taliban, » avait indiqué Derring lors d’une audition à Fort Bragg, une base militaire près de Fayetteville.
Derring dit que l’homme répondait par la négative mais que Newell avec son interprète pensait que l’homme était un insurgé parce que les forces talibanes utilisent souvent des téléphones portables pour communiquer et appeler leurs repaires.
Newell a tiré son arme et l’a tué, le laissant dans le désert avant de revenir sur ses pas et de lui couper l’oreille, témoigne Derring. Newell a emporté le corps vers un autre endroit dans le désert, « et du pied, a balancé un peu de sable sur son visage, » poursuit Derring.
Derring a répondu aux questions de Conormon sur les relations tendues entre Newell et d’autres membres du groupe. Derring a répondu qu’il s’agissait de discussions sur la tactique et d’autres sujets, ajoutant que Newell devait s’affirmer parce qu’il venait d’arriver dans le groupe.
Derring dit avoir été perturbé par cette exécution dont il a parlé plus tard à un autre sergent.
« Il m’a dit en gros qu’il manquait une case au sergent Newell, » déclare Derring.
Newell a parlé plus tard à Derring de cet assassinat et ce dernier avait dit à Newell qu’il ne voulait plus se trouver dans ce genre de situation.
« Il m’a dit, ‘Ne t’inquiète pas, ça n’aura aucune conséquence. » disait-il, ‘Si ça en a, je dirai juste que j’ai été attaqué,’ » a affirmé Derring.

vendredi 15 août 2008

«Allons, qu’est-ce que deux doigts cassés quand vous interrogez un Palestinien par rapport aux informations que nous pouvons obtenir ?»

Après Siné et bien d'autres en France, un antisémite de plus. Celui ci nous vient de Grande Bretagne après avoir vécu en Afrique du sud où il a connu l'apartheid. Quand il s'esprime sur la Palestine, il possède donc une source de comparaison parfaitement fiable quand il s'agit d'évaluer le niveau d'oppression.
Cet antisémite se nomme Derek Summerfield et ce n'est pas un dessinateur de talent comme Siné mais un psychiatre réputé dont un des chevaux de bataille est l'éthique du corps médical.
Il est intéressant d'observer que la réflexion de D. Summerfield est globale, nullement limitée au conflit palestino-sioniste. Ce dernier lui sert, comme il le dit lui-même, d'exemple type où un système oppressif recourt à la torture en bénéficiant de l'assentiment et des services de la corporation médicale. Ainsi, loin de tout angélisme, il signale l'existence d'une torture à caractère endémique en Egypte. Il est d'ailleurs remarquable qu'Al-Ahram ait pu publier cette remarque du Dr Summerfield. Il est vrai qu'il s'agit d'une édition anglophone donc guère consultée par les citoyens Egyptiens, n'empêche qu'à mon avis la journaliste qui a réalisé l'entretien va certainement se faire taper sur les doigts.
s
Al-Ahram Weekly (Egypte) 14 août 2008 traduit de l'anglais par Djazaïri
s
Quand un médecin est-il un médecin ? Et quand est-il un citoyen ?
Cela fait plus de dix ans que le psychiatre Britannique Derek Summerfield a appelé au boycott universitaire d’Israël dans le domaine médical. Ayant grandi en Afrique du sud, fils d’une Zimbabwéenne Afrikaner et d’un père Britannique, il sait trop bien ce que signifie la discrimination raciale. Il l’a vécue.
Avant même de visiter les territoires palestiniens vers la fin de la première Intifada (1987 – 1992), où il vit de ses yeux la torture systématique et institutionnalisée des Palestiniens par Israël, Summerfield «avait toujours été fâché contre Israël.»"
«Lors de ma première journée à Jérusalem, voir le comportement de jeunes soldats israéliens à un check point envers un vieil homme Palestinien m’a semblé quelque chose de très familier, » dit-il. Je voyais ce genre de choses en Afrique du sud où j’ai grandi. »
Summerfield a consacré ces seize dernières années à faire connaître les crimes de guerre israéliens et à publier dans les plus grandes revues médicales britanniques de sévères critiques de la complicité des médecins Israéliens. Aujourd’hui, le nom de ce professeur honoraire au London Institute of Psychiatry et professeur associé au Refugee Studies Centre de l’Université d’Oxford, revient souvent dans le très discuté boycott britannique des échanges avec les universités israéliennes. Comme il est médecin, son approche et son militantisme se sont focalisés sur l’aspect médical de la campagne de boycott pendant laquelle il a mis en question de manière convaincante la responsabilité morale et éthique du corps médical. Il est l’ennemi public N°1 pour les groupes de pression juifs au Royaume Uni, et pour l’Association Médicale israélienne (AMI), parce qu’il pose les bonnes questions.
« J’ai toujours été un médecin intéressé par les droits de l’homme et par des problèmes plus larges et on devrait dire que les médecins ont autant la responsabilité de s’exprimer sur les causes politiques et sociales de la détresse et de la maladie que de soigner des individus, » a-t-il déclaré à Al-Ahram Weekly au cours d’une récente visite de deux jours au Caire. Summerfield a été invité à prononcer la conférence annuelle Okasha, un événement organisé par les plus éminents psychiatres Egyptiens, Ahmed Okasha, Farouk Lotaief et Mohamed Ghanem. Il a choisi de parler des droits de l’homme et de la responsabilité du corps médical.
L’intérêt de Summerfield pour la question palestinienne remonte à loin. Alors qu’il travaillait à la Medical Foundation for Victims of Torture à Londres au début des années 90, il rencontra de nombreux patients palestiniens qui avaient été torturés par des soldats Israéliens. Et au cours de sa première visite dans les territoires palestiniens occupés, il devint clair pour lui qu’Israël avait depuis longtemps adopté la torture comme « politique d’Etat. » Déjà à l’époque, Gaza était « mal en point mais bien moins qu’en ce moment.»
Summerfield s’est alors impliqué dans le Community Mental Health Programme de Gaza.
«J’étais à Gaza le jour où le soi-disant processus de paix a été signé à Oslo en août 1993 et c’était très intéressant parce que la plupart des gens que je connaissais étaient incroyablement heureux. Ils pensaient que c’était la fin de tout ça. Mais une minorité de Palestiniens disaient – et ils se sont avérés avoir raison – que ce n’était pas un bon accord, qu’ils étaient pessimistes et que Yasser Arafat ne savait pas ce qu’il avait signé.»
Ce qu’il a vu – « le crime le plus ignoble a été minimisé ici par un pouvoir colonial qui se considère comme faisant partie de l’Europe. Ils s’emparaient de terres palestiniennes et les torturaient de manières qui rappelaient l’Afrique du sud mais, comme il s’est avéré, bien pires qu’en Afrique du sud » -- l’a obligé à s’impliquer activement dans le problème palestinien.
Ayant été témoin des deux Intifadas, Summerfield déclare que dans la deuxième, la conduite des forces israéliennes d’occupation a été « bien plus ouvertement brutale et que les grandes puissances n’ont rien dit du tout.»
« Il fut un temps » dit-il, « où avant de lancer un raid les chefs militaires Israéliens discutaient de comment il serait perçu en Europe et aux Etats-Unis. Ils ne s’embêtent plus avec ça maintenant. Et clairement, la torture était un problème important pour ces pays. »
Selon Summerfield, en gros la moitié de la population de Gaza en gros « a séjourné un certain temps dans les prisons [israéliennes], certains d’entre eux pendant des années. » La proportion d’hommes adultes de Gaza interrogée er torturée, ajoute-t-il, est probablement plus élevée que dans n’importe quelle population dans le monde.
Plus il en a vu et plus la détermination de Summerfield s’est renforcée. Il commença à publier des articles citant des rapports sur les droits de l’homme, d’Amnesty International, du Comité de la Croix Rouge et des Commissions de l’ONU, « qui tous pointaient la persistance de la torture comme une politique d’Etat en Israël et l’effrayant usage indiscriminé de la puissance de feu contre des enfants qui lançaient des pierres.» 25 % des tués de la première Intifida étaient des enfants – environ 400 – ce qui «semble peu de choses» comparé à la deuxième Intifada. Depuis 2000, les soldats Israéliens ont tué 1000 enfants. La plupart d’entre eux, observe-t-il, ont été tués « à faible distance par des snipers : une seule balle dans la tête ou au cou. » Il est choquant, dit-il, de constater comment le corps médical Israélien reste « absolument silencieux » sur les conséquences de l’occupation en matière de droits de l’homme et de santé.
Ce qui l’a amené progressivement à entrer en conflit avec l’AMI, l’instance officielle qui est supposée donner des repères éthiques aux jeunes médecins et garantir qu’Israël se conforme aux normes internationales, dont le cadre est fixé par la Déclaration de Tokyo de la World Medical Association et qui résume la manière dont les médecins devraient se comporter. Summerfield explique : « Ils ne doivent pas accepter la torture ni être présents pendant la torture et devraient la dénoncer s’ils y étaient confrontés.»
Il soupire qu’ironiquement, la World Medical Association est née après la deuxième guerre mondiale justement à cause de ce que les médecins Allemands avaient fait aux prisonniers Juifs. «L’Association Médicale Israélienne est signataire de ces déclarations et pourtant il est devenu évident qu’elle est entièrement complice des crimes de guerre commis par l’Etat israélien.»
Les articles qu’il a publiés dans les plus prestigieuses et anciennes revues médicales – The Lancet et le British Medical Journal (BMJ) – les revues médicales américaines refusent de publier sur les souffrances des Palestiniens, explique-t-il – et exposant cette complicité l’ont placé en conflit ouvert avec l’Association Médicale Israélienne.
Son article le plus controversé, «Palestine, agression contre la santé et crimes de guerre» paru dans le BMJ en 2004, affirmait que l’armée israélienne avait tué «plus de civils Palestiniens non armés depuis septembre 2000 qu’il n’y a eu de morts le 11 septembre 2001. »
« Je ne donne pas mon opinion. Je cite les organisations internationales des droits de l’homme et les instances onusiennes. Les faits sont déjà connus, » explique Summerfield. Il ne fait que les mettre bout à bout et se battre ensuite pour qu’ils soient rendus publics.
De nombreux médecins craignent encore d’être qualifiés d’antisémites s’ils critiquent Israël. Pas Summerfield.
« On me traite tout le temps d’antisémite. Ca ne m’arrête pas. Et même ça m’encourage parce que ça veut dire que je les atteins. Donc c’est la bagarre mais ce qui est intéressant dans la bagarre c’est qu’elle fait plus de publicité et amène à prendre conscience. Elle éveille les gens d’une manière ou d’une autre. Et une partie de l’affaire est celle-ci : quand un médecin est-il médecin ? C’est-à-dire que c’est une profession humanitaire qui a, on le suppose, une autorité morale dans une société secourir les gens sans tenir compte de la politique. Et quand un médecin est-il un citoyen ? C’est un tout autre problème et ce que j’ai découvert au bout du compte c’est que les médecins Israéliens sont clairs là-dessus, leur loyauté va à l’appartenance à Israël et si Israël dit qu’on doit torturer des Palestiniens et tirer sur des enfants dans la rue, alors ces médecins feront de leur mieux pour cacher cette vérité ou la faire apparaître comme légitime, lui donner une apparence correcte. Ils donnent un visage sympathique à l’occupation.»
« Les preuves de l’implication des médecins Israéliens,» insiste-t-il, « sont écrasantes dans la torture au quotidien des Palestiniens,» ce qui l’a amené à conclure que l’AMI est en fait « une branche de la sécurité de l’Etat.»
Mais Israël n’est-il pas une exception du fait que c’est le seul Etat au monde où l’ensemble de la population adulte est réserviste de l’armée ? C’est une société complètement militarisée.
«Exactement,» assène Summerfield, « ce qui rend la question ‘êtes-vous un citoyen ou un médecin ?’ encore plus poignante.»
Et cela ne fait-il pas d’Israël un apartheid par défaut ?
En 1999, l’AMI avait reçu une délégation de l’organisation humanitaire dans laquelle Summerfield travaillait en ce qui concerne la torture. «Le responsable de l’AMI en charge de l’éthique médicale savait que les médecins avaient le devoir de dénoncer la torture mais il leur avait dit : «Allons, qu’est-ce que deux doigts cassés quand vous interrogez un Palestinien par rapport aux informations que nous pouvons obtenir ?»
La réaction immédiate de Summerfield fut la publication de cette remarque et d’autres affaires de torture systématique de Palestiniens. Son article de 2004 dans le BMJ irrita l’establishment juif britannique qui non seulement essaya de l’intimider mais s’en prit aussi aux éditeurs de la revue qui reçurent des milliers de courriels hostiles et de menace. Summerfield répliqua en luttant encore plus, jusqu’à en venir à la campagne de boycott académique.
Summerfield se trouvait à Ramallah lorsque le syndicat britannique des professeurs d’université vota une motion de boycott des universités israéliennes en 2006.
«C’était très important ne serait-ce que comme symbole, » dit-il. «Ce sont des universitaires qui ont une certaine dimension publique.»
Mais la motion n’a pas survécu longtemps car, «scandalisé,» l’establishment juif pro Israël du Royaume-Uni a fait pression dur le président du syndicat. Une seconde motion a annulé la décision de boycott.
Un an plus tard, le 30 mai 2007, les professeurs d’université Britanniques votaient pour contraindre leur syndicat à débattre pendant un an du boycott du travail avec les universités israéliennes. Les délégués votèrent à 158 voix contre 99 pour recommander le boycott en protestation contre les «40 années d’occupation» par Israël des terres palestiniennes et pour condamner la «complicité» des universitaires Israéliens.
Summerfield explique : « Bien entendu, il est difficile à appliquer et il y a d’énormes pressions mais nous sommes optimistes.» Son organisation – le British Committee for the Universities of Palestine, un organisme basé au Royaume Uni et dont la mission consiste à soutenir les universités palestiniennes et à s’opposer à l’occupation illégale de terres palestiniennes pas Israël – n’épargne aucun effort dans ses tentatives d’influer sur l’opinion publique britannique et les politiques pour qu’ils constatent et réagissent aux violations par Tel Aviv des conventions sur les droits de l’homme et son refus d’accepter les résolutions de l’ONU ou les décisions de la Cour Internationale de Justice et, tout aussi important, reconnaître la répression persistante par Israël de la liberté académique des Palestiniens.
«Le boycott,» soutient-il, «met en lumière ce qui se passe. Et ce qui se passe, c’est la collusion de l’establishment universitaire en Israël. Pas une seule université israélienne n’a protesté quand les universités palestiniennes ont été fermées. L’université de Bir Zeit a été fermée pendant trois ans. On tire sur des étudiants à des check points, ils ne peuvent pas aller en cours, les médecins ne peuvent pas aller voir les patients. Rien. Certaines universités israéliennes sont maintenant construites sur des terres palestiniennes, des terres volées. Les institutions académiques, notamment médicale, sont en collusion totale avec le colonialisme expansionniste de l’Etat.»
Même si son organisation a besoin de plus de soutien, Summerfield explique qu’ils ont réussi à créer un réseau de professionnels et d’autres personnes dans le monde entier. L’an dernier, ils ont publié une lettre dans The Guardian, signée par 130 médecins Britanniques appelant au boycott de l’AMI, et leur campagne ne se situe pas qu’au niveau politique. «Nous essayons d’acheminer de l’aide à gaza, nous enseignons dans les universités palestiniennes et nous donnons aux étudiants palestiniens des places dans les universités britanniques.»
Il est frappant, explique Summerfield, de voir comment des médecins Israéliens réagissent devant lui. « Un médecin Israélien m’applaudira et m’offrira à boire si j’écris au sujet de Soudan, du Guatemala ou de la Chine. Si je laissais tomber Israël pour le Soudan, ce serait formidable. Mais comme je dis que ça se passe en Israël, ils me disent que je fais de la propagande pour le terrorisme ou ils me traitent de Nazi. En psychologie, on dit qu’il y a plusieurs pièces dans notre cerveau et qu’il faut demander depuis laquelle on parle et dans laquelle on se trouve. En fonction des pièces nous nous comportons différemment. Le fait est que j’ai toujours été sévère envers Israël et qu’il doit y avoir des motifs bizarres pour qu’ils fassent de moi un antisémite.»
« Il est indubitable que le soutien à Israël est ancré dans les systèmes occidentaux. Les Etats-Unis et le Royaume Uni considèrent Israël comme un pays européen. Israël continue à miser sur l’holocauste et l’antisémitisme comme moyen de bloquer la vérité [sur sa politique] »
«C’est un combat bien plus ardu que celui contre l’apartheid. C’est pourquoi aucun d’entre nous ne se leurre. Mais je pense que nous avons obtenu quelques succès modestes et je pense que ça continue. Israël, c’est certain, les a pris extrêmement au sérieux. Chaque fois qu’un ministre Israélien vient à Londres, la première chose qu’il veut est de parler du boycott. Ce qu’ils craignent c’est la puissance du discours auquel ces choses font écho. C’est de ça qu’ils ont peur.»
«Quelle mesure pourrait être efficace ?
«En définitive, ce qui serait efficace serait de ne pas acheter de marchandises israéliennes et d’essayer d’amener des entreprises à retirer leurs investissements de celles qui sont liées à Israël.»
En 2004, l’église presbytérienne américaine, avec quelques autres églises, a discuté du retrait sélectif d’investissements dans des sociétés qui opèrent en Israël, en retirant leur argent de compagnies comme Caterpillar dont les bulldozers participent à la démolition de maisons palestiniennes. « Il y a une marée montante,» estime Summerfield qui concède cependant que «c’est vrai que c’est terriblement lent et que la plupart de ces gens ne font pas de politique.»
« Il est évident que nous devons influer sur les politiciens… mais sur 550 députés en Grande Bretagne, plus de 200 font partie du groupe d’amitié avec Israël et leur souci est c’arrêter ce genre de choses, de les cacher. C’est incroyable comment ce lobby est puissant.»
Cependant les universitaires et les médecins Israéliens « commencent à se sentir moins à l’aise» qu’auparavant devant l’évolution de l’opinion publique.
Summerfield interpelle souvent les médecins Juifs en leur posant une question d’ordre moral : «Réalisez-vous le bien que vous pouvez faire au monde dès lors que trois ou quatre médecins Juifs qui ont des liens avec l’AMI affirment que l’implication des médecins Israéliens dans les salles d’interrogatoire doit cesser. La torture devra cesser parce qu’alors la Shabak (Services Généraux de Sécurité) ne pourra plus procéder comme elle a l’habitude de le faire. Je leur dis que ne pas le faire est de la corruption morale.»
Tout cela, avec un travail à plein temps (il est l’un des psychiatres britanniques les plus éminents, ses recherches et sa famille (il a une fille de 12 ans), où Summerfield trouve-t-il le temps ?
« Ici en Egypte par exemple, la torture est endémique. Je me sers d’Israël et de la Palestine comme exemple type, mais la question plus large serait de savoir si nous devrions nous attendre à avoir des standards plus élevés chez les médecins, les comptables ou les banquiers et les journalistes dans le monde arabe et ailleurs. Telle est la question.»

Interview réalisée par Amira Howeidy


jeudi 14 août 2008

Mahmoud Darwich, ou vivre (et mourir) sous la botte du régime sioniste

Le poète Palestinien Mahmoud Darwich s'est éteint le 9 août 2008 dans un hôpital aux Etats-Unis. Cette information a bien sûr été largement répercutée par la presse internationale et arabe.
Les quelques vers qui suivent donnent une petite idée de la veine poétique qui animait Darwich et confirment l'étonnante lucidité dont savent souvent faire preuve les poètes.
e
ils ont fouillé sa poitrine
ils ont fouillé son coeur
n'y ont trouvé que son peuple
ils ont fouillé sa voix
n'y ont trouvé que sa tristesse
ils ont fouillé sa tristesse
n'y ont trouvé que sa prison
ils ont fouillé sa prison
et n'y ont trouvé qu'eux-mêmes enchaînés
Extrait du Poème de la terre publié dans le recueil "Rien qu'une autre année," Editions de Minuit - 1983
d
Originaire du village d'al Birwa, qu'il a dû quitter avec sa famille expulsée en 1948 par les forces sionistes, Mahmoud Darwiche était donc un réfugié depuis l'âge de sept ans. Et ce n'est pas la mort qui lui a ôté ce statut puisqu'il n'a pas été enterré dans le cimetière de son village natal mais à Ramallah en Cisjordanie. Les obsèques de M. Darwich donnent justement l'occasion à Jonathan Cook d'illustrer un peu plus ce que c'est que de vivre (et de mourir) sous la botte du régime sioniste.
s
Le village du poète ne vit plus que dans la mémoire
Par Jonathan Cook, The National (Emirats) 12 août 2008, traduit de l’anglais par Djazaïri

JUDEIDI, ISRAEL // Peu d’indices permettent de localiser le cimetière d’al Birwa. Son entrée non signalée est au bout d’une piste poussiéreuse, et la plupart des pierres tombales sont renversées sur le sol non entretenu et pierreux. Les tiges fragiles et brûlées par le soleil des chardons de Galilée qui sortent rapidement de terre au printemps sont les seuls visiteurs réguliers.
C’est l’endroit, près de la cité côtière d’Acre au nord d’Israël, où, selon sa famille, Mahmoud Darwich le « poète de la nation palestinienne », disait qu’il aurait voulu être enterré.En fait, après son décès ce samedi à m’âge de 67 ans sur la table d’opération d’un hôpital de Houston, il reposera aujourd’hui à Ramallah en Cisjordanie. Le corps de Darwich devait être transporté à Amman depuis les Etats-Unis dans un avion envoyé par Cheikh Khalifa bin Zayed, président des Emirats Arabes Unis et souverain d’Abu Dhabi, a déclaré Attalah Kheiry, l’ambassadeur de Palestine en Jordanie.Une cérémonie doit se tenir à l’aéroport militaire d’Amman ce matin avant le transfert par hélicoptère militaire jordanien des restes de Darwich pour les funérailles à Ramallah
Al Birwa, le village où Darwich a vécu ses premières années est aujourd’hui à peine plus qu’un souvenir – même s’il l’a immortalisé dans sa poésie. Ses constructions ont été rasées par l’armée israélienne pendant la guerre de 1948 qui a permis d’établir l’Etat d’Israël en envoyant 750 000 Palestiniens en exil. A l’âge de sept ans, Darwich et sa famille furent forcés de fuir vers le Liban. Au cours de sa vie Darwich ne savait que trop que les autorités israéliennes ne lui permettraient pas de revenir dans son village – même mort. Pendant une soixantaine d’années, l’accès au cimetière a été contrôlé entièrement par deux municipalités juives, Yasur et Achihud, qui ont pris possession des vastes terres du village.Darwich a écrit simplement que sa volonté était d’être « enterré en Palestine. »
Au cours d’un entretien l’an dernier, il se remémorait avec tendresse son enfance à Birwa, donnant à comprendre la force de son influence sur sa poésie de la perte et de l’exil qui l’a rendu célèbre.« Je préfère garder les souvenirs qui s’attardent toujours dans des espaces ouverts, des champs de pastèques d’oliviers et d’amandiers,» déclarait-il à Haaretz, un journal israélien. « Je me souviens du cheval attaché au murier dans la cour et comment j’étais monté dessus avant qu’il me fasse tomber et que je sois puni par ma mère… Je me souviens des papillons et du net sentiment que tout était ouvert. Le village était sur une colline et tout s’étendait en contrebas.»
Depuis le décès de Darwich, sa famille s’est installée dans la traditionnelle tente mortuaire à Judeidi, le village arabe qui est devenu leur lieu de vie. A seulement quelques minutes en voiture d’al Birwa, Judeidi est le lieu le plus proche de leurs anciennes terres que les Darwich purent trouver.Se tenant sous les bâches de protection tendues sur la cour familiale, Ahmed, le frère aîné du poète, salue le flot des personnes venues présenter leurs condoléances. « On a beaucoup discuté de l’endroit où Mahmoud devrait reposer, » dit-il.
« Avant de se fixer sur Ramallah, la direction palestinienne a laissé entendre qu’une requête devrait être faite auprès d’Israël afin qu’on puisse l’enterrer à Judeidi. Mais Mahmoud n’a jamais été un fils de Judeidi. Son âme appartenait à al Birwa. » La mère de Darwich, Houriya, 85 ans, dit s’être résignée au fait que son fils ne serait pas autorisé à revenir dans la campagne de Galilée qui enflammait son imagination. Montrant une photo d’un jeune Mahmoud regardant en contrebas d’un mur derrière elle, elle dit : « Je voudrais que mon fils soit enterré ici, mais ce n’est pas que mon fils, c’est le fils du monde arabe tout entier.»
Ahmed Darwich, 70 ans, est d’accord : « Mahmoud et sa poésie appartenaient à l’ensemble du peuple palestinien, et il vaut mieux que sa dernière demeure se trouve là où tous les Palestiniens peuvent la visiter.»
Paradoxalement cependant, la propre famille de Darwich devra se battre pour assister à ses funérailles aujourd’hui à Ramallah.
En vertu de la loi israélienne, eux, comme tous les Arabes ayant la citoyenneté israélienne, n’ont pas le droit de pénétrer dans des zones contrôlées par les Palestiniens telle que Ramallah. Des démarches discrètes ont été faites auprès d’officiels afin de trouver un moyen de contourner les check points qui limitent l’accès à la Cisjordanie.
Mahmoud Darwich avait quitté la Galilée en 1971 pour étudier à l’étranger après des emprisonnements répétés et trois années consécutives d’assignation à domicile. Ultérieurement, Israël l’a déchu de sa citoyenneté et lui a refusé le droit de voir sa famille jusqu’au milieu des années 90 et la signature des accords d’Oslo.
En 1995, il avait été autorisé à assister à Haïfa aux funérailles de son ami Emile Habibi, écrivain lui aussi et, l’an dernier, on lui avait donnée un permis de deux jours pour une lecture publique de ses poèmes en Israël. Il avait saisi ces rares opportunités pour voir également sa famille, explique Ahmed Darwich.
Sa mère a conservé sa chambre dans la maison familiale telle qu’elle était à son départ en 1971, avec un mur d’étagères remplies de livres vieillissants. En dépit de quelques efforts pour mettre Darwich dans les programmes scolaires israéliens, son œuvre est interdite d’écoles, y compris dans le système séparé pour les élèves Arabes.Si Israël semblait prêt à quelques concessions sur une visite de Darwich en Galilée de son vivant, il n’a jamais été question qu’elle fasse compromis pour son enterrement à al Birwa.Israël a toujours maintenu que les réfugiés des plus de 400 villages palestiniens détruits après la guerre de 1948 – même les réfugiés qui ont la citoyenneté israélienne – n’avaient pas le droit de venir sur leurs anciennes terres. Si le cas venait à se produire, on craint la création d’un précédent qui ferait que les millions de réfugiés Palestiniens encore dans des camps dans tout le Proche Orient auraient droit au retour.
Darwich vient s’ajouter à une longue liste de Palestiniens connus à qui on a refusé le droit d’être enterrés là où ils sont nés, tels Edward Saïd, un critique littéraire et défenseur de la cause palestinienne, qui repose au Liban, et Najil Ali, un dessinateur Palestinien enterré à Londres.Ilan Pappe, un historien Israélien, observe que reconnaître l’injustice faite aux palestiniens en 1948, « soulève des questions éthiques qui ont des conséquences inévitables sur le futur » d’Israël.
Les réfugiés d’al Birwa luttent depuis des années contre l’opposition de l’Etat et des habitants Juifs qui ont pris leur place pour avoir la permission d’entretenir leur ancien cimetièreMohammed Kayyal, qui dirige un comité local de réfugiés, explique que personne n’a pu être enterré au cimetière d’al Birwa depuis 1948. Pendant des années, ils ont essayé d’empêcher les fermiers d’Achihud de faire paître leurs troupeaux dans le cimetière. Il y a quelques années, les réfugiés ont obtenu finalement la permission de mettre une clôture barbelée autour de ce qui reste des tombes pour les protéger.
Mais petit à petit, les fermiers d’Achihud empiètent à nouveau sur le cimetière. Une nouvelle grande étable en structures métalliques en construction se dresse au dessus des tombes. « Nous étions en haute cour la semaine dernière pour les empêcher de faire disparaître ce qui reste du cimetière, » explique M. Kayyal. « Ils voulaient étendre l’étable en plein milieu des tombes, mais le tribunal a fait cesser les travaux pour le moment.»Au moment où la famille de Darwich se tenait sous la tente funéraire, un voisin de Judeidi, réfugié également d’al Birwa, Abdul Rahman Kayyal, 78 ans, arpentait le cimetière de l’ancien village avec son fils et son petit fils.
Agé de 18 ans quand son village fut vidé par l’armée israélienne, il garde encore la clef rouillée de la maison familiale qui n’existe plus. Autrefois la maison se trouvait près de l’entrée du cimetière et de la maison d’Hussein Darwich, le grand-père de Mahmoud.
Des nombreux arbres fruitiers que sa famille possédait, seul subsiste un grenadier. « On dirait que les vaches ont plus de droits que moi sur ce lieu, » dit-il.
Texte trouvé grâce à The Angry Arab

vendredi 8 août 2008

Mais vous allez voter pour McCain, n'est-ce-pas?» Non, je vote pour Obama.». Alors vous n’êtes pas une bonne Juive »

Comme quoi, l'info existe. Il faut seulement la déceler au milieu de la masse de superficiel que nous inflige la presse.
s
Lieberman modifie son rôle mais pas la carte Israël.
par Frank Cerabino, Palm Beach Post (USA) jeudi 7 août 2008, traduit de l'anglais par Djazaïri
d
J’ai eu droit à une nouvelle dose du transformiste Joe Lieberman, qui a fait ce qu’il fait le mieux – son numéro de la sincérité de basse intensité – devant un groupe d’électeurs Juifs banlieusards de Boca Raton.
Ce jeudi matin, le sénateur a emmené le Sraight Talk Express (l’autobus du parler franc) de John McCain dans une synagogue juive où il a livré la marchandise, affirmant que McCain « comprend que ce rôle est familier à Lieberman, qui était le spécialiste d’Al Gore en matière de vote juif en Floride il y a huit ans.
s
Trouver sa fierté dans une crise d’identité
La première fois que j’ai vu Lieberman, c’était à Los Angeles, le jour de son arrivée comme l’Homme de la Conscience à la Convention Démocrate Nationale de 2000. Son plus bel effet de manche ce jour là, ce fut quand il expliqua aux Démocrates Hispaniques pourquoi le programme fiscal des Républicains enfonçait les travailleurs.
« Leur programme fiscal fonctionne selon la vieille théorie que la meilleure façon de nourrir les oiseaux est de donner plus d’avoine au cheval, » avait-il dit
s
Vous devinez bien que Lieberman a laissé tomber ce genre de discours direct après son échec à remporter la primaire Démocrate il y a deux ans dans son Etat, le Connecticut, et a dû se redéfinir lui-même comme un Indépendant qui est Démocrate de cœur mais Républicain de langage.
Il donne à voir son opération de survie politique de haute voltige comme étant une vertu.
« J’ai fait quelque chose qui n’est pas normal chez les politiciens, mais qui est normal pour les gens, » a-t-il expliqué dans la synagogue de Boca Raton à moitié pleine.
s
Mais par de nombreux aspects, il n’avait pas grand-chose d’un Démocrate. Il s’est fait les dents en ratissant des millions de dollars de contributions de la part de grosses compagnies d’assurance et soutenait le relèvement de l’âge de la retraite[pour pouvoir bénéficier de la sécurité sociale] pour la sécurité sociale, la limitation des dommages que les personnes blessées pouvaient obtenir par voie judiciaire et le retrait des subventions aux écoles publiques au profit de «chèques éducation.»
s
La seule étoile du Berger dans le ciel de Lieberman a été sa dévotion pour l’Etat d’Israël. C’est pourquoi Gore l’avait embarqué dans sa campagne en 2000 et c’est pourquoi McCain s’est agrippé à lui au cours d’un récent séjour en Israël.
Tant que la Floride gardera son importance dans les élections présidentielles, Lieberman sera le passager obligé dans l’autobus de campagne d’un candidat.
s
Ce jeudi, il a raconté des anecdotes sur la visite très révérencieuse de McCain en Israël et a rappelé à l’auditoire la volonté de McCain de transférer l’ambassade US à Jérusalem, chose que les présidents Clinton et Bush se sont gardés de faire en raison de la réaction incendiaire qu’elle pourrait provoquer dans le monde musulman.

Attentifs à Israël
s
La campagne de Lieberman en faveur de McCain est un coup dur pour les Démocrates qui comptent sur un très gros score électoral dans les circonscriptions du sud-est de la Floride. Et présenter McCain comme l’ami le plus fiable d’Israël est exactement le genre de truc électoral qui amène des Juifs traditionnellement Démocrates à y réfléchir à deux fois.
s
Rosalind Mordkofsky, 77 ans, de Boca raton, était une des membres du Parti Démocrate présentes ce jeudi pour écouter Lieberman. Elle prédit que beaucoup de ses voisins Juifs voteront pour un Républicain cette fois.
« Ils sont attentifs à Israël, moi aussi, » dit-elle.
Mais Mordkofsky explique avoir été impressionnée par l’intelligence d’Obama, et elle est inquiète des membres que McCain pourrait désigner à la Cour Suprême.
« Cette administration Républicaine a détruit la Constitution, » dit-elle.
s
Jon Hirsh, 61 ans, de Kings Point dans la banlieue de Delray Beach, l’interrompt.
« Mais vous allez voter pour McCain, n'est-ce-pas? » demande-t-il.
« Non, je vote pour Obama, » répond-elle
« Alors vous n’êtes pas une bonne Juive, » lui dit Hirsh qui lui rappelle que son deuxième prénom est Hussein.
Resté à écouter, Raymond Sauer, 7o ans, de Boca Raton porte une kippa avec l’inscription brodée Gore – Lieberman 5761 – 5761 correspondant à 2000 dans le calendrier juif. Sauer, avocat à la retraite, dit qu’il n’a pas encore décidé comment il votera, mais il a aimé écouter Lieberman.
« J’ai été très impressionné, » dit-il.

"Ces types sont des fourmis. Le moment venu, vous les écrasez." Est-ce le principe de la diplomatie des Etats-Unis vis-à-vis de l'Iran?

L'Iran est la source de tout le mal selon Shaul Mofaz, vice premier ministre de l'entité sioniste et candidat au poste de premier ministre. Et ce criminel de guerre qu'est Mofaz sait de quoi il parle puisqu'il est lui-même né en Iran. Ca ce mal, c'est lui.
Les jeux olympiques de Pékin ont, de fait, quelque peu éclipsé la question du nucléaire iranien et en particulier les dernières discussions entre les 5+1 (Royaume-Uni, France, Russie, Chine, Allemagne + les USA qui auparavant avaient toujours refusé d'entrer en contact aved des officiels Iraniens sur ce dossier).
On lira dans l'article ci-dessous et ici ou le thème des dernières discussions. On notera aussi qu'Européens et Américains tendent à vouloir parler, sans vraiment leur demander leur avis, au nom des Russes et des Chinois. C'est que les Américains jouent gros dans cette affaire. On dira pour schématiser qu'ils ne veulent pas la guerre en Iran, d'abord parce qu'ils craignent pour la sécurité de leurs troupes en Irak où l'inflience iranienne est forte, ensuite parce qu'ils ne veulent pas d'une envolée des prix du pétrole consécutive à une éventuelle agression contre Téhéran. Sans parler de la capacité de riposte iranienne qui est la grande inconnue.
Le problème est que les amis sionistes des Etats-Unis en veulent de cette guerre et qu'ils s'agitent en tous sens pour convaicre le monde entier qu'il faut attaquer l'Iran, avec des armes atomiques éventuellement.
La seule ressource entre les mains des Américains est donc d'essayer d'obtenir une victoire diplomatique en se cachant autant que possible derrière les 5. Il est pourtant clair qu'ils ne l'obtiendront pas cette victoire diplomatique tant les conditions posées à l'Iran reviennent à une capitulation. Le gouvernement iranien ne saurait les accepter car il mettrait le doigt dans un engrenage dont il ne pourrait plus se dépêtrer, un peu comme feu Saddam Hussein : il entrerait dans un système de capitulations telles que celles qui ont contribué à la destruction de l'empire Ottoman. La diplomatie iranienne est plus rouée que celle dont disposait le régime baathiste d'Irak, et Ahmadinedjad est d'une toute autre trempe intellectuelle que Saddam Hussein (même si ce dernier avait d'indéniables talents poétiques) et ce n'est pas un autocrate. Car, qu'il nous plaise ou non, le régime iranien n'est pas une dictature.
Alors, l'Iran cèdera-t-il sur le dossier nucléaire. L'article que je vous propose présente la réponse d'un physicien qui était responsable du programme atomique de l'Iran impérial, celui qui a été renversé par la révolution de 1979.
Pourquoi l’Iran ne cèdera pas sur le nucléaire
par Nahid Siamdoust, Time (USA) 6 août 2008, traduit de l’anglais par Djazaïri
Quand les officiels US en appellent directement au peuple iranien en court-circuitant le régime, ils aiment à considérer que la posture de défi sur le dossier nucléaire reflète seulement la position extrémiste d’un leadership révolutionnaire non représentatif. Il est évident qu’ils [les Américains] n’ont pas rencontré le Dr Akbar Etemad, qui était chargé du programme nucléaire du régime du Shah, renversé par la révolution islamique de 1979. Ce scientifique, initiateur en 1974 du programme de technologie nucléaire sous un régime appuyé par les USA, encourage aujourd’hui le régime qui l’a privé de son poste à rejeter toute exigence internationale d’arrêter l’enrichissement de l’uranium.
Lors d’une conférence universitaire le week-end dernier à Toronto, le Dr Etemad a déclaré que « l’Iran avait déjà interrompu pendant plus d’une année l’enrichissement de l’uranium à la demande instante de l’Europe [une référence à la suspension par Téhéran de l’enrichissement entre fin 2003 et mi-2005]. Et que s’est-il passé ? Rien. »
L’Iran a donné sa réponse à la dernière offre occidentale sur le dossier nucléaire à des officiels de l’Union Européenne à Bruxelles ce mardi sans, est-il rapporté, mentionner un gel de l’enrichissement de l’uranium. La Grande-Bretagne, la France et les USA ont fait état clairement que la conséquence du refus par l’Iran de l’offre actuelle sera une pression pour de nouvelles sanctions onusiennes contre l’Iran.
Dans une interview accordée à Time, ce scientifique formé en Suisse, réside à Paris et dirige un groupe d’exilés Iraniens de premier plan qui fait pression en opposition à une attaque militaire contre l’Iran, déclare que la solution à l’impasse nucléaire repose dans le rétablissement des relations entre Téhéran et Washington. Même si un diplomate US de haut niveau a participé à la délégation menée par les Européens qui a rencontré des officiels Iraniens à Genève récemment, la réponse de l’Iran à la proposition sur le nucléaire pourrait rendre difficile la création d’une ouverture diplomatique par l’administration Bush.
Aussi étonnant soit-il d’entendre un membre du régime du Shah renversé soutenir la position de la République Islamique dans une confrontation avec l’Occident, pour de nombreux experts Iraniens inquiets, la stratégie actuelle de l’Occident d’exigence d’un abandon par l’Iran de son droit à enrichir l’uranium a créé un blocage diplomatique.
Dans un article publié par l’International Herald Tribune la semaine dernière, Trita Parsi, Président du National Iranian American Council, et le politologue Anatol Lieven, soutiennent qu’exiger l’abandon par l’Iran de son droit à l’enrichissement de l’uranium n’est pas défendable et, à la place, suggèrent que les puissances occidentales fondent leurs exigences sur les droit et limitations du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP) – ce qui permettrait à la communauté internationale « de poser une limite vérifiable bien en deçà de la militarisation à l’enrichissement iranien et aux autres installations atomiques. »
Le Dr Etemad convient que le TNP, qui encadre l’accès à l’énergie atomique à des fins pacifiques sous la supervision de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA – ONU) détient la clef du dossier. « Les Américains, quand ils ont besoin du TNP, ils en parlent ; quand ils n’en ont pas besoin, ils le jettent. On ne fait pas ça avec in traité international, » dit-il. L’Iran est signataire du TNP, sur la base duquel il est tenu pour responsable par le Conseil de Sécurité de l’ONU en matière de transparence. Mais le TNP donne le droit à l’enrichissement de l’uranium par les signataires, sous supervision de l’AIEA et à des fins pacifiques. Les USA et leurs alliés craignent que la création de capacités à enrichir l’uranium à des fins pacifiques permette à l’Iran de produire en secret des matériaux de type militaire et ils soutiennent que les violations par Téhéran des obligations de transparence et d’information du TNP doivent impliquer qu’elle a perdu son droit à l’enrichissement de l’uranium. Mais cet argument est loin d’avoir convaincu l’ONU ou l’AIEA qui indique qu’il n’existe « pas de preuve que l’Iran a travaillé activement à la fabrication d’armes atomiques. »
Même si les activités iraniennes connues d’enrichissement de l’uranium sont supervisées par les inspecteurs de l’AIEA, les USA, leurs alliés européens et Israël soupçonnent l’Iran d’essayer d’obtenir une capacité nucléaire militaire. Cette accusation met le Dr Etemad en rage. « Avec le Shah, nous étions également arrivés à la conclusion que l’Iran avait un grand besoin d’énergie nucléaire car notre population croissait rapidement et que notre gaz et notre pétrole s’épuiseraient. J’étais dans l’ancien régime, j’ai l’obligation d’être honnête avec le nouveau régime parce qu’il est sur la même ligne. Pour parler franchement, avec son attitude belliqueuse l’Occident pousse l’Iran vers l’arme atomique même s’il n’en veut pas maintenant. »
La dernière proposition des puissances occidentales espérait sortir du blocage en retirant l’exigence comme condition préalable à des discussions que l’Iran cesse ses activités d’enrichissement. A la place, la nouvelle proposition implique que l’Iran s’abstienne d’élargir pas son programme d’enrichissement en cours pendant six semaines, période pendant laquelle le Conseil de Sécurité de l’ONU s’abstiendra d’imposer de nouvelles sanctions. Et pendant cet intérim «gel contre gel,» les deux parties négocieraient un accord plus complet. Mais pour l’heure, il n’y a aucun signe que Téhéran accepterait même cette proposition.
« Les Européens disent arrêtez l’enrichissement et nous discuterons, mais les Iraniens l’ont déjà fait et rien ne s’est passé, » déclare le Dr Etemad. « A l’époque du Shah, nous avions signé des contrats avec l’Allemagne et le France et même à l’époque elles n’avaient pas tenu leurs engagements. Si j’étais dans le régime actuel, je ne ferais pas confiance en l’Occident. Ils ne fournissent même pas à l’Iran des pièces détachées pour les avions civils, ce qui coûte des centaines de vies ; pourquoi le régime iranien devrait-il croire qu’il leur donnera de l’uranium enrichi ? » Si telle est la position d’un critique libéral [du régime], il est probable que le dossier nucléaire jouisse d’un large soutien dans l’opinion iranienne.
Pour être complet, de nombreux Iraniens craignent aussi les conséquences du défi permanent. « Et alors quoi, si la ligne dure veut dire la guerre ? » demande Baharam, 24 ans, mécanicien le jour, chauffeur de taxi la nuit, récemment arrivé à Téhéran et qui fait écho à l’inquiétude qu’on entend chez nombre d’Iraniens ordinaires.
« Ca fait maintenant des années qu’ils menacent de nous attaquer, » dit le Dr Etemad, ajoutant, que « C’est humiliant. Nous ne sommes pas des fourmis, » référence à une interview de l’amiral William Fallon au sujet de l’Iran dans Esquire en mars dans laquelle il avait déclaré que « Ces types sont des fourmis. Le moment venu, vous les écrasez.»
« Si vous êtes faible, ils vous attaquent, » explique le scientifique. « Si vous n’êtes pas faible, ils ne vous attaqueront pas. Nous devons avoir un pays fort et faire cesser ces menaces humiliantes. Et être fort signifie ne pas écouter les étrangers».

jeudi 7 août 2008

La bombe qui détruira le régime sioniste

Le quotidien espagnol El Pais aborde un des aspects essentiels du conflit palestino-sioniste, il s'agit de la question démographique. A la différence des conflits armés classiques, c'est la variable démographique qui détermine l'issue du conflit colonial. Aucune domination coloniale, en effet, n'a pu s'établir définitivement tant que subsitait une population indigène en nombre important : les colonisations de peuplement "réussies" comme celle des Etats-Unis ou d'Australie ont eu pour corollaire l'élimination physique de la population autochtone qui subsiste en tant que petite minorité. Parallèlement une immigration allogène venue en nombre s'est substituée aux indigènes : domination - substitution sont les deux termes qui conviennent le mieux pour décrire la colonisation de peuplement.
A contrario, les colonisations qui ont échoué sont celles où le colonisateur n'a pu, pour diverses raisons, ni éliminer la population autochtone ni se substituer à elle. Ce fut le cas en Algérie et encore plus nettement en Rhodésie (actuel Zimbabwé) et en Afrique du sud. Seule la matérialisation de l'échec colonial peut varier : expulsion par la force des armes ou plus ou moins pacifique. La "bombe" démographique est l'arme principale des peuples qui refusent de se soumettre à un oppresseur qui dispose de la supériorité matérielle.
Le cas de l'entité sioniste ne déroge pas à cette règle et les sionistes ne l'ignorent pas qui savent que la principale menace pour eux n'est pas une rudimentaire fusée Qassam ni même l'épouvantail iranien (qui a d'autres soucis que de mener à bien la destruction de l'entité sioniste). Le sionisme a certes réussi à peupler la Palestine essentiellement par l'immigration mais il a par contre échoué à expulser l'ensemble des palestiniens qui se trouvaient sur la portion de territoire qui appartient officiellement à son Etat. Selon l'article, les Arabes Palestiniens constitueraient 20 % de la population de l'Etat sioniste et les Juifs les 80 % restants. Ceci reste à vérifier car comme le remarque C. Bollyn, les chiffres de la population de l'entité sont un secret bien gardé. Il est notamment certain que les 80 % en question ne sont pas tous Juifs, il faut compter parmi eux des travailleurs migrants sans parler de tous ces Russes qui se sont fait passer pour Juifs en vue d'obtenir la nationalité sioniste avant de retourner à leur culte chrétien orthodoxe.
D'autre part, les Palestiniens qui n'ont pas fui au Liban, en Syrie ou dans d'autres pays arabes sont venus d'ajouter à ceux qui résidaient en Cisjordanie et à Gaza. L'erreur commise par les sioniste a été d'entreprendre de coloniser ces territoires après les avoir occupés en 1967. S'il est vrai que l'ampleur de cette colonisation en Cisjordanie interdit la création d'un Etat palestinien, elle interdit aussi à terme la pérennisation d'un Etat juif pour les Juifs.
C'est le casse-tête auquel sont confrontés les dirigeants sionistes et dont ils ne semblent pas prêts de trouver la solution même si, oserai-je dire, ils ont limité les dégâts en quittant Gaza qu'ils se contentent désormais d'assiéger de manière ignominieuse. En effet, en dehors des tenants d'une ligne extrême comme Netanyahu, tous les politiques sionistes admettent que la solution à leur problème dépend de l'instauration d'un Etat palestinien dont ils ont cependant rendu la création impossible. Et encore, les sionistes ne tiennent pas compte de la population palestinienne réfugiée hors de la Palestine historique, soit plus de 3 millions de personnes. C'es tout sauf un hasard si la question du droit au retour de ces réfugiés, droit imprescriptible, est la pierre d'achoppement des "discussions" entre l'autorité palestinienne d'Abou Mazen et l'entité sioniste.
Bref, c'est vers une solution à un Etat que la réalité démographique nous emmène sauf si les Juifs de par le monde décident en masse de quitter leurs patries et de faire leur aliya. C'est peu probable car, comme on le comprend en filigrane à la lecture de l'article, la principale motivation du "retour" à Sion n'est généralement pas ou plus religieuse ou idéologique mais essentiellement matérielle. Et il est difficile d'inciter des gens à quitter leur pays alors qu'ils y vivent convenablement, voire confortablement . C'est cette amélioration du niveau de vie qui, entre autres, explique le tarissement de l'immigration en provenance de Russie. Quitte à émigrer, les Russes, Juifs ou pas, préfèrent de loin le faire aujourd'hui vers le Royaume-Uni, le Canada ou les USA. Chose qui était presque impossible pour les Juifs à l'époque de l'URSS car l'émigration juive russe se fasait quasi exclusivement en direction de l'entité sioniste.
Alors cet Etat unique sera-t-il un Etat d'apartheid? En lisant soigneusement l'article, on s'apercevra que c'est déja le cas et que les sionistes le reconnaissent. Simplement pour eux, il y a apartheid seulement quand la population dominée est majoritaire! Ils comprennent bien surtout que cet apartheid, quand il touchera la majorité de la population sera jugé intolérable par l'opinion publique internationale!
s
La forte croissance de la population arabe déclenche l’alarme en Israël
Les politiciens cherchent des formules pour consolider et renforcer la majorité juive
ANA CARBAJOSA - Jérusalem - 06/08/2008 El Pais (Esp) Traduit de l’espagnol par Djazaïri
s
Le premier ministre israélien Ehud Olmert s’en va. Dans quelques mois il laissera un gouvernement démoli par quelques uns des multiples scandales qu’il a accumulés. Olmert s’en va, mais subsiste sa conviction qu’Israël ne sera plus un Etat viable le jour où les Palestiniens deviendront majoritaires tant à l’intérieur de ses frontières que dans les territoires occupés. Les politiciens en lice pour succéder à Olmert partagent la conviction que les projections démographiques, qui montrent une forte croissance de la population arabe en même temps qu’une diminution du nombre d’immigrants juifs, dicteront les politiques adoptées dans cette région de la planète, dont la création d’un Etat palestinien.
En matière de démographie, comme dans presque tout le reste, Israël est un cas unique. C'est un pays qui en 60 ans a quintuplé sa population. Il compte actuellement un peu plus de sept millions d'habitants, contre 650.000 en 1948 quand l'État a été fondé. Cette croissance vertigineuse a été possible grâce à une forte natalité et au débarquement de trois millions d'immigrants juifs.
Le changement qui se profile pourrait être aussi rapide, sauf que cette fois il serait contraire aux intérêts du projet sioniste, comme le signalent les démographes qui commencent à montrer les statistiques. D'une part, de moins en moins de juifs font l’aliya, l’émigration vers Israël : 2007 a été la première année depuis 1989 où le nombre d’immigrants juifs n'a pas dépassé les 20.000. Et, d’autre part, la population arabe, tant dans les frontières de l'État d’Israël qu’à Gaza et en Cisjordanie, augmente deux fois plus vite que la population juive, selon les données traitées par Sergio Della Pergola, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem qui fait autorité en la matière. Ces données indiquent que tandis que les juifs ont en moyenne de 2.7 enfants, les palestiniens en ont quatre. « Dans une vingtaine d’années, les Arabes qui vivent à l’intérieur d'Israël représenteront 30% de l’ensemble de la population [contre 20 % actuellement]. « Une nation avec une minorité de 30 % n’est déjà plus une société unitaire, elle est binationale, » déclare Della Pergola.
Mais les politiciens israéliens sont préoccupés par les statistiques qui concernent non seulement l’évolution démographique à l’intérieur des frontières de l’Etat d’Israël mais aussi dans les 28 000 km2 qui séparent la Méditerranée du fleuve Jourdain ou, c’est la même chose, la Palestine du mandat britannique. « Si nous ajoutons les habitants Gaza et de la Cisjordanie au million et demi d'arabes qui vivent en Israël, et si nous le comparons avec le nombre juifs Israéliens, la différence qui en résulte est minime. Mais si nous tenons compte la rapidité de la croissance de la population arabe, ils seront bientôt plus nombreux ", ajoute Della Pergola.
Ce sont ces chiffres qui ont fait déclenché toutes les alarmes dans la classe politique, à gauche comme à droite, et qui en ont amené beaucoup, y compris Olmert, à concevoir la création d'un État palestinien non comme un cadeau, mais comme la bouée de sauvetage du projet sioniste. Parce que soutient Olmert qui le jour où le nombre de d'arabes dépassera celui de juifs, l'existence elle-même de l'Israël sera en danger. « Le jour où la solution de deux États [palestinien et israélien] échouera, et si nous devons faire face à une lutte pour l’égalité des droits du style sud-africain, ce jour s’il arrive sera la fin de l’Etat d’Israël, » avait soutenu Olmert à Washington après la conférence d’Annapolis qui devait déboucher sur la création d’un Etat palestinien. Yossi Beilin, du parti de gauche Meretz, partage le point de vue d’Olmert. « Une minorité de Juifs dominant une majorité palestinienne, ce serait comme le régime sud-africain. Le monde ne le tolèrera pas. »
Les candidats à la succession d’Olmert analysent aussi le conflit du Proche-Orient à travers ce prisme démographique même s’ils lui donnent des solutions très différentes. « Pour les trois [Tzipi Livni, Benjamin Netanyahu et Shaul Mofaz] il s’agit d’une question cruciale, » assure Arnon Soffer, le prophète de « la menace démographique arabe » et professeur de géostratégie à l’université d’Haïfa. Ces trois responsables politiques sont passés dans son amphi et se sont laissé pénétrer par ses prédictions, indique Soffer.
Selon le professeur, Netanyahu, chef du parti de droite Likoud, et favori selon certains sondages, l’a encore appelé pour le consulter sur ce sujet. A l’inverse d’Olmert ou de Livni, la préoccupation démographique n’amène pas Netanyahu à défendre la nécessité de la création le plus vite possible d’un Etat palestinien. Au contraire, des sources proches du candidat conservateur expliquent que « tout en considérant la démographie comme un problème critique, il [Netanyahu] considère impossible d’aboutir à un accord avec les palestiniens dans les circonstances actuelles, avec le Hamas au pouvoir à Gaza. » Mais il prévoit des mesures pour éviter que les Arabes Israéliens altèrent le caractère juif de son pays.
Mais si bonne partie de la classe politique israélienne ressent une telle urgence pour un accord qui conduise à la création d'un État palestinien, ou pour fixer au moins des frontières définitives, pourquoi les faits sur le terrain, comme l'expansion des colonies, vont-ils dans la direction opposée? Parce que comme le dit Calev Ben-Dor, analyste de Reut, un think-tank de Tel-Aviv, une chose est de vouloir qu'il existe un État palestinien « et une autre qui il y ait consensus sur ses frontières, ce qu’il faut faire pour Jérusalem ou avec les réfugiés ". Et, conclut Beilin : « Nous savons tous que le statu quo est indéfendable et qu'il faut avancer vers la partition, la question est de savoir si nous avons des chefs disposés à le faire ".
s
À la chasse à l'immigrant
L'Agence Juive est chargée de recruter des juifs de par le monde et de les faire venir en Israël. Ils viennent pour réaliser leur rêve religieux, sioniste ou simplement pour améliorer leur situation matérielle. La loi du retour leur donne le droit d'immigrer par le fait d'avoir une ascendance familiale juive et leur accorde une série d’avantages, dont la citoyenneté, des cours d'hébreu gratuits, un logement provisoire ou 15.000 dollars (9.700 EURO) dans ce qu’on appelle "panier intégration ".
Jusqu'à présent, ce projet a été un succès par lequel trois millions de juifs ont fini par s’installer en Israël. Le problème se pose maintenant, puisque la majorité des juifs qui restent ailleurs dans le monde vivent dans des pays où ils ne sentent pas menacés et jouissent d'un bon niveau de vie.
La clé est en Russie. L'ancienne Union Soviétique constituait la plus grande réserve de juifs du monde. En 1990, avec l'effondrement de l’URSS, les portes se sont ouvertes et c’est alors un million de Soviétiques qui se sont installés en Israël. Mais à chaque année qui passe, ce sont mille russes de moins qui arrivent par rapport à l’année précédente. « Le niveau de vie en Russie s’est beaucoup amélioré et c'est pourquoi les juifs qui restent là-bas trouvent moins d'intérêt à venir ", explique Michael Jankelowitz, porte-parole de l'Agence Juive.
C'est pourquoi, il a été décidé de regarder du côté des Etats-Unis, le pays qui compte la plus grande Communauté juive du monde et où, bien que jouissant d'un bon niveau de vie, il y a beaucoup d'aspirants à l’émigration pour des motifs religieux. Pour séduire les juifs américains qui susceptibles de compenser la baisse de l’immigration russe, l'Agence Juive a mis en place des campagnes par terre, mer et air.
Un de ces programmes attire chaque année 10 000 jeunes des Etats-Unis qui viennent passer un semestre dans une université israélienne dans l’idée que quelques uns finiront par venir s’établir. 1500 jeunes Israéliens sont également envoyés chaque année dans des camps d’été de l’autre côté de l’Atlantique. Ils sont appelés « émissaires, » parce que, dans une perspective sioniste, ils expliquent le rôle que joue Israël dans leurs vies, » explique Jankelowitz.

mercredi 6 août 2008

Une femme qui honore le judaïsme...

... et l'humanité entière.
d
Une rescapée de l’holocauste participe au voyage pour la paix dans des eaux agitées
6 août 2008, Irish Times (Irl) traduit de l’anglais par Djazaïri
s
Le dévouement d’Hedy Epstein envers les Palestiniens l’a souvent mise en danger, écrit Michael Jansenin à Nicosie (Chypre)
s
Hedy Epstein, une survivante de l’holocauste, doit partir en bateau dans les eaux agitées qui bordent Gaza, tentative de militants pacifistes pour briser le siège de ce territoire par Israël.
Etonnée et gênée par toute l’attention que lui prêtent les media, cette grand-mère de 83 ans qui vit à Saint-Louis explique qu’elle n’est qu’un membre ordinaire du groupe de 40 volontaires de 17 pays engagés dans le voyage.
s
Hedy est née en 1924 dans le village de Kippenheim en Forêt Noire. « Quand Hitler est arrivé au pouvoir en 1933, j’avais un peu plus de huit ans. Mes parents avaient vite compris que sous ce régime ce n’était pas un endroit pour élever une famille et ont donc essayé de quitter l’Allemagne. S’ils étaient prêts à aller n’importe où, ils ne l’étaient pas pour aller en Palestine. Et pourquoi ? Parce qu’ils étaient antisionistes. Je ne comprenais pas vraiment complètement à l’époque ce que signifiait être sioniste ou antisioniste. Mais si mes parents étaient antisionistes, alors j’étais antisioniste, » dit-elle.
Ses parents avaient fait les valises en vue de la fuite mais en fin de compte celles-ci furent vidées. La nuit du 10 novembre 1938, la Nuit de cristal, les bandes d’Hitler avaient détruit des magasins juifs et agressé des Juifs en Allemagne et en Autriche. Le père d’Hedi fut envoyé au camp de concentration de Dachau. A son retour à la maison, ses parents prirent la décision qu’un membre de la famille devait partir au plus vite. Le 18 mai 1939, Hedy quitta le pays avec 500 enfants Juifs dans des trains spéciaux ou Kindertransport; le plus jeune avait six mois, le plus âgé 17 ans. Elle avait 14 ans ; son matricule était le 5580.
L’Angleterre a accueilli 10 000 enfants dans les neuf mois qui ont précédé la guerre. « Certains étaient placés dans des familles d’accueil, d’autres dans des institutions, les plus âgés allaient travailler. » Ses parents avaient promis qu’ils se retrouveraient bientôt. « Beaucoup d’enfants qui avaient embarqué sur les trains ne revirent jamais leurs parents. » Les siens périrent à Auschwitz en 1942.
La nouvelle vie d’Hedy en Angleterre fut loin d’être rose. Sa première famille d’accueil ne la nourrit que de toasts et de thé pendant dix semaines. Elle mâchait de l’herbe et des feuilles du jardin pour se nourrir un peu. Sa seconde famille d’accueil, plus pauvre, la nourrissait régulièrement mais après son seizième anniversaire, mi-août 1940, elle dût quitter l’école et travailler. Elle rejoignit une organisation de jeunes juifs de gauche déterminés à retourner en Allemagne après la guerre pour enseigner aux Allemands les principes démocratiques. « Ce fut la fondation de mon éducation politique qui me reste très utile aujourd’hui, » dit-elle. En 1945, elle obtint un emploi en Allemagne auprès des autorités US comme agent de censure et enquêtrice chargée de rassembler des preuves pour les procès des médecins accusés d’avoir pratiqué des expériences sur des prisonniers.
« Je me suis installée aux Etats-Unis [en 1948] à peu près au même moment où Israël est devenue un Etat. D’un côté j’étais très heureuse qu’il y ait un endroit pour les gens qui avaient survécu à l’holocauste et n’avaient nulle part où aller. D’un autre côté, je me souvenais que mes parents étaient d’ardents antisionistes et je craignais que rien de bon ne sorte de ça. »
Nouvellement immigrée aux USA, elle remisa « Israël et la Palestine au placard… où elles restèrent très longtemps. » Elle travailla avec des réfugiés à New York avant d’aller à l’ouest, à Minneapolis, où elle fréquenta l’université et rencontra son mari. Elle éleva ses enfants à Saint louis et, en 1970, retourna à l’université où elle décrocha une licence et une maîtrise de politiques urbaines.
« En 1982, j’ai reçu ce que vous pourriez appeler un appel au réveil. » J’avais appris les massacres dans les camps de Sabra et Chatila [à Beyrouth pendant l’invasion israélienne]. Plus j’en apprenais, plus j’étais horrifiée. »
Elle commença à préciser son opposition aux politiques et actions israéliennes. En 2001 elle mit en place à Saint Louis une section du mouvement anti-occupation Women in Black. En décembre 2003, elle fit sa première visite dans les territoires palestiniens occupés. Depuis lors, elle y a séjourné chaque année pour des missions de protestation. Elle a été reçue à coups de balles de métal enrobées de caoutchouc, de canons à eau et de gaz lacrymogène. A l’aéroport Ben Gourion, on l’a détenue pendant cinq heures et la police israélienne l’a déshabillée pour procéder à une fouille corporelle invasive.
Alors qu’elle a souvent visité la Cisjordanie, elle n’est jamais allée à Gaza. Mais elle est incapable de prédire ce qu’Israël fera quand les navires anti blocus approcheront de la côte. « Avec ce voyage, j’espère répondre à une des valeurs les plus essentielles du judaïsme : ne pas rester passif quand des gens meurent de faim, de maladie ou par manque de soins médicaux. »

mardi 5 août 2008

Ces rabbins qui font honte au judaïsme

Ce texte de Khalid Amayreh est intéressant car, même s'il ne nous apprend rien de vraiment nouveau, il offre une synthèse sur une variante haineuse et radicale du sionisme religieux, variante qui a le vent en poupe dans l'entité sioniste où elle est chargée de l'endoctrinement des colons sionistes et de leurs enfants, enfants qui constituent déjà l'élément central et le plus agressif de l'armée de l'entité.
Ce qui est assez amusant, si j'ose m'exprimer ainsi, c'est qu'Amayreh utilise au fond la même rhétorique que ceux qui opposent l'islamisme au "véritable" Islam. Ainsi il relève la contradiction entre le discours et les actes des adeptes de ce sionisme religieux et les valeurs authentiques de la tradition juive telle qu'on la trouve dans la Bible ou le Talmud et, logiquement il prie les rabbins "modérés" de contredire les thèses des zélateurs de ce sionisme religieux.
Je suis d'accord, ce n'est qu'un voeu pieux et Amayreh le sait probablement. Il veut sans doute surtout attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur cette idéologie haineuse à l'encontre de tout ce qui n'est pas juif.
On aurait cependant aimé avoir des éléments d'analyse permettant de comprendre la montée en Palestine occupée de cette version religieuse du sionisme. Parmi les noms fournis par l'auteur, on doir retenir celui du rabbin Kook, qui fut le premier grand rabbin de l'entité sioniste. On ne saurait sous-estimer l'oeuvre de ce rabbin dans l'évolution de l'idéologie sioniste.
Historiquement, en effet le sionisme politique est l'affaire d'organisations profanes et de personnes elles-mêmes profanes (je répugne à écrire laïques car ce n'est pas exactement de ça qu'il s'agit) voire athées. Plus ancien que ce sionisme politique, le sionisme religieux s'était toujours gardé de former un projet étatique en palestine car ses préoccupations étaient d'ordre spirituel. La grande oeuvre précisément du rabbin Kook est d'avoir intégré le sionisme politique dans le sionisme religieux, et donné un sens religieux à la construction politique qu'est l'entité sioniste. Compte tenu de la faillite du modèle "socialiste" qui faisait figure de vitrine de l'entité sioniste avec ses coopératives (kibboutz) même si cet aspect socialisant a en réalité toujours été marginal et de l'impossibilité du recours direct au modèle nazi discrédité par l'histoire, il ne reste désormais aux sionistes plus guère que ce modèle idéologico-religieux pour justifier leur entreprise. Ces gens ont aujourd'hui une influence énorme et sont en train de conquérir petit à petit toutes les sphères de pouvoir, ce qui passe bien sûr par l'armée où ils sont de plus en plus présents.
A la différence d'Amayreh, je ne dirai pas que ces rabbins sont la honte du judaïsme (car il faudrait que je sache ce qu'est le judaïsme et la théologie n'est pas mon fort). Ces rabbins sont simplement l'expression idéologique actuelle du sionisme, idéologie néfaste certes mais cohérente dans tous ses aspects.

Ces rabbins qui sont la honte du judaïsme
par Khalid Amayreh en Cisjordanie, Palestinian Information Center, 5 août 2008,
Traduit de l’anglais par Djazaïri
s
L’extrémisme religieux est très dangereux. Il considère que n’importe quelle action immorale concevable ici-bas peut être réalisée, « sanctionnée » et « justifiée » au nom du Tout Puissant.
En Israël, des rabbins qui ont des centaines de milliers d’adeptes, dont beaucoup servent dans cette sorte de Gestapo qu’est l’armée israélienne d’occupation, professent ouvertement que les non juifs s’ils sont des humains dans leur forme, sont des animaux dans leur essence.
Ces enseignements religieux ne peuvent pas être considérés comme « inoffensifs » ou « ésotériques. » Très souvent, ils constituent « un guide pour l’action » pour de nombreux colons Juifs qui sillonnent les collines de Cisjordanie en quête d’une proie arabe à tuer, à agresser ou à ligoter contre un poteau électrique.
Cet enseignement est aussi la source d’inspiration directe de nombreux soldats Israéliens qui opèrent en Cisjordanie et qui, grâce à l’endoctrinement raciste qu’ils ont reçu de leurs rabbins, en sont venus à considérer les 3,7 millions de Palestiniens qui vivent sous le contrôle militaire israélien, non comme de véritables êtres humains, mais plutôt comme des animaux bipèdes.
L’an dernier, un immigrant Juif venu de France qui avait assassiné un chauffeur de taxi Arabe après l’avoir attiré dans sa maison au nord de Tel Aviv, déclara à la police qu’il n’avait pas tué un être humain mais seulement un animal.
s
“Merkaz Harav”
Merkaz Harav (le centre rabbinique) est le centre névralgique en matière idéologique et théologique du sionisme religieux en Israël. Fondé en hommage au rabbin Abraham Kook, le premier grand rabbin d’Israël, le centre, qui est en réalité une école religieuse, enseigne à ses étudiants que Dieu Tout Puissant a créé l’ensemble de l’univers pour le bien « du Juif, » et que tous les non Juifs devraient être des esclaves au service du « peuple élu. »
En ce qui concerne les palestiniens, Merkaz Harav enseigne que les « non Juifs vivant sous le loi juive en Eretz Yisrael (terre d’Israël) doivent être soit réduits en esclavage comme porteurs d’eau ou coupeurs de bois, soit chassés ou exterminés. »
Certaines autorités rabbiniques liées au Merkaz Harav ont prêché la conception que les Palestiniens étaient les descendants d’Amalek, des Amalécites dont la Bible dit qu’ils doivent être complètement exterminés.

Ces conceptions haineuses sont réellement celles adoptées par des centaines de milliers de colons Juifs de Cisjordanie. C’est la doctrine religieuse du sionisme religieux. Cette théologie est enseignée dans des centaines de yeshivot (écoles religieuses) en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Les colons comme l’armée israélienne où ils sont prédominants pourraient très bien mettre en pratique ces doctrines de manière plus ouverte si le monde relâchait trop son attention. Ils n’attendent que le moment opportun pour agir de la sorte.
Selon le rabbin Kook, « la différence entre l’âme juive et les âmes des non Juifs – tous et à tous les niveaux – est plus grande et profonde que la différance entre une âme humaine et celle du bétail. »
Feu le philosophe Israélien Israël Shahak, soulignait que les enseignements de Kook étaient basés sur la Kabbale de Luria dont l’une des croyances fondamentales est celle de la supériorité absolue du corps et de l’âme juifs sur le corps et l’âme non juifs « au point que le monde n’a été créé que pour le bien des Juifs. »
En 2003, le rabbin Saadya Grama, un étudiant de Beth Medrash Govoha, la yeshiva renommé de Lakewood dans le New Jersey, avait écrit un livre intitulé « Romemut Yisrael Ufarashat Hagalut, » ce qu’on peut traduire comme « la Majesté d’Israël et la Question de la Diaspora, » dans lequel il affirmait que les non Juifs étaient « entièrement mauvais » et que les Juifs constituaient une espèce distincte et génétiquement supérieure.
Cet ouvrage a été condamné par de nombreux rabbins réformistes et conservateurs aux USA comme manifestement raciste et incompatible avec la pensée religieuse juive normale. Cependant, d’importantes organisations juives en Israël et en Amérique du Nord ont refusé de condamner ce livre.
En Israël, de nombreux rabbins orthodoxes, dont beaucoup sont diplômés du Merkaz Harav ou y enseignent, continuent à professer la conception théologiquement douteuse selon laquelle les dix commandements ne s’appliquent pas aux non Juifs et que, en conséquence, les commandements bibliques contre le meurtre, le vol et le mensonge ne protègent pas les non Juifs.
Par exemple, le rabbin Dov Lior, président du Jewish rabbinic Council, professe que « il n’existe pas de civils chez l’ennemi en temps de guerre »
« La loi de notre Torah est la pitié pour nos soldats et leur sauvegarde. C’est la véritable morale derrière la Torah d’Israël et nous ne devons pas culpabiliser à cause des morales des étrangers, » déclaration citée par le journal en hébreu Maariv en 2004.
« Mille vies non juives ne valent pas l’ongle d’un Juif. »
Lior n’est pas une personnalité marginale dans l’establishment sioniste religieux.
J’ai questionné le rabbin Menachem Froman, qui a lui-même enseigné au Merkaz Harav, sur la crédibilité de Lior en matière religieuse ; il m’a répondu que cet homme « est considéré parmi les sages les plus érudits concernant la Torah. »
Plus tôt cette année là, le rabbin David Batsri avait dit à ses adeptes que « il est impossible de mélanger le pur avec l’impur. Ils (les Arabes) sont une plaie, un diable, un désastre. Les Arabes sont des ânes, et nous devons nous demander pourquoi Dieu ne les a pas créés marchant à quatre pattes. Eh bien, la réponse est qu’on en a besoin pour construire et nettoyer. Ils n’ont aucune place dans notre école. »
En mai 2007, le rabbin Mordechai Elyahu, un ex grand rabbin d’Israël, avait émis un édit visant à permettre à l’armée israélienne d’assassiner des milliers de Palestiniens.
« S’ils n’arrêtent pas après que nous en ayons tué 100, alors nous devons en tuer un millier. Et s’ils n’arrêtent pas après 1000, alors nous devons en tuer 10 000. Même un million. Ce qu’il faudra pour les faire s’arrêter. »
Je ne crois pas que cet extrémisme répugnant représente le judaïsme authentique, le judaïsme basé sur les dix commandements.
La tradition juive raconte l’histoire d’un païen venu voir Shammaï et lui demander d’être accepté comme converti à condition qu’on lui enseigne toute la Torah en se tenant sur une seule jambe. Shammaï chassa cet homme à l’aide de l’instrument de mesure qu’il avait souvent sur lui. Alors l’homme alla faire la même demande à Hillel. Hillel dit à l’homme : « ce qui est détestable pour toi-même ne le fais pas à ton semblable humain C’est là toute la Torah et le reste n’est que commentaire. »»
Malheureusement, les rabbins du sionisme religieux, dont ceux qu’on appelle Chabad qui ont effectivement remplacé la Torah par un manuel notoirement raciste intitulé « Hatanya, » ne prêtent aucune attention à de telles traditions. Et quand on leur rappelle leur existence, ils affirment avec arrogance que des mots comme « homme » ou « être humain » réfèrent seulement et exclusivement au « Juif. » (je me suis un peu documenté : "les âmes [des Gentils] dérivent de l'union des éléments masculins et féminins (zivug zu’n, l'union de Z’eir Anpin et Malchut) de l'esprit maléfique [spiritual kelipot], tel qu'indiqué dans les écrits du rabbin Isaac Luria, louée sa mémoire).
De plus, il est évident que ces fanatiques ne sélectionnent que les textes les plus racistes et les plus haineux dans l’immense corpus des écritures bibliques et talmudiques, tout en ignorant complètement et en scotomisant des textes authentiques, dont des textes bibliques, qui recommandent aux Juifs d’être bienveillants et justes avec les non Juifs qui vivent parmi eux.
En outre, on se demande si ces soi-disant leaders religieux et « hommes de foi » comprennent ce que signifie statuer qu’en temps de guerre tous les coups sont permis et qu’il n’y a pas ce qu’on pourrait appeler des civils chez l’ennemi.
Eh bien, Adolf Hitler aurait pu utiliser le même procédé pour justifier son agression génocidaire contre des Juifs et des non Juifs en Europe ?

Enfin, j’espère que les autorités juives modérées agiront pour combattre ces rabbins extrémistes dont j’ai la conviction qu’ils dénaturent le judaïsme en le présentant comme une religion de feu, de sang et de haine. Les rabbins craignant Dieu devraient absolument faire comprendre aux juifs d’Israël-Palestine que faire souffrir des gens innocents est mal. Enfin, j’espère que les autorités juives modérées agiront pour combattre ces rabbins extrémistes dont j’ai la conviction qu’ils dénaturent le judaïsme en le présentant comme une religion de feu, de sang et de haine. Les rabbins craignant Dieu devraient absolument faire comprendre aux juifs d’Israël-Palestine que faire souffrir des gens innocents est mal.
C’est une question fondamentale parce que si l’idéologie et la théologie du Merkaz Harav sont autorisées à prédominer, alors le judaïsme lui-même en souffrira immensément.