jeudi 17 avril 2008

Encore une preuve d'un mensonge de Tony Blair

Il y a un an, une quinzaine de marins Britanniques qui s'apprêtaient à effectuer un contrôle sur un navire marchand croisant dans les eaux territoriales irakiennes, nous disait-on à l'époque, étaient arrêtés par la marine iranienne.
Abusivement dépeints comme des "otages," terme que l'on retrouve encore dans l'article ci-dessous, ces marins avaient été ensuite relâchés par les autorités iraniennes qui affirmaient de leur côté que les soldats Britanniques se trouvaient dans les eaux territoriales iraniennes.
On en sait maintenant un peu plus car des documents britanniques déclassifiés nous font savoir que les marins Britanniques ne se trouvaient pas dans des eaux internationalement reconnues comme irakiennes mais dans une zone maritime qui fait l'objet d'une dispute entre l'Iran et l'Irak. Et que l'idée que les Britanniques se trouvaient en territoire irakien ne repose que sur une frontière maritime extrapolée par le commandement militaire américain à partir d'une projection de la ligne de partage du Shat al-Arab définie par les accords d'Alger. Ligne dont le tracé n'a jamais été communiqué aux Iraniens, ni pour information et encore moins pour accord.
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par Dominic Kennedy, The Times (UK) 17 avril 2008 traduit de l'anglais par Djazaïri

Selon de nouveaux documents officiels transmis au Times, quinze marins et fusiliers marins Britanniques avaient été capturés par l’Iran dans des eaux internationales disputées et non dans les eaux territoriales irakiennes comme on en avait informé le parlement
Les Britanniques avaient été capturés parce que la coalition emmenée par les USA avait tracé une frontière maritime pour les eaux territoriales iraniennes sans indiquer aux Iraniens où elle se trouvait, révèlent des mémos internes du ministère de la Défense.
Les documents, transmis aux termes de la loi sur la liberté d’information, détaillent pour la première fois les gaffes du printemps dernier qui avaient abouti à ce qu’une commission parlementaire multipartiste avait décrit comme une “source d’embarras pour la nation.”
Les quatorze hommes et la femme capturés avaient été exhibés à la télévision iranienne pendant quinze jours avant d’être libérés il y a un an par un président Ahmadinejad souriant qui leur avait donné des vêtements neufs et des colis de cadeaux.
Les documents récemment divulgués par le ministère de la défense établissent que :
- Les arrestations ont eu lieu dans des eaux non reconnues internationalement comme irakiennes;
- La coalition avait tracé unilatéralement une ligne de partage des eaux irakiennes et iraniennes dans le Golfe sans dire aux Iraniens où elle se trouvait;
- Les navires garde-côtes des Gardiens de la Révolution Iraniens franchissaient cette ligne invisible au rythme de trois fois par semaine. Ce sont apparemment les britanniques qui ont brandi leurs armes en premier avant d’être abordés par les navires de combat iraniens.
- Coincés, les Britanniques cernés par des Iraniens fortement armés ont lancé un appel radio désespéré de dernière minute pour demander le retour d’un hélicoptère afin d’avoir une couverture aérienne.
L’Iran a toujours affirmé avoir arrêté les Britanniques pour avoir violé son intégrité territoriale.
Den Browne, le ministre de la défense, avait déclaré à plusieurs reprises au parlement que les militaires avaient été capturés dans les eaux irakiennes.
Le ministère de la défense, dans un briefing télévisé du contre amiral Charles Style, sous chef d’Etat-major, avait produit une carte montrant une ligne tracée dans la mer intitulée «délimitation de la frontière maritime Iran/Irak.» Le lieu indiqué de la capture des Britanniques se trouvait dans ce que la carte présentait comme les « eaux territoriales irakiennes. » Mais le nouveau briefing interne du haut commandement reconnaît que la ligne en question n’existe pas.»
Le rapport, adressé à l’Air Chief Marshal Sir Jock Stirrup, le chef d’Etat-major, impute l’incident à l’absence de frontière reconnue et au manque de coordination entre l’Irak, l’Iran et la coalition.
Intitulé « pourquoi l’incident s’est produit, » le rapport examine l’histoire d’une frontière dispute depuis un traité entre les empires perse et ottoman en 1639.
Le professeur Robert Springborg, de la School of Oriental and African Studies, considère comme une négligence d’avoir omis de clarifier l’emplacement de cette ligne fictive avec les Iraniens.
S’appuyant sur la loi pour la liberté de l’information, le Times a formulé des requêtes sur ces événements. Le ministère de la défense a fourni deux documents partiellement censurés. L’un est le rapport pour Sir Jock daté du 13 avril 2007, une semaine après le retour au pays des Britanniques sains et saufs. Il a été compilé suite à leur débriefing. L’autre est le script des communications entre le HMS Cornwall, leur vaisseau d’appartenance, et les deux embarcations chargées d’une mission de contrôle.

Ce qu’ils avaient dit
« Il est hors de doute que le HMS Cornwall opérait dans les eaux irakiennes et que l’incident lui-même s’est produit dans les eux irakiennes… Dans les premiers jours qui ont suivi, les Iraniens nous ont transmis des jeux de coordonnées et assuré qu’elles correspondaient au lieu où l’incident a eu lieu, mais quand nous leur avons dit que les coordonnées se trouvaient dans les eaux irakiennes, ils ont modifié les coordonnées pour en donner se trouvant dans leurs propres eaux territoriales. Même s’ils maintiennent leur position, je ne pense pas que l’incident ait eu lieu ailleurs que dans les eaux territoriales irakiennes. »
Des Browne, Defence Secretary, Chambre des Communes, 16 juin 2007
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«Depuis la guerre Irak-Iran, aucun accord formel et ratifié n’est en vigueur entre l’Iran et l’Irak sur les eaux territoriales… En l’absence de tout accord formel, la ligne de démarcation tactique de la coalition (Op Line) est utilisée pour délimiter fictivement les eaux territoriales. C’est une construction de l’US NAVCENT US Naval Forces Central Command] basée sur un prolongement dans le nord du golfe arabo-persique et au-delà de l’embouchure du Shatt al-Arab de la ligne de démarcation fixée par les accords d’Alger. Même si on peut considérer que les Iraniens devaient bien se douter de l’existence d’une forme de frontière opérationnelle, les coordonnées exactes de cette Op Line n’avaient pas été divulguées à l’Iran. »
Rapport du ministère de la défense à l’Etat-major intitulé : « Pourquoi l’incident s’est produit, » daté du 13 avril 2007, transmis au Times au titre de la loi sur la liberté de l’information.

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