samedi 25 août 2007

Lobby arménien contre lobby sioniste?

Les sionistes sont passés maîtres dans l'exploitation de ce qu'on qualifie généralement aujourd'hui d'Holocauste avec un h majuscule, c'est-à-dire de la politique nazie de persécution et d'élimination physique des personnes de confession juive. Aujourd'hui, tout un chacun de par le monde se doit de commémorer cet événement sous le patronnage non seulement des organisations sionistes mais aussi de l'ONU. Plusieurs pays comme la France ou l'Autriche ont introduit des législations rendant délictuelles la contestation de l'existence de l'Holocauste en question ou les tentatives d'en minimiser l'importance.
L'importance de l'exploitation de la mémoire (qu'il ne faut pas confondre avec l'histoire en tant que discipline scientifique) n'échappe plus à grand monde aujourd'hui dans la mesure où elle permet d'obtenir des avantages parfois financiers, parfois politiques (les sionistes ont réussi à avoir les deux). Il est donc logique de voir des groupes ou communautés formuler des demandes mémorielles du même type. C'est ainsi le cas des Africains par rapport à l'esclavage, des nations vicimes de la colonisation européenne mais aussi des Arméniens qui demandent à ce que soir reconnue leur qualité de victimes d'un génocide pratiqué par les Turcs.
Mon propos n'est pas de dire quelque chose sur la réalité du génocide arménien où sur "l'Holocauste." A chacun de compulser les ouvrages historiques pour se faire son opinion. Non, mon propos est simplement de faire ressortir le fait que la mémoire, plus que l'histoire, est un enjeu ici et maintenant. Dans l'article que je vous propose, on constate l'affrontement de deux mémoires : une mémoire juive (revisitée par le sionisme) et une mémoire arménienne. En l'occurence l'article nous parle des griefs formulés par la communauté arménienne à l'encontre de l'ADL, équivalent de la LICRA, qui est un des piliers du lobby sioniste aux USA. Les Arméniens reprochent à l'ADL de contester la réalité du génocide arménien mais aussi de militer contre l'adoption de lois fédérales visant à le reconnaître.
Si l'ADL s'oppose en effet à la reconnaissance du génocide arménien, ce n'est pas seulement pour que le lobby sioniste continue à tirer parti du statut de Victime reconnu au "peuple Juif." Après tout, les Arméniens ne représentent pas une concurrence sérieuse pour le lobby aux USA. Non, ce que vise le lobby sioniste en contrecarrant les actions des Arméniens c'est de manière très prosaïque, de protéger les intérêts de la Turquie. Car la Turquie, et Erdogan comme son parti dit islamiste modéré ou le peuple Turc n'y peuvent rien tant cette question dépend complètement des militaires, est le principal allié de l'entité sioniste dans la région. Il n'est donc pas surprenant que la position de l'ADL soit la même que celle des autorités sionistes.

La ville interrompt ses liens avec "Pas de place pour la haine" [No Place for Hate]
Watertown montre du doigt l'organisation qui sponsorise ce programme
par Christine Pazanese, correspondante du Boston Globe 15 août 2007, traduit de l'anglais par Djazaïri
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Sous la pression de ses habitants Arméniens, le conseil municipal de Watertown a voté hier son retrait du programme No Place for Hate.
Avec 8 voix pour et 0 contre (un conseiller municipal était absent), le conseil a répondu aux objections des Arméno-Américains qui affirment qu'un des sponsors du programme, l'Anti-Defamation League [ADL, équivalent US de la LICRA], refuse de reconnaître ce que beaucoup considèrent comme un génocide commis contre les Arméniens par les Turcs entre 1915 et 1917,
"Nous ne pouvons pas nous associer à l'ADL dès lors qu'elle refuse de reconnaître le génocide arménien," a déclaré la conseillère Marilyn Petitto Devaney qui a présenté la déclaration de retrait du programme.
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Watertown, qui accueille une des plus importantes populations arméniennes du pays, était une des 67 municipalités du Massachussets à adhérer au programme. Elle avait rejoint No Place for Hate en juillet 2005 et réaffirmé sa participation en juin.
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Andrew Tarsy, directeur régional de l'ADL pour la Nouvelle Angleterre, a condamné hier les allégations, qu'il qualifie de "distordues et spécieuses" selon lesquelles l'ADL nie l'existence passée d'un génocide et s'est opposée au vote par le Congrès d'une loi visant à reconnaître formellement le massacre.
Lundi, treize membres du comité No Place for Hate de la ville ont rencontré Tarsy pour "demander une clarification de la position de l'ADL" et "pour exprimer nos sérieuses objections à cette position," a déclaré Will Twombly, le co-président du comité. "Nous considérons la position de l'ADL inacceptable," a-t-il dit.
Malgré sa tentative pour clarifier la position de l'ADL, Tarsy a été critiqué hier soir alors qu'il défendait le succès du programme dans tout l'Etat.
"Nous pensons que la Turquie doit faire plus," a affirmé Tarsy, qui a ajouté que la direction de l'ADL a eu recours à ses relations "pour pousser la Turquie à se confronter de manière significative à son rôle."
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David Boyajian, de Newton, qui avait le premier alerté les responsables de Watertown début juillet à propos de la position de l'ADL a applaudi la décision de la municipalité. "J'espère que dans une prochaine étape No Place for Hate rompra ses liens avec l'ADL et encouragera l'ADL à faire pression pour la reconnaissance du génocide arménien," a-t-il déclaré.
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Hier soir, la question de savoir si les Arméniens prévoyaient de faire pression sur d'autres villes pour qu'elles abandonnent le programme restait floue.
"Nous regrettons cette controverse mais nous ne pouvons pas rester silencieux devant une grossière hypocrisie," a expliqué lors d'une réunion tenue la veille au soir Grace Kulegian, habitante de watertown et membre de l'Armenian National Committee of Eastern Massachusetts.
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Beaucoup dans la masse du public ont imploré le conseil municipal de couper les relations avec l'ADL et ont suggéré que le bon travail commence avec No Place for Hate pourrait continuer indépendamment..
"je ne crois pas que l'ADL détienne le monopole de la lutte contre l'intolérance," a déclaré Narini Badalian de Watertown.