vendredi 20 octobre 2006

Sarko le démago

Sarkozy est vraiment un démago-tout terrain : sécurité, justice, immigration, politique étrangère, éducation, aucun sujet n'échappe à son verbe démagogue. Peut-être décidé à remettre le feu dans les cités populaires comme semblent en témoigner les récentes interventions policières auxquelles les media ont été conviés, il sait probablement que l'éducation est un sujet sensible, aussi bien chez les classes moyennes que chez les catégories sociales à faible revenu.
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Dans une société où esprit de compétition, agressivité et individualisme sont de plus en plus valorisés, on demande paradoxalement à l'école de maintenir le modèle périmé de la France "républicaine," sociale et solidaire, unie par quelques grandes valeurs et l'idée d'un bien commun à défendre et à développer : un incubateur républicain sous cloche dans une société où le modèle venu d'en haut est celui du chacun pour soi. Une cloche qui coûte cependant cher aux contribuables, trop cher disent certains (comme la protection sociale ou les régimes de retraite).
Uné école pacifiée et paisible dans une telle société, ça ne peut bien sûr pas marcher, d'autant que la bulle scolaire qu'on dit vouloir préserver fait en réalité l'objet d'une tenace entreprise de déstructuration.
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Notre ministre de l'intérieur a quand même des idées sur la question puisqu'il propose de s'attaquer à deux questions importantes que sont l'absentéisme scolaire et celui des "orphelins de 16h" expression abusive pour désigner les élèves qui ne rentrent pas immédiatement à la maison après la fin des cours pour se consacrer à leurs devoirs scolaires.
S'agissant de l'absentéisme, qui est effectivement une question importante, Sarkozy suggère une "mise sous tutelle" des allocations familiales. Cette question des allocations revient comme un serpent de mer comme si cette mise sous tutelle pouvait permettre aux familles de mieux assumer la scolarité de leurs enfants. Sarkozy omet au passage de signaler que la possibilité de mise sous tutelle existe depuis longtemps. Notons aussi que M. Sarkozy ne propose pas la mise sous tutelle des bourses d'enseignement, les frais de mise sous tutelle risquant d'être nettement plus élevés que les sommes misérables qui sont accordées jusqu'au collège tout au moins.
Cette question de l'absentéisme était déja apparue au premier plan en 2002-2003. Il s'agit d'un sujet plus complexe qu'on le pense en général (un peu comme l'absentéisme au travail) puisque l'absentéisme recouvre des absences solidement justifiées (par des problèmes de santé par exemple) et des absences non justifiées ou justifiées avec légèreté. Il faut savoir que, selon des chiffres de la Caisse d'Allocations Familiales datant de 2002, 7333 enfants, soit 1,2 ‰ de l'ensemble des enfants en faveur desquels sont versées les prestations familiales pour la tranche d'âge 6-16 ans avaient fait l'objet d'un signalement par les autorités académiques. L'ampleur du problème, même si les chiffres de la CAF sont certainement en dessous de la réalité, est ramenée à ses réelles proportions.
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La problématique de l'absentéisme scolaire recouvre donc en réalité une problématique sociale plus large qui inclut, entre autres, l'accès à la santé. L'école est loin d'être cet isolat où les enfants déposent leur condition sociale en franchissant le portail. Et le discours mi-moraliste mi-répressif de Nicolas Sarkozy n'y changera rien.
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Notre ministre propose aussi de "généraliser les études à l'école pour que l'ensemble des familles de France puissent venir chercher leurs enfants une fois les devoirs faits, sur la base du volontariat, à 18h".
C'est une vieille et, à mon avis, bonne idée. Seulement M. Sarkozy fait partie de ces politiciens qui considèrent qu'il faut rogner fortement sur les dépenses de l'Etat et il faudra attendre ses propositions de financement sur ce point car si les élèves ne reçoivent et n'attendent généralement pas de salaire, ce n'est pas le cas des différentes catégories de personnels qui exercent dans les écoles, professeurs en tête. Or non seulement ces personnels tendent à être de moins en moins nombreux mais les enseignants, après avoir perdu beaucoup de leur prestige, semblent en voie de relative paupérisation : seules les enseignantes mariées avec des cadres supérieurs ou des professions libérales peuvent encore donner le change sur la réalité de leur condition.

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