vendredi 27 octobre 2006

L'armée lève en partie le voile sur la participation de l'Algérie au conflit du Proche-Orient

De nos jours il semble que les palestiniens ne puissent plus guère compter sur la solidarité des Etats arabes. Même pas sur une solidarité verbale comme on le voit avec l'étouffement de l'Autorité Palestinienne qui pourrait être moins dramatique si les pays arabes n'en étaient pas complices, bon gré, mal gré.
Cette solidarité avec les nations arabes en conflit direct avec la voyoucratie sioniste a pourtant eu de belles heures ainsi que vient le rappeler un texte d'El Djeïch, magazine de l'armée algérienne, dont le contenu est repris par le quotidien Liberté.
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"Un chapitre secret de l’engagement algérien au Sinaï révélé" évoque l'importance de l'engagement militaire algérien en 1973, année où les troupes égyptiennes et syriennes s'étaient lancées à la reconquête de leurs territoires sous contrôle sioniste. Le gouvernement algérien a toujours été très discret sur cet engagement et c'est seulement aujourd'hui qu'on peut en apprécier l'importance : un bataillon blindé, soit plus de 3000 hommes et "128 chars et engins blindés, 12 canons d’artillerie, 16 canons antiaériens. À cela s’ajoutent 4 escadrons d’avions de combat, soit au total 50 appareils".
L'article mentionne "quelques pertes humaines et matérielles" sans les quantifier avec exactitude. Ces forces ne rentreront au pays que deux ans plus tard, en 1975.
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Cette intervention militaire n'était pas la première pour l'Algérie puisqu'en 1967, cinq ans seulement après l'indépendance, le gouvernement algérien avait dépêché des troupes pour venir en aide à Nasser dont le pays venait d'être agressé par les sionistes, la fameuse guerre des Six jours. Dans un livre, Abderrazak Bouhara relate la participation de l'Algérie.
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"C'était suite à l'offensive militaire du 5 juin 1967 menée par israël et ses principaux alliés occidentaux contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie. Une offensive qui s'est soldée par l'occupation du Sinaï, de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et des hauteurs du Golan. Dans ce chapitre, le moudjahid Bouhara relate la campagne de solidarité avec le peuple égyptien et le courage de la direction politique de l'époque qui n'hésitera pas à mobiliser une force armée, la 4e brigade pour combattre aux côtés des Eygptiens. Missionnaire de l'ANP, M. Bouhara fera vivre au lecteur les moments forts du séjour de l'armée algérienne en Egypte. Suivant un cheminement minutieux, l'auteur nous mène au cœur même du conflit arabo-israélien et les causes de la défaite des forces arabes où la "nakssa" qui a remis en cause toute une stratégie politique mais aussi militaire face à un ennemi structuré et soutenu par la première puissance mondiale".
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Bouhara a toujours des fonctions politiques en Algérie, même s'il n'est pas au gouvernement. Ses prises de position au cours de la récente agression sioniste contre le Liban montrent qu'il est resté fidèle à ses convictions. C'est probablement le cas de nombreux responsables politiques Arabes occupant actuellement des fonctions de second plan. C'est à coup sûr le cas de la grande majorité des peuples Arabes.
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Sur le sujet du conflit au Proche-orient comme sur d'autres, la fracture entre gouvernants et gouvernés ne pourra persister éternellement sans provoquer un tremblement de terre politique. Les régimes arabes le savent bien au fond d'eux-mêmes, eux qui ne cessent de gémir auprès de M. Bush et de Mme Rice pour les implorer d'exercer des pressions efficaces sur le gouvernement sioniste.
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Vainement, et pour cause...

lundi 23 octobre 2006

Elie Chouraqui, Straw, Blair, le(s) voile(s), une réflexion stimulante de Robert Fisk

Un bon article de Robert Fisk qui, même si c'est peut être un peu en jouant sur les mots, nous fait toucher du doigt les liens entre des faits et des événements qui peuvent sembler parfois disparates au premier abord. Son article est avant tout centré sur sa lecture critique du dernier film d'Elie Chouraqui, O Jérusalem, avec Patrick Bruel et Saïd Taghmaoui. Quelque chose me dit que Fisk a du gerber après avoir visionné la chose. Chouraqui avait auparavant, on s'en souvient, fait vivement réagir Jean-Pierre Brard, le maire communiste de Montreuil au sujet d'un "documentaire" sur l'hostilité dont auraient été victimes des élèves d'écoles juives de la part d'élèves d'un établissement public. J. P. Brard avait alors accusé le cinéaste "d'avoir tout scénarisé et les enfants ont été les acteurs bénévoles d'un film dont ils ne connaissaient pas le scénario. Il (Elie Chouraqui) leur a fait dire un texte qu'il avait déjà conçu lui-même, c'est une manipulation." Accusation qui correspond probablement à la réalité mais qui, énoncée brut de décoffrage et en compagnie de Fillon, alors ministre de l'éducation, a valu à Brard d'être condamné pour diffamation à 500 € d'amende avec sursis et 1€ de dommages et intérêts. Le fait vraiment intéressant de ce jugement est que le tribunal n'a pas souhaité, contrairement à la demande du requérant, ordonner la publication du jugement et ça, c'est quelque chose de rare dans les affaires de diffamation (très) publiques et en dit long sur ce qui a du s'agiter dans la cervelle des magistrats.

Robert Fisk: le voile qui nous cache la vérité
La pitoyable fiction du "succès" irakien est la tentative de Blair pour nous faire porter le voile
par Robert Fisk, The Independant (UK), 21 octobre 2006. Traduit de l'anglais par Djazaïri
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"The Independent" - Oui, le film O Jérusalem - adapté très librement de l'épopée de la naissance d'Israël relatée par Dominique Lapierre et Larry Collins a atteint les rives européennes (pas encore le Royaume-Uni, heureusement) et c'est tout ce qu'on peut attendre de l'hollywoodisation de l'Europe. C'est théâtral; le chanteur Français Patrick Bruel interprète un commandant israélien, on a un David ben Gourion flamboyant - cheveux blancs en bataille - et Saïd Taghmaoui et JJ Feild pour jouer le duo indispensable dans ce genre de films, le bon Arabe, modéré et au grand coeur (Saïd Chahine) et le Juif (Bobby Goldman) dont l'amitié survivra à la guerre qui les sépare.
Certes, nous avons l'habitude de ce genre de duos. Exodus, basé sur le récit par Léon Uris des mêmes événements de 1948, comportait un "bon" Arabe qui se liait d'amitié avec Paul Newman, le héros Juif, exactement comme Ben Hur nous avait présenté un "bon" Arabe qui prêtait ses chevaux à Charlton Heston alias Jehuda Ben Hur pour la course de chars contre le plus ignoble centurion de l'Empire Romain. Une fois que nous avons bien compris qu'il y a de "bons" Arabes au coeur sur la main, nous sommes bien entendu entièrement disponibles pour nous concentrer sur les méchants. Ils assassinent une jeune femme dans Exodus et ils tuent une courageuse jeune femme pendant la bataille de Latroun dans O Jérusalem (on la voit partiellement déshabillée par son agresseur avant d'être tuée par un obus). C'est d'ailleurs un signe des temps que pour des raisons de "sécurité;" O Jérusalem ait été tourné à Rhodes, exactement comme les scènes de Beyrouth du bien meilleur film Munich ont du être tournées à Malte où le Kingdom of Heaven, le film sur l'épopée des Croisades a été entièrement réalisé au Maroc avec des Arabes à l'accent maghrébin. Exodus avait été filmé sur les lieux du drame dans l'Israël des débuts, bien plus sûr.
Mais ce n'est pas la bestialisation habituelle des Arabes et des Musulmans qui me pose problème. Il suffit de regarder le marchand arabe d'esclaves dans le film Ashanti, une fois encore tourné en Israël avec Roger Moore et (entre autres) Omar Sharif, pour voir des Arabes dépeints, dans le style nazi, comme des assassins, des voleurs et des bourreaux d'enfants. L'antisémitisme anti-arabe, les Arabes sont bien sûr aussi des sémites, va de soi dans les films. Et je dois admettre que le comportement intrigant et déroutant des dirigeants Arabes - seul le roi Jordanien Abdallah est un homme respectable - est plus vrai que nature, tout comme l'arrogance de Haj Amin al-Husseini, le Grand Mufti de Jérusalem (celui qui avait serré la main d'Hitler).
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Non, mes objections portent sur la distorsion délibérée de l'histoire, l'arrangement du récit des événements pour présenter d'un côté les Juifs comme les victimes de la guerre d'indépendance d'Israël (6000 morts) alors qu'ils en ont en réalité été les vainqueurs et de l'autre les Arabes de Palestine - ou du moins de la partie de la Palestine devenue Israël en 1948 - comme les responsables de cette guerre et ses apparents vainqueurs (parce que les Juifs de Jérusalem Est avaient été obligés à quitter leurs maisons après le cessez-le-feu) plutôt que comme les victimes principales. Prenez par exemple le massacre de Deir Yacine en 1948 où le groupe Stern a assassiné les habitants arabes du village connu aujourd'hui comme le faubourg jérusalémite Givat Shaul, éventré des femmes et lancé des grenades dans des locaux remplis de civils. Dans O Jérusalem, le groupe Stern est représenté comme une bande d'affreux, un genre d'al Qaida juif, n'ayant strictement rien de commun avec une armée israélienne constituée de jeunes combattants dotés de hauts principes.Dans le film, on voit des cadavres d'Arabes - et une femme blessée qui sera soignée par un israélien - mais à aucun moment on ne donne à comprendre que Deir Yacine n'était qu'un village parmi d'autres dont la population a été massacrée - ce fut notamment le cas en Galilée - et les femmes violées par les combattants Juifs. Ave courage, les "nouveaux" historiens Israéliens ont déja révélé ces faits ainsi que les preuves irréfutables de leur rôle dans l'objectif israélien de déposséder 750 000 Palestiniens de leurs maisons dans ce qui devait devenir Israël. L'historien israélien Avi Shlaim a, courageusement, parlé de cette période comme d'une phase de "nettoyage ethnique." Rien de tout cela ne vient éclairer la scène du massacre de Deir yacine dans O Jérusalem.On nous coupe de la réalité. Ainsi un massacre qui faisait partie d'une politique devient dans le film une aberration, oeuvre de quelques extrémistes armés.Et même mieux, en fin de film, une série de textes à l'écran présentent de manière sinistre la dépossession des Palestiniens comme le résultat de la "propagande arabe." Il s'agit d'un mythe. Là encore, les historiens israéliens ont apporté la preuve du caractère mensonger de l'assertion selon laquelle les régimes arabes auraient demandé à la radio aux Arabes Palestiniens de quitter leurs maisons "jusqu'à ce que les Juifs aient été jetés à la mer." Aucu message de ce genre n'a jamais été radiodiffusé. La plupart des Palestiniens ont fui par peur de finir comme les habitants de Deir Yacine. La propagande sur la radio était israélienne et non arabe.C'est comme si un drap, un rideau ou un voile avaient été jetés sur l'histoire - de sorte à ce que seule l'ombre de la réalité reste visible, mais son sens déformé au point d'être inintelligible. "Alors c'est pour ça que vous vouliez des fusils," crie Bobby Goldman à l'adresse du chef du groupe Stern au milieu des victimes de deir yacine. Et il a tort. Les armes ont permis au groupe Stern d'assassiner les Arabes de Deir Yacine pour provoquer la panique qui a jeté 750 000 Palestiniens sur les routes d'un exil permanent.
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Mais n'est-ce pas dans ce monde que nous vivons? Ne portons nous pas tous un voile face à la vérité. Je ne parle pas des remarques de Jack "le Voile" Straw mais de do maître es politique, Lord Blair de Kut al-Amara. Un jour après avoir vu O Jérusalem, j'ai ouvert mon journal pour constater que notre premier ministre qualifiait de "marque de séparation" le niqab des femmes musulmanes.Pourtant peut-il exister un homme plus coupable de "séparation", séparation du peuple britannique d'avec son propre gouvernement élu démocratiquement, que Blair?
Quelqu'un peut-il avoir été plus habile - quelqu'un peut-il avoir plus menti au peuple Britannique - à dissimuler, travestir, distordre et maquillé les faits historiques que Blair?Les armes de destruction massive, les 45 minutes d'alerte, les liens entre Saddam et al Qaida, toute la pitoyable fiction de la réussite dans l'Irak occupé et dans l'Afghanistan post-Talibans sont des tentatives de Blair pour nous faire porter le voile, une arme bien plus dangereuse que le vêtement des musulmanes.
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Nous sommes supposés voir à travers le voile que lord Blair a placé devant nos yeux de sorte à ce que les mensonges deviennent la vérité at que la vérité devienne mensonge. Ainsi serons-nous coupés de la réalité. C'est pourquoi Blair lui-même représente maintenant cette "marque de séparation." O tempora! O mores! © 2006 Independent News and Media Limited
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Le texte complet en anglais peut être consulté ici (sur le site de The Independent il faut être enregistré moyennant finances je crois).

vendredi 20 octobre 2006

Sarko le démago

Sarkozy est vraiment un démago-tout terrain : sécurité, justice, immigration, politique étrangère, éducation, aucun sujet n'échappe à son verbe démagogue. Peut-être décidé à remettre le feu dans les cités populaires comme semblent en témoigner les récentes interventions policières auxquelles les media ont été conviés, il sait probablement que l'éducation est un sujet sensible, aussi bien chez les classes moyennes que chez les catégories sociales à faible revenu.
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Dans une société où esprit de compétition, agressivité et individualisme sont de plus en plus valorisés, on demande paradoxalement à l'école de maintenir le modèle périmé de la France "républicaine," sociale et solidaire, unie par quelques grandes valeurs et l'idée d'un bien commun à défendre et à développer : un incubateur républicain sous cloche dans une société où le modèle venu d'en haut est celui du chacun pour soi. Une cloche qui coûte cependant cher aux contribuables, trop cher disent certains (comme la protection sociale ou les régimes de retraite).
Uné école pacifiée et paisible dans une telle société, ça ne peut bien sûr pas marcher, d'autant que la bulle scolaire qu'on dit vouloir préserver fait en réalité l'objet d'une tenace entreprise de déstructuration.
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Notre ministre de l'intérieur a quand même des idées sur la question puisqu'il propose de s'attaquer à deux questions importantes que sont l'absentéisme scolaire et celui des "orphelins de 16h" expression abusive pour désigner les élèves qui ne rentrent pas immédiatement à la maison après la fin des cours pour se consacrer à leurs devoirs scolaires.
S'agissant de l'absentéisme, qui est effectivement une question importante, Sarkozy suggère une "mise sous tutelle" des allocations familiales. Cette question des allocations revient comme un serpent de mer comme si cette mise sous tutelle pouvait permettre aux familles de mieux assumer la scolarité de leurs enfants. Sarkozy omet au passage de signaler que la possibilité de mise sous tutelle existe depuis longtemps. Notons aussi que M. Sarkozy ne propose pas la mise sous tutelle des bourses d'enseignement, les frais de mise sous tutelle risquant d'être nettement plus élevés que les sommes misérables qui sont accordées jusqu'au collège tout au moins.
Cette question de l'absentéisme était déja apparue au premier plan en 2002-2003. Il s'agit d'un sujet plus complexe qu'on le pense en général (un peu comme l'absentéisme au travail) puisque l'absentéisme recouvre des absences solidement justifiées (par des problèmes de santé par exemple) et des absences non justifiées ou justifiées avec légèreté. Il faut savoir que, selon des chiffres de la Caisse d'Allocations Familiales datant de 2002, 7333 enfants, soit 1,2 ‰ de l'ensemble des enfants en faveur desquels sont versées les prestations familiales pour la tranche d'âge 6-16 ans avaient fait l'objet d'un signalement par les autorités académiques. L'ampleur du problème, même si les chiffres de la CAF sont certainement en dessous de la réalité, est ramenée à ses réelles proportions.
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La problématique de l'absentéisme scolaire recouvre donc en réalité une problématique sociale plus large qui inclut, entre autres, l'accès à la santé. L'école est loin d'être cet isolat où les enfants déposent leur condition sociale en franchissant le portail. Et le discours mi-moraliste mi-répressif de Nicolas Sarkozy n'y changera rien.
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Notre ministre propose aussi de "généraliser les études à l'école pour que l'ensemble des familles de France puissent venir chercher leurs enfants une fois les devoirs faits, sur la base du volontariat, à 18h".
C'est une vieille et, à mon avis, bonne idée. Seulement M. Sarkozy fait partie de ces politiciens qui considèrent qu'il faut rogner fortement sur les dépenses de l'Etat et il faudra attendre ses propositions de financement sur ce point car si les élèves ne reçoivent et n'attendent généralement pas de salaire, ce n'est pas le cas des différentes catégories de personnels qui exercent dans les écoles, professeurs en tête. Or non seulement ces personnels tendent à être de moins en moins nombreux mais les enseignants, après avoir perdu beaucoup de leur prestige, semblent en voie de relative paupérisation : seules les enseignantes mariées avec des cadres supérieurs ou des professions libérales peuvent encore donner le change sur la réalité de leur condition.

6 heures pour la Palestine à Lyon


6 heures pour la palestine

Vendredi 24 novembre 2006 - 18h
Bourse du Travail de Lyon - Place Guichard Lyon 3ème
Conférences, Témoignages, Cinéma, Librairie, Exposition…
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HIND KHOURY (déléguée générale de Palestine en France)

ANWAR ABU EISHE (Responsable Palestinien - Hébron)

JEAN CLAUDE LEFORT (Député du Val-de-Marne)

EYAL SIVAN (Cinéaste israélien)

HELENE FLAUTRE ( eurodéputée, Présidente commission des droits de l’Homme)

ERIC HAZAN (éditeur, écrivain)

Mustapha Bargouti

CINEMA : la chaîne des films courts pour le Liban et la Palestine.
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«…Chaque cinéaste où qu’il se trouve- est invité à monter un film court de 1 à 2 minutes et de réaliser ainsi une chaîne d’images qui seront proposés à la programmation de tous les festivals, cinémas et lieux imaginables…»
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Pour les droits du peuple palestinien
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Le peuple Palestinien vit les heures les plus noires de son histoire. Les 1,5 millions habitants de Gaza sont assiégés, affamés, dans une grande prison surpeuplée Les bombardements et crimes de l’occupant israélien sont quotidiens. En Cisjordanie la colonisation et le mur continuent d’annexer les terres palestiniennes. Les actes de guerre contre les populations civiles sont devenus tristement banals. En Palestine chaque jour, les droits humains fondamentaux sont bafoués.
Face à ce désastre le silence de la communauté internationale est assourdissant. La passivité des Nations, la complicité de l'ONU et de l'Europe, démontre une fois de plus la mansuétude dont bénéficie l’Etat d’Israël. Aucune sanction n'est prise alors que cet Etat continue d’ignorer les résolutions des Nations Unies et viole le droit international. Israël a refusé pendant les cinq dernières années de négocier et de reconnaître les Palestiniens. Après avoir érigé Arafat en obstacle à la paix, elle a refusé de discuter avec son successeur, Mahmoud Abbas, prétendant toujours qu’il n’y avait pas de partenaire palestinien. L’élection du Hamas sert de prétexte pour poursuivre une politique déjà bien établie.
Face à la complicité des Etats, les citoyens du Monde se mobilisent et réclament la seule issue politique possible; la reconnaissance des droits du peuple Palestinien. Nous exigeons de nos gouvernements et de la communauté internationale qu’ils rompent avec la politique du deux poids et deux mesures. Qu'ils agissent à l’encontre d’Israël (pressions diplomatiques et économiques, sanctions, tribunal pénal international…) afin, de faire respecter le droit international et d’imposer la paix.
En France, à la veille des élections présidentielles et législatives, nous appelons les citoyens, les associations et les forces politiques à faire avancer la nécessité d’une paix juste et durable en Palestine.
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Palestine Solidarité!
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Collectif 69 de soutien au peuple Palestinien
Organisations participantes : AFAK Bethléem, Association France Palestine Solidarité (AFPS), Amis de l’Appel des 100 pour la Paix, ATTAC Rhône, ATTAC-Villefranche, Campagne Civile> Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP), Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient (CAPJPO), CFDT Commerces et Services, CIMADE, Entr'Cultures, Femmes en Noir, Femmes Solidaires, Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières (GREF),Union Générale des Etudiants de Palestine (GUPS), Les Alternatifs, Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR/JCR), L’Improbable, Mouvement pour une Alternative Non Violente (MAN), Mouvement de la Paix, Parti Communiste Français - fédération du Rhône (PCF), Pax Christi, Solidaires-Rhône, Traction Avant Compagnie, Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Union Départementale CGT, Union Départementale CFDT, Les VERTS du Rhône.
En partenariat avec : la librairie « Terre des livres »
Participation Aux Frais : 4 € (étudiants, chômeurs…2€)
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Collectif 69 de soutien au peuple Palestinien
c/o Maison du Peuple. 147, avenue du Général Frère. 69 008 LYON

courriel : palestine69@wanadoo.fr ;
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Vu sur le blog d'Entr'cultures

mardi 17 octobre 2006

Projet de loi maintenant la peine capitale en Algérie

Alors qu'on observe une certaine recrudescence des attentats en Algérie, en Kabylie particulièrement mais pas seulement, l'Assemblée populaire Nationale (parlement algérien) vient d'adopter un projet de loi relatif aux procédures pénales. Le quotidien La dépêche de kabylie remarque que ce projet de loi prévoit le maintien de la peine capitale, en contravention avec "les conventions ratifiées par notre pays qui, faut-il le souligner, n’a pas eu recours à cette sanction depuis 1993." [précision : cette peine a été prononcée à plusieurs reprises mais pas exécutée]
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Le journal rappelle les déclarations de Me Ksentini, président de l'officielle Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (Cncppdh) qui plaidait pour l'abolition de cette peine qu'il qualifiait de "cruelle et absurde" et "sans effet dissuasif." Me Ksentini expliquait même qu'à défaut de l'abolir de sa propre initiative, l'Algérie se verrait imposer cette abolition.
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Me Ksentini est donc d'un optimisme que le vote du parlement a quelques chances de refroidir. Son argumentation est correcte : la cruauté de cette peine est indubitable et ses partisans considèrent que cette cruauté lui donne son caractère dissuasif. Or justement, la valeur dissuasive de la peine de mort n'a jamais pu être établie, bien au contraire. La référence majeure sur ce sujet restent, je crois, les "Réflexions sur la peine capitale" d'Arthur koestler et Albert Camus. Koestler était sioniste, mais ça c'est une autre affaire...
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Bien entendu, comme le rapporte la Dépêche, le ministre algérien de la justice n'exclut pas la suppression de la peine capitale mais précise qu'une abolition "ne pourrait concerner le terrorisme, l'atteinte à la sécurité de l'Etat, la trahison et les crimes d'infanticide et de parricide et révélera que l’Algérie qui est encore confrontée au problème des extraditions de certains criminels, rencontre un problème de la part des pays hôtes qui refusent de lui remettre ces inculpés, justement en raison de l'existence de la peine capitale".
C'est le discours classique des partisans de cette peine : non rejetée dans son principe, on lui trouve toujours des crimes affreux justifiant son application. Ce qui caractérise l'argumentaire du ministère algérien, c'est qu'il ne se limite pas aux crimes qui touchent la sensibilité de tous, quel que soit notre société d'appartenance et l'état des moeurs : l'infanticide et la parricide. En Algérie on ajoute tout ce qui relève de la sécurité de l'Etat et le terrorisme.
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Pourtant, ajouter la mort à la mort n'est jamais une bonne solution. Les Algériens devraient être bien placés pour le savoir, eux à qui la puissance coloniale a, souvent et vainement, appliqué cette peine.
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Comme quoi, on ne tire jamais de leçons de l'histoire.

samedi 14 octobre 2006

Ce qui nous pend tous au nez


Los Angeles - Une collégienne américaine de 14 ans a été interrogée par les services secrets pour avoir posté un commentaire anti-Bush sur un forum de discussion par internet, rapporte vendredi le journal californien Sacramento Bee.Selon le journal, des agents des services secrets américains et du ministère de la Sécurité intérieure sont venus chercher, dans sa classe de biologie, Julia Wilson, décrite comme une adolescente tranquille, couverte de tâches de rousseur et portant un appareil dentaire.Ceux-ci auraient fait irruption dans le collège de McClatchy de Sacramento (Californie, ouest) et ont interrogé la lycéenne sur des commentaires anti-Bush postés sur MySpace, un site de forum de discussion très populaire chez les adolescents américains.

La lycéenne avait créé un collage de dessins humoristiques avec un couteau pointé sur le président américain avec les mots «Tuez Bush», indique le quotidien.«Je leur ai dit que, simplement je n'étais pas d'accord avec la politique de Bush et que je n'avais aucune intention de lui faire du mal, je suis très pacifiste, c'est juste que je n'aime pas Bush», a raconté Julia Wilson au journal.Le père de la lycéenne a estimé que les services secrets avaient exagéré. «Je n'approuve pas ce qu'elle a fait, dit-il, mais il me semble qu'ils sont allés trop loin». «Il suffit de voir la situation pour déterminer qu'elle ne constitue pas une menace sérieuse», a-t-il ajouté.Les services secrets se sont refusé à répondre à toute question sur cette enquête, a précisé le Sacramento Bee.

Un rabbin agressé dans une synagogue à Glasgow

Oh la la, excusez-moi, ce n'est pas un rabbin qui a été agressé dans une synagogue mais un imam dans une mosquée. C'est pour ça que l'information n'a pas encore fait le tour du monde et n'a pas fait chauffer les téléscripteurs (et ne le fera sans doute jamais). Je n'ai trouvé cette information que dans le Herald, le quotidien de Glasgow.
L'agresseur de l'imam de cette mosquée, fréquentée surtout par des étudiants de l'université de Glasgow a pénétré à deux reprises dans l'édifice, insultant l'imam avant de revenir une troisième fois pour l'agresser physiquement. Selon un témoin indirect, "Lors de sa troisième visite, alors que l'imam était seul, il a commencé à lui donner des coups de poings et de pieds et à le frapper avec tout ce qui lui tombait sous la main, dont une mallette pour soins d'urgence et une chaise. On nous a dit que l'imam était blessé sérieusement."L'imam se trouvait à l'étage supérieur de la mosquée tandis que les fidèles étaient rassemblés au rez-de-chaussée. L'agresseur est décrit comme étant un homme blanc âgé entre 40 et 45 ans.
A force de cultiver l'islamophobie politiquement correcte, c'est-à-dire qui s'abrite derrière de nobles valeurs quitte à aménager un peu la réalité, le risque est bien de déchaîner une islamophobie qui préfère les actes aux paroles.

jeudi 12 octobre 2006

Import-export de conflit du Proche-orient, où de la puissance du lobby sioniste

En France, il est arrivé qu'on reproche à certains d'importer dans l'hexagone le conflit du proche-Orient.
"Certains" est un terme vague mais nous savons qu'il n'englobe jamais les partisans du sionisme. Eux n'importent rien puisqu'ils se présentent publiquement comme partisans d'un point de vue équilibré sur le conflit qui oppose le peuple palestinien au colonat sioniste.
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C'est vrai, ceux qui importent en France le conflit proche-oriental ce sont les membres de cette coalition hétéroclite vert, rouge brun. Les partisans du sionisme se contentent de vouloir exporter en orient ces Français victimes de l'antisémitisme implacable qui sévit au pied des tours HLM. Et comme il faut écrire l'histoire comme il faut, on dira que la France n'a pas voté à l'ONU en faveur de la partition de la Palestine, qu'elle n'a pas fourni d'armes à ce groupe terroriste qu'on appelle "Tsahal," que la France n'a pas bâti la centrale atomique de Dimona et n'a pas conçu les missiles sur lesquels le gouvernement de l'entité sioniste place ses ogives nucléaires. Notons en passant que ces missiles sont sortis des bureaux d'études de l'entreprise Dassault qui n'a jamais conçu ni produit un seul missile pour l'armée française.
Les prosionistes, comme le PS, où les membres de l'UMP tendance OTAN n'importent aucun conflit puisqu'ils l'exportent. Qu'on se le tienne pour dit.
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Cette question de l'importation du conflit palestino-sioniste n'est pas propre à la France, contrairement à ce que je pensais, puisqu'on la retrouve dans des termes voisins au Canada. Je vais vous narrer ce qui est arrivé à Michael Ignatieff, juriste spécialisé en matière de droits de l'Homme et droit de la guerre, candidat à l'investiture électorale du Parti libéral du Canada.
Après le bombardement par l'armée sioniste du village libanais de Qana, Ignateff avait déclaré que les décès de civils Libanais «ne l'empêchaient pas de dormir».
Jusque là Ignateff était parfait. Ca n'a pas duré car, le même Ignatieff, dans une émission de Radio-Canada du 8 octobre se ravise et affirme que le bombardement meurtrier de Qana était un crime de guerre.
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Et là, rien ne va plus. Ignateff auparavant en bonne posture pour remporter l'investiture de son parti fait maintenant figure de looser patenté. Eh, oui, il a commis la lourde erreur d'importer au Canada le conflit du Proche-orient! Un peu comme Pascal Boniface, voyez-vous?
Tous se ligue désormais contre lui : Susan Kadis, co-présidente de sa campagne vient de démissionner "à cause de ses remarques controversées sur les bombardements israéliens du Liban l'été dernier". Controversé, c'est le mot juste : toute vérité mauvaise à dire est controversée. Par exemple, les propos anti-juifs d'un Mel Gibson complètement ivres sont comme son film "La passion du Christ" : controversés. Ceux qui appliquent ce qualificatif omettent, bien entendu, de préciser qu'ils sont partie prenante dans la controverse et qu'ils sont précisément dans le camp de l'agresseur et du voleur qu'ils soutiennent par tous les moyens. Je vous laisse lire, à la fin de l'article canadien ce que Mme Kadis entend par position non controversée (qui en dit long sur la mentalité sioniste, cette sauvagerie moderne).
Et ce n'est pas tout parce que Susan Kadis, il a bien fallu que quelqu'un l'aide à réfléchir. Le B'nai Brith du Canada a participé à ce boulot puisque le 10 octobre le vice-président de cette organisation déclarait : "C'est effarant. L'appeler un crime de guerre est complètement, complètement inacceptable," accusant au passage Ignateff de vouloir flatter certains grands électeurs du parti libéral (lesquels? Il ne le dit pas, mais certainement des personnes d'origine arabe ou de confession musulmane.)
Shimon Fogel, directeur exécutif du comité Canada-entité sioniste en rajoute une couche. Selon lui, ce n'est pas le genre d'accusation qu'on peut porter contre l'Etat sioniste et ça, Ignateff "devrait le savoir." (pauvre Ignateff, il ne le savait pas). Fogel poursuit en expliquant que ce n'est pas cette question qui devrait "nous" préoccuper mais plutôt celle de savoir "pour commencer, quelle sorte d'intolérance a provoqué le conflit et dans quelle mesure des tentatives ont lieu pour greffer ce conflit dans la société canadienne."
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Avec tout ça, M. Ignateff est bien dans l'embarras. Ce qui lui reste d'entourage s'emploie à expliquer que même s'il maintient la qualification de crime de guerre il a été "mal compris."
Je dirais moi que c'est lui qui n'a rien compris et que sa course à l'investiture est fichue : importer ou greffer le conflit proche-oriental est impardonnable aux yeux des premiers importateurs qui sont d'une vigilance redoutable face à la concurrence d'autres importateurs qui se limitent à vouloir importer en Occident ce qui manque à sa notion de justice : justice pour tous, même pour les Arabes, égalité devant le droit.

mercredi 11 octobre 2006

Y a-t-il des gens bien dans l'entité sioniste?

C'est une question sotte mais j'avoue me l'être posée. Ma réponse est que oui, il existe des gens bien mais que c'est difficile d'être quelqu'un de bien dans l'entité. Surtout parce qu'on ne peut pas être à l'aise dans une société coloniale qui cherche ou cautionne la dépossession et le meurtre des Palestiniens. Ces gens bien, comme Gilad Atzmon par exemple, ne peuvent parfois tout simplement plus supporter l'idée de vivre dans l'entité sioniste et prennent la décision de la quitter, non pour des raisons matérielles, mais pour des raisons morales et politiques.
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C'est apparemment le cas maintenant de Mme Reinhart, cette profeseur de l'université de Tel Aviv qui présente ci-dessous son analyse et ses motifs.
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En colère contre Israël, une universitaire démissionne
The Age (Australie), 11 octobre 2006, traduit de l'anglais par Djazaïri
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Tanya Reinhart, auteure et universitaire israélienne bien connue, va démissionner de son poste de professeur émérite à l'université de Tel Aviv en protestation contre la gestion du dossier palestinien par son gouvernement
Le professeur Reinhart, qui donnera une conférence publique demain soir à l'université de melbourne a déclaré que la clôture par israël de la vaste et prospère Cisjordaniecoupait les Palestiniens de leurs terres et les isolait les uns des autres.
Elle a dit ne plus pouvoir vivre en Israël alors que cet Etat effectue ce qui, selon elle, est la première tentative d'emprisonner une nation avec un mur qui sépare les villages de leurs terres agricoles.
"Ce n'est pas quelque chose que j'ai apprise en histoire, qu'on peut contrôler une population simplement en l'enfermant dans des zones délimitées", a déclaré le professeur Reinhart à Adélaïde où elle donnait une conférence en hommage à Edward Saïd.

"Ce n'est pas l'emprisonnement de dissidents mais celui de toute une nation."
Elle a expliqué que la clôture de la Cisjordanie suscitait une opposition internationale croissante et que la Cour Internationale de Justice a conclu qu'israël s'appropriait des terres loin à l'intérieur de la Palestine. S'il est achevé, ce mur pourrait provoquer le déplacement de plus de 400 000 Palestiniens et les contraindre à s'établir aux abords des grandes villes.
Ce n'est pas seulement une captation de terres mais la transformation de la Cisjordanie en prison à ciel ouvert, exactement comme Gaza", a-t-elle ajouté.

Le professeur reinhart dont la conférence de Melbourne intitulée "Pourquoi luttent-ils?" est organisée par Women For Palestine, a grandi entourée d'amis Palestiniens. Elle est sévèrement critique de l'occupation du territoire palestinien depuis la guerre des six jours en 1967.
Dans son dernier livre, "La feuille de route pour nulle part", elle soutient que le gouvernement israélien, dont l'ancien premier ministre Ariel Sharon, a menti au monde en utilisant l'argument du droit à l'existence d'Israël pour camoufler son appropriation des terres et ressources du peuple Palestinien.
"Les Palestiniens ne devraient pas avoir à payer le prix de l'Holocauste," a-t-elle dit.

"On semble avoir oublié qu'il s'agit d'un simple et classique conflit à propos des terres et ressources palestiniennes qu'Israël occupe depuis 1967." Elle a expliqué que la récente attaque contre le Liban n'était pas non plus justifiée et qu'Israël s'était servi de la capture d'un soldat, Gilad Shalit, comme prétexte à la guerre avec le Hezbollah. Mais cette guerre avait été planifiée depuis longtemps sur le fondement d'une conception d'Israël s'étendant jusque dans le sud du Liban.
"Les Libanais savent que la vision de l'Etat d'Israël chez Ben Gourion (premier ministre en 1948) avait pour base le Litani comme frontière naturelle pour le nord d'Israël," a-t-elle rappelé. "Tout ce qui a été entrepris suggère que cette idée n'a jamais été abandonnée."
Elle soutient que la population israélienne ne soutiendrait jamais l'annexion de terres libanaises mais que la capture d'un soldat israélien avait servi de faux prétexte pour une tentative de nettoyer ethniquement le Sud-Liban.
Le professeur Reinhart dit quitter Tel Aviv à grands regrets.
"Je ne peux pas rester, je ne peux pas, c'est très triste," a-t-elle dit.

dimanche 8 octobre 2006

L'Algérie, Bush, Al Qaida et la banane

Dans l'article qui suit, il est question de la disparition d'un second front de la guerre contre le terrorisme qu'est supposée conduire l'administration Bush. Lancé comme une savonette aux USA, ce second front a peu été médiatisé en France alors même qu'il recouvre une zone traditionnelle d'influence néocoloniale de ce pays. Selon l'auteur, Jeremy Keenan, qui semble bien informé, l'Algérie ou, plus exactement, ses militaires, ou réseaux militaires (je ne sais pas comment appeler ça pour dire la vérité) qui exercent le pouvoir (ou une partie du pouvoir, je ne sais pas non plus comment dire ça) ont fait en sorte que les USA qui n'attendaient qu'une occasion se décident enfin à traquer Al Qaida au Sahara. Les articles que vous trouverez ici et viendront utilement compléter celui de Keenan.
Keenan attire l'attention sur les conséquences graves de ce second front : conséquences politiques mais aussi économiques désastreuses pour les habitants de la région saharo-sahélienne. A réfléchir pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi des migrants viennent frapper à la porte des pays développés.
Et je pense que, comme moi, vous serez stupéfaits de voir que des gens qui peuvent déclencher d'énormes forces de destruction échaffaudent des théories tellement bizarres qu'ils lui donnent le nom d'un fruit, ce qui nous donne la théorie de la banane.
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par Jeremy Keenan, Foreign policy in Focus (USA), 26 septembre 2006. Traduit de l'anglais par Djazaïri
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Tout avait commencé en 2002 avec quelques enquêtes pleines d'incertitude, pauvres en informations mais pleines d'imagination et, dans la foulée, deux hélicoptères qui auraient été perdus dans les étendues désertiques du nord malien. Et puis, en 2003, les USA lancèrent un second front dans leur "guerre au terrorisme" devenue leur priorité absolue.
En collaboration avec son allié régional, l'Algérie, l'administration du président Bush s'intéressait à une bande de territoire en forme de banane dans les régions sahéliennes du sahara méridional et supposée héberger des militants islamistes et des sympathisants d'Oussama ben laden ayant fui l'Afghanistan.
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Même si les USA soupçonnaient vaguement que la région du Sahel pouvait devenir un refuge de terroristes après le renversement des talibans en Afghanistan, leur intérêt pour cette zone s'est accru avec la prise en otages de 32 touristes dans le Sahara algérien. Les USA attribuèrent leur capture en mai 2003 à une organisation islamiste algérienne, le Groupe Salafiste pour la Predication et le Combat (GSPC). L'instigateur présumé de cet acte était le commandant en chef en second du GSPC, connu sous de multiples pseudonymes dont celui d'El Para qui rappelait son passage chez les parachutistes de l'armée algérienne.
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Le GSPC avait séparé les otages en deux groupes détenus à 300 km de distance l'un de l'autre dans le Sahara algérien. Une intervention de l'armée algérienne libéra l'un des groupes. Les ravisseurs emmenèrent l'autre groupe dans le nord du mali avant de les relâcher après le versement d'une rançon qui, dit-on, se montait à 5 millions d'euros. La prise d'otages venait confirmer les soupçons américains. Avant même la libération des otages, l'administration Bush présenta le sahara comme une zone de terrorisme et El Para comme un membre important d'Al Qaida, "l'homme de Ben laden au sahel".
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L'initiative pan-sahélienne
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En Janvier 2004, suite à des visites du Bureau US du contre terrorisme au Tchad, au Mali en Mauritanie et au Niger, l'intitiative pan-sahélienne de Bush (pan-Sahelian Initiative, PSI) débuta avec l'arrivée d'une "équipe anti-terroriste" à Nouakchott, la capitale mauritanienne. La sous-secrétaire d'Etat US Pamela Bridgewater précisait que l'équipe comprenait un groupe de 500 soldats US et le déploiement la semaine suivante de 400 rangers Américains à la frontière thado-nigérienne (en 2005, l'extension de la PSI lui fit inclure la Tunisie, l'Algérie, le maroc, le Sénagal et le Nigéria, l'organisation devenant l'Initiative transsaharienne contre le terrorisme).
Fin janvier 2004, les forces maliennes et algériennes, avec dit-on le renfort de troupes US, auraient expulsé le GSPC du nord du mali. Puis, les forces nigériennes et algériennes, épaulées par une surveillance satellitaire US, pourchassèrent les hommes d'EL para à travers les régions nigériennes du Tamesna, de l'Aïr et du Tenéré jusqu'aux monts du Tibesti au Tchad. Là, avec l'aide des avions de reconnaissance US, les forces tchadiennes affrontèrent le GSPC début mars dans une bataille qui dura trois jours et aurait causé la mort de 43 membres du GSPC. El Para réussit à échapper au carnage mais tomba entre les mains d'un mouvement rebelle tchadien. Ce mouvement le garda en otage jusqu'en octobre 2004 avant d'être remis à l'Algérie avec, dit-on, l'aide de la Libye. En juin 2005, un tribunal algérien le reconnut coupable de "d'avoir créé un groupe terroriste armé et semé la terreur parmi la population." El Para fut condamné à la prison à vie.
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En une année, les USA et leurs alliés avaient transformé la région saharo-sahélienne en un second front de la "guerre globale contre le terrorisme." Avant la prise d'otages de mars 2003, aucun acte terroriste, au sens habituel du terme, ne s'était produit dans cette immense région; L'année suivante pourtant, les chefs de l'armée américaine parlaient d'un "essaimage" du terrorisme à travers le Sahel et de la région comme d'un "bouillon de culture terroriste." La zone était sujette, selon le vice-commandant du commandement US en Europe, le Général Charles Wald, à un "abcès terroriste" que "nous devons crever." Stewart Powell, s'exprimant dans Air Force Magazine, affirmait que le Sahara "est désormais un pôle d'attraction pour les teroristes." Un article du village Voice intitulé "A la poursuite des terroristes dans l'immensité du désert" était typique du battage médiatique de l'époque.
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Mais les événements utilisés pour justifier l'ouverture de ce nouveau front de la "guerre contre le terrorisme" étaient soit de pure fiction, c'est-à-dire qu'ils ne sont tout simplement pas produits, soit fabriqués par les USA et les services de renseignements militaires algériens. El Para n'était pas "l'homme de ben laden pour le Sahara" mais un agent de l'organisme anti-terroriste algérien, la Direction des Renseignements et de la Securite (DRS, ex Sécurité Militaire). Beaucoup d'Algériens pensent qu'il a suivi une formation de Béret Vert (forces spéciales US) à Fort Bragg en Caroline du Nord dans les années 90.
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Pratiquement toutes les déclarations faites par les Algériens au cours de l'affaire des otages sont aujourd'hui reconnues comme fausses. Aucune force combinée n'a traqué El Para à travers le Sahel. El Para n'était même pas avec ses hommes lorsque ceux-ci cherchaient un guide dans le massif de l'Aïr et étaient photographiés par des touristes. Même chose pour la fameuse bataille au Tchad, aucune preuve de sa réalité. Les chefs du mouvement de la rebellion tchadienne disent qu'elle n'a jamais eu lieu, tandis que les nomades, après deux années de parcours dans le secteur n'ont pas encore trouvé une seule cartouche ni le moindre indice matériel.
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Comment et pourquoi une telle supercherie? Répondre au "comment" est simple. Tout d'abord les services de renseignements US et Algériens ont adressé un flux d'éléments de désinformation à une cohorte d' "experts" en terrorisme, d'idéologues conservateurs et de journalistes complaisants qui ont procédé à un tir de barrage médiatique. Ensuite, si une histoire doit être fabriquée, il importe que son lieu de déroulement soit éloigné et difficile d'accès. Le Sahara est l'endroit idéal : plus vaste que les USA et effectivement inaccessible au public.
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Le "pourquoi" a beaucoup à voir avec la "théorie bananière" du terrorisme, désignée ainsi en raison de la route en forme de banane que, selon Washington, les terroristes délogés d'Afghanistan empruntaient pour traverser les pays du sahel pour rejoindre les militants islamistes du Maghreb. Les preuves concrètes à l'appui de cette théorie faisaient défaut. L'extrémisme islamiste était peu ou pas présent au Sahel avec aucun cas de terrorisme indigène et aucune preuve convaincante que les "terroristes" d'Afhanistan empruntaient cet itinéraire.
Washington semble s'être fondé sur des sources non publiées et des articles de presse algériens sur les activités de banditisme et de contrebande de Mokhtar ben Mokhtar. Washington avait aussi mal interprété la nature du mouvement Tablighi Jama'at dont les quelques 200 membres au mali sont surnommés les "Pakistanais" car le siège de cette secte se trouve au pakistan. En fin de compte, les services des gouvernements locaux ont dit aux officiels US ce qu'ils voulaient bien entendre.
En dépit du manque d'indices sérieux, Washington percevait le front saharien comme la clef de voûte d'une militarisation de l'Afrique, d'un meilleur accès à ses ressources pétrolières (l'Afrique fournira 25 % des hydrocarbures US vers 2015) et du maintien de l'implication européenne dans le programme anti-terroriste US. Plus important encore, un front saharien renforçait les informations sélectionnées avec soin par la haute hiérarchie du pentagone pour justifier la guerre contre l'Irak en démontrant que l'influence d'Al Qaida s'était étendue vers l'Afrique du Nord.
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L'Algerian connection
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L'intérêt de Washington pour le Sahel et son manque de connaissance de la région ont été une aubaine pour l'Algérie et ses objectifs propres.
Les Etats occidentaux, au fait du rôle de l'armée algérienne dans la "sale guerre" des années 90 contre les extrémistes islamistes, se montraient de moins en moins enclins à lui vendre des armes par crainte de représailles de la part des islamistes et pour éviter les critiques des organisations des droits de l'Homme. Il s'ensuivit que l'armée algérienne se retrouva progressivement sous-équipée et de plus en plus soucieuse d'acquérir des systèmes d'armes modernes et high-tech, notamment des équipements de vision nocturne, des radars sophistiqués, un système de surveillance intégré, des équipements de communications tactiques et certains systèmes d'armes offensifs. Alors que l'administration Clinton avait gardé ses distances, le président Algérien Abdelaziz Bouteflika avait figuré parmi les premiers invités à venir à Washington. Bouteflika avait alors dit à son homologue US que l'Algérie voulait des équipements particuliers pour maintenir la paix, la sécurité et la stabilité.
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Le 11 septembre 2001 a été une occasion en or pour les deux régimes, particulièrement pour l'Algérie qui a vendu son "expertise" en contre-terrorisme à Washington sur la base de sa longue "guerre" des années 90 contre le terrorisme, guerre qui a causé la mort de 200 000 personnes.Ce terreu commun de la "guerre contre le terrorisme" a été le fondement de nouvelles relations algéri-US. En 2002, cependant, l'Algérie s'en prenait publiquement aux USA pour leur lenteur à tenir leurs promesses en matières de fournitures militaires. Mais la prudence de Washington était justifiée par le fait que l'Algérie surmontait son problème "terroriste" et, en conséquence, n'avait plus besoin de tels équipements sophistiqués.
El Para venait prouver que le "terrorisme" était loin d'être éradiqué en Algérie et que le militantisme islamiste touchait désormais le Maghreb et le Sahel. Les activités d'El para ont ont non seulement diminué la réticence de Washington à soutenir militairement l'Algérie mais aussi fourni le chaînon manquant dans sa théorie de la banane du terrorisme.
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Lequel a manipulé l'autre n'a guère d'importance, même si les lacunes des USA en matières de renseignements de terrain et leur goût pour les informations non vérifiées les ont sans doute rendus particulièrement réceptifs à l'appât présenté par les services de renseignements militaires algériens. La situation ressemblait à la manipulation des services de renseignements américais par Ahmad Chalabi dans l'engrenage qui a abouti à l'invasion de l'irak en 2003. Toutefois, alors même que l'Algérie a certainement dupé les services de renseignements US, la fabrication de l'ensemble de ce soit-disant "second front" impliquait la collusion des deux parties. La surveillance par les USA de la situation des otages, et le recours aux avions radars AWACS plaide pour une participation volontaire de Washington.
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Le front s'effondre
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La supercherie du second front a causé des dégâts considérables chez les peuples et dans les sociétés de la région saharo-sahélienne. Le lancement du front saharien de la "guerre contre le terrorisme" a provoqué une grande colère, frustration, rebellion et instabilité politique à travers toute la région.
Le putsch réussi en Mauritanie, la révolte targuie au mali et au Niger, les émeutes dans le Sud algérien et la crise politique au Tchad sont des conséquences directes de cette politique. Cette politique a aussi ruiné l'activité touristique dans la région, privant de revenus des familles dans toute cette région, poussant des centaines de jeunes dans la contrebande et le trafic afin de survivre. A Washington, les mêmes personnes qui avaient échoué à trouver des armes de destruction massive en Irak et des liens entre Al Qaida et saddam Hussein s'affairent maintenant à cataloguer ces innocentes victimes de la politique étrangère américaine comme "terroristes" putatifs.
Heureusement pour les peuples de la région, ce "second front" est en voie d'effondrement. Les hauts commandants régionaux US ont reconnu devant un journaliste Allemand au printemps dernier que leurs prédécesseurs au commandement européen avaient démesurément gonflé le problème terroriste. Entre-temps, le comportement sans scrupules de l'Amérique dans la région pourrait être étalé au grand jour par la récente enquête du président Bouteflika sur la fraude et la corruption qui impliquent une filiale de Halliburton, la société Brown & Root Condor (BRC), société de droit algérien mise en place par Dick Cheney en 1994.
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L'administration Bush avait fabriqué tout un front de la "guerre contre le terrorisme" pour servir ses propres objectifs politiques. Son culte du secret n'a rien à voir avec des raisons de sécurité nationale mais vise à cacher ses mensonges. C'est pourquoi la Commission sénatoriale du renseignement ne se presse pas dans son enquête sur Douglas Feith et son rôle dans le controversé Office of Special Plans du Pentagone. L'enquête rique d'ouvrir "un panier de crabes encore plus énorme" prévient un ancien officier des services de renseignements.
L'effondrement du second front pourrait avoir des répercussions importantes sur la "guerre US contre le terrorisme." De manière générale, il va affaiblir encore plus la crédibilité de l'administration Bush et renforcer la conviction de plus en plus répandue que beaucoup de ce qu'elle a dit sur le terrorisme est tout simplement faux.
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Si les conséquences seront mineures dans les pays avec lesquels les relations avec les USA sont déjà au plus bas, elles seront bien plus graves pour des pays, tels les membres de l'Union Européenne, dont un soutien minimum est toujours nécessaire. Le scepticisme croissant de l'opinion devant les affirmations de l'administration Bush au sujet du terrorisme et la désapprobation de la conduite de la "guerre contre le terrorisme" ont contraint les gouvernements de beaucoup de ces pays à reconsidérer l'étendue et la nature de leur soutien aux USA. Cette érosion de la crédibilité US affectera les administrations américaines à venir, même celles qui tenteront de réformer la politique étrangère US.
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Cet imbroglio nord-africain est lourd de graves conséquences pour les principaux alliés des USA dans cette affaire. En Algérie, au Mali, au Niger, au Tchad et dans la Mauritanie d'avant le putsch, l'ouverture du front saharien s'est accompagné d'un accroissement de la répression contre les civils.
Ne soyons donc pas surpris si l'effondrement de ce front est marqué par l'émergence de flambées de révoltes contre ces gouvernements et en consaquence d'une augmentation de l'instabilité et de l'insécurité. Par une terrible ironie du sort, la tentative de lutter contre le terrorisme dans une région qui en était dépourvue produit exactement les effets que le gouvernement US prétendait éliminer au départ.
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Jeremy Keenan est professeur d'archéologie et d'anthropologie à l'université de bristol. Il est aussi professeur associé à l'nstitute of Arab and Islamic Studies de l'université d'exeter où il dirige le programme d'études sahariennes.

mercredi 4 octobre 2006

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