jeudi 11 mai 2006

De l'Arabe en général et de l'Arabe en particulier

Le site Babelmed consacre un article à ce que son auteur appelle "La survie miraculeuse de la culture berbère en Algérie".
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C'est à Alger que se trouve la cour des miracles au cas où vous ne le sauriez pas. Et qu'est-ce qui, selon l'auteur, fait de cette "survie" (le choix du terme n'est pas innocent) quelque chose de miraculeux?
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L'auteur, Yassin Temlali, nous apporte ce qu'il croit être un élément de réponse : "un puissant mouvement d’arabisation, sans pareille [sic] dans les autres pays conquis par les armées musulmanes dès le 7e siècle."
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Voilà : à survie miraculeuse, mouvement d'arabisation sans pareil. Et on parle de l'Algérie! Pas de la Tunisie ou de la Libye, pays où la proportion de berbérophones est bien plus faible qu'en Algérie.
Pourtant ces pays n'ont pas fait l'objet d'un puissant mouvement d'arabisation sans pareil.
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Alors kézaco?
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Je passe sur le fait que Tamlali désigne le berbère par le terme "tamazight." C'est une erreur qui a maintenant force de loi en Algérie et que commet même le président de l'ex-RADP (République Algérienne Démocratique et Populaire). Tamlali ajoute même une erreur de son cru puisqu'il affirme en note de bas de page que "Tamazight" désignait initialement seulement le parler Touareg (le parler Targui est en réalité le Tamachek).
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Je passe encore sur l'égo surdimensionné des Algériens qui ont réussi à conserver une langue malgré un puissant mouvement d'arabisation sans pareil, ce qu'ont été incapables de faire les Egyptiens, malgré leur immense civilisation multimillénaire où les Libanais, qui n'ont fait qu'inventer l'alphabet (ce n'étaient que des Arabes qui s'ignoraient).
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Je passe sur les Kurdes d'Irak ou de Syrie. Eux non plus n'ont pas subi un puissant mouvement d'arabisation sans pareil. Faut pas pousser, nous les Algériens, arabophones ou berbérophones, nous sommes les plus forts (ou sans pareils si vous voulez).
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Quelques vérités sur la diffusion de la langue arabe en Algérie.
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L'arabisation de l'Algérie n'a pas fait l'objet d'un puissant mouvement d'arabisation sans pareil. Elle a grosso modo suivi le même processus que dans d'autres pays désormais arabophones comme la Tunisie ou l'Egypte.
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La première étape est effectivement la conquête musulmane qui fait de la langue arabe la langue de l'administration, de la vie intellectuelle et du commerce. D'où l'intérêt pratique de connaître cette langue et le caractère surtout citadin de l'arabisation.
La diffusion de la langue arabe sur ce mode se poursuit même après que l'Algérie a échappé au contrôle califal (ex : l'Imamat de Tahert fondé par un Persan et dont les sujets étaient en écrasante majorité berbérophones).
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La deuxième étape est l'immigration hilalienne, ces tribus bédouines envoyées vers le Maghreb par les Fatimides du Caire mécontents de la défection de leurs vassaux Maghrébins (on se souviendra que les Fatimides venaient eux-mêmes du Maghreb). L'immigration hilalienne est peu nombreuse numériquement, probablement quelques dizaines de milliers d'individus à l'échelle du Grand Maghreb, mais c'est elle qui va contribuer le plus à arabiser profondément l'Algérie.
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Comment?
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Par un processus particulier. Au Maghreb, les Arabes Hilaliens se trouvent confrontés à de nombreuses populations berbérophones qui ont sensiblement le même mode de vie qu'eux, c'est à dire qu'ils sont nomades et guerriers. Les Hilaliens vont exercer un fort pouvoir d'attraction sur ces populations qui vont s'affilier volontairement, s'apparenter à ces Arabes venus de haute Egypte.
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Ce sont ainsi deux processus distincts qui ont participé à l'arabisation de l'Algérie. Nul puissant mouvement "sans pareil." L'arabisation en Algérie, comme dans d'autres pays a été un processus lent. Avec des nuances, on peut d'ailleurs dire la même chose de l'islamisation qui n'est "achevée" que dans fort peu de pays arabes (en Algérie, c'est la naturalisation par la France des Juifs autochtones qui a pu laisser croire que l'islamisation était achevée dans ce pays).
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Le rôle des Hilaliens dans l'arabisation est terminé. Par contre, le premier mouvement, lié à l'urbanisation et aux échanges se poursuit de nos jours, comme il l'a fait depuis l'islamisation de l'Algérie même pendant la colonisation.
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La seule politique volontariste de diffusion de la langue arabe en Algérie date de l'indépendance et passe par les usages administratifs et la scolarisation. Il s'agissait d'une des revendications historiques du mouvement nationaliste algérien. Cette politique n'a pourtant rien de puissant et "sans pareil," au contraire car elle est menée de manière souvent brouillonne par des responsables qui souhaitent parfois, au fond d'eux-mêmes, son échec.

5 commentaires:

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  5. Les Hillaliens étaient a peu près 200 000 a avoir débarqué au Maghreb ce qui n'est pas rien.
    Sinon en ce qui concerne l'arabisation de l'Algérie je suis d'accord avec vous, quant a l'article de babelmed, il est écrit par un berbèriste donc il n'y a rien de particulier a dire à ce sujet.

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